instinct de survie (aran)

Mâchoire serrée, regard noir, il sert les shots sur le comptoir. Pas une seule goutte n’atterrit autre part que là où elle est censée être. Un pour Gringo, un pour Reed, un pour Jameson et un pour lui. D'habitude, il boit jamais avec les clients, mais Gringo est de bonne humeur, sa femme l'a enfin quitté alors il a naturellement payé sa tournée. Ca lui a prit trois maîtresses et un coït dans le lit conjugal pour qu'elle se décide enfin à se barrer du mobile-home qu'ils occupent près de la station service de Night Falls. Alors Nikos sert les shots et s'en prend un au passage, voir deux. Il en est au troisième quand Jameson lui donne un coup de coude. Eh tu vois le type là-bas dans le fond avec le blouson en cuir ? C'est lui le mec que tu dois convaincre pour les combats de rue. Sa voix rauque et cassée en dit long sur l'état de santé de ses poumons, Nikos lui donne pas plus de 5 ans à vivre, et 65 ans sera un âge noble pour un type qui a fonctionné au Captain Morgan et aux Lucky Strikes les trois quarts de sa vie. Nikos jette un coup d'oeil au type en question, il a l'air d'avoir son âge et le même air mauvais sur le visage, de quoi le convaincre que ce bon vieux Jameson dit vrai. Ca fait des semaines qu'il tente d'intercepter ce type, apparemment cela faisait quelques semaines qu'il venait relativement souvent boire un coup ici mais jusqu'ici le grec l'avait manqué. Il avait essayé de trainer dans d'autres bars du quartier au cas où mais sans description physique, c'était un peu vain. Et voilà que le type était là, à quelques mètres de lui. Il n'avait plus qu'à le pécher. Nikos hésite même pas, il fait le tour du comptoir, le torchon sur l'épaule et une liasse de billets de pourboire qui dépasse de sa poche arrière, il traverse le bar et se retrouve devant le type dont le visage est à moitié éclairé par le néon rose au dessus de lui. Ce mec est peut-être la solution à une grosse partie de ses problèmes, il sous-estime les risques c'est sûr, parce qu'il a cette faculté à se convaincre qu'il prend la bonne décision même si à tout point de vue ce n'est pas l'idée du siècle. Mais rien que le fait d'envisager qu'il puisse être sur le point de trouver un moyen de la rembourser et de mettre tout ça derrière lui est grisant. C'est toi Aran ? L'alcool lui donne un peu de courage, les bras croisés sur le torse, Nikos s'attend à ce que le mec ne justifie pas si facilement son identité alors il se penche légèrement vers lui, baissant la voix pour ne pas éveiller les soupçons ou satisfaire les oreilles qui traînent. Non pas que le Roaring Lion soit remplis d'enfant de choeur mais il sait que des flics viennent parfois ici pour jouer les indics. En général il les repère à 20 000, il n'en a pas vu ce soir mais on n'est jamais trop prudent. Je vais pas passer par quatre chemins, j'ai pas de temps à perdre et je pense que toi non plus, j'ai besoin d'argent rapidement et j'suis au courant pour le club. Je veux savoir comment on fait pour le rejoindre. Il n'a même pas envie d'attendre pour avoir une réponse, même si il se doute que le mec va pas lui donner son aval dans la seconde, il a juste besoin d'un "peut-être" pour se raccrocher à l'idée qu'il va enfin se séparer de ce sentiment poisseux, celui de se sentir redevable.

