haunted by the ghost of you (mila)

The first cut is the deepest. C'est du moins ce qu'il dise mais la vérité c'est que la consumation d'un premier amour est lente, douloureuse, l'équivalent d'un millier de petits poignards qui se plantent dans la chair, de temps en temps saupoudré de sel de mer lorsqu'il repense à son parfum ou qu'il tombe sur de vieux polas cachés au fond du tiroir de sa table de nuit. Il aurait aimé pouvoir mettre un point final derrière son prénom figurant sur un des plus gros chapitres de sa vie mais il y a des souvenirs qui vivent par eux-mêmes, qui n'ont pas besoin d'être entretenus pour garder leurs couleurs. Mila en faisait partie, et ne serait-ce que respirer à nouveau dans le même espace-temps qu'elle était au-delà du doux-amer, une torture de tous les instants. Nikos croyait désormais en la mémoire des corps puisqu'il sentait ce magnétisme inné le rapprocher d'elle alors qu'il aurait préféré courir en sens inverse. Est-ce que c'était bizarre que des années après il ressente un immense soulagement en apprenant qu'il ne s'était rien passé entre eux ? Ca avait été peut-être ça le pire, imaginer qu'elle puisse faire avec le nouveau, ce qu'ils avaient appris à faire ensemble. Qu'elle puisse onduler pour un autre, ou laisser d'autres mains la parcourir. Bien loin de lui toute notion de possessivité mais c'était autant de promesses brisées qui lui avait fait perdre foi en l'existence d'un paradis terrestre qui portait son prénom. Laisse tomber. Ses justifications bancales feront son lit ce soir et il n'a pas envie qu'elle s'étende sur un sujet qu'elle maitrise mal à partir du moment où il la dépeint autrement que sous son meilleur jour. Nikos essaie de remettre le passé là où il est censé être, il cherche un peu d'optimisme. C'est du moins l'excuse qu'il se donne lorsqu'il rassemble son courage pour satisfaire sa curiosité malsaine. Imaginer sa vie sans lui était un luxe tordu qu'il n'avait jamais voulu se permettre mais la tentation était trop forte, puisqu'elle était à portée de coeur. Elle lui distille quelques raisons d'insomnie lorsqu'elle lui avoue que c'est compliqué, s'attèle à le faire ployer en une demi-seconde avec un demi-sourire, et il est pas sûr mais il est quasi-certain que le vif pincement sous son thorax s'apparente à un vestige de goût d'inachevé. Ses pupilles noires fixées sur elle, comme si il allait deviner le visage du mec qui rendait les choses "compliquées" dans le reflet de ses pupilles mais Mila a un talent pour se rendre impassible. Elle lui retourne la question et cette fois-ci c'est lui qui est pris de court. Le visage de Gemma s'impose à lui comme un brut rappel à la réalité. Pendant un certain laps de temps, la tornade rousse avait faussé compagnie à ses pensées. Pendant un instant, Nikos avait été autre chose qu'un magma fumant de pensées noires combustibles. Une rousse pour une brune, huh ?  Bref silence. Il se rend compte qu'il sait même pas quoi répondre. Elle est ton opposé total mais elle fait mal pareil. C'est tout ce qu'il trouve à dire et il s'est rarement trouvé aussi pathétique qu'à cet instant. Mais que dire de plus ? Gemma était également ce qu'il se faisait de plus mauvais pour son coeur actuellement, son silence était la pire des souffrances, elle hantait ses nuits et se mouvait en diablesse dans chacun de ses rêves, lorsqu'il parvenait miraculeusement à sombrer dans les bras de Morphée. Nikos était presque résigné à l'idée que chaque ère de sa vie se résumerait à une blessure aux cheveux longs. Seul dans ce couloir avec la première étincelle de sa vie, il réalise que tout pourrait basculer en une fraction de seconde, que l'équilibre des choses est tellement fragile... Il faut qu'il sorte d'ici, il a besoin d'air, il a besoin de refaire corps avec lui-même et il ne pourrait le faire que loin de la puissance vampirique de son ex. C'est ce qu'il se répète et pourtant, sa bouche semble se désolidariser complètement du mouvement puisqu'il finit par lâcher. Faut que je rentre, je te ramène ? Un léger goût de reviens-y. Mais peut-être que ce dernier ride mettrait le point final à des années de rancoeur. Ne jamais sous-estimer le pouvoir d'un trajet en silence dans la Chevrolet d'Avergos.