retourner à la maison (bobbs)

rentrer chez la famille après une dure journée.

l'odeur de la ville lui avait manqué. la liberté encore plus. il arpente les ruelles en regardant en l'air. il est capable de faire pleins de petits pas sans tomber sur un idiot, un mur ou une grille. il n'a personne qui vient se mettre en travers de son chemin, seulement des connards sans vies qui ne finiront jamais le film, qui passeront jamais la fin du tournage. il s'en fiche, nass, ce soir, il a mieux à faire que de se prendre la tête sur des passants sans avenir. il a le sien à vivre, à réécrire, à composer avec les nouvelles règles qui sont venues s'imposer à lui. il fait son chemin, il marche depuis qu'il a quitté l'appartement de sasha, il en revient avec la plus belle des joies entre ses doigts. un peu parce qu'il l'a vu, beaucoup parce qu'il a retrouvé la femme de sa vie. ses yeux naviguent entre les deux trottoirs, il respire tout l'air qui l'entoure. il marcherait presque avec le sourire.
la maison se profile au loin, celle de sa petite soeur chérie, celle qu'elle a prit après qu'il soit tombé, par terre, sur le sol, sur le béton les dents en avant et le sang sur les gencives. de longs mois se sont écoulés depuis qu'elle a décidé de repartir sur de nouvelles bases, dans cette nouvelle maison, avec ces couloirs, escaliers et hall d'entrée. ça fait trop longtemps que ses doigts n'ont pas ouverts de porte à la volé, tellement longtemps qu'il prend la peine de toquer, surtout parce que ça ne se fait pas de rentrer de cette manière dans un endroit où il n'est jamais allé. il marque un temps devant la porte, il regarde le paillasson et se demande qui l'a foulé avant lui. qui est-ce qui est allé et venu depuis qu'il est parti. il se demande quels sont les personnes qu'il ne connait pas encore et qui peuvent se cacher derrière la porte. il se pose pleins de questions, mais il espère que sa soeur vit encore ici, qu'elle est cachée derrière la porte en bois, derrière l'arbre pas centenaire.
china est à ses pieds, elle est là et ça lui a tellement rempli le coeur de la retrouver, pas autant que de revoir la tête de l'autre. pas tant que ça parce que ça a fini comme ça a commencé, mal. mais il l'a retrouvé, la chienne, et ça lui file des papillons dans le bide. il se met à la hauteur de sa meilleure amie, il attend que la porte enchantée s'ouvre comme par magie, il veut pas la défoncer, ni chanter des sons de magiciens, il préfère laisser les autres faire le dur travail, et en attendant il joue avec sa protégée. elle lui a manqué et il lui fait savoir, elle aussi est heureuse de le retrouver, plus que n'importe qui, elle remue sa queue et sa langue ne se cache pas. nassim est heureux de retrouver les femmes de sa vie pour le café du matin.

