dancing queen.

- la tête tournée vers les étoiles -
Luci la terrible ~ Elle a toujours eu besoin de se dépenser, Luci. Si elle ne sort pas, c'est qu'elle est clouée au lit. Depuis toujours, ou presque, elle fait de la gymnastique. Les barres asymétriques sont son agrès préféré. Elle a cette sensation incroyable de voler, comme si l'espace d'un instant la gravité n'avait plus d'effet sur elle. L'adrénaline, c'est sa drogue à elle. Elle n'aime ni le café, ni la cigarette et ne boit pas assez souvent pour que l'alcool soit son vice. Elle son truc, c'est l'adrénaline. Et c'est exactement ce que lui procure ses vidéos. Elle claque des doigts, sourit et d'un geste de la main salue son publique "Bienvenue, moi c'est Aline.", c'est son intro. Et la magie opère. Sous ses doigts, les cordes du ukulélé ou du piano sortent des mélodies, les plus douces qu'on ait entendu. Luci a cette voix particulière, à la fois sensible et tendre, faible et haute. Elle a conquit internet, avec sa voix et son personnage d'Aline. Elle dit qu'elle vient de New York dans ses vidéos, qu'elle poste pas très régulièrement. Elle se fait passer pour quelqu'un d'autre, c'est une façon de se protéger, de rester anonyme, même si on l'a reconnue des centaines de fois dans la rue. Luci la difficile ~ Elle aime pas grand chose, Luci. Elle aime nager. Et elle a une obsession pour l'eau qui coule. Elle peut rester des heures à coté d'une fontaine, d'un ruisseau ou sur une plage, à écouter. Et elle rêve d'avoir un jour une piscine pour elle.  Elle n'a aucun tatouage. Parfois, elle en a très envie. Elle a pensé plusieurs fois à une boussole sur son poignet, sans indication de direction. Seulement les flèches. Ou un éléphant minuscule, sur le haut de la cuisse. Mais elle s'est dit que voir un éléphant chaque fois qu'elle irait pisser, bof. Depuis qu'elle est toute petite, Luci aime voyager. Elle rêve, elle découvre, elle apprend. Un rien l'émerveille, Luci. Avec son père journaliste, elle en a fait des voyages, aux quatre coins du monde. L'école à la maison, c'était surtout sur la route en fait. D'ailleurs, ce qu'elle aime surtout c'est la route, et voir le paysage défiler, l'emmener vers un nouveau lieu, de nouvelles aventures. Elle adore prendre le train. Le doux bercement des wagons, la tranquillité des rails qui connaissent le chemin, où qu'elle aille.  Petite, elle a vécu dans un appartement près d'une petite gare, dans le New Jersey, et  de la fenêtre de sa chambre, qu'elle partageait avec Eden, Luci observait les trains aller et venir, le ballet incessant des voitures sur le parking, l'émotion des adieux, celle des retrouvailles. Les passagers qui tournaient en rond étaient ses favoris. Elle les imaginait attendant un amour perdu, qui ne viendrait jamais, ou le train suivant qui les guiderait vers de plus belles histoires que celles qu'elle s'était imaginées la veille. Luci la rêveuse ~ Quand elle est triste, elle aime bien grimper sur le toit de la maison de sa grand-mère, chez qui elle vit aujourd'hui en attendant de trouver un appart. Les enfants Kennedy ont grandit dans les valises de leurs parents, et quand leurs voyages étaient trop risqués pour les quatre marmots, ils les envoyaient chez leur grand-mère maternelle, qu'ils appellent tous Granny. Granny, elle cuisinait tout le temps, elle leur a appris à coudre, et à jouer au poker. Mais aujourd'hui, Granny elle perd la tête, un peu. Gabriel et Balthazar ne veulent pas se l'avouer, mais Eden et Luci le savent bien. Elle perd ses affaires, elle oublie où elle va, où elle est. Granny aussi, se rend compte. Elle ne sait plus comment se laver seule, elle ne sait plus jouer au poker ni cuisiner ses légendaires tartes aux prunes.Alors Luci, elle a peur pour Grany. Elle a peur pour Gab, qui est encore un gami, trop jeune pour vivre seul avec une dame malade, mais leurs parents sont des courants-d'air, depuis cinq ans qu'ils ne les ont pas vu.  