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 serrated edge of a hunting knife (mila)

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Gemma de Salm
- mante religieuse -
Gemma de Salm

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MessageSujet: serrated edge of a hunting knife (mila)   serrated edge of a hunting knife (mila) EmptyDim 1 Avr - 3:02

some girls are meant to play the world
and some are meant to burn it down.


Elle est belle. D'une façon presque provocante. Ça crève les yeux depuis l'autre extrémité de la pièce. C'est presque physiquement douloureux. Du trait d'eyeliner tellement acéré qu'il en devient létal jusqu'à la posture, impériale, tout chez cette fille hurle 'précipice'. La solitude presque insolente au milieu du club bondé. Une façade que Gemma connaît trop bien. Accessoire opérant du personnage, les deux tabourets vides de part et d'autre de la brune, dépression atmosphérique de celles qui intimident. Elle est de celle qu'on réfléchit à deux fois avant d'approcher, prix réservé aux plus cons ou aux plus courageux. C'est ça qui la fait tiquer, Gemma. Pas le fait qu'elle traîne ici, entre les néons capricieux et le chrome sale, pas le fait qu'on y connaisse son nom, quitte même à y attacher une légère note de révérence lorsqu'ils hochent la tête / "Mila ? Oui, il me semble l'avoir vue ce soir." Jusqu'ici, elles jouent sur le même tableau. Ce qui inquiète Gemma, c'est pas qu'elle soit une habituée du Sinners - même si dieu sait ce qu'elle vient y faire, elle n'a pas pensé à poser la question - c'est qu'elle soit si belle. Pas de la façon éthérée et cotonneuse dont la beauté de Kitty irradie, non, ça aurait été bien trop enviable, plutôt une perfection comme une arme blanche, qui scintille une seconde et dépèce la suivante. Depuis son booth dans le fond, verre de vodka dans une main, résolution dans l'autre, Gemma l'observe, et craint le pire. Les secondes s'égrènent et la familiarité élusive réapparait chaque fois que la brune tourne le menton ou hausse le sourcil. Elle est certaine de l'avoir déjà vue mais ne parvient pas à être formelle au sujet de la circonstance. Logiquement, ça pourrait être ici. Gemma a beau ne pas bosser au Sinners, elle y a ses accès et ses habitudes par procuration, simplement car Cece et Kitty y dansent et qu'elle est a l'impression qu'en restant dans les parages, regard fermement ancré sur le public alors qu'ils fixent tous le podium, elle saura protéger ses soeurs des connards à qui on n'a jamais appris à toucher avec les yeux. Naturellement, pour accomplir son activité de furetage que Gemma appelle pompeusement 'investigation', elle a choisi une nuit où Kitty est de relâche. Son chaton désapprouverait l'ingérence. Elle aurait parfaitement raison. L'enfer est pavé de bonnes intentions et celles de Gemma sont irréprochables. Dans un mouvement paresseux, elle agrippe son verre qui claque contre le formica de la table poisseuse et se lève. En s'approchant de la Mila en question, les traits se solidifient dans son esprit. La brune rajeunit, semble s'arrondir, et Gemma est frappée par quelques flashbacks de lycée, trop flous et brefs pour qu'elle sache en saisir un seul à la volée. Sans cérémonie, sans sourire ni hostilité flagrante, elle se glisse dans le tabouret à sa droite. Croise son regard pour la jauger et, dans un effort herculéen de neutralité, lâche "tu bois quoi ? C'est pour moi." Un putain de rameau d'olivier étendu sous les néons. Cette fille a beau ne lui inspirer que méfiance - elle entend à nouveau la voix de Kitty tremblotante sous les couches d'assurance en carton-pâte ; "les filles j'ai rencontré quelqu'un mais... compliqué" - elle est, précisément, une fille. C'est sa grâce rédemptrice. Si les mêmes mots avaient été proférés ayant pour objet un homme, Gemma aurait déjà découvert les canines. "Tu brises son coeur, on te brise les jambes - vu ?" Mais c'est une meuf de l'autre côté de cette discussion, aussi Gemma déploie des trésors de diplomatie pour ne pas l'antagoniser d'entrée de jeu. "Mila, c'est ça ?" L'incertitude est fausse fausse fausse, il n'y a aucune marge d'erreur dans la procédure, elle sait parfaitement à qui elle a affaire - ou du moins ne s'est encombrée que des informations au sujet de son interlocutrice qui l'intéressaient directement. Le ton est désinvolte avec un rien d'insistance, l'air de réclamer subtilement l'avantage. Gemma porte sa boisson à ses lèvres, la sirote lentement en perçant le regard de la brune au dessus de l'arrête de son verre. Oui, elle, elle sait à qui elle s'adresse et elle se délecte du fait que Mila ne puisse pas en dire autant. Gem prend son temps avant d'entrer dans le vif du sujet, dresse le brouillard concernant la raison de sa présence au bar comme un piège tendu entre elles deux. Une réponse sur la défensive trahit toujours une conscience tachée.
