Nothing else matters, but you ~ Avery

Elle est là. Ta princesse aux allures angéliques et pourtant si sardoniques. Elle est là et elle a toujours été là. Avery ou la femme de ta vie. Celle qui ne t’a pas tourné le dos quand les railleries étaient devenues le centre même de ton existence. Celle qui a été la première à t’appeler par ce prénom choisi par ses soins. Celle qui a toujours compris ta différence et elle l’a accepté. Avery, tu l’aimes de toutes tes tripes, de tout ton myocarde gonflé par sa présence à tes côtés. Tu sais que peu importe les épreuves à venir, il suffit de voir son sourire pour les surpasser, les effacer d’un petit coup de baguette magique. Ce soir, elle est à toi Avery. Ce soir est votre coutume à tous les deux. Vos routines vous imposent une séparation pendant la semaine. Vos cours respectifs, ton travail acharné, ses amis omni-présents. Mais toi comme elle, vous vous êtes promis de vous voir le dimanche. Dimanche était synonyme de visites malencontreuses à la maison de dieu, du tout puissant. Blabla. Et puis, vous en avez fait de ce jour, un événement plus jouissif, vos retrouvailles hebdomadaires. Vous variez les activités. Parfois vous vous donnez rendez-vous au cinéma ou autour d’un verre invitant l’ivresse. Et d’autrefois, vous restez chez elle, les yeux rivés sur l’écran, bouffant des images ensorceleuses. Peu importe le contexte, peu importe vos humeurs, vos têtes à tête s’animent toujours dans la joie et les rires stridents. Ce soir, tu t’es mis en tête de lui faire aimer la saga du Seigneur des anneaux. Oui tu le sais, ce n’est pas une maigre affaire. Ta soeur est une pile électrique, elle est indomptable et ne tient pas en place. Mais c’est un défi et les défis sont établis pour être réalisés. Armé de ton coffret de ces bijoux cinématographiques, un pack de bière sous le coude, tu marches, tu chantonnes, tu pètes la vie Eden et cette impression prendra de l’ampleur quand tes prunelles émeraudes croiseront ses azurés enfantines. Tu toques une fois, deux fois, impatience est ton deuxième prénom. « Grouille, petite » Tu aimes la charrier, ta grande soeur. Aînée de trois ans, tu as toujours eu l’impression d’être son jumeau. Elle prend soin de toi comme tu prends soin d’elle. A égalité après tout, l’amour n’est pas un donnant donnant, c’est un partage éternel, une idéologie que tu t’entêtes à croire. Elle ouvre enfin la porte et c’est un grand sourire qui l’accueille. Tu te penches à sa hauteur, tu poses un long baiser sur sa joue, sonorité agréable à tes oreilles. « J’ai fait ma part, t’as fait la tienne ? » Tu apportes à boire et à grignoter, elle s’occupe du reste. C’est le deal, c’est votre coutume à tous les deux. Tu fais comme chez toi, tu es sans gênes parce que c’est elle et puis, le silence de l’endroit, t’informe de quelque chose.  « Bev n’est pas là ? Je t’ai pour moi alors » Petite possessivité juvénile, Avery le sait. Tu es jaloux de ses amis mais tu ne vas pas jusqu’à lui bousiller la vie. Tu veux juste en faire partie, enfin, une grande partie.  

T’es allongée sur ton lit, le regard rivé sur le plafond et une photo entre les doigts. Tu la portes à ton regard, ton doigt glisse avec lenteur dessus comme si c’était la chose la plus précieuse que tu possèdes et surtout, il y a ton sourire qui en dit long sur tes pensées. t’es plus la même Avery, t’as changé, il te change bien qu’il ne le sache pas et ne fasse rien pour ça. Tu sais juste que pour lui, t’es prête à beaucoup de choses. Pour lui t’es prête à tout et tu en prends de plus en plus conscience chaque jour. Le regard perdu sur cette photo, tu viens l’embrasser le plus naturellement du monde avant de laisser retomber ton bras, la photo sur ton lit. Tu ne devrais pas penser à ça maintenant. Non c’est pas la bonne idée alors que ton frère va arriver. C’est pas la bonne idée parce que l’envie de partir d’ici pour le trouver pourrait te prendre et t’as pas le droit de faire ça à Eden. Lui qui est tout pour toi, lui que tu as juré de protéger et d’aider quand il en aurait besoin, lui que tu comprends, que tu veux comprendre parce qu’il le mérite. Il est l’un des rares à mériter ton amour, à mériter que tu fasses tout pour lui mais Eden, c’est ton frère, ton petit frère alors c’est normal. On frappe à la porte. Il est là et toi, t’es avachis dans ton lit comme si de rien était. t’as pas envie de te lever et si tu pouvais tu resterais là mais l’appel de la boisson est bien plus fort que tout. Et puis te bouger c’est aussi pouvoir voir ton frère et c’est aussi important. Eden, c’est ton paradis, c’est ta moitié, c’est celui qui te complète à la perfection. Vous avez toujours su vous comprendre, savoir de quoi l’autre à besoin et quand. C’est ça votre relation, rien ne peut l’égaler simplement. Alors ouais, tu te décides à bouger. Un pas après l’autre, réajustant ton short et ton débardeur, traînant des pieds comme si ça allait t’aider à atteindre la plus rapidement. « Grouille, petite » Les mots qui te font soupirer un peu plus fort et déjà, tu lèves les yeux au ciel quand tu atteins la porte et l’entrouvre juste assez pour qu’il voit ton geste sans pour autant lui laisser l’opportunité d’entrer. « La petite t’emmerde de un. Et de deux, on t’a pas appris la politesse dans c’te famille ? » Regard que tu veux sévère posé sur lui, t’es juste capable d’éclater de rire et d’ouvrir la porte en grand pour venir te glisser dans ses