le mal de mer ? connais pas. enfin, faudrait tester pour savoir en fait. et c'est son truc à luca, de tester, s'aventurer dans certaines aventures méconnues. enfin, un bateau c'est rien non ? ça doit pas être compliqué à manœuvrer c'est sûre. en tout cas, luca depuis quelques jours, elle n'a que ça en tête, elle aimerait naviguer un peu, pas aller trop loin non, juste profiter de la mer, des vagues et du soleil sur un bateau qui tangue au grès des vents. elle n'a pas pris le temps jusqu'à aujourd'hui de réaliser ce petit rêve là. dans sa ville natale, y'a rien pour ressembler à ce décor océanique, rien que les champs, la terre, les industries agricoles. en y repensant luca, c'est une bouseuse et ça l'a fait chier. alors elle ment, elle dit qu'elle vient de nyc la plupart du temps, même si ça ne marche pas tout le temps. elle ne sait même plus si elle l'a dit à tim, si même il lui a posé la question: "tu viens d'où luca?" elle s'imagine lui répondre un mensonge de plus, rien de grave, à peine de quoi lui en vouloir. puis elle pense, il sent contre fou de toute façon. un trop plein de bar, de sinner, de lieu enfermé alors que les beaux jours reviennent. pas envie de chasser, ni le désir de combler le temps en restant chez elle. pourtant c'est beau chez elle, neuf, bien décoré, mais il n'y est quasiment jamais. un comble. non ce soir, luca ira jusqu'au bout, traquer son idée et faire qu'elle se réalise, ce soir et pas un autre. alors elle a marché jusqu'au port bien décidée, une liasse de billet en poche et une persuasion à toutes épreuves, jetant son dévolu sur une merveille à la coque blanche et armature argenté. le loueur n'eut pas l'air convaincu au premier abord, mais elle promit luca -en croisant les doigts- que l'homme qui l'accompagnait possédait un permis pour conduire l'engin. il accepte sans grande conviction et donne les clefs du bateau dans la foulée après lui avoir glissé quelques billets en trop. quelques messages échangés avec le principal intéressé et voilà que l'appareil est à elle pour une soirée/nuit, enfin ce détail, c'est elle qui en décidera. elle prend la peine de faire un tour à bord, belle bête, qu'elle pense assez facile pour être manœuvrée par un débutant, elle l'espère. postée sur l'avant du bateau, luca attend tim, patiemment, le sourire aux lèvres, fière de pouvoir mettre sa lubie à exécution. le temps passe, et c'est quand elle voit la silhouette du garçon qu'elle se lève d'un bon en lui faisant un signe de la main. il n'a pas l'air de comprendre et ça la fait rire. il s'approche et elle se penche pour le saluer comme une gamine bien trop pressée. « arrête de toujours penser que je suis en détresse » tim avant tout, il saura gérer elle en est certaine, piloter un bateau ? pfff trop facile. « monte, j'ai un truc à te montrer » ses yeux brillent d'aventure et elle fera tout pour qu'il accepte de la suivre.
J’écarte d’un vif revers les mèches poisseuses qui s’foutent dans les yeux. Ma cage thoracique siffle comme une locomotive mais j’ralentis pas. J’vois les mâts des bateaux qui affleurent à la surface des toits : j’suis plus très loin. Une voiture me klaxonne quand j’traverse au feu vert en chargeant sans regarder. J’ignore totalement le conducteur cramoisi par la panique et la hargne. Ma seule préoccupation c’est elle. Putain, elle a pas intérêt à avoir fait d’connerie !