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MessageSujet: Re: serrated edge of a hunting knife (mila)   serrated edge of a hunting knife (mila) EmptyLun 2 Avr - 13:54

mila déguste la solitude comme un résidu rance qu’elle remue au fond de son verre. médicament en poudre qu’on ne parvient pas à faire avaler aux bouches capricieuses, c’est sa lèvre qui se retrousse, modelée par le dégoût à chaque nouvelle gorgée qu’elle sirote sans aucune envie. c’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour meubler l’attente et tenter d’évaporer l’ennui qui lui grignote le système à chaque fois qu’elle s’autorise un nouveau regard vers la foule. pour une énième fois ne pas y voir la silhouette qu’elle attends presque plus qu’un foutu messie. chaque tentative aussi infructueuse que la précédente enfonce encore plus profondément le pieu de l’agacement dans son plexus, comme si cash l’y encastrait de sa propre main. comme, parce que cela nécessiterait qu’il soit physiquement présent, et c’est simplement son fantôme qui est avachi au tabouret désespérément vide à côté d’elle. après l’avalanche volcanique de messages où elle avait cherché un exutoire à sa rancœur, c’est maintenant la chair acajou du comptoir qui devient le réceptacle à sa fureur, lui perforant les veines du bout de ses griffes vernies. chaque nouvelle oscillation de l’aiguille confinée sous le cadran crasseux de l’horloge du club est une nouvelle respiration arrachée brutalement à ses poumons avides d’air pur. et un nouveau soupir qui fait valser les pulpeuses, la chorégraphie devenant presque naturelle à force d’avoir été trop saturée. le compte à rebours jusqu’à l’épuisement de sa patience s’était épuisé depuis bien trop longtemps, et même si sa patience commence elle aussi à être rongée et ne plus être que lambeaux en bouillie au sol, elle ne résout pas à faire sa sortie. comme acculée par une attraction céleste à cette chaise, les coudes scotchés au comptoir poisseux. c’est peut-être une façon comique de se bâtir un confessionnal de fortune, elle qui s’était offert le luxe de plusieurs corps à aimer se retrouve dépossédée de toute autre présence, et bercée par le rythme de sa propre respiration excédée. l’ironie glisse contre sa langue et immole ses papilles d’une amertume cynique, et elle en subit chaque nouvelle goutte comme une sanction méritée. pourtant, alors que ses tympans venaient tout juste de s’habituer au mesures grésillantes de la musique, une voix à l’écho étranger brise l’équilibre. assez pour réveiller son intérêt jusqu’alors enseveli dans les bulles tourbillonnantes coincée dans son verre, qui se reporte sur la personne déjà installée sur le tabouret incarnant jusqu’alors l’insolence de l’absence de son petit-ami. sans avoir étudié la tessiture évidemment féminine et fluette de la voix, c’est une légère surprise qui éclot sur sa rétine quand elle découvre le visage venu perturber son auto-mutilation improvisée. encore plus quand elle s’autorise à détailler la beauté abrasive tracée par ses traits, tranchant bien trop avec le décor grotesque et vulgaire. un grain de peau d’un diaphane presque violent qui se découpe dans la semi-pénombre tamisée par les néons, chevelure embrasée et la bouche outrageusement généreuse. c’est étrange, à première vue tu me sembles pas être le type de personne à offrir des verres à des filles toutes seules. mais la même chose que toi ça sera parfait. mila accepte un peu trop aisément une compagnie dont elle ne connait absolument rien, et qui pourtant remplit tous les critères pour affoler la raison. simplement usée du son de ses pensées, ou déjà sevrée de l’inconscience qui se répand dans les veines, elle chasse l’étrange sensation qui retourne les boyaux. c’est son visage, étrangement fascinant et trop facile à assimiler, c’est aussi tout son être qui ne se mélange pas du tout dans le tableau du sinners, trop délicate et réfléchie, pas assez froissée pour y travailler. pourtant quand c’est son prénom qui dévale la pente de ses lèvres, les muscles s’engourdissent et le regard se voile de méfiance. peut-être, ça dépend. qu’est-ce que tu veux? les cartes se distribuent mollement, et mila déteste l’impression de ne pas être maîtresse du destin que l’inconnue semble modeler à ses désirs. elle en vient presque à regretter de s’étouffer dans sa propre rancoeur quand elle était encore seule.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: serrated edge of a hunting knife (mila)   serrated edge of a hunting knife (mila) EmptyMer 4 Avr - 3:30