bras. T’accueilles son baiser avec un rire alors que déjà tu lui rends cette marque d’affection. « J’ai fait ma part, t’as fait la tienne ? » Vous avez vos habitudes, tu sais quoi faire dans ce genre de situation comme lui sait ce qu’il a à faire. Alors tu réponds pas, ton regard appuyé parle pour toi, tout comme ce sourire qui barre ton visage. Tu t’écartes de la porte pour le laisser passer et refermer à clé derrière lui. Il connaît les lieux, c’est pas comme si c’était la première fois qu’il venait ici alors tu le laisses faire, tu le calcules même pas, tout semble tellement normal en fin de compte. « Bev n’est pas là ? Je t’ai pour moi alors » Soupir exagéré de la reine du drama que tu n’es pas, tu te laisses pourtant tomber sur le canapé comme si tu était fatiguée rien qu’à l’idée de devoir justifier les absences de ta colocataire. « Elle est jamais là Bev’. » Ton un peu trop accusateur, tu la comprends, il n’empêche que t’aimerais bien la retrouver ta colocataire parfois. Elle est devenue un peu une inconnue. Tu pourrais la croiser dans la rue, lui adresser un vague signe de tête que ça serait la même chose et l’idée est loin de te plaire. « Ouais tu m’as pour toi. Enfin, va falloir me partager avec la bière, tu t’en sens capable le nain ? » Tu le fais exprès parce que quoiqu’il dise, il reste ton petit frère. Quoiqu’il dise, il reste celui pour qui t’es prête à tout. Douce et fragile en apparence, juste en apparence tu l’es parce que dans le fond, t’es juste celle qui protège celle qu’elle aime et ton frère, tu l’aimes plus que quiconque.

Elle ouvre la porte et pose un regard faussement sévère sur toi. C’est un grand sourire surjoué que tu affiches alors qu’elle te répond rapidement. Non, ta grande soeur n’est pas domptable bien au contraire. Elle n’a jamais eu la langue dans sa poche et ce trait de caractère ennuyeux pour certains, avait été bénéfique pour toi. Tu n’oublies pas ce qu’Avery a fait pour toi au lycée par exemple. Quand t’étais encore cette petite fille mal dans sa peau, renfermée sur elle-même, incapable d’apprécier le monde car elle ne s’appréciait pas, ta soeur était là. Elle t’avait protégé contre les petits pseudos caïd voulant te terroriser. Toi, dans ces moments là, tu te contentais de baisser la tête et continuer ta route quitte à ce qu’on te balance de la merde dans le dos. Mais elle, la blonde, elle s’interposait, de son regard déterminé, elle les défiait. Même quand tu as commencé la procédure de changement, elle ne t’a pas boudé. Elle avait continué de prendre à coeur son rôle de grande soeur et si aujourd’hui tu es assez fort pour soulever des montagnes, c’est grâce à Avery. « Mais regarde qui parle de gentillesse, mauvaise foi ? » Vous vous aimez. Probablement beaucoup trop et vous taquiner mutuellement fait partie de cette grande affection entre vous. Toi, tu as changé. Tu t’affirmes davantage, tu dis ce que veux quand tu veux sans avoir la peur te marteler tes entrailles. Avery en est sûrement pour quelque chose, tu en es certain et pour ça, tu lui serais à jamais reconnaissant. Elle te laisse enfin entrer et directement, tu te mets à l’aise. Tu connais cet appartement comme personne vu le temps que tu passes entre ses petits couloirs. Et même si tu désires voir si une âme supplémentaire voyage dedans, tu préfères d’abord prendre ta soeur dans tes bras. Sa chaleur t’a manqué et tu te rends compte à quel point elle te manque. C’est toujours la même chose à vrai dire. Vous passez toute une semaine loin l’un de l’autre et quand vous vous retrouvez enfin, la carence laissée par l’autre se manifeste dans ces gestes d’affection incommensurable. Après le baiser sonore que tu as posé sur sa joue, c’est un autre que tu glisse au sommet de son crâne. Tu lèves les yeux au ciel à son regard et tu comprends que ta question était sûrement déplacée. Bien sûr qu’elle a fait sa part des choses, ta soeur ne manque jamais vos rencontres hebdomadaires sauf en cas d’extrême urgence. Tu poses doucement tes fesses sur le canapé après avoir retiré tes chaussures et tu retrousses tes lèvres sur le côté gauche de ta bouche. « Hum je vois. Mais elle habite toujours là ? » Tu connais les amis de ta soeur. Pas assez pour en être très proches. Cependant, celle que tu connais le moins est Bev’ vu le temps qu’elle passe dans cet appartement. En tout cas, depuis que tu rends visite à ta soeur, tu ne l’as jamais vu dans les parages. A sa question, tu fais mine d’y penser. Proie à une grande réflexion. « Mouais, c’est faisable si tu relèves le défi » Tu affiches un grand sourire alors que tu pointes du doigt le coffret que tu as déjà posé sur la table. D’ailleurs, tu rattrapes une canette que tu balances à ta soeur et tu en prends une autre, en soupirant doucement. « Tu vas bien princesse ? Et t’as vu ?! » Tu bois une gorgée de ta bière avant de la laisser sur la table pour aller rejoindre ta soeur. Tu redresses ton menton en faisant signe aux premiers poils visible sur ta peau. Un début de barbe dont tu n’imaginais pas possible et pourtant, selon ton psy c’est envisageable après les longues séances de testostérones que tu t’injectes. « Il m’en faut au moins trois ans pour avoir une vraie barbe mais c’est un début » Et ça te rend euphorique mais tu ne perds pas le nord. « Et toi, comment tu vas ? » Tu ne poses pas ça sans vouloir connaître la réponse. Au contraire, la vie entière de ta soeur t’intéresse ça a toujours été le cas.