seulement quelques soirs qu'il vient imposer sa présence au roaring lion. des jours bien loin du sinners et des emmerdes cousues avec. il s'est lassé de l'endroit, vieille carcasse cabossée de multiples cicatrices mal soignées, rampant tous les soirs pour venir boire pour oublier. le visage fermé, le sourire toujours absent depuis sa disparition, il tente de continuer son business sans se faire remarquer. toujours aux aguets, toujours changeant de lieu pour ne pas montrer de routine. pour le moment, il semble glisser entre les mains de la justice. mais pour combien de temps encore ? ces derniers jours furent éprouvant aussi bien mentalement que physiquement, il aimerait partir loin d'ce trou parfois, sur une coup de tête comme il l'a déjà fait auparavant. plus rien de concret dans sa vie, les combats n'ont plus le même goût, alors il reste derrière, observe et multiple les frasques seul malgré l'équipe qui l'entoure et le pousse à continuer. ça fait une heure à peine qu'il regarde le fond de son verre en étouffant cette douleur à l'épaule qu'il traine depuis des mois, sans un regard pour le reste, les gens autour de lui, la tête dans le brillant du cristal. son téléphone vibre à côté de son avant-bras, il aimerait le balancer dehors, l'éclater par terre. impossible. il attends un coup de fil du gars qui pourrait le sauver pour le lieu du prochain tournoi. alors il lève les yeux au ciel aran, quand il voit le prénom de ses "collègues" s'afficher sur l'écran, des broutilles, des blagues de merde, pas le temps pour ça. il veut juste boire, se concentrer sur rien, oublier un peu le reste. mais c'était sans compter les bruits qui courent, les ragots et autres messe-basses prenant le contrôle de l'établissement. il sent les regards sans vraiment sans préoccuper. le silence autour de lui se brise quelques minutes plus tard, quand un gars, jeune, se pointe devant lui. aran lève la tête, toise la carrure du type qui semble déjà connaitre son identité. tout va trop vite à night falls. alors il ne répond pas à sa question, garde ce regard suspicieux sans vouloir montrer une quelconque émotion. trop de mots, juste pour lui demander un laissez-passer pour les combats. un aplomb certain, mais peut-être pas le bon moment ni l'endroit pour en parler, mais il finit par lui offrir quelques syllabes assurées. c'est une menace ? toujours voir le mal dans tout. tu vas me dénoncer si je te prends pas ? peut-être un test pour mieux comprendre l'animal. ton prénom. comme un ordre, le menton levé, l'air toujours aussi peu joyeux.

Méfiance est maître mot dans ce bar et à juste titre étant donné les incidents des derniers mois, mais à cet instant plus que jamais. Et du haut de son mètre 90, Nikos entend qu'il peut paraître suspicieux, là les bras croisés et l'air d'un prisonnier de guerre. Il se doute qu'il a pas l'air engageant, ce qui confirme tout de même légèrement son séreux quant à sa potentielle candidature. Nikos est baraqué juste ce qu'il faut, il a prit les quinze centimètres de hauteur qui manquent à son père et si sa musculature est autant développé c'est parce qu'ado il a vite compris que le meilleur moyen de dissuader son père de le coller au mur c'était de se construire un physique dissuasif. Une force herculéenne dont il avait fini par perdre le contrôle, notamment une belle journée de lycée à la fin d'un match de football américain où il avait foutu un mec dans le coma parce qu'il avait insulté sa mère de pute. Classique. Néanmoins, si son gabarit avait été pratique en tant qu'ailier gauche à l'époque du lycée, jamais le grec n'aurait pensé que ses muscles lui serviraient un jour à payer ses dettes, mais l'opportunité est trop belle pour être loupée. Aran est Aran visiblement, puisque Nikos peut voir les veines de sa gorge gonfler lorsqu'il l'entend prononcer son nom. Personne menace personne dans mon bar. réplique t-il sur le même ton avec lequel il s'est adressé à lui. Ca avait l'air d'être un nerveux, le genre de mec qui vous abat grâce à l'endurance. Pas du genre à vous laisser reprendre votre souffle. Pas de balance dans mon bar non plus. Seulement des clients bien renseignés. Ca sent la testostérone à plein nez à présent mais Nikos s'y était plus ou moins préparé pour le jour où il le rencontrerait. Un mec qui organisait ce genre d'événement devait en avoir une sacrée paire et pas du genre à faire copain-copain en une poignée de monde. Ca tombe bien, il n'était pas du genre non plus à sympathiser avec qui que ce soit, encore moins un mec dans ce genre. Nikos. Il sait qu'il est en train de le jauger, alors Nikos ne bouge pas d'un pouce, affronte son regard. Il s'attend à ce que le mec dise non, 1m90 et 84kg ne suffiront peut-être pas à le convaincre de le recruter. Mais maintenant qu'il est devant l'investigateur, Nikos a plus que jamais envie d'en être. La seule difficulté sera de le cacher à son entourage, bien que ce soit un cercle restreint. Il se voyait mal expliquer ce nouveau hobby à Cece après l'avoir punie par le silence pendant des mois parce qu'elle avait intégrée les rangs du Sinner. Clairement non. Alors ? Il s'impatiente, aucune nervosité puisque Nikos est immunisé contre le stress mais pas contre l'addiction à l'adrénaline.

