((( notes pour trop tard )))

- la tête tournée vers les étoiles -
En plus d'une lettre pour ses parents, elle a pris le temps de cacher un mot à son attention. Une feuille pliée en quatre dans son seau de tabac. Elle savait parfaitement qu'en le mettant là, il tomberait bien vite là-dessus.
Ca n'a pas loupé. Quand les parents de la belle l'ont appelé pour lui annoncer la nouvelle, il lui a fallu s'en rouler une pour "calmer" ses nerfs.
Louis,
cela fait bien une dizaine de fois que j'arrache et que je recommence. Les mots ne viennent pas. J'ai tant de chose à t'écrire, mais ma main refuse de les retranscrire.
Sa voix résonne dans sa tête à chaque mot qu'il lit, comme si elle était face à lui en train de l'a réciter.
Je suis désolée, mon amour. Ne te sens pas coupable, tu n'y es pour rien. Sans doute même m'as-tu fait survivre ces dernières années. Ces six années à tes côtés ont été parfaites. Tu as été le premier amour de ma vie, le seul. Le dernier amour. Tu m'as apporté plus d'amour que je ne pouvais en recevoir. Avec toi, je me sentais planer au-dessus du monde. Je me sentais belle, je me sentais importante. J'avais l'impression d'être réelle.
Alors pourquoi ? Pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi l'avoir ainsi abandonné ?
Continue ta vie, mon Louis. Sois heureux, réellement. Rencontre d'autres filles. Tombe à nouveau amoureux. Et dans un avenir proche, je suis certaine que tu sera un père merveilleux. J'ai vu comme tu t'occupais de mes petits frères quand nous étions chez mes parents. Alors ne rate pas cette occasion, s'il te plaît.
Tu dois tellement me haïr à cet instant présent.
Il serre sa mâchoire, secoue légèrement la tête. Ce n'est pas elle qu'il déteste, mais son geste.
C'est ton droit, et je le comprends. Sache que moi, je t'aime, Louis. Je t'aime jusque Mars. Et je suis désolée de t'infliger ça. Ne cherche pas à comprendre mon geste, accepte-le. C'est la seule chose que je te demande. Je veux juste partir. Me libérer de cette prison que semble être mon enveloppe corporelle. Je veux me sentir légère, me sentir flotter.
Mon amour, je ne te dis pas adieu. Qui sait, allons-nous peut-être nous retrouver loin de ce monde qui m'épuise.
Je t'aime, ne l'oublie pas.
- Nat.
Cela fait maintenant 5 mois, mais la plaie n'est pas encore cicatrisée. Sans doute ne le sera-t'elle jamais. Elle ne lui a laissé aucune explication. Elle semblait pourtant tellement heureuse à ses côtés. Le jour même, ils avaient passé l'après-midi ensemble. Elle n'avait pas été à la fac exprès pour passer du temps avec lui. Puis, 21h passées, il l'avait déposé chez elle. 23h, il apprenait qu'elle s'était coupée les veines dans la baignoire remplie d'eau.
Depuis, ça le hante. Alors Louis essaye de passer à autre chose. Pas d'oublier, ça jamais il ne le pourra. Il essaye d'écarter la solitude qui prend petit à petit de l'emprise sur lui. En sortant, presque chaque soir, quitte à ne pas se réveiller pour aller au boulot. En squattant le lit de la première fille bonne qu'il croise.
Ouai, Louis se terre dans le mensonge. Il reste tout sourire avec ses potes, en faisant le bouffon de service comme à son habitude. Il drague sans sentiment, la chaleur féminine lui permet d'oublier quelques heures sa détresse.

Il ne demande de l'aide à personne. Il refuse qu'on le regarde avec pitié. Sa mère a pourtant essayé de le réconforter, à sa façon. En lui proposant même de revenir vivre avec elle le temps de quelques mois. Bien entendu, il a directement refusé. Louis n'a jamais eu une relation fusionnelle avec sa mère. Non pas qu'ils ne s'aimaient pas, non. On pourrait plutôt dire qu'ils se toléraient. Sa mère a toujours été du genre femme indépendante qui aime avant tout se préoccuper d'elle et profiter de sa vie d'éternelle célibataire. Louis a juste été un léger accident sur le parcours. Le blond, de son côté, a toujours su se débrouiller seul. Il a accepté de suivre sa mère aux Etats-Unis, estimant qu'il avait assez fait le tour de Toulon et qu'il avait besoin d'un nouvel air. Puis, à peine avait-il mis les pieds sur le sol américain qu'il s'est empressé de trouver un boulot et un logement à lui seul.
Alors oui, ces derniers mois, quand ça ne va pas le soir. Quand il sent son coeur devenir lourd, qu'il sent sa respiration s'emballer, il a envie d'appeler au secours à sa mère. Ils ne sont pas proches, mais c'est comme si son instinct le poussait à aller vers elle en cas de besoin. Comme un petit enfant qui, blessé suite à une chute, s'empresse de courir vers sa mère pour soigner sa blessure. Instinctivement.