Ton frère, c’est celui qui sait te donner le sourire quand tu vas mal, c’est celui qui sait te faire rire quand tu n’es pas au mieux de ta forme et surtout, c’est celui qui n’a pas besoin de poser de question pour comprendre quand tu as besoin de lui, de sa simple présence à tes côtés. C’est ce qui rend sans doutes votre relation si belle, le fait de ne pas avoir besoin de communiquer pour vous comprendre. Vous avez toujours été ainsi, vous avez toujours été si proche, si fusionnel tous les deux que ça en étonnait plus d’un. Pour toi, c’était juste normal d’être là pour lui, de le soutenir dans chacune de ses décision, de lui faire comprendre que sa vie, il peut la vivre comme il le désire. C’était ça l’important. Ton frère, ta soeur, l’appellation n’a jamais eu de grande importance, tu faisais juste ce que tu voulais, ce qui était important à tes yeux, ce qui était normal et que beaucoup n’aurait pas fait. On ne touchait pas à Eden, personne n’avait ce droit parce que tu étais toujours là pour faire savoir que c’était une très mauvaise idée. Toi, la blonde un peu trop petite, pas assez en forme pour être sérieuse et pourtant, le regard suffisait, le ton de ta voix aussi. T’as toujours eu cette détermination de bien faire les choses et tu ne t’es jamais laissé marcher sur les bien, tu protèges ceux que tu aimes et bordel que tu l’aimes ton petit frère. « Mais regarde qui parle de gentillesse, mauvaise foi ? » Tu lèves les yeux au ciel, tu lui donnes une petite tape sur l’épaule avant de te blottir dans ses bras. C’est ce genre de moment que tu apprécies le plus. Avec Eden, tout est simple, tout est facile. Il est ton paradis et c’est pour ça qu’il a choisis ce prénom. Eden, ça lui va parfaitement, ça lui correspond parce que c’est ce qu’il est à tes yeux. Chez toi, il fait comme il veut Eden, il est un peu chez lui aussi vue le temps qu’il y passe. C’est pas ça qui te dérange, t’aime la compagnie, encore plus la sienne alors un moment avec ton frère, c’est tout ce que tu pouvais espérer. Mais quand il parle de Beverly, ton regard s’assombrit légèrement, le soupir qui fuit au travers de tes lèvres est la preuve que c’est la conversation délicate qu’il vaut peut-être mieux éviter. Ouais, Beverly, elle est jamais là et ça commence à te déranger sans que tu ne puisses l’avouer à quiconque. « Hum je vois. Mais elle habite toujours là ? » Habiter est un grand mot, c’est un peu ça le problème. T’es debout contre le mur, le regard sur ton frère et pourtant dans le vague et t’es pensive pour quelques secondes encore. « Ouais. Elle a toujours sa chambre, elle y a ses affaires mais je ne la vois qu’en coups de vent. Elle dort plus ici, elle est chez son mec, genre tout le temps. » Quand on t’entend, on pourrait croire que le célibat te va pas, que ça te pèse et que c’est pour ça que t’aimes pas que ta colocataire soit en couple et pourtant ça n’a rien à voir. t’aimerais juste pouvoir la voir plus de cinq minutes dans la semaine, avoir une conversation correct et complète sans avoir à te demander quand elle va repartir. Avoir de nouveau une colocataire quoi. « Mouais, c’est faisable si tu relèves le défi » Tu sais pas comment il fait Eden mais en une phrase, il arrive à te faire tout oublier, à te faire retrouver un immense sourire amusée, le regard le défiant clairement parce que c’est toujours comme ça pendant vos soirée rien que tous les deux. Tu attrapes la canette de bière qu’il te lance au vol et à peine ouverte, elle est déjà à tes lèvres pour en prendre une longue gorgée. C’est facile, trop facile et ça te plait juste. « Tu vas bien princesse ? Et t’as vu ?! » Le surnom que tu n’as pas le temps d’apprécier car il se relève et tu comprends qu’il a un truc à te montrer. Et c’est pas rien. T’as le regard qui s’illumine, le sourire éclatant qui s’ancre à tes lèvres et tu viens lui sauter au cou en embrassant sa joue. « Il m’en faut au moins trois ans pour avoir une vraie barbe mais c’est un début » Et c’est tout ce que tu lui souhaites, qu’il réussisse, qu’il puisse obtenir ce qu’il désire le plus et tu le soutiendra toujours dans cette démarche. Son bonheur est le tien après tout. « Mais où est passé mon bébé... » Tu fais dans le mélodrame, tu fais mine d’essuyer une larme au coin de ton oeil bien qu’il n’en soit rien. C’est juste ta fierté qui parle, c’est ton bonheur et c’est tout ce qui compte. « Et toi, comment tu vas ? » Maintenant que tu sais ça, tu pourrais pas aller mieux en réalité. T’es heureuse, t’es fière, t’as pas envie de penser à autre chose mais si tu ne dis rien, tu connais ton frère, il redemandera. Parce qu’il fait pas ça parce qu’il le doit mais parce qu’il le veut vraiment. « Je vais bien. J’ai encore traîné Marley a un concert, j’pense d’ailleurs que la prochaine fois, c’est ti que j’emmène parce qu’elle en peut plus. » Tu fais mine de réfléchir mais en réalité, tu lui laisses pas trop le choix, quitte à user et abuser de ton regard tendre pour finir par un compromis qui n’irait sans doutes pas en ta faveur. « Oh et aussi à un autre concert, j’ai forcé la porte de la loge de Jem sauf que manque de chance, pendant que j’étais dedans, il est arrivé. » Il comprendra que t’as enfin rencontré le mec qui hante tes pensées depuis trop longtemps maintenant. De l’obsession, clairement et pourtant, t’as rien envie de faire pour changer les choses. « Accessoirement, j’ai aussi des examens qui arrivent et je flippe. La routine quoi et toi p’tit frère ? » Tu demandes en te laissant tomber dans le canapé, ta bière à la main et tu viens tapoter de celle qui est libre la place à côté de toi pour qu’il vienne prendre place. Votre soirée va pouvoir commencer.