J’ai l’esprit en technicolor, paupières closes, la respiration paisible. Impossible de deviner s’il fait nuit ou jour par les volets hermétiquement clos. Y a que le ronronnement du frigo accordé avec celui du trafic dans la rue qui rompent le silence. Jusqu’à la sonnerie. I've got the power hey yeaheh, I've got the power ! J’me retourne dans les nœuds que forment ma couette et me couvre les oreilles en espérant que ça passe. Mais l’vibreur retentit encore, insistant, en finissant par me sortir d’ma langueur. J’grogne et étire le bras en maudissant déjà la personne qui me tire d’un sommeil rare. J’sais exactement qui est au bout du fil : elle m’a programmé cette sonnerie débile. Un soir où j’étais trop soûl pour faire attention à mon téléphone. Et depuis j’l’ai jamais changé. Je jette un œil à l’écran barré de caractères. Je lis même pas en entier, y a des bouts d’mots qui me sautent au visage : « au port tout de suite ». J’me redresse d’un bond et vire les draps précipitamment en m’prenant les pieds dedans au passage. J’évite de peu de m’casser la gueule pitoyablement au milieu des cendars, prospectus et autre bordel qui traîne, puis m’empare des premières fringues qui s’présentent. Clefs dans l’falzar, j’claque la porte pour dévaler les escaliers en même temps que j’pianote une réponse presque compréhensible. Évidemment, j’mentionne pas le fait que j’sois en train de cavaler comme un abruti pour aller la retrouver. Le portable finit au fond de ma poche, oublié. J’le dirais pas, c’est clair, mais ça m’arrive d’angoisser pour Luca. Parfois. Parce que j’sais qu’elle est aussi barrée que moi, et que j’sais jamais ce qui s’passe sous mon propre crâne. Alors dans l’sien…
Ça fait dix minutes que je longe les quais où sont amarrés des bateaux de toutes tailles. Bicoques flottantes pourries d’algues, chalutiers, véhicules de plaisance, et – bien sûr – les yachts façon milliardaires. Ça grouille de population, surtout des promeneurs qui viennent admirer le coucher d’soleil, main dans la main et les yeux brillants d’amour. Rien qui m’fasse envie. Pour l’instant j’veux surtout retrouver mon enfant terrible et vérifier qu’elle soit pas en train de s’faire passer les menottes aux poignets pour tentative de vol ou autre chose du genre. Au final c’est en levant l’nez que j’aperçois Luca, sourire fendard, en train d’agiter la main à mon intention. Un minuscule soupir de soulagement me file entre les lèvres et j’allonge le pas pour la rejoindre. Elle est perchée à l’avant d’un joli bébé, cheveux qui flottent dans les embruns. On dirait une de ces sirènes sculptées en figure de proue d’anciens navires. Elle est belle Luca.
J’hésite brièvement puis me lance sur le ponton pour embarquer. Une demie seconde seulement est nécessaire pour m’adapter au léger roulis. J’ai l’pied marin : sang irlandais oblige. D’un pas léger, j’rejoins la jeune femme jusqu’à son poste d’observation. « Putain mais t’es sérieuse ? Tu sais piloter ? » Le ton devrait être horrifié mais à la place une joyeuse excitation commence à se diffuser chez moi. Elle se traduit par les paupières qui s’plissent en regard de môme et un sourire qui rajeunit. « On l’a pour combien de temps ? T’as visité ? » J’tiens plus en place : faut que j’parte en exploration. J’tends la main vers Luca pour qu’elle l’attrape et l’entraîner à ma suite.
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Sujet: Re: lightning area /tim Dim 20 Mai - 5:00
le bateau tangue un peu, pas assez pour l'effrayer ou penser à une quelconque tempête qui viendra les bousculer. non, luca n'est pas le genre de fille à penser aux conséquences, à ce qui pourrait bien leur arriver. le moment présent garde toute la place dans son esprit rieur. car oui, elle rit luca, à en perdre la tête, parce qu'elle est fière de lui montrer ça à tim, qu'elle veut partager ces moments loufoques avec lui et personne d'autre. parfois elle pense à moreno qu'elle aurait très bien pu appeler aussi, mais rien ne vaut l'expérience dans le cas présent. elle sait qu'il n'y a que tim, c'est lui son double maléfique, le seul qui ne jugera pas ses frasques dantesques. l'argent dilapidé à coups de lubies enviées, mais si luca a bien appris quelque chose en côtoyant cet homme aux poches remplies, c'est que demain, tout peut changer. alors autant être celle qui part devant, celle qui décide sans compter sur les mises en garde, les "et si tu te trompais" -rien de tout ça- rien pour régir sa vie comme on la fait autrefois. luca n'est plus ce garçon que son père voulait qu'elle soit, non, maintenant luca rit aux éclats et se sent femme. surtout dans le regard de tim, là, en bas. sa posture est légère, ses talons posées sur un côté du canapé, luca s'agrippe à son ami dès qu'il met un pied sur le planché pour l'embrasser. « Putain mais t’es sérieuse ? Tu sais piloter ? » la malice sur son visage, elle hausse les épaules en l'invitant à prendre place. « non, mais tu vas m'aider hein ? » ses yeux brillent, l'enfant s'éveille devant la surprise se lisant sur le visage de tim, ravie de lui donner le plaisir de cette surprise. il réagit comme elle le souhaitait, pas contrarié de l'avoir dérangé, euphorique à l'idée d'en découvrir plus sur l'engin encore amarré. « On l’a pour combien de temps ? T’as visité ? » il ajoute le curieux, elle voit un sourire éclore sur son visage et ça la rend d'autant plus excitée. « pas d'horaire » enfin, son ouïe a cessé de fonctionné quand le propriétaire lui a donné les clefs, alors peut-être qu'il a dit minuit ou six heure demain matin, aucune idée. luca prend sa main avec enthousiasme pour suivre ses pas jusqu'à l'intérieur de la cabine. « je t'attendais pour aller voir » elle pose ses mains sur le tableau de bord, des boutons partout, une sorte de volant et des poignets à ne plus savoir qu'en faire. « sors-nous d'ici, j'ai envie d'aller voir ailleurs » sortir du port, quitter crescent pour un temps et faire comme si les autres n'existaient pas. juste lui et toi.