l'instinct primitif hurle de s'en aller avant qu'il ne se fasse prendre. il s'est toujours méfié des nouveaux, c'est pour cela qu'il laisse le job aux plus sociables. il connait la difficulté d'entrer dans ce genre de communauté alors il respecte le culot avec lequel il ose se pointer devant lui. mais les bonnes manières ne lui ont jamais été inculqué, alors même parler du club devient une difficulté. il préfèrerait se barrer loin d'ici, regrette d'y avoir élu domicilié trop régulièrement ses derniers temps. ça causera sa perte un de ces quatre. ce n'est pas la première fois qu'il aperçoit cet inconnu, le pronom utilisé ne laisse plus de doute et malgré son apparence trop jeune, il se dit propriétaire du bar et ça le laisse perplexe. sa carrure est imposante il le remarque tout de suite, mais si seulement ça suffisait pour devenir un combattant émérite. Aran est moins grand, mais il a toujours misé sur sa rapidité et ses parades bien agencées pour gagner. loin d'être invincible, il a commencé trop jeune pour continuer encore des années au même niveau. il le sent, son corps commence à lui prouver qu'il a certainement eu tord, mais ça lui reste dans le sang. le gars insiste, s'impose sur son territoire pour montrer sa détermination, mais si seulement c'était aussi simple. t'es prêt à perdre tout ce que t'as ? une vérité comme assaut, sa fierté à parler de son bar lui semblera bien lointaine si la menace qui pèse sur le club leur tombe dessus. son visage en direction de la salle, pointant du doigt tout ce qu'il pourrait perdre. le gamin ne semble pas réaliser la teneur de ses envies de sang et d'argent. Certes, il pourrait rapidement accumuler quelques billets en peu de temps, mais tout peut arriver, gagner comme perdre. le manque de règles entache leur business depuis toujours, à voir si il est prêt à tout sacrifier pour une simple lubie. il termine son verre d'une traite avant de lui demander: assieds-toi Nikos. parlons si c'est vraiment ce que tu veux, réalisons ensemble la connerie que tu veux faire. les gars qui viennent leur demander l'aumône ne sont que des paumés, des anciens taulards, des drogués, ceux qui n'ont plus rien à perdre et risquent tous les jours de retomber. mais toi Nikos, laisse tomber, maintenant, n'essaie pas de rentrer dans ce jeu là. t'as l'air trop borné pour que je te dise de ne pas faire ça. il le regarde s'asseoir avant de continuer. j'peux savoir pourquoi tu veux faire ça ?

Il se doute bien qu'il en faut une sacrée paire ou alors beaucoup de neurones en moins pour pouvoir s'imposer de la sorte. Mais Nikos a le courage des causes perdues, il attend juste que quelqu'un lui ouverte une porte, ou même un minuscule interstice dans lequel il pourrait se glisser pour s'extirper de la situation merdique dans laquelle il s'était retrouvé malgré lui. On oublie souvent à quel point l'équilibre d'une vie se tient à peu de choses. Un décès, une agression. C'était tout ce qu'il avait fallu à Nikos pour se retrouver avec 121 000 dollars de dette. On dit merci qui ? Merci Avergos Senior. Mais si il y a bien un truc qui manque pas au jeune grec c'est la ténacité, la hargne. L'envie de s'en sortir malgré le ciel qui complote contre lui. Si il a une chance infime de faire la différence, alors il la fera. Le type lui pose alors une question auquel Nikos ne s'était pas du tout attendue. Décontenancé, il cligne des yeux un instant, reprend ses esprits. J'suis déjà sur le point de tout perdre alors... Il sait que c'est qu'une question de temps avant que des mecs peu fréquentables débarquent, il a deux mensualités de retard sur le prêt que son père a contracté avec des mafieux lorsqu'il s'est installé ici. Sur le coup ça paraissait être une bonne idée, à son père du moins, sa mère avait tenté de le prévenir mais Stavros comme d'habitude n'en avait fait qu'à sa tête. Les intérêts étaient énormes, les types pas franchement patients. Aran lui demande de s’asseoir, Nikos hésite un instant puis finalement s'asseoit en face de lui. Il ressent une certaine nervosité à présent, le type dégage un truc qui l'oblige à rester sur ses gardes. Un truc dangereux, un truc qu'il a jamais ressenti auparavant. Même pas de la part de son père. Il parait que sa nervosité n'est pas si flagrante puisque son interlocuteur se rend vite compte qu'il bougera pas de sa chaise tant qu'il a pas eu une réponse affirmative ou du moins un droit à l'essai. Non effectivement, je suis vraiment borné. Ils viennent de tomber d'accord pour la première fois et ça rassure Nikos de pas avoir à se justifier sur les raisons qui le poussent à lui donner envie de se battre dans une cage. Ah bah, raté. Il a pensé trop vite. C'est... Compliqué... Le regard que lui jette le mec lui dit clairement que ce n'est pas la bonne réponse. Je dois de l'argent. Énormément d'argent. Je sais que les paris peuvent rapporter gros. Je dois rembourser les mafieux à qui mon père a emprunté de l'argent pour acheter ce bar... Et je dois rembourser quelqu'un d'autre aussi. Je me sens redevable et je suis sûr que toi non plus t'aimes pas ce sentiment. Entre freaks on s'comprends n'est-ce pas, a t-il envie de rajouter. Mais au lieu de ça, il se tait et soutient le regard du type. C'est lui qui décidera, peu importe à quel point il avait envie d'en être.