Beverly est un sujet très délicat, tu le sais. Depuis le temps que tu viens chaque dimanche chez ta soeur, tu n’as jamais eu l’opportunité de voir sa colocataire. Tu es conscient que ta soeur est jalouse. Non pas du fait que son ami ait un petit ami au contraire, mais du fait de se retrouver tout le temps seule. Et Avery n’aime pas la solitude. Quand vous vivez encore chez vos parents, tu as toujours pu apercevoir les amis de ta soeur entrer et sortir de sa chambre à la longueur de la journée. Vous vous ressemblez tous les deux, il n’y a pas de doute là-dessus seulement, vous avez vos différences aussi. Avery est plus ouverte que toi, elle est plus courageuse aussi et par dessus tout, elle est sociable. Toi, tu es ce gamin un peu perdu, souriant certes mais qui ne se montre pas totalement à l’aise en public. Un trait qui change petit à petit maintenant que tu as trouvé le bonheur à chaque fois que tu te regardes dans la glace. Hochant simplement de la tête dans un geste positif comme pour lui dire que tu as écouté ce qu’elle te dit, tu préfères changer de sujet. Si tu es là, ce n’est pas pour lui pourrir sa journée bien au contraire. Tu as envie d’entendre son rire qui t’a affreusement manqué. Tu veux surtout retrouver ta blonde préférée. Tu bois une gorgée de ta bière et tu te rappelles de la nouvelle que tu dois annoncer à ta soeur ; ce début de barbe. Tu es déjà allé sur youtube pour regarder des témoignages. Il y a même une chaine que tu suis avec attention. Un transgenre ayant commencé le traitement bien avant toi. Tu as pu suivre son évolution au bout des années et quand tu as vu le résultat de tous ces efforts … ça t’a mis la larme aux yeux. Parce qu’un jour, toi aussi t’auras des muscles, probablement une barbe et tu seras toujours aussi heureux d’avoir enfin franchi ce pas, le pas vers ta délivrance, vers ton euphorie. Tu roules des yeux au sobriquet utilisé par ta soeur et alors que tu poses tes mains sur tes hanches en bombant le torse, la tête bien haute, tu modifies ta voix d’une façon à ce qu’elle devienne encore plus grave. « Je suis plus un bébé je suis un homme maintenant » Comme tu l’as toujours souhaité, comme tu t’es toujours senti. Souriant de toutes tes dents, tu te sépares de ta soeur pour partir à la cuisine non sans jeter des coups d’oeil vers ta soeur qui commence à te raconter ses dernières nouveautés. « En même temps, vu la fréquence avec laquelle tu assistes à ces concerts … je la comprends » Tu te baisses un instant parce que tu sais qu’elle est capable de t’envoyer un coussin ou une autre connerie de ce genre. Pour réctifier le tir, tu reprends la parole. « Bien sûr que je viendrai avec toi … je n’ai pas trop le choix de toute façon. » Elle sait que tu la taquines. Tu es capable de tout pour la voir sourire. En plus, tu n’oublies pas qu’elle a été la seule à venir te voir à l’hôpital. C’est elle qui t’a tenu la main en te disant que tout ira bien. C’est elle qui t’a encouragé à passer tous les tests et c’est elle qui t’a embrassé sur le front alors que tu t’étais dirigé vers la chambre des opérations. Un paquet de chips dans la main, tu l’ouvres et tu en croques un. Tu manques, cependant, de t’étouffer aux mots de ta soeur. Les yeux grands ouverts, ta voix est tout autant surprise que l’expressions sur ton faciès. « Sérieux ? » Bien sûr qu’elle est sérieuse. Elle te demande si tout va bien de ton côté mais toi, tu as envie d’en savoir plus. Sans te faire prier, tu vas la rejoindre sur le canapé, lui tendant le paquet de chips. « Et ? Vous avez parlé ? Il est comment ? » Demandes-tu en plaçant un bras sous la tête de ta soeur. Faut dire que toi aussi tu as des choses à lui dire et pourtant, tu ne sais pas encore comment aborder le sujet. « Ca va oui, les examens arrivent aussi et. En fait. » Tu te pinces les lèvres. Tu grimaces. Et puis, tu te lances. « Je l’ai vu. Teddie. Je l’ai vu il y a deux jours. » Tu prends une grande inspiration et tu regardes ta soeur. Tu n’es pas prêt d’en parler du moins, tu ne sais pas trop quoi en penser. Revoir le mec avec qui tu converses depuis neuf ans et qui pensait parler avec une fille … oui c’est délicat pour lui et pour toi.

