way down we go // cara

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never let me go.

y a la gamine qui sort de son trou, pour la première fois depuis peut-être trop longtemps. fini d’se planquer à la coloc, d’se terrer dans les ombres, de s’faire oublier. c’est pas pour prendre un bol d’air frais qu’elle passe le nez dehors nora, pas aujourd’hui. pourtant y a le froid qui lui mord le visage, la vieille veste usée et trouée qui ne suffira bientôt plus à la couvrir pour l’hiver qui arrive. ça fait trop longtemps qu’elle repousse le moment, trop longtemps qu’elle se persuade qu’elle bougera certainement pas jusqu’à là-bas, de l’autre côté des rails. trop longtemps qu’elle attend peut-être inconsciemment qu’il vienne, en sachant très bien qu’il viendra pas, parce qu’il vient jamais. alors ça tourne dans sa tête, dans son ventre. pendant des jours elle tourne, la colère. et nora qui continue de se répéter qu’il va le payer. alors quand elle passe la porte de la misérable baraque en ruine, y a le regard noir qui ne regarde personne. y a les poings serrés dans la veste, qui détruisent un bout de vêtement peu à peu qu’elle garde entre ses mains. et ça la fait rager nora, de sentir le tissu chiffonné de la vieille casquette entre ses doigts. elle va lui rapporter, pour qu’il sache. elle sait, nora. elle l’a vu, ce gars partout, collé à son cul, pas vraiment discret. sans savoir qui c’était. elle l’a vu, quand elle l’a prise sur le vif, quand elle repart victorieuse de la confrontation, comme toujours. parce qu’on file pas nora campbell. parce qu’on l’approche pas, de peur qu’elle grogne, morde, montre les crocs. alors c’est jusqu’à la bibliothèque qu’elle arpente les rues, le coeur battant de colère. elle veut pas lui faire face, nora. jamais. elle veut pas se retrouver devant lui, pas l’entendre lui dire qu’elle est folle, qu’elle invente. qu’il a d’autres choses à foutre que d’envoyer ses gars garder un oeil sur elle. et nora, elle est pas dupe. elle sait que c’est lui, personne d’autre que lui. c’est toujours comme ça, lui, lui, lui. y en a toujours eu que pour lui. alors elle claque la porte de la bibliothèque, s’attirant déjà les foudres de la bibliothécaire qui la regarde de travers. qu’est-ce qu’elle en a à foutre, nora ? qu’elle la regarde. qu’elle la regarde bien, quand elle foutra le feu à cet endroit, à tous ceux qui y sont aussi. elle cherche un peu dans les rangs pour le trouver : faut pas longtemps pour le reconnaître, nora elle le reconnaîtrait entre mille. elle le connait par coeur. et elle s’approche encore sans trop de discrétion ni de patience, pour jeter la vieille casquette qu’elle a malmené tout le trajet sur la table, en face d’eux. sans rien dire de plus, parce que y a déjà ses yeux qui le mitraillent, la gueule tirée par la colère qui voudrait ne jamais être venue. ne jamais l’avoir vu. y la silence qui s’impose entre eux, sans doute un instant de trop. elle sait pas quoi dire nora. elle veut pas vraiment crier, mais elle peut jamais s’en empêcher, encore moins avec lui. alors elle reste un instant plantée là, puis un deuxième. et puis enfin, ça sort. j’croyais que t’avais arrêté. froid comme la glace, mais c’est le feu qui l’agite à l’intérieur. et quand y a ses yeux qui trouvent enfin le courage de croiser les siens, y a le palpitant qui fait boum. faut toujours qu’elle y pense à deux fois avant de croiser son regard, parce que de toutes les confrontations la sienne est toujours celle qui fait le plus mal. ça la ramène des années en arrière, à tous ce qu’ils ont vécu. tout ce qu’elle a pas voulu. ça fait des années que ça dure et pourtant, chaque fois qu’elle se retrouve devant lui, c’est comme si rien n’avait jamais changé.