Bien loin d’être un homme curieux, ce gars là ne lui paraît pas si fou que les autres. Il se plaît à deviner le genre de doute qui l’anime et ce qui le pousse à faire appelle à lui. les combats dont il est l’investigateur n’ont rien d’anodin, il y a vu la peur, la douleur, la porte de la mort même et en connaît les conséquences. Malgré la grande taille du gamin, il ne mesure certainement pas l’ampleur de sa décision. Mais après tout, qui est-il pour donner la moindre leçon ? Ça le fait toujours sourire intérieurement, il sent cette fierté maladive en lui à chaque fois qu’un homme lui demande son aide. Enfin si on peut utiliser ce terme. Aider des gens, ce n’est pas dans sa nature, il y voit tout de suite l’argent que cela pourrait lui rapporter. Homme manipulateur, loin d’être aussi calculateur qu’il n’y parait, il laisse le soin à sa consœur de régler les conditions et lui laisse le soin de faire appliquer les règles. Aran regarde la plupart du temps, savoure le bénéfice de la construction de cette empire modeste, mais rentable. Il n’y a rien de plus que des âmes arrogantes entre les mains, lui, tête brûlée, enragé par la vie et prêt à tout saccager dans la seconde. Il n’est qu’un chien de plus dans la nuit de night falls, juste un homme rempli de mauvais rêves prenant toujours les plus mauvaises décisions. Et ce fardeau, il le décime tout autour de lui, Nikos au premier rang. Il s’étonne de l’entendre parler du roaring lion de la sorte, qu’entendait-Il par tout perdre ? Sa voix reste franche sans qu’un mouvement ne vienne montrer de faille sur son visage. Belle prouesse. Ce gamin n’a plus le choix, il le sait à ce moment précis. Une patte dans la cage venant de se refermer sur lui, la peur au ventre mais l’envie dans découdre. Alors il ne se gêne pas pour lui demander les raisons de son approche, un début difficile, compliqué ou pas, il finit par cracher le morceau. Aran tapote le bord de son verre posé sur la table, le regard soutenu, fixé sur le visage de Nikos expliquant sa demande. Sa curiosité révolue, il se demanda cependant si il avait la carrure pour le combat. Non pas que son ossature soit trop fragile, bien au contraire, mais plutôt si le mental irait avec. L’animosité des gens, le public trop ou peu nombreux, la hargne de l’adversaire, les coups à répétition, tant d’options variables et d’incertitude. Aran avait été forgé, entraîné à ne plus interagir avec ses sentiments durant les combats, quitte à en oublier sa vie personnelle et tous les sentiments que cela pouvait causer. Il n’a toujours été que programmé pour encaisser, faire du mal, continuer jusqu’au bout. Une ténacité terrifiante avec laquelle il continuait de faire entendre parler de lui. Un meurtre, des figures cassées par ses propres mains, et le voila promu au rang de caïd suprême. Était-ce un rêve de gosse ? Sûrement pas. Et le résultat n’est que l’enchaînement de mauvaises décisions. Il n’arrive pas à regretter, pour le moment, jusqu’au jour où la fin approchera et qu’il devra rendre des comptes, les vrais ceux-là. Il ne se souvient pas avoir été redevable pour quelqu’un un jour, il avait toujours été écarté de toute promotion sociale et ne demandait jamais rien. Dans l’ombre, à construire seul l’édifice éphémère qu’il tient actuellement. Alors oui, ce sentiment lui était inconnu, mais il préféra ne pas faire remarquer ce menu détail. J’ai peut-être une place pour toi. Il marque un temps d’arrêt pour réfléchir une dernière fois avant d’avouer. Mais va falloir faire tes preuves. Sa main se pose contre la table tandis que la deuxième cherche un bout de papier sur laquelle est inscrite une adresse. Retrouve-moi là-bas demain à 18:00. et on verra Nikos, si t’es fais pour ça ou pas.