« Je suis plus un bébé je suis un homme maintenant » Et ta main se retrouve plaquée contre ton front alors que tu secoues de droite à gauche la tête. Non Eden, il restera ton bébé, il restera ton petit frère, la personne à laquelle tu tiens sans doutes le plus sur cette Terre, celui que tu veux protéger coûte que coûte parce que tu sais que ça en vaut la peine. Pour tout ça, tu l’aimes Eden parce qu’il te laisse faire, il ne va pas aller te dire que non, il n’a pas besoin de toi, qu’il est grand et peut se débrouiller. Simplement parce qu’avec les années, il a compris qu’avec toi, ça ne servait à rien, que tu n’abandonnerais pas, que tu ne le laisserais pas se débrouiller seul dans ce monde cruel alors que tu peux être là pour lui. « Eden Patterson… tu oublies un peu trop facilement que je suis quelqu’un de très têtue. Tu resteras toujours mon bébé, juste le mien. » Parce qu’il est ton petit frère, il est celui à qui tu tiens le plus au monde et que oui, pour toi, ça sera toujours ton bébé même s’il devient un jour un homme, ce que tu lui souhaites du fond du coeur. Poussant un soupir, la conversation dévie. Tu parles de Marley, tu parles des concerts et tu fais qu’elle va bientôt plus te supporter, que dorénavant, ça pourrait bien être ton frère qui soit dans l’obligation de t’accompagner. « En même temps, vu la fréquence avec laquelle tu assistes à ces concerts … je la comprends » Coussin entre les mains, t’es prête à le lancer sur lui pour lui faire comprendre ta manière de penser. Mais il te connaît, trop bien sans doutes car il anticipe, il se baisse alors tu te contentes de prendre un air faussement outré. Tu ne l’es pas vraiment, simplement parce que tu sais qu’il a raison. Tu abuses sans doutes un peu, t’es juste pas capable de faire autrement. Toujours attirée par ce groupe, toujours en vouloir plus, comme une camée en manque de sa dose quotidienne. « Bien sûr que je viendrai avec toi … je n’ai pas trop le choix de toute façon. » Là, il a encore raison. Tu pourrais le traîner de force avec toi pour être certaine qu’il vienne. Il le ferait tu n’as pas de doutes là-dessus de toute façon. Il a qu’une parole, un peu comme toi. Tu lui avais promis de toujours être là pour lui, quand Oria est devenue Eden. Quand ta soeur est devenue ton frère. Tu n’as jamais fait de faux pas, tu as toujours fait ce qui pour toi était normal, ce qui pour vos parents ne l’était pas mais tu les emmerdes avec du recule. Tu n’en as rien à faire de ce qu’ils pensent concernant les choix d’Eden. Tu les aimes oui, ce n’est pas pour ça que tu tolères le comportement qu’ils peuvent avoir à l’égard de leur fils. « Sérieux ? » T’as pas manqué le léger étouffement, tu en rigoles doucement. Lui parler de Jem, de l’effraction de sa loge, tu savais que ça ferait son effet. Il te connaît assez Eden pour savoir que quand ça te prend, tu es prête à beaucoup de chose pour ne pas dire à tout. T’enchaîne pourtant vite, ça n’a pas de grande importance pour toi, ça semble en avoir pour lui avec ce regard qu’il a sur toi. « Et ? Vous avez parlé ? Il est comment ? » Les mots qui confirment ta pensées. Il lâchera pas le morceau, il veut savoir et toi, tu te retrouves à soupirer, à porter ta bière à tes lèvres pour une longue gorgée qui te fait immédiatement te sentir bien. « Je me suis faites passée pour une serveuse du bar. C’est pas passé, il est pas con, il a tout de suite compris que je mentait. Il est… je sais pas trop quoi en penser en fait, il semble totalement détaché de toute réalité. j’avais rien à foutre là, j’avais pas à être dans les loges et lui m’a indiqué le chemin vers celle de Keylan comme si j’étais la dernière des putes. » T’as pris ça avec un air détendu, ne voulant pas provoquer de scandale ou quoi mais tu ne t’es pas gênée pour lui faire comprendre que c’était pas le chanteur qui t’intéressait mais lui, celui pour qui t’as dû briser des dizaines de règles parce que t’en avais juste rien à foutre. « Ca va oui, les examens arrivent aussi et. En fait. » T’es blottie dans ses bras quand il s’adresse. La routine qu’il t’annonce mais pas que. Tu la sens son hésitation, tu sens qu’il a un truc à te dire sans trop savoir comment s’y prendre. Alors tu te redresse, ton bras prend appuie sur le dossier du canapé, ta tête dans ta main et tu le regard en te mettant légèrement de travers. Pas de regard sévère, juste une moue encourageante, qui l’encourage à te parler parce que tu sais que ça en vaut la peine, tu en es persuadée. « En fait ? » Tu la veux la fin de sa phrase, ta curiosité toujours aussi présente qui ressort et que tu ne laisseras pas t’échapper de sitôt. « Je l’ai vu. Teddie. Je l’ai vu il y a deux jours. » Tes lèvres bougent, forment un o de surprise. T’es dans le doutes à ne pas savoir si oui ou non c’est une bonne chose. Tu connais Teddie au travers de ton frère pour en avoir souvent entendu parlé au cours de ces neuf dernières années. « Je ne lis pas dans les pensées Eden, alors il va falloir m’expliquer. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Comment il a réagit quand il a su ? » Quand il a su que Oria, c’était Eden.

