› identité: giorgio salvatici, dont on se contente de l'appellation gino, gino, deux syllabes faciles à aboyer, faciles à murmurer
› âge, date de naissance: la vingtaine passée, dans la chaleur brûlante du mois d'août
› signe astrologique: lion, roi des animaux
› lieu de naissance, origines: son berceau, c'est l'italie, une italie brûlante, aride, sèche, ou le soleil rend la peau moite et où l'on ne se sent bien que dans le frais des maisons
› emploi, études: petite main pour le sinner
› orientation sexuelle: gino a le goût des courbes, a le goût des femmes
› statut civil: volatile
› traits de caractère: gino, ce qu'il a, c'est le
goût du spectacle, il doit le tenir de sa mère, chanteuse d'opéra. il pèse ses mots, aime les entrées en matière et quitter la scène après une ovation. gino est un
charmeur, il est aidé par son accent italien, sans aucun doute et ses atouts physiques lui facilitent la tâche, mais il aime voir les femmes céder, leur regard chaud qui dit "oui". gino est
bestial, il agit parfois par pur instinct, pour satisfaire ses besoins primaires : besoin de violence, besoin de chair, besoin de boisson. gino est
élégant, dans la voix et au soin apporté à ses vêtements. gino est
loyal,
aliéné,
impulsif,
manipulateur,
menteur,
acteur. gino connait ses rôles et les joue bien.
( la tête tournée vers les étoiles )Giorgio, mon Giorgino, mon Gino … Tu as la chaleur du soleil d’Italie, et dans tes yeux clairs on peut y voir l’affrontement des éléments, comme lors de la création du monde. Un géant de glace et un géant de feu, deux golems qui se battent en duel. Alors la colorimétrie de ton regard est tout à fait étrange, mouvante. Lire en toi c’est savoir lire tes yeux, à qui serait un peu perspicace.
Ces mots étaient ceux de la
mamma. Elle avait le goût du théâtre – la
mamma était chanteuse d’opéra. Et parce qu’elle connaissait la scène mieux que personne, elle connaissait aussi son fils par cœur qu’elle adorait autant qu’elle abhorrait. Elle l’adorait parce qu’il avait cette beauté d’un autre temps, cette pâleur fragile qui allait à l’encontre des rayons furieux de l’astre solaire qui planait sur l’Italie, elle l’adorait parce qu’il était sa chair, qu’il avait mangé à son sein, que c’était son seul fils, la prunelle de ses yeux, le cadeau céleste que l’on attend. Mais voilà, le fruit avait sans doute trop mûri au soleil, arrivé si fort à maturité qu’il avait finir par pourrir, se nécrosant de l’intérieur, attirant les vers et les mouches. Parce qu’en prenant trop le soleil il avait pris peu à peu la couleur amère du
padre, l’homme au regard noir, celui qui se lavait les mains avec une conscience exacerbée, comme s’il restait de la crasse. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il était la crasse, il aurait beau se les laver, ses mains, il n’aurait jamais réussi à les faire blanchir.
Mamma avait raison.
Le fruit qu’elle avait porté en son sein avait pourri. Il rendait tous ceux qui y croquaient malades, jusqu’à en faire disparaître certains. Papà m’avait tenu dans ses deux grandes paumes sales si petit, puis tenu ma petite paume dans ses gros doigts, puis mes mains sont devenues des poings, des phalanges rougies, et parfois prolongées d’un canon.
À ce stade, il n’y a plus de retour en arrière. Reculer c’est mourir, c’est offrir son corps à la terre.
Avancer c’était savoir quitter le soleil de l’Italie quand le padre s’est fait traverser d’une balle. Mamma je prends les voiles, promis je reviendrai.
Le souvenir de sa bouche sur mon front.
Gino tu es devenu une beauté exotique, tu sens le soleil, tu sens la poussière de ta campagne italienne. Gino ici tu es devenu plus animal encore, tu es devenu un chien que la vue et l’odeur du sens excite. Un chien qui grogne, un chien fou dont l’œil malade roule dans son orbite, la gueule haletante, le croc sorti, prêt à en découdre.
Parce que personne ne te connait, parce que personne n’aurait misé sur toi.
Parce qu’une fois la chemise tombée, on ne voit sur ton torse que les stigmates du passé (les balafres roses qui donnent du relief à ton corps). Pour chacune d’elle, tu aurais une histoire à raconter. On ne te croirait peut-être pas. On ne soupçonnerait pas que tes mains si blanches, ornementées de bagues, aient serrées tant de cous, brisé des pommettes.
Gino tu n’appartiendras jamais à ce pays.
Ici tu es une arme importée, tu fais du profit.
Déshumanisé jusqu’à l’outil.
Une dernière révérence, au milieu du ring. Un sourire angélique. Les cheveux collés au front.
Fermeture de rideau.