ça fait deux bonnes heures déjà qu'il ponce les murs. il a commencé tôt, à même pas six heures, parce que la chaleur se fait étouffante ces derniers jours et qu'il a beau être un mec manuel et être habitué à encaisser il a pas non plus signé pour se buter sous le cagnard comme un forcené. puis malik il a toujours vu ses grands-parents se lever avant l'aube, pour s'occuper des champs et du bétail. c'est comme ça chez les gens modestes, on travaille de ses propres mains mais on est seuls maîtres de sa condition physique. c'est mieux le matin, c'est mieux pour jafa aussi, il peut continuer de roupiller dans le jardin à l'ombre, au frais. malik il a laissé les fenêtres ouvertes pour sentir la brise du matin carresser sa peau luisante. c'est agréable, c'est ça qu'il aime bien dans son boulot, il doit pas vraiment se prendre la tête. il se concentre sur ce qu'il fait et il le fait au mieux, même mieux qu'au mieux, parce qu'il est un peu obsessionnel du taf bien fait. là aussi, c'est l'enseignement des anciens. il a grandi comme ça, en voyant les vieux labourer la terre, et il préférait largement aller aider baba que d'aller apprendre les mathématiques. le seul truc qui lui plaisait dans le fait d'aller à l'école c'était justement y aller. il sautait sur son vélo et il pédalait comme un fou, en descente sur la colline, puis il se laissait simplement aller à la vitesse. parfois il s'est bien rétamé et il se faisait engueuler en arrivant en cours avec ses guiboles tordues et son pantalon tâché de sang. mais y'avait rien de mieux pour lui donner un semblant d'intérêt envers les cours. souvent, il restait une heure, ou deux, puis il s'enfuyait. il allait pédaler dans les autres villages et à force on avait cramé que malik il était plutôt itinérant. on lui demandait de livrer des médicaments à une tante là-haut perdue dans les hauteurs, contre un peu de monnaie. au final rien n'a changé, il continue de rendre service aux autres et d'être payé pour ça. ça lui plait et il le rend plutôt bien. il décide d'aller prendre une pause, parce qu'il a fini la première paroi et qu'il considère que l'un des premiers objectifs de sa journée est remplis. il attrape ses cigarettes et sa casquette et il file au jardin, un peu dadais avec sa taille d'asperge et ses cheveux ébouriffés. il se glisse dehors, essaye de pas faire de bruit parce qu'il est arrivé quand les duncan dormaient encore (leone a convenu de lui laisser la clef dans un endroit secret, pour qu'il puisse faire sa vie de retapeur de maison) et il se pose à côté de jafa qui est plutôt content de voir malik. il a ses petites oreilles qui se redressent et sa langue pendante qui laisse présager une envie de jouer. malik allume sa clope et pose son bras sur la crinière du lion qu'il secoue affectueusement. il lui lance deux trois petites phrases en bosniaque et se redresse quand il voit leone arriver. j'espère que je vous ai pas réveillée, il tapote le dos de jafa qui finit par se calmer et se rallonger tandis que lui reporte à nouveau la cigarette à ses lèvres en laissant la maîtresse des lieux s'installer.
Accueil
Sujet: anthurie (leone)