Tu lèves les yeux au ciel à sa réaction. Bien sûr, Avery te considère comme un bébé. Le sien. Au fond, cette idée ne t’a jamais dérangé au contraire. Tu aimes le fait qu’elle prenne soin de toi, qu’elle te considère comme un jeune homme en perpétuel besoin de sa grande soeur aimée. D’ailleurs, la pose qu’elle prend ainsi que la tonalité qui se veut sévère de sa voix, montre que peu importe ton refus, tu seras à jamais son petit frère. Barbe ou pas, muscles à en faire pâlir Hercule ou pas, tu seras son bébé. C’est assez marrant puisqu’elle est ton ainée de trois ans. A la voir parler comme ça, on aurait dit qu’elle endosse le rôle de la soeur mais aussi de la mère. Ce n’est peut-être pas faux en fin de compte. Avery a le rôle de ta famille entière. Elle a fait ce que tes parents auront dû faire. Elle t’a accepté alors qu’ils t’avaient considéré comme un monstre à jeter aux oubliettes. C’est vrai, ta soeur est l’être le plus important pour toi. Ses malheurs sont les tiens et l’inverse est de mise aussi. Mais pas seulement vos malheurs. Tu sais qu’elle est amourachée d’un gars nommé Jem. Elle suit son groupe comme une vraie groupie des années soixante dix. Au début, tu t’es dit que voilà, ta soeur a une nouvelle lubie. Un passe-temps qui cessera de l’être bientôt. Tu t’es trompé. Plus le temps passe et plus elle en devient accroc, ne ratant ainsi jamais leur concert. Tu es prêt à l’accompagner après tout, ça t’amusera de voir la braise dans son regard alors qu’elle déshabille le guitariste des yeux. En parlant du guitariste, elle t’avoue lui avoir parlé. A la fois curieux et impatient, tu prends place à ses côtés pour entendre son récit. Elle te fait part de leur rencontre et directement, tu hausses un sourcil. Il l’a pris pour une prostitué ou tu rêves ? Tes lèvres s'entrouvrent. Tu es sur le point d’insulter ce gars qui a osé mal interpréter les agissements de ta soeur. Cette soeur qui semble si détachée malgré ce premier contact foireux. Tu attends la suite. Savoir si elle l’a remis à sa place malgré ses spéculations. Une suite qui ne vient pas. « Et ? Tu lui as expliqué que tu n’es pas ce qu’il pense j’espère ? Voire même lui avoir craché dans la gueule ? » En tout cas, la Avery que tu connais, aurait eu cette réaction. Elle peut parfois être extrême tu le sais, mais pas au moins d’être considérée comme une garce de bas étage. Buvant une gorgée de ta bière, tu soupires. Tu hésites. Oui non. Non oui. Dois-tu lui en faire part de ce que tu as fait dernièrement. Dois-tu lui parler de ta rencontre avec Teddie. Finalement tu te lances. Ou du moins à moitié. Tu la regardes et tu comprends qu’elle veut en savoir plus. Ses mots te font sourire, répondant du tac au tac. « Ah oui ? Moi qui pensais devoir te faire payer le logement dans ma tête, me voilà déçu. » Tu fais une petite moue boudeuse avant d’éclater de rire. C’est vrai, tu essayes de retarder l’évidence. Celle de devoir parler de lui, de ce vous que tu as tant espéré sans que cela ne se produit. Et tu sais Eden, tu sais qu’il ne risque jamais de se produire. Jouant avec le bouchon de ta bière, tu soupires une nouvelle fois, reprenant un peu de sérieux. « Comme je me suis attendu il a réagi … bizarrement. Il m’a dit, je cite “ça veut dire que je dois changer ton prénom dans ma liste de contact ?” Oui oui, je te jure c’est ce qu’il m’a dit. » Tu regardes ta soeur, dépité et maintenant que tu parles de cette rencontre, tu te rends compte de sa futilité. « Je sais qu’il a été surpris voire choqué mais je sais pas, je me suis attendu à autre chose. » Tu n’es pas déçu Eden, non. T’aurais juste préféré qu’il se montre en colère contre toi que te parler de cette façon si … étrange. « Mais maintenant au moins je sais qu’il me considère comme un monstre. » Il te l’a pas dit et à aucun moment il l’a insinué mais toi, cette idée, te réconforte pour avoir une bonne raison et le blâmer. Au fond ? Au fond tu espérais beaucoup de cette rencontre. Tu espérais qu’il te regarde enfin comme toi tu t’es toujours regardé. « De toute façon, je sais que lui et moi c’est impossible. » C’est peut-être ça le vrai problème. Le fait que tu as des sentiments pour lui, depuis toujours et que maintenant, tu sais à quel point tu es naïf. Ne voulant pas perturber l’ambiance entre ta soeur et toi, tu reprends du poil de la bête. « M’enfin. On se le mate ce film ? »