Alors quand tout ça déborde, pour Luci, elle passe par la fenêtre du grenier, et s'installe sur les tuiles sombres, et poussiéreuses, et humides la plupart du temps. Ça l'aide à réfléchir. Elle se sent toujours en sécurité sur ce toit.  c'est son cocon, cette maison, c'est là qu'elle se réfugie quand elle a besoin de réconfort, et quand elle est là haut, elle n'a même pas besoin que quelqu'un lui dise que tout ira bien. Elle le sait. Elle aime lire son horoscope en fin de journée, parfois, pour faire le bilan, voir ce qui ne lui est pas arrivé. Elle n'y croit pas hein. Elle croit même pas en dieu. Mais ça la fait marrer. Quand elle était môme, chaque fois qu'on lui demandait quelle était sa couleur préférée, elle répondait le rouge turquoise. Ou le noir pastel. Luci, elle lit beaucoup. Elle parle, elle gribouille, mais surtout elle lit des centaines de livres. Elle en a toujours un sur elle, au fond de son sac, ou dans son téléphone en e-book. C'est aussi quelque chose qui la rassure, de savoir qu'à tout moment elle peut ouvrir son livre et s'évader loin de l'endroit où elle est. C'est aussi quelqu'un qui voudrait sauver le monde, Luci. Elle aimerait éradiquer la faim, la guerre et les maladies, et toutes les inégalités aussi. Elle sait que c'est impossible, pas à sa petite échelle, mais elle fait ce qu'elle peut. Elle se revendique féministe, et tente de faire de la propagande (maladroitement), elle trie ses déchets et essaie de manger bio, elle fait des dons de sang et elle partage avec autant de personne qu'elle le peut.  Luci la curieuse ~ Elle a cette soif d'apprendre, et elle aime faire parler les gens, apprendre à les connaître, leur histoire, leurs rêves et leurs passions. Elle aime découvrir son entourage, ses abonnés qui lui racontent ce qui ne va pas comme à une amie de longue date, et elle a deux questions fétiches : Quel est ton souvenir le plus lointain ? Et qui aimerais-tu devenir ? Elle aime écouter les gens, les faire parler pendant des heures, et les questionner encore et encore. Ses yeux avides de savoir effraient un peu, mais sa sincérité et sa douceur sont indéniables. Ses histoires préférées, ce sont celles de sa grand-mère. En fait, quand Luci était enfant, sa Grand-mère paternelle a tout plaqué, grand-père, maison, chien, club de tricot, pour aller vivre dans le sud de l'Italie. De son apprentissage d'une nouvelle langue aux découvertes hasardeuses, quand les enfants Kennedy allaient la voir tous les Noëls, ils en prenaient plein les oreilles. Ils ont appris l'italien sur place, d'ailleurs, mais l'italien de Nonna est bancal, et surtout composé de mots grossiers, si bien que tous les quatre n'utilisent cette si jolie langue que pour jurer. Luci a cette singularité : Elle n'est jamais tombée amoureuse. Pas qu'elle n'en ait pas envie, elle rêve d'être une fille normale, d'avoir quelqu'un qu'elle aime à la folie, pour qui elle traverserait des océans à la nage, mais si elle craque souvent pour de beaux yeux, si elle en a parfois dans son lit, aussi, si elle s'attache, elle ne tombe jamais amoureuse. Elle est pansexuelle, aussi. Jusqu'à son entrée au lycée, elle pensait que tout le monde était comme elle, qu'il était normal de craquer pour quelqu'un parce qu'il dégage un truc spécial, ou qu'il a de belles fesses, et pas parce qu'il est un garçon, ou une fille. Pour Luci, c'était juste... Comme ça, et puis c'est tout ! C'était étrange quand elle a réalisé que c'était juste elle, qui avait des crushs mixtes, qui s'en moquait du sexe de son partenaire. Puis, elle a aussi cette bizarrerie, qu'il est important de souligner : Depuis qu'elle est bébé, elle est hyperlaxe. C'est pas une maladie incurable, ou une nationalité inconnue, non, ça veut dire qu'elle est anormalement souple. C'est très pratique pour la gymnastique, évidemment, mais quand elle s'étire, elle fait grincer des dents les gens qui l'entourent, par ces mouvements de bras improbables et autres étirements dorsaux. Il y a quelques mois, Luci a décidé d'adopter un animal. Sur un coup de tête, en fait, elle ne se sent pas particulièrement seule, surtout pas dans la maison de Granny, qu'elle partage avec ses deux frères et sa soeur, mais elle avait envie d'avoir une boule de poils qui l'attend le soir, et dans sa chambre au coeur de Crescent Heights se promène maintenant Marty, son lapin. Alors oui, elle aurait pu choisir un chat, comme tout le monde. Ou un petit chien. Ou un hamster, même ! Mais le lapin était le compromis parfait de tout ça, et Marty se balade librement dans la chambre de la jeune femme, et plus généralement dans la maison (parce que, sincèrement, qui ne craquerait pas pour un petit lapin tout mignon qui vient tapoter son museau sur votre pied pour avoir des grattouilles ?). Bon, il s'avère que c'est un lapin assez caractériel, qui dès qu'il est fâché ronge les fils électriques, mais à part ce détail, la cohabitation se passe bien.