Obsession ◊ Jem

Crescent Heights. Loin d’être un paradis pour ceux qui aiment sortir et faire la fête. Tu dirais plutôt l’enfer sur Terre. Tes parents seraient heureux que tu ais ce genre de pensées, eux qui sont si croyants et pratiquants. Toi ? C’est bien le dernier de tes problèmes d’avoir des pensées qui pourraient ne pas leur convenir. Rebelle dans l’âme, pas vraiment. Juste une nana de vingt-trois ans qui a envie de vivre selon ses principes, suivant ses propres règles. Celle de ce soir, te laisser aller. T’es pas une de ces filles faciles qui sont ce qu’elles montrent. Tu es différente. Tu attises, tu cherches, tu n’appliques cependant pas. Tes verres tu ne les payes pas, on les paye pour toi. Reine d’un soir, reine des coeurs, tu aimes faire tourner des têtes parce que ça sonne pour toi comme étant une évidence. Tu plais ou tu ne plais pas. Est-ce que tu t’en soucis, pas le moins du monde. Mais ce soir, l’objectif est différence. Tu n’es pas n’importe où, l’idée germe dans ton esprit depuis bien trop longtemps pour que tu ne viennes pas la mettre en application. En apparence, il ne s’agit que d’un concert. En réalité, il s’agit de Compulsion. Il s’agit de Jem. Toujours lui, toujours cet homme qui hante tes pensées et régit ta vie depuis trop longtemps maintenant sans que tu ne puisses aller à l’encontre de cette emprise. Tu sais tout de lui, tu veux que la réciproque soit vrai et pour ça, tu es prête à absolument tout. Reculer devant un obstacle ? Tu n’as jamais su faire. Depuis que tu es gamine tu as ce caractère un peu trop prononcé. Tu sais ce que tu veux, quand tu le veux et pour ça, tu es prête à tout. Ton sac est glissé sur ton épaule, tu agis le plus naturellement du monde, à croire que jouer la comédie est inné pour toi, que tu as fait ça toute ta vie. Tu t’absentes, tu t’éclipses comme si tu étais prête à partir du concert mais il est bien différent ton but. Tu avances en tenant fermement ton sac contre toi, ce sourir insolent qui orne à la perfection tes lèvres et cette démarche assurée qui traduit ce sentiment de supériorité que tu ressens à cet instant. Parce que tu es sûre de toi Avery, ce soir, c’est le bon soir, tu en es sûre et certaine. Arrivée devant la bonne porte, tu prends ton temps pour observer le nom de Jem sur celle-ci. Tu appuies sur la poignée, fermée, évidemment. Mais tu ne te laisses pas faire, tu as amené de quoi l’ouvrir. Tu n’es pas une voleuse ou une cambrioleuse née mais adolescente difficile veut bien dire papa et maman qui ferment toutes les portes. Tu peux les remercier pour ça, ils t’auront au moins appris à forcer une porte en toute discrétion et rapidement en plus de ça. Tu lèves les yeux au ciel à cette pensée, bien sûr que non tu ne les remercieras jamais pour ce genre de chose, ils n’ont pas besoin de savoir ce que tu fais de tes nuits, ça ne les regarde pas. Tu entends ce petit bruit qui te signale que tu as réussis et ton sourire revient sur tes lèvres alors que déjà tu pénètres dans cette loge. Tu y es, enfin. Ton regard est satisfait, tu es fière de toi aussi et tu commences à regarder un peu partout. Tu ne sais pas vraiment ce que tu cherches ici, tu sais juste que tu avais envie de venir, il fallait que tu en apprennes plus sur Jem et quoi de mieux que de venir ici pour ça. Tu laisses ton regard se perdre vers le miroir qu’il a sans doutes utilisé avant son concert, un regard et tes doigts qui viennent caresser le bois de la coiffeuse où sont posées toutes ses affaires. Et tu le vois ce verre dans lequel il a sans doutes bu, tu le prends entre tes doigts, tu l’observes, le regarde sous toutes les coutures comme si tu tenais entre tes doigts le Saint-Graal. Ton regard brille, il s’illumine et se fixe sur l’objet. Les yeux grand ouvert, tu es comme hypnotisée. Jusqu’à ce qu’un bruit se fasse entendre, jusqu’à ce que tu te retournes à la va-vite et fasse tomber le verre qui se fracasse au sol en un bruit assourdissant. Tu es prise au piège, tu es prise à ton propre jeu car il est là, devant toi. L’objet de ton obsession.

