FERMETURE DU FORUM
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Partagez
 

 somewhere only we know (bo)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Rory Raynes
- reine des piques -
Rory Raynes

somewhere only we know (bo) 133807clubrichou
somewhere only we know (bo) Kd1p
somewhere only we know (bo) Ciut
requiescat in pace:


somewhere only we know (bo) TIoHt7ni_o
Messages : 495
Identité : cecefaiblesseabsolue
Avatar : elle fanning
Crédits : queen nox

Âge : nineteen endless fucking years old
Occupation : full time queen (of the underworld)
Côté coeur : addicted to the Night(mare)
Quartier : orange grove

somewhere only we know (bo) Empty
MessageSujet: somewhere only we know (bo)   somewhere only we know (bo) EmptyDim 13 Mai - 16:33

Si elle aime déployer ses sortilèges devant une Cour toute acquise, en réalité Rory préfère sortir seule, libre de se noyer sans une main désireuse de la maintenir à la surface, sans regards fourbes aux langues trop bien pendues pour offrir au soleil ses confessions nocturnes. Elle se plaît dans la magie de la nuit, drapée du voile de mystère qui entoure toujours une silhouette esseulée. Apparition mystique, Rory soigne ses entrées, accentue ce qui la rapproche d'un anachronisme du passé ou des enfers et laisse à son aplomb naturel le soin de diriger ses soirées désoeuvrées.
Ce soir, elle hante le quartier historique de ses allures majestueuses et irréelles, conserve lèvres closes lorsqu'elles ne boivent pas à s'en exploser le coeur et n'offre aux vautours que sa cruauté méthodique, aussi froide et précise qu'une lame chirurgicale. Rory est là pour boire jusqu'à l'overdose qui ne vient pas, de bar en bar, de connards notoires en abrutis finis, de vieux esseulés en bandes bruyantes. Elle n'a pas payé un seul verre, dans l'une de ses lubies d'enfant gâtée lasse de la facilité : elle a quitté la chaleur de ses draps sans sac, sans argent, sans papier. Sans rien d'autre que ses opales ténébreuses cerclées de sombre et son insatisfaction chronique nouant les entrailles. Rory joue à la pauvre comme si c'était une réelle distraction et pas le quotidien de tant d'âmes pour lesquelles elle n'éprouve rien d'autre qu'une morne indifférence. Elle bat des cils ou joue des coudes, dérobe des verres et ose l'audace impérieuse en se servant parfois elle-même comme si les lieux lui appartenaient, une fois que son parfum capiteux envahit l'espace et s'y épanouit comme un poison. Elle a bu pour oublier et drainer ce vide douloureux à l'intérieur, elle a bu comme autant de lames affûtées pour affronter les démons qui étreignent un myocarde minuscule. Elle a bu, oui, mais ça ne suffisait pas, l'alcool. Ca ne suffit jamais et Rory aux prunelles trop brillantes, reine de son monde illusoire, brise la règle tacite de son propre jeu et se déleste de sa montre luxueuse dans les mains avides d'un dealer de bas étage. Elle le libère de tout et n'importe quoi dans une impatience mordante et sa fausse bienveillance l'agace. Le voilà qui balance des règles immuables comme s'il apprenait la vie à une môme, qui ose lui donner des conseils malgré ses iris polaires et Rory, il ne lui en faut pas plus pour faire l'inverse. Dans un geste de provocation assumé, elle glisse entre ses lèvres une poignée colorée comme des bonbons et l'intime au silence d'un La ferme. lapidaire avant de tourner les talons pour rejoindre son verre abandonné, bu par un-e autre. Elle attend la montée prodigieuse pour chasser l'arrière-goût âcre resté sur sa langue et si elle ignore combien de temps ça met ... c'est la surprise qui l'assaille. Il n'y a pas de montée et en l'espace d'un battement de paupière, tout est différent.
Rory qui éprouve peu, mal, se sent assommée par un sentiment d'extase rarement ressenti, un amour profond et absolu pour le monde et l'univers, quelque chose de fort et de cosmique qui la traverse comme si pour la toute première fois de son existence, elle était englobée dans la course folle de la vie au lieu de rester sur le bas-côté. Non, mieux, comme si elle manipulait entre ses doigts la planète entière. Elle s'extirpe péniblement du bar bondé et autour d'elle, tout lui semble vivant et coloré. Les objets les plus inanimés sont entourés d'une aura brillante, scintillante et sa perception du temps, de l'espace, s'efface au profit des sensations qu'elle ressent. Un bonheur indicible, aux couleurs violettes et chaudes. Rory ne le réalise pas, mais elle abandonne ses escarpins à l'orée d'un parc qui l'attire comme la promesse d'un bel amant. Ses pieds nus effleurent l'herbe et elle sent le moindre brin carillonner sous ses pas, sans que le froid glacial de la nuit ne gèle ses os. Rory n'est plus là et extrêmement