Premier sujet de conversation clos, vient bientôt le second. Tu pousses un profond soupir en ressassant dans ton esprit cette soirée où tu as finalement pu approcher ton idole, celui pour qui tu serais prête à te damner. Pour beaucoup, c’est un peu trop, tu en fait trop oui mais pour toi, c’est juste le commencement de quelque chose. Parce que tu es convaincue qu’il va y avoir quelque chose entre lui et toi, c’est écrit dans les étoiles, c’est une évidence. Naïve au plus haut point, tu te fous des répercussions, tu expliques juste à ton petit frère cette soirée qui restera à jamais dans ton esprit, la soirée qui a marqué un tournant, la soirée qui a fait de toi sans doutes la plus heureuse des femme. Une rencontre, un instant, c’est tout ce qu’il te fallait pour te sentir comblée. « Et ? Tu lui as expliqué que tu n’es pas ce qu’il pense j’espère ? Voire même lui avoir craché dans la gueule ? » Tu ris quand tu l’entends. C’est vrai que si ça avait été n’importe qui d’autre face à toi qui avait émis cette hypothèse que tu ne sois qu’une prostituée de bas étage, prête à tout pour avoir ce que tu désires, tu aurais réagis ainsi. Mais pas avec Jem, avec lui c’était différent, avec lui ça l’a toujours été. « Désolée de te décevoir mais je me suis contentée de lui dire que ce n’étais pas Keylan que je voulais voir. Je me suis contenter de sourire et de chercher à savoir pourquoi ça ne pourrait pas être pour lui que j’étais là. On aurait dit que je venais d’une autre planète au regard qu’il me lançait. » Keylan, le dernier de tes soucis, celui à qui tu n’as même jamais accordé un regard. A quoi bon quand c’était son ami que tu voulais. T’as toujours trop facilement sû ce que tu voulais, te battant pour ça, pour obtenir la reconnaissance et le regard. Et ce soir là, tu as plus ou moins réussis. Ce soir là, tu as au moins eu le droit à un regard, à un trait d’attention de sa part même si c’était pas vraiment ce à quoi tu t’attendais. Un nouveau soupir franchit la barrière de tes lèvres en repensant à tout ça. Il ne faut pas, ce n’est pas une bonne idée et comme si Eden savait que dans ton esprit c’était un vrai méli-mélo, il enchaîne sur quelque chose qui te laisse songeuse. Teddie. Tu connais sans doutes l’histoire par coeur. En long, en large, en travers. Tu suit tout ça depuis le début et surtout, tu soutiens ton frère parce que c’est ce qu’une grande soeur doit faire. T’as toujours eu le comportement modèle dans cette relation qui vous incombe. La relation qui vous est tombée dessus, qui a fait de vous une famille, des âmes soeurs en un sens parce qu’aujourd’hui, tu ne te vois simplement pas vivre sans lui. « Ah oui ? Moi qui pensais devoir te faire payer le logement dans ma tête, me voilà déçu. » La capsule de ta bière qui vole pour lui atterrir dessus avant de rebondir jusqu’au sol où elle roule un instant. Tu la suis du regard avant de le relever sur ton frère qui ne pense qu’à plaisanter quand toi tu attends de réelles explications, tu veux du concret et sérieux pour savoir quoi penser de cette situation qu’il t’expose et qui semble tomber du ciel. « Comme je me suis attendu il a réagi … bizarrement. Il m’a dit, je cite “ça veut dire que je dois changer ton prénom dans ma liste de contact ?” Oui oui, je te jure c’est ce qu’il m’a dit. » Tu voulais attendre d’en savoir plus pour te faire une idée de la situation, pour savoir s’il te fallait t’énerver où si c’était pas nécessaire. Là, ton envie, elle se résume à vouloir lui casser la gueule pour avoir agis ainsi avec ton frère. T’es peut-être un peu chiante sur les bord, t’es peut-être un peu trop têtue et sûre de toi Avery mais ce qui est sûr, c’est qu’on fait pas de peine à Eden, on ne blesse pas impunément ton frère. Et ça se sent dans ton attitude, dans ta manière de te tenir droite, de serrer ta bière entre tes doigts, si fort, rendant les jointure de tes doigts blanches. « Je sais qu’il a été surpris voire choqué mais je sais pas, je me suis attendu à autre chose. » Les yeux clos, tu continues de l’écouter, tu cherches à ne pas t’agacer plus que de raison, tu ne veux pas t’énerver parce qu’Eden, il n’a rien fait de mal. « Mais maintenant au moins je sais qu’il me considère comme un monstre. » Les mots de trop. Tu claques ta langue contre ton palais en venant déposer ta bière sur la table et tu te tournes avec lui avec un regard bien plus dur que tu n’as l’habitude de lui adresser. « Regardes-moi Eden. Tu n’es pas un monstre c’est compris ? Tu es beaucoup de chose mais sûrement pas un monstre. » Tu espères que ça, il le sait, que tu n’as pas besoin de lui dire pour qu’il en est conscience parce que tu ne veux vraiment pas avoir à t’énerver après lui. Il n’est pas fautif de la connerie humaine. « De toute façon, je sais que lui et moi c’est impossible. » T’aimes pas voir ton frère ainsi, tu ne veux pas qu’il aille mal, le préfères souriant. C’est chiant l’amour, ça fait mal aussi et c’est peut-être pour ça que toi, tu attends le prince charmant en te disant que ça finira bien par arriver, un jour où l’autre. « M’enfin. On se le mate ce film ? » Tu avais presque oublié que c’était ça le programme initial de