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your touch was electric

nora & caleb

« You let your feet run wild, time has come as we all oh, go down. Yeah but for the fall, do you dare to look him right in the eyes? Cause they will run you down, down til the dark. »

caleb c'est pas un mec bien. pas comme ceux qui l'entourent actuellement. ouais sûrement que ces pauvres mecs on jamais rien fait de mal, ils ont pas fraudé le métro, ils ont pas revendu de la drogue à des gosses pour se détruire le cerveau. eux ils vont te sortir que la cocaïne est un alcaloïde tropanique extrait de la feuille de coca, que sa formule brute est ‎C17H21NO4 et sa température de fusion est à 98°, ils sont pas comme caleb, ils sont bien, ils vont diriger le pays pendant que lui continuera ses conneries, c'est pas eux qui ont quasiment frappé un mec à mort, non ça c'est caleb. c'est pas le caleb que tout le monde connaît, parce que ouais caleb il frappe, mais il n'y a que pour elle qu'il pourrait aller en prison. que pour elle qu'il pourrait définitivement sa vie à être un désastre. parce que c'était eux deux contre le reste du monde et c'était très bien comme ça puisqu'elle était là, elle largement suffisante à son bien-être, mais maintenant c'est terminé. maintenant il doit la surveiller de loin, aller menacer les mecs qui s'approchent trop près d'elle par l'intermédiaire par les quelques pauvres gars qui ont encore un peu de respect pour lui. lui le fils d'un flic. parce que nora même si elle le déteste, même si elle l'a foutu en l'air, ça reste nora, alors il surveille en cachette, enfin pas tant que ça. parce qu'il l'a voit débarquer un déjà un putain de sourire se dessine sur ses lèvres, parce que forcément elle est énervée, nora elle connaît juste la colère, elle est toujours entrain de râler et déjà quand ils étaient gosses ça le faisait rire, lui qui prend jamais rien au sérieux. il regarde la casquette qu'elle vient de balancer sur la table et la ramasse pour la mettre dans sa poche arrière.
il ne l'écoute même pas, il sait comment elle fonctionne, comment elle va l'insulter, peut-être le frapper avec sa force de hamster, comment elle va lui balancer tous les reproches de la terre alors qu'il va fermer sa putain de gueule parce que nora c'est la seule personne contre qui il peut pas l'ouvrir alors qu'elle est celle qui mérite le plus sa colère. alors il quitte l'endroit, attrape les quatre bouquins qu'il a à ranger dans les étagères. il sait qu'elle le suit, qu'elle est sûrement entrain de le fusiller du regard les bras croisés sur sa poitrine. tu peux mettre autant de distance entre nous, ça change pas nora. tu me déteste, j'ai envie de te cogner la tête contre un mur, ça change rien et tu le sais. alors dégage d'ici, parce que j'tai jamais écouté et c'est pas maintenant que ça va commencer. il croise son regard en se retournant avant de venir s'appuyer contre l'étagère, il ne trouve que le silence et la haine, encore et encore.