présente à la fois, comme un élément connecté à tout ce qui l'entoure, pourvu d'une conscience accrue de tout et de tout le monde. Une entité omnisciente. Là-haut, les nuages sombres dansent pour elle et certains rient, éclatent d'un rire d'allégresse et d'en-bas, la princesse déchue rit de concert dans une partition si peu connue d'elle. Euphorique et insouciante, elle tourne sur elle-même et s'émeut de la beauté de ses gestes en observant ses bras semer derrière eux de longues traînées roses ou vertes, comme des centaines de lucioles minuscules pour accompagner ses courbes, pas plus grosses que des têtes d'ampoule mais si luminescentes, si belles, elle dont l'existence monochrome se plaît en ténèbres et écarlate. La lune aussi est superbe, elle apparaît distordue et gigantesque, nimbée d'une aura plus dorée que celle du soleil qui l'éblouit. Les heures filent au rythme de ses pas écorchés effleurant le macadam et Rory a l'intime sensation qu'un seul battement de coeur s'est écoulé lorsque petit à petit, elle s'éveille.
Elle ne vibre plus au rythme de la ville, elle n'est plus un tout, un ensemble d'atomes cohérent et magnifique. Elle redevient pas après pas, elle-même et ce constat lui écrase les épaules. Ce sont les sensations qui reviennent en premier. La morsure du froid sur sa peau laiteuse, les frissons et les tremblements et une douleur indicible, qui irradie partout et nulle part à la fois. Elle a du tomber, à plusieurs reprises, sous les coups d'une hallucination ou d'une émotion irrépressible, elle l'ignore. Mais outre ses pieds écorchés, son bras gauche l'élance et du sang séché strie son visage de poupée, le long de sa tempe. Le vent fouette son visage, violente ses mèches trop pâles et elle prend conscience de son environnement. Le toit d'un immeuble en construction, comme il en surgit des dizaines dans le quartier. Rory a grimpé les échafaudages comme un tapis rouge et désormais, c'est l'appel du vide qui allonge ses charmes insolents. Elle se penche longuement au-dessus du vide pour observer la marée noire invisible qui pourrait la happer aussi facilement. Délicatement, ballerine de peu, Rory étend ses bras, comme un oiseau, et ferme les paupières juste un instant. Sa descente est lente, pas violente mais tristement morose. Après avoir ressenti autant, vécu mille vies derrière les remparts de ses courbes, revenir au vide originel est douloureux. Il pèse plus lourd, plus fort, et Ro ignore comment nommer ce qui l'étreint. Une forme avide et absolue de dépression insidieuse, celle qui la nimbe en permanence sous le doux nom de la mélancolie pour vernis. Une résignation totale face à un avenir fade et évident.
Et puis soudain, ça la frappe : comme Perséphone, elle est parfaitement à sa place. Ses pas l'ont conduite exactement où elle doit être. Sous elle, c'est la bouche béante des Enfers, son monde et il lui suffirait de le rejoindre. Soumise aux acides qui rongent ses veines et grignotent sa conscience dans un trip nauséabond, Rory accepte son destin avec une évidente facilité. Ça lui paraît si facile, si ... beau finalement, comme seul le macabre sait l'être. Il lui suffirait d'un pas, songe-t-elle avec une tendresse insoupçonnée. Un pas, un seul, et tout serait terminé. Plus rien n'aurait d'importance. Sa cheville de nymphe flirte avec le vide et Rory oscille dans un sourire sur sa jambe valide encore au sol. Plus qu'un pas. Un seul. C'est facile, non ? Au crépuscule de sa courte vie, Rory a une pensée pour ceux qu'elle laisse derrière. Elle aimerait s'excuser mais elle ignore de quoi. Ce n'est la faute de personne, pas même de la sienne. Certains naissent ainsi, mal armés pour la vie, défectueux, déjà de l'autre côté. Généralement, la nature répare ses torts mais nul mal ne l'a jamais emportée, elle, préservée de tout dans un écrin doré. Sauf d'elle-même. Visage figé en direction des abysses, Rory cherche un signe, une dernière illusion qui lui semblerait vraie mais rien ne vient alors c'est au firmament que ses opales déchirées de drogue s'aimantent. Nulle étoile dans le ciel, elle qui les aime tant. Elles sont toutes mortes elles aussi, et Rory s'agite avec la sensation que son palpitant va crever sa poitrine pour décider à sa place et s'exploser neuf étages plus bas. Pour finalement s'asseoir au bord du précipice, silhouette schrödinger entre la lisière des mondes. Ni morte, ni vivante, écrasée par la tension insidieuse d'un mélange instable et toxique.
Revenir en haut Aller en bas
https://souslesetoiles.forumactif.com/t1228-eyelashes-longer-than https://souslesetoiles.forumactif.com/t1681-i-know-there-s-a-special-place-in-hell-reserved-just-for-me-it-s-called-the-throne
Invité
Invité
Anonymous


