i'm living in an age
that calls darkness light
though my language is dead
still the shapes fill my head
- my body is a cage, arcade fire
te rappelles-tu ?
de nos poings lancés dans le vide.
de nos phalanges douloureuses et blanchies.une bouteille de whisky posée sur la table.
le ballottement paresseux du lac.
une cigarette au coin des lèvres.
dans un soupir, daniel s'étire.
la carcasse rouillée, les épaules lourdes.
il y a le bleu de la nuit, puis le bleu de ses yeux.
et celui qui dort en dessous.
bleu de ses veines, marée houleuse de ses cils.
sais-tu seulement ?
quand le sommeil t'a porté, pour la dernière fois.
pourquoi morphée t'étouffe.il s'enfonce dans le fauteuil usé.
savourer le tabac et puis l'air frais.
les débuts de soirée, avant la chaleur de l'été.
fous-moi la paix.
je t'en conjure.
laisse-moi du temps.
je t'en supplie.en tête à tête avec soi-même.
sans femme, sans enfant, sans ami.
sans rien ni personne.
que le brouhaha distant.
dos à la ville, dos à la vie.
retraite d'un soir.
pas de travail, pas de devoir.
pas de promesse à tenir.
simplement prendre le temps.
le temps d'avoir le temps.
celui de sentir le vide dans sa cage thoracique.un dernier message à alma.
peut-être encore des excuses.
déguisées sous des banalités.
quelque chose de prévu ce week-end ?
non, pourquoi
je pensais emmener charlie en ville samedi
c'est mon week-end il me semble
elle comptait dormir chez une copine
dis lui qu'on ira au harry's
mais si elle a autre chose de prévu, c'est pas grave
ça l'était.il n'y faisait plus attention.
un autre message.
viens à la maison ce soir
abel.la fin de la trêve.
quelques heures et puis l'aube.
relever le cadavre brûlant.
la masse lupine.
renfiler sa veste.
écraser la cigarette.
ouvrir le tiroir.
un instant de battement.
de son coeur, de ses paupières.
le reflet mat d'une crosse et d'un canon.
il n'avait pas précisé la nature de ses demandes.
et les règles passaient par dessus.
un contrat pour un ami.
le cliquetis des mécanismes.
ranger la mort à l'arrière de sa ceinture.
il ne sentait plus le haut-le-coeur instinctif.
le frisson le long de sa colonne vertébrale.
devenu insensible à tous les cris de son corps.
bourdonnement dans l'oreille qui ne le quittait plus.
vingt-quatre mois.
trente-six.
des réflexes de marionnette.
te rappelles-tu ?
de nos visages juvéniles.
de nos sourires prêts à manger le soleil.une mèche glissée derrière son oreille.
grimper sur le ponton.
nez dans les étoiles naissantes.
regard vissé au sol.
écouter le bois craquer sous ses pas.
enfoncer ses paumes dans ses poches.
silhouette de bête perdue dans la ville.
odeur de cuir usé.
changer de bretelle.
les beaux quartiers.
la vieille buick ronronnait sous son pied.
néons et lampadaires.
la vie en sous-marin.
tu vis dans un autre monde, vieux frère.
où ce qui brille se transforme en or.
mais nos vêtements sentent toujours la terre.enfoncer l'interphone.
grilles ouvertes sur un palais de mensonges.
couper le contact.
monter les marches quatre à quatre.
il n'avait pas le trousseau sur lui.
pas cette fois, pas ici.
frapper les verreries.
grésillement de ses neurones.
il ne se demandait même plus.