une lumière aveuglante t’oblige à ouvrir les yeux. « mais c’est quoi ce bordel? » tu cries alors que tu viens à peine de te réveiller. le regard explosé par ce qui te semble être le flash d’un téléphone portable, il faut quelques secondes à tes rétines pour analyser qui est le connard qui vient de te faire subir le pire réveil de l’humanité. c’est jet évidemment. jet, il a toujours des idées à la con pour amuser la galerie. d’habitude t’es bon public, en fait généralement t’es même le premier et le seul à rire, mais quand les blagues sont dirigées contre toi, ça te fait beaucoup moins marrer. « est-ce que t’es défoncé? » il demande en approchant l’appareil plus prêt et tu exploses de colère en balançant son iphone à huit cent balles par terre. « merde, jet, tu fais chier ! casse-toi de cette chambre. » oh bordel, il faut vraiment que tu penses à installer un verrou sur cette porte. tu retombes sur tes oreillers tant dis ce que le môme ramasse son cellulaire sur le sol et l’examine sous toutes les coutures. il te balance le même regard noir que toi et vous vous observez comme ça une minute jusqu’à ce qu’il capitule pour enfin te dire ce qu’il fiche chez toi et dans ton antre qui plus est. « il est bientôt vingt heures abruti, on décolle. dépêche-toi. » il attrappe un des coussins pour te les balancer à la figure avant de partir en courant parce qu’il flippe à l’idée de subir un sort pire que celui-là. tu soupires en pensant à cette tapette qui n’ose même pas avouer à vaughn qu’il bave en la regardant. ou-est-ce elle qui est trop stupide pour le voir? peu importe, le moment est mal choisi pour penser à ces deux cons. sur l’écran de ton téléphone, tu peux lire qu’il est dix-neuf heures trente et que si tu n’es pas prêt dans moins d’un quart d’heure vous allez encore arriver en retard pour votre concert du vendredi et deux fois d’affilées de ta faute risque de te mettre à mal le patron surtout que celui-là n’est déjà pas très content de te voir presque sans arrêt défoncé, il aurait bien aimé vous mettre à la porte dès qu’il a su, mais vous rapportez trop d’argent à son bar et keylan l’a convaincu, après tout il aurait fait ça pour essayer de t’aider, mais au final ça aurait peut-être été pire. tu réussis à trouver un tee-shirt rouge propre et un jean noir complètement déchiré que tu n’as pas mit depuis des mois sur le coup l’idée de t’acheter un fringue comme ça t’avais paru cool, oh et puis tant pis personne ne remarquera rien derrière la batterie. un vague regard au miroir pour checker que tu as une tête potable, une main dans les cheveux pour te donner l’allure saut du lit - comme si tu ne sortais pas vraiment du lit et tu es prêt. vous vous entassez dans la voiture et tu fronces les sourcils quand vaughn et jet se mettent à chanter du katy perry comme si c’était vraiment de la musique écoutable. vous arrivez au bar à l’heure, pas le temps de s’attarder à boire un verre ou de dire bonjour à tous les gens qui passent, déjà vous êtes sur scène à tout défoncer. tu sens le poids de tes pilules dans ta poche, mais tu peux pas t’empêcher de te dire que tu es content d’être sobre quand tu joues, tu as l’impression de vraiment ressentir la musique. c’est sûrement ce qui fait que tu es de si bonne humeur à la fin de la soirée, tu as même dansé avec vaughn et discuté avec quelques habitués. ça faisait longtemps que ce jem là n’avait plus fait son apparition et c’est quand keylan fait la remarque que tout s’écroule autour de toi, tu sais pas pourquoi mais ça t’enrage qu’il remarque la différence. tu sais que ce brusque changement d’humeur et aussi un effet du manque que tu commences à ressentir, mais tu veux rien apprendre de tes erreurs. tu pousses quelques danseurs sur la piste pour te diriger vers les loges. elles sont très petites parce qu’elles n’étaient pas des loges à la base, mais juste des débarras. tu pousses la porte en soupirant, tu sursautes en découvrant quelqu’un à l’intérieur. « putain ! merde ! tu m’as fait une de ces peurs ! » tu poses une main sur ton cœur pour le sentir battre à cent à l’heure. « je peux savoir ce que tu fous là? » l’incrédulité se lit sur ton faciès.