somewhere only we know (bo) Empty
MessageSujet: Re: somewhere only we know (bo)   somewhere only we know (bo) EmptyMar 15 Mai - 4:54

les couleurs se mélangent, se mêlent, s'emmêlent, se démêlent pour former des figures fantasques, des visages porteurs de sens, délivrant des messages discrets et criards à la fois. à l'aide de son esprit coloré, il fait vivre les murs de cette ville qu'il souhaiterait quitter. il les rend lumineux, arc-en-ciel dans un monde en noir et blanc. ses yeux brillent sous l'impulsion de sa passion, de son imagination qui se déchaîne sur les briques vieillottes, bâtiments dégueulassés par la connerie humaine. les formes s'entremêlent dans une danse folle et à son tour, bo revit. il se sent pousser des ailes multicolores et puissantes qui l'emportent sur sa planète, là où a toujours été sa place. l'alien égaré revient parmi les siens, laissant derrière lui les blessures infâmes - marquées à la lame sur sa peau ou au fer à l'intérieur de ses entrailles. ses œuvres gravées dans le marbre feront de lui une légende, un roi arthur de l'art de rue, et il les regardera devenir célèbres à l'autre bout de l'univers. rêveur, il termine par s'allonger par terre, imaginant les étoiles au dessus du plafond dégradé de son repère, celui qui lui appartient autant qu'il appartient à nox. bo se plaît à dessiner des constellations dans les airs - comme si elles étaient réelles, peintes sur les briques à l'image du reste de ses prouesses. ses paupières se ferment et il n'est plus bojan sima. il est roi de son royaume aux milles couleurs, enfant béni d'un monde magique, dicté par les rêves et l'imagination. pour la première fois depuis des semaines, il respire, libre de ses mouvements et pensées.
son téléphone portable qui vibre dans sa poche le ramène à la réalité brutalement. il ne sait pas combien de temps il est resté allongé sur le sol froid et sale de ce bâtiment abandonné - une heure, deux heures, une journée entière. il est étourdi par sa chute des nuages jusqu'au sol - mais ça ne dure qu'une seconde. ça ne dure que jusqu'à ce que le prénom de rory s'affiche sur l'écran. il se redresse, inquiet et concerné. elle dit qu'elles sont mortes, les étoiles. elle dit qu'elles se sont éteintes. et bo, il lit entre les lignes que son cœur saigne autant que les plaies béantes sur ses poignets. et bo, il court - parce qu'il comprend. parce qu'il sait qu'il n'y a plus qu'un trou noir, foutu néant qui emporte rory, et il ne le laissera pas faire. sa tête tourne, tourne, tourne. mais il continue de courir jusqu'à ce qu'il arrive là - là où il doit être. ça le frappe comme un éclair sur la terre. sa place n'est dans les étoiles, elle est auprès de rory. rory, la princesse déchue. rory, la poupée brisée à la peau écorchée. bo la retrouvera toujours - n'importe où, n'importe quand. lorsqu'il court, monte jusqu'au toit de cet immeuble en construction, il ose espérer qu'elle soit bien là. à cet instant, il veut croire en sa bonne étoile. alors il monte, monte, continue de monter jusqu'à ce qu'il ne puisse plus le faire. il ignore ses muscles qui le tirent et la bataille dans sa boîte crânienne.
et elle est là - là sur le bord, les jambes dans le vide. bo sent son cœur à deux doigts de le lâcher, autant par l'épuisement que par la peur de voir le corps de rory disparaître dans l’obscurité. il s'approche doucement, tentant de ne pas surprendre la gamine aux cheveux d'or. l'air arrive difficilement jusqu'à ses poumons, la panique s'infiltre dans son être entier mais il essaye de se battre contre ces pensées envahissantes qui pourraient le tuer sur le coup. – ro ? qu'il murmure doucement. c'est moi... bo. il a une voix douce, si douce qu'on l'entend à peine. elle s'envole dans les airs comme pour faire revivre les étoiles de rory. ses jambes le portent un peu plus près, juste un peu, pas trop, ni pas assez. descends de là, ro. j'te ramène sur la terre ferme. et il lui tend sa main. il la lui tend comme pour lui dire qu'elle n'est pas seule, qu'il est là et que les étoiles le sont aussi.
Revenir en haut Aller en bas
Rory Raynes
- reine des piques -
Rory Raynes