votre soirée. Regarder un film, ne rien faire pour plusieurs heures et juste passer un peu de temps entre frère et soeur. Ca te convient bien ce programme Avery, tu as besoin de te vider l’esprit. « On peut faire ça oui mais Eden ? » Tu t’es déjà levée, tournée vers lui pour le regarder avec attention, avec un sourire qui vient poindre doucement. « Ne laisse jamais personne te faire penser ne serait-ce qu’une seconde que tu n’es pas quelqu’un de bien. C’est la plus grande connerie du monde ça. » Tu lui adresses un clin d’oeil en allant vers le placard où tu ranges ton bordel, le placard où les dvd s’accumulent parce que tu ne te passes jamais d’en acheter. « Une idée, une envie ? Et pitié pas un truc où je vais avoir peur toutes les trente secondes, je déteste ça... »

Ces moments passés avec ta soeur sont sacrés. Ils vous permettent non seulement d’être ensemble, coupés du monde mais aussi de rattraper tous les événements de la semaine. En venant à son appartement, tu anticipais l’instant où tes lèvres allaient s'entrouvrir pour parler de Teddie parce que tu regrettes amèrement vos retrouvailles. Mais d’abord, tu as besoin d’en savoir plus sur cette rencontre avec Jem. Tes yeux sont brillants par ce trop plein de curiosité, un fait qui s’estompe pour céder sa place à une petite colère. Avery est la prunelle de tes yeux. Si elle t’a protégé tout le long de sa vie, maintenant que tu te sens bien dans ta peau, tu veux lui retourner la politesse. T’aurais dû être là lors de cette soirée pour le remettre à sa place, pour lui ordonner de présenter des excuses à ta soeur. Mais au moins, tu connais le caractère de ta blonde préférée et ça te rassure et te tranquillise. Tu t’attends à une bombe de sa part parce qu’elle est comme ça, il n’y a pas de demi mesure avec elle. Seulement, ses mots te rendent franchement intrigué alors que tes lippes forment un O de surprise. Elle ne lui a pas craché dessus, elle s’est contentée de lui faire comprendre la raison de sa venue. Tu as l’impression de découvrir une nouvelle Avery. Une Avery probablement amoureuse. « Hum je vois. Tu es amoureuse toi et ça te rend docile. » Tu souris de toutes tes dents à cette idée. Tu as aussi conscience que tu l'appelleras prochainement pour savoir si elle a fait un autre pas vers lui puisque tu n’es pas certain d’attendre votre prochain rendez-vous afin d’avoir une mise à jour. C’est à ton tour de lui faire une mise à jour et tu dis tout ce qui traverse ton esprit. Cette rencontre fortuite avec Teddie ne s’est pas bien passée et tu as du mal à t’en convaincre. Elle t’a laissé un goût amer dans la bouche. Certes, à aucun moment il ne t’a fait ressentir être un monstre ou un déchet humain. C’est juste plus facile pour expliquer ses réactions. Tu n’as pas remarqué le visage sévère de ta soeur jusqu’à ce que tu murmures le le mot monstre. Là, tu lèves les yeux sur elle et tu fronces les sourcils. Aux premiers mots, ton visage se détend et un petit sourire reconnaissant, s’impose à ton faciès tendu. Bien sûr, à ses yeux tu es parfait. A ses yeux, il n’y a rien qui cloche en toi et elle a sûrement raison. Tu n’as pas demandé à être différent, à naître dans le mauvais corps. Et tu ne pouvais pas non plus vivre sans réellement le faire. Au contraire, Avery, ton psy et même ton chirurgien t’avaient traité de courageux. Ce n’est pas facile d’accepter ce qu’on est et de l’assumer. Toi Eden tu l’as fait et si c’était à refaire, tu le referais sans ciller. Tes lèvres se posent sur le front de ta soeur. Tu ne dis rien mais tout en toi la remercie. La remercie pour être cette soeur formidable mais surtout d’être là pour toi. Teddie … Teddie, tu dois juste l’oublier et le considérer comme il t’a toujours vu, un ami et rien de plus. S’il ne t’a pas apprécié quand t’avais une enveloppe féminine, maintenant c’est définitivement mort. Tu bois la dernière goutte de ta bière avant d’en prendre une autre. Ce n’est pas le moment de déprimer. Tu veux plutôt profiter de la présence de ta soeur et de mater ce film. A ses mots tu hausses un sourcil et quand elle ouvre un placard où elle range ses DVD, tu te mets à rire. « Je sais que tu as une mémoire de merde mais pas à ce point là, regarde. » Tu fais un signe vers le stock que tu as ramené avec toi. «Tu as accepté de regarder le Seigneur des Anneaux avec moi alors voilà, t’as pas le droit de changer d’avis maintenant. » Tu fais une moue boudeuse, ton ultime arme fatale pour la convaincre. Déposant la bière sur la table, tu te mets sur tes jambes pour aller insérer le CD dans le lecteur avant de revenir auprès de ta soeur sur le canapé. Directement, tu poses ta tête sur son épaule en murmurant un petit. « Merci. » Merci d’être là, d’être celle qu’elle est, d’être une soeur parfaite.