Gamine accro, ça ne fait plus de doutes. Y’en a jamais vraiment eu en même temps de ton côté. t’as toujours su craquer pour ce musicien. Depuis la première fois que tu l’as vu sur scène, depuis la première note que tu l’as entendu joué. Il bat le rythme, il donne le ton et toi, tu succombes dès que tu l’entends. Gamine un peu perdue, un peu égarée qui agit toujours sur un coup de tête, tu te laisses porter au gré de tes envies et ces dernières ne se trompent que rarement. T’es là, t’avance dans ce couloir qui te semble maintenant interminable. T’as pas peur d’être surprise non, ça fait partit du jeu et les risques tu les acceptes volontier. Si problème il y a, un battement de cil un peu plus prononcé et le tour est joué. C’est comme ça que tu les règles tes problèmes avec ton charme et pourtant, t’es le genre de fille inaccessible, celle qu’on met pas dans son lit en un tour de main comme les trois quart des nanas au jour d’aujourd’hui. T’aimes pas ça toi, tu les juges pas, elles font ce qu’elles veulent de leur corps mais tu te respectent encore assez pour ne pas vouloir de ça. Non toi, tu es subtile, toi tu uses et abuses de tes atouts pour corrompre et ainsi obtenir ce que tu désires. Ca c’est toi, Avery diablesse Patterson. Celle qui joue et gagne presque à tous les coups. Cheveux que tu relèves pour finalement les laisser retomber. Cheveux que tu noues en une tresse qui reste à moitié défaite sur ton épaule et te voilà qui entre. La pièce convoitée, celle où tu ne devrais pas être. Avery, tu joues avec le feu ce soir, tu joues avec ta chance aussi, un peu trop sans doutes mais c’était trop tentant pour ne pas succomber. Le regard se perd un peu partout sur la pièce. Il voit et observe, il analyse et comprend. Tes doigts caressent le bois du meuble devant toi. Avec lenteur, une infime caresse qu’on ne sentirait même pas si c’était sur la peau. Tu as l’impression d’être ailleurs, d’être dans un monde qui ne t’appartient pas et c’est le cas en quelque sorte. Entre tes doigts, un verre, un simple verre que n’importe qui aurait pu toucher mais toi tu sais que ça n’est pas le cas. Tu sais simplement. Et puis il y a des pas qui se rapproche, tout est trop rapide pour toi et tu sursautes quand la porte s’ouvre en grande. Le verre est au sol, tu le regardes un instant avant de relever ton regard sur l’homme venant d’entrer. Lui. L’objet de tes désirs les plus secrets et enfouis, celui dont tu rêves chaque nuit et avec qui tu comptes bien faire connaissance. « putain ! merde ! tu m’as fait une de ces peurs ! » C’est vrai. Tu en avais oubliés où tu te trouves. T’avais presque oublié être dans ce qui sert de loge à Jem et c’est maintenant que ton cerveau se met en alerte. t’es là, tu sais pas quoi faire. Tu sais même pas en fin de compte s’il y a quelque chose de vraiment sensé et intelligent à faire. Partir ? Ouais, tu le pourrais sans doutes si tes jambes acceptaient mais t’es juste là, comme une conne, figée à le regarder comme pas permis. Tu sais juste pas quoi dire ou faire, le regard figé comme ton corps, le visage qui se montre impassible alors qu’au fond de ton coeur, y’a un feu d’artifice qui éclate et se faire plus prononcé à chaque minutes qui passent. Inspiration. Expiration. Tu cherches à calmer ton myocarde pour ne pas le sentir exploser dans ta poitrine sous peu. Il fait un peu pareil, sa main sur sa poitrine et tu devines que tu lui as peut-être vraiment fait peur. « je peux savoir ce que tu fous là? » Elle est là la question que tu redoutais d’entendre. La question à laquelle t’as pas vraiment réfléchi avant de pénétrer dans cette pièce. Tu savais pourquoi tu venais, t’avais juste pas prévu de te faire prendre et de devoir te justifier. T’as le regard fuyant qui cherche un point où s’ancrer définitivement. En fait, t’aimerais juste partir de là sans rien dire, partir pour te calme, partir pour oublier que tu as été un peu trop naïve de penser que tout se passerait bien. « J’sais pas trop. Je… je suis nouvelle ici. J’me suis un peu perdue. » Tu mens éhontément. Tu sais pas faire, le regard qui fuit, c’est la preuve qu’elle est bien loin la vérité. « Bien le concert ? » Gagner du temps pour trouver une idée, c’est tout ce que tu peux faire face à ton manque de crédibilité.