Les lèvres de Gemma, infusées à la vodka et à l'insolence, se retroussent en un rictus amusé. Oui, elle est au courant qu'elle ne semble pas être le type pour la majorité de ce qui compose son quotidien, elle en a fait sa marque de fabrique. L'enveloppe ne correspond pas au contenu, elle s'en délecte et c'est presque si la réflexion la flatterait. Pourtant, ironiquement, les filles esseulées sont la caste exclusive à laquelle elle ait jamais offert des verres. Ce sont les seules qu'elle a jamais eu à séduire. Elle a beau être, à toutes fins pratiques, hétéro - tare qu'elle ne désespère pas de surmonter un jour - c'est fou le temps et l'énergie que Gemma déploie à draguer des filles. Comme un prédateur doté d'un soupçon de subtilité, espèce raréfiée à Crescent Heights plus qu'ailleurs, elle fait flasher ses dents blanches, offre cocktail et compliment, écoute avec attention et manipule les ficelles. Avec Mila, cela dit, elle barbote en eaux troubles. Gemma n'a pas encore décidé de quel rôle elle veut endosser ce soir, entre la connivence et la menace. Le problème étant, précisément, que Mila est une meuf. Génétiquement programmée pour se jeter à ses pieds, Gemma garde néanmoins son objectif bien au centre de ses pensées : la brune est est cet Autre dont il faut protéger Kitty. D'un geste facile, quasi propriétaire, Gemma fait signe au barman de doubler sa commande. Elle est suffisamment coutumière des lieux pour qu'il cueille deux verres old-fashioned de l'étagère sans poser de questions. En entendant son prénom échapper des lèvres étrangères, la brune se durcit. Elle exécute un travail admirable pour garder toute réaction sous la peau, mais même dans la relative pénombre, Gemma la devine sur le qui-vive. Bien, elle l'a désarçonnée. Elle ne s'embarrasse pas d'une réponse, tout sauf du genre à abattre toutes ses cartes d'un coup. A la place, elle se fend d'un petit sourire de défi, une moue qui lui annonce qu'elle n'a aucune raison de la craindre... pour l'instant. Savourant bien trop l'ascendant pour la jouer équitable, Gemma ne renvoie pas l'ascenseur, n'avance ni paume tendue ni information supplémentaire entre elles deux. Son identité ne restera un mystère que tant que Mila s'accrochera à sa dignité ; une poignée de questions à la cantonade et elle saura tôt ou tard qui est la rousse qui se prélasse comme un chat sur le skaï matelassé des banquettes quelques soirs par semaine, ni danseuse ni consommatrice, juste une ombre sur le mur qui surveille, l'oeil constamment en alerte, aussi insolite entre ces quatre murs que sa boisson habituelle, vodka on the rocks with lime, qui se matérialise justement en deux exemplaires devant les filles. Son verre précédent désormais vide, Gemma se saisit du remplaçant et l'entrechoque à celui de Mila, toujours sur le bar. Elle le porte à ses lèvres mais ne boit pas. A la place, elle se retourne, balaie la salle du regard. Les yeux sur l'un des podiums, elle plisse les lèvres au dessus de sa vodka. "Elle est pas là ce soir." Menton haut, regard perçant, elle croise celui de Mila pour une seconde avant de retourner son attention sur la pièce. Elle laisse passer une seconde de plus que nécessaire, suffisamment pour que le mot qui suive soit baigné d'importance, lourd comme un secret, pesant comme un avertissement. "Kitty." Mutine, la voix juste assez basse pour sembler être une admonestation, Gemma prend une gorgée grisante. Ça ne lui a pas échappé, lorsqu'elle l'observait de loin, les regards empreints d'attente dont Mila couvait l'entièreté du club. Elle enfonce le pied dans l'inconnu en présumant que c'est Kitty qu'elle attendait de voir surgir d'entre les rideaux de velours comme un cadeau de Noël. Après tout, Gemma n'a eu droit qu'à une version de l'histoire, perçue à travers les yeux de Kit et modulée par ses lèvres, réduite au strict minimum et probablement censurée. Elle s'en fout, elle n'a pas besoin d'en savoir plus. Tout ce qui lui importe dans l'absolu, c'est que cette fille sache que Kit est entourée - et qu'elles veillent.