Le rire de Luca tinte comme une musique à mes oreilles. Il signe aussi l’ouverture des jeux, l’début des paris. Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit : toujours avancer sur le fil en se foutant éperdument des conséquences. Comme j’l’ai déjà dit avec elle on sait jamais à quoi s’attendre. Ça peut être sacrément moche, comme un rupin un peu trop lourd à démonter pour qu’il lui lâche la grappe. Ou merveilleux. Comme ce bateau. « Nan, j’vais pas t’aider j’vais le conduire. Toi t’y touches pas. » C’est dit à moitié en plaisantant. Le sexisme est jamais très loin chez moi. Sa main disparaît dans la mienne et je l’entraîne jusqu’aux commandes de la bête. A l’intérieur tout a été pensé avec le goût du luxe : lignes épurées, immaculée. Même les chromes des manettes rutilent impeccablement. Luca s’épouse parfaitement au décor. Je jette un œil rapide au tableau de bord. J’sais pas à quoi servent la moitié des boutons mais j’arrive à reconnaître le volant de direction et le levier pour mettre le tout en branle. Accrochée dans un coin, j’avise une casquette à l’ancienne. « A vos ordres mademoiselle ! » Je mime un salut militaire et enfile le chapeau qui me retombe négligemment d’un côté du crâne. La clef de contact s’enclenche en faisant ronronner le moteur. De vieux réflexes – nés lors des virées en barque avec le père – refont surface. J’appuie sur la remontée de l’ancre et file jusqu’à l’arrière du bateau pour virer les amarres : plus rien ne nous retient à la terre ferme. Quelques minutes plus tard on se retrouve à la sortie de la baie. Devant nous uniquement la ligne d’horizon qui meurt dans le crépuscule. « C’est l’moment de t’accrocher… » J’adresse à la jeune femme un haussement de sourcil taquin accompagné du fameux sourire gangster. Puis mets plein gaz. Le nez du navire se soulève nettement tandis que la coque rebondit nerveusement sur la crête des vagues. « Putain ! » Mes phalanges se crispent sur le gouvernail pour pas atterrir sur le cul et j’me mets à rire, surpris par la vitesse de l’engin. La sensation de liberté est grisante. Elle me colle à la peau, mélangée aux embruns délicats qui viennent me poisser les cheveux. J’vous jure qu’à cet instant j’aurais pu tout plaquer. Foncer droit devant, Luca sous le bras, sans autre préoccupation que d’se trouver une p’tite île sympa ou squatter. Je ralentis progressivement : au loin les lumières de Crescent Heights dansent en minuscules points colorés. « Bon… Y a pas un mini-bar dans ton raffiot princesse ? » Parce qu’il me manque plus qu’un bon verre de whisky pour parfaire le tableau, histoire de faire descendre le petite surprise que je nous ai ramené à bord. Mes doigts effleurent brièvement la poche arrière de mon jean qui crisse sous la pression. A l’intérieur attendent sagement deux cachetons d’ecstasy prêts à se faire gober.
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Sujet: Re: lightning area /tim
lightning area /tim
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J’écarte d’un vif revers les mèches poisseuses qui s’foutent dans les yeux. Ma cage thoracique siffle comme une locomotive mais j’ralentis pas. J’vois les mâts des bateaux qui affleurent à la surface des toits : j’suis plus très loin.