C'était pour Gemma qu'il avait renoncé aux intérieurs poudrés et aux liasses de billets sur l'oreiller. Aux colliers de perles et aux mains gantelées. L'escorting payait grassement, aucun problème pour ça. C'était pour ça qu'il avait commencé, et quand on commence à goûter à l'argent facile en général c'est difficile de s'arrêter. Toujours le droit à un pourboire, à une attention et pas des moindres souvent sous la forme de billet verts. Une d'entre elles avaient même proposé de lui offrir une voiture, ce que Nikos avait fermement refusé. Ça allait au delà des limites qu'il s'était fixé. Ok pour le plaisir, non pour une sugar mommy. Mais voilà, l'escorting c'était aussi accepter qu'une autre le touche, qu'il couche avec une autre, qu'il se partage. Il pensait qu'il arriverait à passer outre pendant un moment, parce qu'il était fort pour compartimenter et que sa vie d'escort n'avait rien avoir avec tout le reste. C'était deux mondes différents qu'il avait toujours pris soin de séparer et pourtant il avait fini par tout mélanger. Et même si l'exclusivité n'avait jamais été une condition dans sa relation bizarre avec la princesse des astres, lui n'avait pas pu se résoudre à toucher quelqu'un d'autre après la nuit chez elle. C'était surtout ça. Le constat était tombé comme un couperet, sans crier gare et il s'en était accommodé depuis sans trop se poser de questions parce que de toute manière c'était plus fort que lui et il ne pouvait pas faire autrement que de le prendre en compte. Du jour au lendemain, l'escorting s'était effacé de son champ des possibles. Ce n'était plus une option viable pour rembourser ses dettes. Certaines clientes continuaient d'appeler mais peu acceptaient de passer outre le plaisir charnel tarifié, après tout c'était ce quelles voulaient vraiment non ? Goûter à la fontaine de jouvence qu'illustrait Nikos ? Sauf que ce n'était plus possible. Il acceptait bien un restaurant de temps à autre, mais les week-ends accompagnés et les nuits rémunérées c'était de l'histoire ancienne. Nikos remplaçait les draps de soie par le sang séché sur sa peau et c'était tant mieux. Mais avant de goûter aux joies de laisser libre cours à ses bas instincts dans une cage, il devait rassurer la tête pensante qui avait l'air satisfait de ses réponses. Il a peut-être une place pour lui, c'est cette toute petite porte entrouverte dans laquelle s'engouffre Nikos. Il s'y imagine déjà sans trop savoir à quoi s'attendre. Il n'est pas sûr de lui au point d'être sûr d'être pris, ni d'être capable d'encaisser les coups. Il a toujours été bagarreur, son père avait la main lourde jadis mais il savait que ça n'avait rien avoir avec tout ce qu'il avait connu. Se battre pour se battre devait être autre chose, surtout si des grosses sommes d'argent était en jeu. Nikos n'était pas certain que ça valait le coupd de prendre le risque mais ça faisait un moment maintenant que son instinct était passé en mode pilotage automatique. Seul l'avenir lui dira si il est capable ou pas de mettre pratiquement à mort un autre mec en face de lui. Il allait enfin faire fructifier toute la rage qui fourmillait dans ses veines et l'empêcher de dormir la nuit. Aucune expression ne se lit sur son visage mais pourtant au fond il sent poindre une excitation qui ne va pas le quitter de si tôt et l'empêchera sûrement de dormir ce soir. J'y serais. Aucun doute là dessus, il y serait même en avance. Merci en tout cas. Tes consos de ce soir sont pour moi. dit-il en se relevant. Ce sentiment de redevance avait assez duré, Nikos en avait marre de subir, il était temps qu'il se batte. Peu importe le prix.