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MessageSujet: Re: serrated edge of a hunting knife (mila)   serrated edge of a hunting knife (mila) EmptyVen 6 Avr - 2:52

il y a une aura aux relents mystiques qui s’échappe d’elle, diffusée par le void perché au fond de ses opales. prestance impériale tracée du bout de l’arc trop droit de son échine, subtilement ornée d’un danger envoûtant. coincée sous l’entrave de son regard, mila ne sait plus si elle doit montrer les crocs ou bien devenir chaton docile sous sa caresse. le dilemme est titanesque, quand elle ne connaît même pas l’étendue de la mise en jeu. c’est comme avancer à tâtons dans une obscurité totale, simplement éclairée par les quelques éclats de lumière qu’elle daigne bien lui souffler. funambule qui s’aventure sur une corde suspendue au dessus d’une marée de furies dont elle perçoit simplement le hululement, et pas toute l’horreur. mila est suspendue à chaque petite oscillation de son visage, chaque respiration qui lui gonfle les poumons, cherche à déchiffrer et assembler les pièces du mystère que l’incendiaire inconnue représente. comme on étudierait un spécimen, loupe et scalpel en main. mais elle réalise bien trop vite que les rôles sont inversés, et que c’est elle qui est enchaînée, exposée à sa lame parfaitement affûtée. l’assurance dégouline de chaque pores de sa peau, se matérialise en un sourire qui lui moule la bouche. le chemin le moins escarpé apparaît alors comme une évidence aveuglante, celui de la coopération pacifique, affronter un titan simplement à mains nues ne lui semble pas particulièrement alléchant ce soir. pas alors qu’elle vient de se refaire une manucure. pas alors que cela reviendrait à souffler de ses propres lèvres contre l’ouragan qu’elle semble avoir de glissé au bout des doigts. mila tente de noyer l’irritation de ne pas savoir d’une gorgée presque trop précipitée quand son verre arrive enfin, sans qu’elle n’ait pris la peine de briser le silence. l’attente est languissante, pavée de spéculations qui s’entassent dans son crâne jusqu’à totalement obstruer toute pensée rationnelle de s’y former. puis elle parle, drape encore plus le tout d’un mystère que mila peine à dissiper. la délectation qu’elle lit sur son visage est encore plus dure à digérer, renforce même le noeud qui s’est engoncé dans ses boyaux. nouvelle gorgée, seconde toxique qui la pousse un peu plus au bout de ses retranchements. sa patience est déjà bien trop usée, entre en collision avec la curiosité de comprendre qui elle est, et plus spécifiquement ce qu’elle veut. kitty. elle sent le liquide bouillonner dans sa gorge, allumé par une surprise qu’elle ne parvient décemment pas à réprimer avant qu’elle n’éclate à sa vue. c’était probablement l’un des seuls scénarios qu’elle n’avait pas même osé envisager. et pourtant. sa soudaine paranoïa n’était qu’un fade avant goût. non c’est pas… enfin pas elle que… l’encéphale qui coupe court au massacre qui s’agglutine au bout de sa langue en une imitation grossière de balbutiements en liant sévèrement ses pulpeuses pour empêcher d’autres mots de s’y former. elle sent ses nerfs s’effilocher, prendre l’aspect d’une chaotique pelote où rien de cohérent ne parvient à se réaliser. mila dépose une nouvelle fois ses lèvres à l’embouchure du verre, semblant d’intraveineuse de lucidité qu’elle trouve ironiquement dans les caresses acides de l’alcool glissant dans la gorge. réflexion bâclée et trop brève, elle meuble le silence du claquement du cristallin contre la table. parfaite imitation du crash qui s’opère au même instant entre les parois de son crâne. et puis ça se dessine lentement, d’un fusain à moitié sec et mal taillé, mais elle le voit. cette possessivité mutine qui s’est échappée à l’articulation du prénom interdit. mila commence à rassembler