une surprise pour toi de trouver une jeune fille ici, une gamine blonde comme les blés, des yeux qui transpercent les fringues que tu portes comme si t’étais un foutu acteur de porno. tu gardes ta main sur la poignée de la porte encore un peu sous le choc de cette rencontre inattendue, le temps que ton coeur se remette à battre dans un rythme correct. « je sais pas trop, je suis nouvelle ici, je me suis un peu perdue. » tu fronces les sourcils, une nouvelle qu’est-ce que ça veut dire ça? tu connais toutes les serveuses qui travaillent ici, dès qu’une petite passe les portes de cet endroit, elle est automatiquement présentée à tous les membres du groupe parce qu’ils passent leurs journées et leurs nuits ici, or tu n’as jamais vu cette gamine de ta vie et tu es certain que la défonce n'altère pas encore à ce point-là ta mémoire. « tu travailles ici? » tu demandes quand même pour pas avoir l’air d’un con si c’est le cas. elle porte pas le petit tablier des serveuses que tu aimes tant, et tu crois pas l’avoir déjà vu sortir de l’appartement les cheveux décoiffés et le rouge à lèvres effacé. alors que ça aussi c’est un rite de passage des filles du bar, elles passent presque toutes dans le lit de keylan, comme une sorte de tradition. tu sais qu’il y a même un tableau dans la salle des équipiers, le prénom de keylan en gras et chaque fille qui note avec un système d’étoiles. un pour très mauvais et cinq pour le meilleur coup de sa vie. tu te souviens encore de la gueule de ton meilleur ami quand une ancienne serveuse lui avait pas mis d’étoile du tout, vexé dans son ego masculin, il lui avait couru après pendant des semaines pour qu’elle le laisse retenter sa chance. finalement prise de pitié, elle avait noté le gamin avec cinq étoiles sans même accepter de coucher une nouvelle fois avec lui, ça l’avait pas vraiment satisfait, il lui arrivait encore même d’en reparler. « bien le concert? » demande la blonde d’une petite voix, tu peux pas t’empêcher d’être sceptique face à sa présence en face de toi dans ton espace privé, mais tu décides de mettre tes doutes de côté une minute pour avancer vers elle, tu fais bien gaffe de pas mettre tes pieds dans le verre brisé qui est à vos pieds, il y en a partout de cette saloperie, tu comptes bien appeler une des vraies serveuses de cet endroit pour qu’elle nettoie le bordel, bien que tu pourrais le faire toi-même, mais t’es déjà payé une misère pour chanter sur cette foutue scène, alors tu vas pas te mettre à faire le ménage. tu bouscules doucement la gamine pour qu’elle se décale légèrement et tu fouilles dans le tiroir de la coiffeuse pour en sortir un joint que t’as roulé quelques heures auparavant, comme si tu savais que t’allais en avoir besoin. tu demandes pas l’autorisation à l’intruse pour l’allumer d’une main. tu t’affales dans le fauteuil qui est dans le coin en tirant ta première latte. « ouaaaais. » tu prolonges volontairement le mot pendant que ton cerveau tourne à plein régime, du moins aussi vite qu’il en est capable. tu penches la tête sur le côté quand enfin ça te traverse l’esprit. « t’es fan c’est ça? » tu demandes mi-agacé, mi-amusé par sa tentative désespérée de t'approcher, mon dieu certaines sont vraiment prêtes à faire n’importe quoi et pourtant vous n’êtes que des célébrités locales, que se passera t-il quand cela s’étendra à plus que ça? « désolée chérie, mais la loge de keylan c’est celle de l’autre côté. » tu fais un signe en direction de la porte pour l’inviter à s’en aller et à rejoindre celle de ton camarade.