(c) DΛNDELION

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oh elle est pas contente nora. pas contente du tout. y a l’élan de colère qu’elle refreine en se mordant la joue, mais c’est pourtant pas l’envie qui lui manque d’exiger des explications. elle mérite de savoir nora. pourquoi ça continue, jour après jour, alors qu’elle revient chaque fois furieuse. pourquoi il peut juste pas lui foutre la paix, comme tout le monde. pourquoi il doit s’foutre dans sa vie et qu’il veut y rester alors que tout le monde fait toujours que partir. elle est pas dupe nora, jamais. elle sait ce qu’il veut et elle veut pas lui donner. elle sera jamais à lui, jamais. peu importe combien de gars il envoie vers elle pour garder un oeil sur elle. peu importe s’il veut connaître le moindre de ses faits et gestes, jusqu’au plus petit de ses déplacements. elle les grille toujours nora, souvent. et elle peut pas s’empêcher de penser à ceux qu’elle reconnaît pas, dans la rue. aux arcades. peut-être même au sinner. mais sûrement qu’il s’arrêtera pas caleb, parce qu’il sait, au fond. il sait, qu’y a que comme ça qu’il la voit. que comme ça qu’elle se ramène, que comme ça qu’ils s’entendent, un bref moment. dans les désaccords et les hurlements. dans la haine qui les lie encore, vestiges du lien si fort qui les unissait. elle sait pas ce qu’il s’est passé nora. elle sait juste que ça a changé. et peut-être bien qu’elle le regrette tous les jours, nora. qu’elle aurait aimé que ça soit différent, entre eux. mais c’est pas le moment d’en parler, c’est jamais le moment d’en parler avec eux. ça pèsera sur la poitrine pour le reste de la vie, avec tous les autres trucs qu’ils seront jamais capables d’se dire. c’est moi qui mets la distance ? c’est bourré de rancoeur quand elle le dit, parce que c’est pas elle qui s’est éloignée. ou peut-être que si, mais nora c’est nora, et c’est pas demain qu’elle assumera quelque chose la gamine. tout le monde est coupable à ses yeux sauf elle. et il se place tout en haut de la liste caleb, fautif de tous les maux, coupable de toutes les fautes. et la pire, surtout. l’abandon, le départ. un séjour derrière les barreaux et elle est restée toute seule nora. sans lui. et ça reste coincé au fond de la gorge toutes ces années, parce que nora, elle est incapable de pardonner, la gamine qui en a trop vu, trop vécu. elle sait pas faire, accorder le pardon, reconnaître les tords. elle voit que ce qu’il a fait, elle en voit pas les raisons, des oeillères sur ce qu’il arrange, accusatrice calculée. mais il l’écoute pas caleb, pas vraiment. il se retourne contre la bibliothèque pour ranger ses bouquins et elle le suit, les bras croisés. boudeuse. elle jette un coup d’oeil à l’endroit et ça suffit à lui donner un frisson d’effroi, parce que nora traîne pas vers les endroits comme ça et qu’elle avait sûrement jamais vu l’intérieur d’une bibliothèque avant ça. elle se demande un instant pourquoi ils en sont là tous les deux, pourquoi y a tant qui les sépare. elle sait pourquoi, nora. elle veut juste pas l’admettre, la fierté qui lui mord le menton qu’elle garde bien haut et le regard qui ne quitte pas la silhouette de celui qu’elle appelait autrefois un frère. maintenant, elle sait plus. peut-être qu’elle a même jamais vraiment su. tu peux m’voir quand tu veux, t’es juste trop con pour montrer qu’t’en as envie. elle a le regard lourd d’accusations nora, comme toujours. elle dira pas qu’elle est partie à cause de lui. elle dira pas qu’elle regrette tous les jours, que y a un truc là-dedans qui s’ra jamais satisfait tant qu’elle aura pas réglé les comptes. mais elle fera jamais ça nora, elle peut pas. c’est au-dessus de ses forces. c’est beaucoup plus simple d’admettre que y a aucun soucis entre eux, que rien ne change jamais vraiment. qu’il peut la voir et qu’elle lui en veut pas. elle a l’coeur qui se serre un peu plus nora, les yeux qui roulent jusqu’au ciel. il est trop con, et il changera jamais vraiment. elle non plus, mais elle s’dit pas une seconde qu’elle a besoin de changer nora. c’est ça, m’écoute pas. connard. elle le déteste si fort nora, qu’elle s’demande souvent si elle perd pas son temps. mais y a toujours le coeur qui hurle que non, qu’elle perd pas son temps nora. jamais avec caleb. elle peut pas le laisser tomber, comme elle peut pas tirer un trait. il sera toujours là, dans les pires moments plus que dans les meilleurs. il sera toujours celui qui cause la colère, tout autant que le soucis. elle le déteste nora, elle le déteste tellement. mais elle peut pas s’en passer. caleb il fait partie d’elle autant qu’un organe vital, un truc qu’on a posé là sans y prendre garde et qui s’accroche de toutes ses forces. nora aussi elle s’accroche. jamais elle se laissera s’décrocher. pas de lui. jamais de lui. elle fera que s’écorcher, mais ça, elle le montre pas. retiens tes clebs la prochaine fois où ce sera pas seulement la casquette que j’te ramènerai. et il sait qu’il doit la prendre au sérieux caleb, parce que c’est pas la première fois qu’elle repère ses chiens de garde derrière son cul. c’est pas la première fois qu’elle le lui reproche, pas la première fois qu’elle l’a en travers de la gorge non plus. il a peut-être pas peur d'elle. mais elle tâchera de lui montrer le contraire, quand y a le regard droit qui le fixe, qui attend une réponse. celle qui arrangera tout. celle qui ne viendra jamais. jamais ils ne se trouveront, jamais vraiment. jamais comme avant.