les quelques pièces qu’elle lui abandonne, sans s’encombrer à savoir si c’est volontaire où une erreur. le puzzle prend petit à petit forme, mais le résultat ne lui plait définitivement pas. qu’est-ce que tu sais exactement? malgré le trouble, elle ne peut décemment faire l’erreur capitale de la nourrir d’informations qu’elle ne détient pas déjà. il s’agit peut-être d’un magnifique coup de bluff qu’elle construit devant ses yeux crédules, mais l’affiliation de sa propre personne à celle de kitty est déjà un indice de trop qu’elle ne peut pas négliger. écoute, si c’est de ça qu’il s’agit, j’étais pas au courant qu’elle avait déjà quelqu’un. supposition balancée à l’aveugle, elle cherche, gratte pour déblayer les couches jusqu’à découvrir la réelle raison de sa présence à ses côtés. en espérant silencieusement qu’elle est en est bien loin.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: serrated edge of a hunting knife (mila)   serrated edge of a hunting knife (mila) EmptyMar 10 Avr - 8:13

Le visage de Mila se fracture sous le coup de la surprise. Ça n'aura pas demandé de grands efforts ; deux syllabes du bout des lèvres étirées de Gemma. Kitty. Cinq lettres dont ses lèvres ont l'habitude, sans cesse susurrées comme une bénédiction, protégées dans sa bouche comme dans un écrin. Cinq lettres qui se sont, involontairement et par force d'habitude, colorées d'un brin de possessivité. Les traits parfaits de la brune se nappent du vernis de l'angoisse et, quelque part, Gemma serait presque déçue. Elle espérait que son interlocutrice prenne la peine de masquer sa stupéfaction. Elle la voudrait sur ses gardes, défensive. Elle voudrait une preuve, dans la courbe de son menton ou la pression que ses phalanges exercent autour du verre désormais taché de rouge à lèvres, n'importe quoi qui démontrerait que Gemma lui fait peur. Si cela doit se transformer en jeu de pouvoir, elle veut être certaine d'avoir la main. Elle n'a pas l'habitude de chercher à intimider des femmes mais dans l'absolu, sur le sprint final il n'y aura aucune différence, elle y compte bien. Elle restera confortablement installée sur son promontoire. Mila bégaie, cherche ses mots - à nouveau, un aveu de faiblesse qui, à peu de choses près, pourrait vexer Gemma. Qu'est-ce qu'elle sait exactement ? Presque rien. Assez. Elle n'a eu droit qu'à quelques mots accordés volontairement, et quelques autres soutirées par la caresse. Elle sait peu, au final, mais elle n'a besoin de rien de plus. Le gravier dans la voix de Kitty, pourtant ordinairement si mélodieuse, lorsqu'elle avait dit 'avoir rencontré quelqu'un' s'était avéré bien plus narratif qu'aucun récit n'aurait pu l'être. La conclusion à laquelle Mila arrive prend Gemma de court mais, elle par contre, déploie tous les efforts nécessaires pour que la surprise soit invisible. Parce que ça n'a aucune raison de l'étonner, parce que n'importe quel cerveau logique serait arrivé à la même conclusion erronée que l'inconnue. Gemma débarque, reptilienne et possessive, la dévotion dégoulinant de ses lèvres lorsqu'elle prononce le prénom de Kitty et la méfiance débordant des pupilles lorsqu'elle les pose sur Mila. La vraie question, sans doute, c'est pas de savoir si son raisonnement faux est justifié, mais d'à quel point il est réellement faux au départ. "Oui, elle a déjà quelqu'un." Gemma fait cliqueter ses longs ongles sur le bar comme une publicité pour ses griffes, attire l'attention tout ce qui est tranchant chez elle. "Plusieurs, en fait. On aime Kitty très, très fort," esquisse d'un sourire sec, du miel recouvert d'acide, "et on veille. On ne supporterait pas que quiconque lui fasse du mal, tu comprends ?" C'était le pacte dès le début. Kit n'est pas comme elles, pas tout à fait, alors elle avait naturellement été placée au centre, en