somewhere only we know (bo) 133807clubrichou
somewhere only we know (bo) Kd1p
somewhere only we know (bo) Ciut
requiescat in pace:


somewhere only we know (bo) TIoHt7ni_o
Messages : 495
Identité : cecefaiblesseabsolue
Avatar : elle fanning
Crédits : queen nox

Âge : nineteen endless fucking years old
Occupation : full time queen (of the underworld)
Côté coeur : addicted to the Night(mare)
Quartier : orange grove

somewhere only we know (bo) Empty
MessageSujet: Re: somewhere only we know (bo)   somewhere only we know (bo) EmptyDim 20 Mai - 15:55

L'appel du vide. Jamais cette simple expression n'a eu un impact aussi fort, alors qu'elle est là, au bord du précipice, à deux doigts d'y plonger. Rory regarde en bas et sous ses prunelles défoncées, c'est le Styx qui s'étale. Un fleuve immense qui coule indolemment jusqu'aux pieds de Nox et l'appelle dans un chant des sirènes. Qui la pousse et l'attire vers le bas, les ténèbres tentateurs qui, pourtant, son inexistants. Nuls limbes pour l'accueillir, seulement une route dénuée d'horizon ou de voitures. Mais la drogue occulte sa lucidité et métamorphose sous ses yeux le rien en tout, le tout en rien. Les clapotis fictifs parviennent à charmer ses oreilles et Rory ferme les yeux, Iphigénie sacrificielle prête pour le grand saut. Jusqu'à ce que les tumultes aquatiques se taisent derrière les murmures chuchotés, le timbre bas et tendre qu'elle connaît par coeur. Bo. La surprise est totale. Plongée loin dans les abysses, là où aucune main n'est en mesure de la saisir, Rory ne se souvient plus. De l'avoir contacté, de l'attendre, de désirer sa présence rassurante et tendre près d'elle. Bo, c'est l'éternel pansement contre les plaies, l'anti-Nox. Il aurait dû s'appeler Diem, c'est à ça qu'elle songe, Rory, alors que ses prunelles-galaxies tentent de se darder sur lui, et uniquement sur lui. Pas sur la nuit sans lune, dénuée d'étoiles, qui l'accable pour une raison qu'elle ignore. Mais sur lui. La constante à son existence, voisin, ami d'enfance, premier amour pétri des sentiments absolus des premiers émois, Bo est son prince charmant, le chevalier en armure étincelante à l'époque où Rory ignorait qu'elle désirait son contraire, le méchant de conte de fées plutôt que le sauveur. Il est là alors qu'elle est plus proche de jamais de sa sa propre fin et Ro ensuquée sous l'acide dans ses veines et incapable de trancher, de décider si sa présence est une chance ou un fléau. Il lui tend la main et naturellement, la sienne s'y loge, minuscule et fébrile. Rory aux gambettes infinies, aussi longues qu'elles sont fragiles, reviennent du côté des vivants, sur le toit plutôt qu'à flirter avec le vide. Elle ne réfléchit pas, abandonne le Styx pour le monde des vivants, malgré les battements erratiques de son palpitant qui semble protester en silence. Bo ... La pulpe de ses doigts, vacillant sous les drogues, papillonne avec l'épiderme de cette apparition divine. Rory en retrace la moindre courbure, laisse ses phalanges frôler ses joues, l'arête de son nez, sa mâchoire ou ses clavicules bien dessinées, comme si elle avait besoin de sentir le palpable, le concret, de s'assurer de sa présence près d'elle. Bo n'est pas une illusion, fruit de son cerveau malade. Tu es vraiment là ou je suis en train de rêver ? Rory, elle préférerait rêver, pouvoir sauter dans le vide sans se soucier des conséquences sur son entourage, sans devoir mesurer l'horreur de ses os écrasés, du pourpre partout déversé. Longuement, dotée d'une délicatesse qui jure avec son minois ensanglanté, sa robe abîmée et ses pieds nus, Rory retrace méticuleusement le visage de Bo et finit sa course contre son menton, à resserrer ses serres manucurée autour de son