toucher l'soleil avant qu'la pluie n'vienne (kamil)

l’beau père toujours sur les nerfs, kamil aussi. un combat de coq, qui criera le plus fort, qui fera l’plus de mal avec des mots. c’est toujours kamil, toujours l’regard insolant et ce même avec l’visage rempli d’sang. et sa mère gronde, les éloigne.

- « p’tit con d’merde » lâche l’enfoiré d’beau père.

il quitte l’appartement, puis l’quartier pour s’enfuir dans l’parc. comme un besoin de changer d’air, du coup il s’pose sur un banc, capuche sur la tête, écouteur dans les oreilles, vidéo d’scarface sur son iphone. Le monde lui appartient, kamil est un roi.

Comme un animal quand la situation ne lui plait pas, il s’enfuit pour s’retrouver dans sa tanière : le parc. et il appelle quelques potes, bois quelques bières premier prix pour tirer des plans sur la comète.

- « eh gros, tu crois j’peux devenir un homme d’affaire ou c’est mort ? »

Jeunesse sans plan d’carrière, jeunesse qui affronte la vie. kamil effrite son shit, l’esprit brumeux. il n’allait pas vendre du shit coupé à d’la merde et se battre dans une cave toute sa vie, non ? et puis, dans l’fond, à quoi d’autre était-il destiné ? sans diplôme, une relation plus que conflictuelle avec l’autorité. il avait bien essayé le légal, mais c’était trop de travail pour peu d’argent. kamil méritait mieux, kamil méritait des vêtements de marque, des bagues cartier à chaque doigts, et une pute russe dans son lit tout les soirs. Mais pour l’instant, il attendait un miracle, l’truc qui allait le rendre riche du jour au lendemain. mais c’était pas ce putain d’loto qui allait le rendre millionaire.

On lui avait déjà proposé d’braquer des épiceries, voler des vieux, se salir d'avantage les mains. étrangement, l’métis refusait, bien trop de pêchers à porter sur ses larges épaules. kamil, muslim en carton qui s’réconforte dans la religion lorsqu'il a peur. Pour s’donner bonne conscience, il tente d’aller à la mosquée une fois par semaine, toujours glissé dans les derniers rangs, un peu déconnecté, un peu honteux.

Son beau père l’disait souvent, kamil c’est un parasite, un déchet. Mais pour ses potes, kamil c’est l’mec loyal, bon délire qui sait plus ou moins s’battre. Pour les meufs, kamil c’est l’beau parleur, sujet verbe compliment, puis prend et jette plus ou moins poliment. Et pour kamil, kamil c’est l’mec un peu pommé, avec un coeur et des poches à remplir.