T’es perdue à regarder un peu partout, à chercher une solution. Comme si elle était gravée dans les murs, comme si t’allais la trouver par magie parce que tu en as envie. Tu sais que ça fonctionne pas ainsi et que t’es foutue, tu sais que maintenant qu’il est là, devant toi, le plus dur va être la chute, le plus difficile sera de revenir à la réalité. C’que tu fous là, t’en sais rien finalement. Tu ne sais pas trop si tu cherchais à lui dérober un objet, si tu voulais garder quelque chose à lui pour l’avoir tout le temps avec toi mais maintenant, tout est remis en question. Tu ne peux plus reculer alors t’inventes un mensonge comme si c’était une banalité. Nouvelle ici, nouvelle pour lui, nouvelle dans ce monde que tu aimerais t’approprier pour qu’il comprenne que tu es faites pour lui. Tu vois loin, trop loin parfois et pourtant, c’est pas ça qui te fait reculer. Souvent trop têtue, tu sais que ça finira par te porter préjudice mais ce soir, c’est pas ça qui importe, ce soir, tu veux juste te montrer convaincante et qu’il appelle pas la sécurité pour te faire dégager de là. « tu travailles ici? » The show must go on comme on dit. Il en est de même pour ton mensonge. Tu te détournes, tu regardes si tu vois pas quelque chose qui pourrait approuver sa question, lui faire comprendre que ouais, tu travailles ici, tu sais pas trop pourquoi mais c’est ton taf. C’est loin de te ressembler et pourtant, t’as l’espoir infime que ça fonctionne. Mais y’a rien alors tu te contentes de hocher la tête, loin d’être convaincante et pourtant, tu te dis que ça fera très bien l’affaire. Ton frère n’approuvera sans doutes pas ce que tu es en train de faire. Marley non plus mais pour une fois, tu penses à toi avant de te soucier de leur regard. T’es enfin face à Jem, t’es enfin face à cet homme qui habite tes rêves chaque nuits et c’est tout ce que tu voulais. La question que tu viens poser, elle est sur le ton de la conversation et pourtant, ta voix part sans doutes déjà de trop dans les aigüe. Mal à l’aise, gênée, juste maladroite dans tes propos et dans ta façon de faire, tu te racles la gorge pour reprendre au mieux contenance et te remettre à sourire. Ton regard est peut-être un peu trop insistant quand tu le vois se rapprocher de toi et pour un instant, tu baisses ton regard sur les bouts de verre et t’es tentée de les ramasser. T’en fais pourtant rien, te contentant de l’observer, de te décaler quand il te bouscule légèrement et que ton coeur loupe un battement à ce contact inespéré. Il le fait pas exprès, t’es pas idiote à ce point Avery et pourtant, dans ton regard, y’a cet éclat d’espoir, y’a l’éclat qui veut dire que tout n’est pas perdu. T’as le regard qui le suit, qui le voit s’asseoir dans un fauteuil pour allumer son joint. Tu te contentes de regarder, tu te contentes de sourire. « ouaaaais. » La réponse qui fait rire et étire un peu plus les traits de ton visage. Tu t’attendais peut-être pas à autant de franchise, tu pensais pas qu’il serait si peu hésitant à te répondre. Parce que ça doit pas être tous les jours qu’il trouve une nana totalement à côté de la plaque dans sa loge à la fin d’un concert. « t’es fan c’est ça? » Un soupir las, un regard qui traîne un peu trop sur le sol, t’es pas certaine d’être capable de le regarder en face de nouveau. Evidemment qu’il a compris, évidemment qu’il sait que tout ce que tu lui as dit depuis le début, c’était qu’un ramassis de connerie. « Ca se voit tant que ça ? » Tu la connais déjà la réponse, bien sûr que ça se voit à ton regard, à ton sourir de fille un peu perdu, un peu trop heureuse d’être avec lui, à ce regard qui veut clairement dire que ouais, t’as pas envie d’être ailleurs à cet instant. « désolée chérie, mais la loge de keylan c’est celle de l’autre côté. » Le coeur qui rate un nouveau battement au surnom qu’il te donne, ton regard qui se montre curieux parce que tu voudrais comprendre pourquoi il t’envoie voir Keylan. Te dégager est une chose, t’envoyer voir un autre membre du groupe c’est pas la même. Alors tu fais un peu comme chez toi, tu prends une chaise, le dossier face à toi et tu t’assois, les bras croisés dessus et ta tête qui repose sur tes mains. Tu cherches pas à le comprendre, tu cherches pas à percer les secrets qu’il renferme, juste à saisir ce qu’il veut dire par là. « Pourquoi je devrais aller voir Keylan ? Pour me faire sauter ? Très peu pour moi. » Petite vierge qui tient à le rester. Y’a pourtant que de la supposition dans tes mots, tu n’es pas certaine de ce que tu avances mais c’est à ça que ça ressemblait en tout cas. Tu continues de le regarder alors qu’il est assis à fumer son joint. Toi, tu te demandes combien de temps encore tu vas pouvoir rester là avant qu’il ne te dégage alors tu joues ta dernière carte, tu joues la franchise, un peu. « C’est si surprenant que ça puisse être toi que je veuille voir ? » Tu ne comprends pas en fait pourquoi tu ne voudrais pas le voir lui.