week-end. quelques jours pour souffler. quelques jours pour ne plus penser. off. éteindre tout. fermer toutes les portes. celles qui laisse les ombres se dessiner. bobby, elle veut juste se reposer. reprendre des forces. penser à elle, aussi. un peu. de temps en temps. alors elle garde les yeux fermés. longtemps. grasse matinée bien méritée. celles auxquelles elle ne goûte plus assez à son goût. celles qui se font désirer. sommeil réparateur. celui qui ne craint pas d'être perturbé par le réveil quotidien. dur. forcé. elle s'étire. s'agite. dans ses draps. au centre de ce matelas presque trop grand pour elle. les yeux mi-clos, plissés. y a la lumière qui s'infiltre à travers le volet abîmé. rayon chaud qui caresse sa peau, lui arrache un soupire. elle a pas envie de se lever, bobby. alors que son lit est bien trop confortable. alors que ses draps lui tiennent chaud. elle voit les minutes s'écouler. le temps passer. l'heure qu'il est. elle s'en fout royalement bobby. n'y porte aucune importance. elle n'entend pas grand chose autour d'elle. quelques pas qui résonnent dans le couloir. la vie autour. le bruit d'une présence. son rassurant. son qui berce. bobby, ça l'apaise. de savoir quelqu'un autour d'elle. de se savoir entourée. gamine effrayée par la solitude. souvenir douloureux d'un passé trop solitaire. quand il y avait encore papa et maman. avant que tout change. avant que nass ne l'emmène loin. de cette baraque pourave. de ces géniteurs qui ne s'occupaient aucunement de leurs enfants. elle grimace bobby, quand elle y repense. fermer toutes les portes. même les plus lointaines. elle clos ses paupières mais bientôt on frappe à sa porte. elle soupire alors qu'elle se tortille. depuis quand elle a besoin qu'on vienne la réveiller ? nouveaux coups. elle grogne cette fois. quoi ? la voix enraillée du matin. y a quelqu'un pour toi en bas. elle sait pas trop qui lui parle alors qu'elle émerge. y a ses sourcils qui se froncent un peu. les questions qui se bousculent un instant. elle attendait pas de visite bobby. pas aussi matinale. pas du tout, tout court. un soupire, son corps qu'elle finit par redresser. et ça lui demande beaucoup d'énergie de se traîner jusqu'à l'entrée, un gros pull trop grand pour elle seulement enfilé rapidement. c'est qui ? qu'elle demande d'une voix à moitié endormie à son colocataire. y a un aboiement qui se fait entendre et y a sa respiration qui se coupe un instant. y a son regard qui se relève et son coeur qui rate un battement. nass qui se dessine dans sa rétine. qui s'incruste. s'imprime. ses lèvres roses qui s'entrouvrent, son regard qui change. plus doux. plus tout. parce que c'est nass et que plus rien ne compte autour d'eux. elle dévale les escaliers alors qu'elle lui saute dessus. et pendant un instant, bobby elle a l'impression d'avoir dix ans. toujours à se réfugier dans les bras de son frère. parce que y a rien qui peut l'atteindre au creux de ses grands bras. elle serre fort, bobby. fort. fort. ses fins bras autour de sa nuque. comme si elle avait peur qu'on lui enlève encore. comme s'il pouvait disparaître. s'évaporer. en quelques secondes. en un instant. désolé. pour tout. pour ça. pour ces longs mois passé là-bas. bobby, elle sent sa gorge qui lui serre. ses yeux piquer. y a toutes ses angoisses qui disparaissent. ses craintes aussi. parce que nass est rentré et que tout ça c'est du passé.plus jamais ça. baiser sur sa joue. bobby qui parvient difficilement à se détacher. rentres, reste pas dehors ! restes près de moi, surtout.

il la tient fort, china, il a la laisse qui lui entoure le poignet, la main. elle peut pas aller bien loin, elle ne le veut pas de toute manière, le lien qui unit le propriétaire à la propriétée est grand, fort et merveilleux. nass ne voudrait le perdre pour rien au monde, et qu'est ce qu'il était malheureux lorsqu'il ne pouvait que se la remémorer.
c'est pour ça qu'il était si heureux lorsque l'heure de la visite arrivé, lorsque le jour de bobby pointait le bout de son nez. un papier pour compter les heures qui le séparent de sa petite protégée. il ne voulait laisser passer ce moment pour rien au monde, promis juré.
et maintenant qu'il est sorti, sa soeur est sa deuxième destination. la première était de retrouver china, de revoir son bébé, de croiser son regard, celui de sasha, pouvoir, à nouveau, lui murmurer qu'il est rentré, qu'il est là et que l'heure de danser, seule, est terminé. il voulait montrer qu'il était encore vivant et que rien, ni personne, ne pouvait l'abattre. rien, ni personne.
il ne décroche pas un mot au colocataire de sa soeur qui lui ouvre bien gentiment la porte, la personne ne lui revient pas en mémoire, nass n'est pas du genre à imprimer toutes les personnes qu'il croise dans sa cervelle, alors ça sert à rien de se présenter. surtout qu'il aura tout le loisir de montrer qu'il est le grand frère, costaud et effrayant, de bobby et qu'il est préférable de ne pas l'approcher de trop près.
de toute manière elle arrive dans l'entrée, elle est là et il peut enfin la prendre dans ses bras. enfin.
et même si c'était c'qu'il comptait faire, il ne peut s'empêcher de laisser s'échapper un "ouf" lorsqu'elle se jette dans ses bras. mais il la sert, quand même, fort, très fort. ses bras la tiennent au plus près de lui, ça lui fait du bien de pouvoir sentir son odeur à nouveau. il sourit, un immense déchirement de bouche qui lui traverse le visage. ouais, nass est enfin heureux.
il a laché la laisse et china joue autour de nass et bobby. toute la famille réunie.
il ne répond pas à son désolé, il sait qu'elle l'est. et même si elle ne l'était pas, il n'aurait jamais prit pour sa soeur si ça risquait de noircir leur relation. il l'a fait de bon coeur et maintenant il ne veut plus y penser. en faites il ne lui répond pas du tout, il rentre simplement et laisse son chien faire sa visite des lieux.
quant à nass il prend les devants et farfouille, du regard, dans l'appartement.
y'a qui qui vit ici ?
nass il parle pas beaucoup, il est pas très poli et il aime tout savoir.