plein cœur de leur exosquelette vindicatif, là où les coups l'attendraient le moins. Juste un instant, la façade de Gemma se fend. Suffisamment pour que Mila voie l'inquiétude âpre derrière la carapace, la loyauté toute puissante, presque désespérée. Sa voix perd son accent de provocation, remplace l'amoureuse jalouse par la mère, la plus prominente figure qu'elle a jamais été dans le jeu de cartes de sa Kitty. "Pour le moment, on n'a aucune raison de t'en vouloir. Alors," la compassion passagère se dissout dans une lampée de vodka glacée, dont le goût nocturne fait office de piqûre de rappel. On n'offre pas sa gorge au loup, dans la forêt. Pas même si le loup est une louve. "fais en sorte de ne pas nous en donner une." En effet, aucune raison de lui en vouloir. Pour le moment. Ce qui n'empêchera pas à Gemma de garder les yeux grands ouverts - elle est prête à emménager au Sinners aux premiers signes de fêlures si c'est pour détecter tout ce que Kitty ne dira pas.
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MessageSujet: Re: serrated edge of a hunting knife (mila)   serrated edge of a hunting knife (mila) EmptyLun 16 Avr - 10:27

sous ses côtes c’est l’hécatombe, tissus du palpitant qui s’étiolent à mesure que les mots s’entassent, que les regards s’évitent. un champ de bataille où la terre est encore fumante des semelles enragées, l’air encrassé par des cendres chaudes. quelque part entre la silhouette qui se glisse, féline, à ses côtés en terrain déjà conquis et le prénom arraché à ses pulpeuses écarlates, elle s’est égarée. l’esprit comme évaporé, fuyard qui l’abandonne en un semblant de carcasse chaotique où seul le coeur remplit le vide qui la creuse. mila ne fait plus qu’observer tous ses efforts se briser entre ses mains tremblotantes et gauches, incapable de ramasser les débris et de se redessiner une assurance un tant soit peu crédible. déjà usée par l’attente éreintante et imbibée d’une rancoeur amère, c’est l’inconnue qui glisse une nouvelle lame empoisonnée dans le plexus. le mystère est trop épais et les cartes trop désuètes entre ses mains pour qu’elle puisse espérer remporter la partie. et le bluff n’est pas même envisageable, pas lorsqu’elle a le coeur imprimé sur le visage, clignotant comme un foutu panneau de signalisation sous les pupilles enflammées de l’adversaire. pourtant l’échange semble cordial, sublimé par ce qui semble être une fausse aimabilité qu’elle lui glisse dans la main comme pour l’âpater. mais à l’instant où le prénom banni de franchir ses propres lèvres est mis sur la table, mila sait qu’il n’y a rien de bon à tirer de la conversation. si ce n’est un ventricule encore plus froissé, piétiné par le talon vertigineux de cette beauté glaciale dont elle ignore jusqu’au nom. le cristal est toujours autant teinté du liquide qu’elle n’a toujours pas offert à ses lèvres, et c’est finalement après un soupir trop dolent arraché à ses poumons éraflés qu’elle s’autorise à anesthésier ses papilles, l’oeil toujours sévèrement perché sur son visage au dessus du verre. ingurgitant ses mots avec une concentration religieuse, en analysant chaque trémolo, arrondissement de langue, chaque soupir qui les scient. cherchant la moindre fêlure dans le discours qu’elle pourrait utiliser pour réduire un peu le déséquilibre et prendre un ascendant qu’elle brûle de goûter. et alors que c’est la pénombre du désespoir qui commence à lui hululer dans le crâne, l’étincelle qui allume le brasier s’imprime sur sa rétine. juste là, enlacé autour de son poignet, l’as qui réveille l’instinct du fauve jusqu’alors endormi. comme un shoot d’adrénaline glissé dans les veines, c’est tout le système qui gronde, bouillonne sous le psychotrope insufflé par l’information grattée. nouvelle assurance qui crépite au fond de l’oeil, mila autorise un sourire à étirer la commissure de ses lèvres, lui balance généreusement. je vois. donc c’est le speech des amies qui ne savent pas se mêler de leurs propres affaires? elle ponctue sa phrase d’un soupir faussement excédé, toujours outrageusement enjouée par la situation qu’elle commence à mieux contrôler. mila se délecte du goût délicieux qui embrasse sa langue, ayant presque oublié la saveur du contrôle glissé sous les ongles, de savoir que d’un coup de griffe elle peut elle aussi blesser. dans ce cas j’en déduis que tu ne sais quasiment rien, et que kitty a oublié de préciser qu’on était pas ensembles, et que j’ai réellement quelqu’un. sinon tu ne te serais pas permise de venir me parler, rassure-moi? les règles du jeu étaient simples, tracées dès la première nuit à l’encre indélébile. celle du silence, d’attribuer son nom à un secret simplement suggéré à son oreille à elle. personne ne devait savoir, d’autant plus quand mila avait bien plus à y perdre. finalement, elle est prise d’une audace venimeuse, alors qu’elle se penche dangereusement vers la succube, et attrape son poignet. légère pression, pas assez pour abandonner la moindre cicatrice de son passage, juste comme il le faut pour appuyer la menace à demi-articulée. d’ailleurs, sans vouloir t’offenser… sa bouche se rapproche de son oreille, drape les mots d’un murmure qu’elle module pour devenir sifflement serpentin à ce qu’elle espère devenir sa proie. cette gourmette m’allait bien mieux. passe le bonjour à nikos de ma part. et juste comme ça, elle lui enfonce son joker dans la trachée, gonflée par l’adrénaline, piquée par ses menaces. et même si un simple bijou n’est peut-être qu’une indication futile, peut-être pas assez pour en déduire la nature de la relation qu’ils partagent, la splendeur qui irradie de ses traits est suffisante. nikos qui s'amourache des nymphes glaciales, les similitudes qu’elle parvient à tisser entre elles suffisent à assembler les pièces. une fois de plus, c’est une balle tirée à l’aveugle, mais la certitude de l’atteindre en plein coeur gronde bien plus sévèrement.
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MessageSujet: Re: serrated edge of a hunting knife (mila)   serrated edge of a hunting knife (mila) EmptyLun 23 Avr - 7:56

Le speech des amies qui ne savent pas se mêler de leurs propres affaires. Gemma lâche un rire cristallin qui est, contre toute attente, authentique. Aucune symphonie du pouvoir primaire savamment orchestrée dans les deux notes qui s'échappent par dessus l'arrête de son verre, non, elle rit de bon coeur. Car oui. C'est exactement ça. Et ce que Mila ne peut pas comprendre, c'est que Gemma ne puise pas une seule once de honte dans le totalitarisme de son amitié avec les filles. La dévotion est absolue, enfantine dans son dégoût des prétentions de détachement. Elle ne sera jamais embarrassée par son ingérence dans la vie des filles car elle n'est rien d'autre que le produit de ce que Gemma a de plus noble : cet amour brut, exhaustif, ce besoin de protéger ce qui lui est précieux avec toutes les armes à sa disposition. Elle se rappelle l'agacement de Nikos envers le besoin que Gemma a de s'assurer que chaque aspect de sa vie privée soit approuvé par Cece ; il lui avait répliqué qu'elles n'étaient pas des gamines de quinze ans et ça l'avait tant amusée. Elle avait eu envie de lui dire qu'ils auraient tellement à apprendre de l'inconditionnalité des collégiennes. Oui, elle se mêle des affaires de ses copines, et ce avec une large dose de fierté. Leurs vies sont entremêlées et perméables. Rien n'atteint une d'entre elles sans filtrer jusqu'à toutes les autres, et que Mila le sache ou non, le respecte ou non, si elle joue avec Kitty, elle joue avec toute la bande. La suite est passablement douloureuse - "et que j'ai réellement quelqu'un" - quoi que pas fondamentalement inattendue. Forcément, il y avait anguille sous roche, ça s'entendait dans le ton de Kitty, son hésitation chancelante mêlée au besoin de leur en parler. Ça tire sur le myocarde de Gemma, le ton dédaigneux, les mots tranchants - pas le moins du monde pris personnellement. Elle a mal pour Kitty. Sa soeur ne mérite aucune foutue seconde place et Mila devrait déjà s'estimer heureuse d'avoir le droit d'embrasser le sol qu'elle foule du bout de ses orteils parfaits. Les phalanges de Gemma se rigidifient autour de son verre qu'elle repose bruyamment, brutale. "J'ai dit fais en sorte de ne pas nous en donner une, ok ?" Si Kitty se contente des miettes, tant mieux. Gemma n'a aucune base pour s'y opposer - mais si elle était soulagée de la savoir éprise d'une fille, elle revient doucement sur sa décision. Parce que Mila, une fois le premier coup d'oeil dépassé, n'a pas l'air de valoir mieux que les types abjects qui hantent le Sinners et polluent la ville. La gratification immédiate, fièrement égoïste, le mensonge qui dégouline au bord des lèvres. Tout dans la position de Gemma se raidit, de l'angle de sa mâchoire à ses genoux croisés. La question de Mila reste sans réponse - mais si elle jouit de quelques gouttes de compréhension humaine, elle pourra lire dans les traits de Gemma que si, absolument, si elle avait su, elle serait venue lui parler, avec un brin d'animosité en plus et un verre offert en moins. Il y a un truc reptilien qui s'enroule dans le regard de la brune, et lorsqu'elle lui attrape le poignet, Gemma sait immédiatement ce qu'elle va venir lui glisser à l'oreille. Oui, c'est une putain de gifle, une carte jouée à la perfection. Gem est à la fois blessée et admirative et, pour ne pas se rabaisser ouvertement au premier sentiment, elle se concentre sur le second. Esquisse un sourire narquois parfaitement étudié, ne laissant rien paraître du fracas à l'intérieur. "Tu sais quoi, j'en doute pas une seconde." Car si ce totem qu'il lui avait confié en tant que symbole de sa gratitude est en réalité bien ce qu'elle craignait au premier abord, une putain d'étiquette à son nom, une déclaration de propriété privée, alors elle n'en veut plus. Alors elle est entièrement d'accord pour dire qu'il ne lui va pas, que l'appartenance lui clashe horriblement au teint. Le métal lui brûle la peau fine de l'intérieur du poignet, elle veut l'arracher mais n'accordera pas ce plaisir à Mila, pas devant ses yeux, non, elle est l'image même de la nonchalance radieuse seulement ternie d'un infime tressaillement de la mâchoire. De son sac, elle sort un billet vert qu'elle agite en direction du barman avant de glisser hors du tabouret. "Reprends-en un, c'est pour moi," elle désigne d'une griffe grenat le verre presque plein de Mila, sa boisson de prédilection à elle commandée pour deux, et ajoute, presque conspiratrice dans ses consonnes sourdes, amusées, "tu devrais te régaler, vu comme on semble avoir les mêmes goûts." Elle ne se rabaissera pas à faire preuve de la moindre curiosité envers sa relation avec Nikos. Bien que ce cas de figure ne lui avait jamais traversé l'esprit au préalable, il était inévitable et elle est suffisamment adulte pour l'admettre. La réplique de Mila n'en est pas moins cuisante. Gemma reste digne, impériale dans sa façon de se pencher vers la brune, de replacer une mèche de cheveux caramel derrière son oreille en guise d'au revoir - à la fois sensuelle et supérieure - et tourner les talons. Never let them see you sweat, la reine des glaces est imperturbable. Elle attendra d'être sur la banquette arrière d'un Uber, la poussière du Sinners abandonée loin derrière, avant de laisser l'humiliation colorer ses joues et arracher le ruban de métal de son poignet.
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