menton. Regarde, les étoiles sont mortes. Et ça lui revient soudainement, comme un bommerang dans l'estomac. Les messages cryptiques, l'absence d'étoile dans un ciel d'orage et le sentiment de vide à l'intérieur, accentué par les drogues qui creusent leur trou noir et déversent une mélancolie partout sur ce toit jusqu'à l'y noyer. Impossible de comprendre pourquoi ça la blesse et pourtant, le résultat est là. Rory est agitée, nez en l'air face à l'immensité d'un ciel corbeau, forçant celui avec qui elle les a tant contemplés à contempler les nuages menaçants et cette voûte céleste triste à mourir,  vidée de toute lueur. Une angoisse innommable, née de l'artificiel des paradis, s'érige au creux de son ventre et déploie ses racines à l'intérieur jusqu'à prendre toute la place, jusqu'à pousser ses organes vers l'extérieur, écrasés contre les parois. Tu te souviens ? Avant, on était capables de toutes les énumérer. Rory, qui travestit chaque souvenir du filtre de sa mélancolie, s'en souvient étrangement à merveille, malgré ce qui crame ses veines et asphyxie son oxygène. Ils se retrouvaient souvent chez elle, allongés dans l'herbe à essayer de retenir les constellations compliquées, à se confier ce qu'ils distinguaient dans les conglomérats d'étoiles. Bo l'artiste y voyait des fresques fantasmagoriques et Rory, elle, baignait le ciel de vermeil et de légendes grecques, toujours tragiques. A l'époque déjà, il faisait du beau et elle l'inverse, sans réaliser qu'ils creusaient entre eux une frontière infranchissable, celle qui sépare les vivants des morts. Ses prunelles anxieuses rivées sur la marée noire au-dessus d'elle glissent jusqu'à Bo, à mesure que ses courbes tendues à l'extrême réalisent que le danger est hors de portée. Son corps se détend, mais elle a toujours l'air d'une apparition, Rory. D'un fantôme ensanglanté des années cinquante, qui ne réalise même pas qu'il est déjà mort. C'est la dope, qui rend le tout plus difficile, plus triste, comme des sables mouvants à chaque pas. Mais c'est aussi elle qui offre cette lucidité incroyable, ce calme avant la tempête, ce sens du détail et des sensations indicibles. Aux yeux défoncés de Rory, les tâches colorées qui parsèment l'épiderme de Bo ressemblent à autant d'oeuvres d'art, qu'elle caresse du bout des doigts dans un ballet équivoque. Dessine quelque chose. Ordre de rien et timbre anxieux, loin des impériales de sa voix, Ro effleure les pointes de couleur sur sa peau et darde sur le sol un regard entendu, comme si elle attendait qu'il se colore de lui-même, qu'il prenne vie par la seule force de sa volonté vacillante en descente. Rory habituellement si lucide ne réalise pas le mal que lui procure la drogue. Demain, elle aura oublié la perte de contrôle, l'interlude enchantée auprès de la conscience sur son épaule, de Bo toujours là pour elle. Demain, elle n'aura qu'une vague plaie au visage et des cicatrices partout ailleurs, jusqu'au coeur sans cesse amoché, aveugle et sourd aux raisons de son trépas. Demain, elle chérira ce sentiment de détresse absolue, cette presque mort à portée de ses doigts. Demain, elle regrettera de ne pas avoir plongé.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
https://souslesetoiles.forumactif.com/t1228-eyelashes-longer-than https://souslesetoiles.forumactif.com/t1681-i-know-there-s-a-special-place-in-hell-reserved-just-for-me-it-s-called-the-throne
Contenu sponsorisé



somewhere only we know (bo) Empty
MessageSujet: Re: somewhere only we know (bo)   somewhere only we know (bo) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
somewhere only we know (bo)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
sous les étoiles. :: ÉCLIPSE :: Anciens rps-
Sauter vers: