(j. w.) i've been running with the wolves

( la tête tournée vers les étoiles )
✩ le rock d'elvis berce l'enfance ; le père trop loin, le fusil à la main, les récits, lorsqu'il rentre, si rarement, des hommes qui chutent, des tirs qui fusent. la haine de la guerre, déjà petit, enfant turbulent malmenant ses camarades, mis à l'écart, parce qu'il effraie, parce qu'il torture par plaisir. les histoires paternelles peut-être un poil trop sanglantes, trop violentes, elles entraînent un comportement agressif, l'absence de géniteur et de véritables amis.

✩ le blues de janis, les notes psychédéliques, les pleurs de la mère dans la cuisine, la lettre qu'on reçoit, le père qui aurait disparu à la guerre. quelques formes qui concluent sa dernière missive, une ultime déclaration, la révocation de leur amour. il est mort, et étrangement, la maternelle regrette plus leur relation que son défunt mari. une période apaisée, étrangement douce, mélancolie, s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, et regarder dehors, comme le soleil se couche. s'imaginer ailleurs, une autre vie, loin des lumières trop fortes de las vegas et des bruits de la foule. loin, aussi, de la famille, parce que rien ne va plus.

✩ la pop de michael, les années folles, le début de la passion pour la muscu, seule passion qui demeurera éternellement, le corps si bien dessiné, les filles dans la rue qui regardent comme un jouet, les garçons qu'on regarde, cette adversité dans les regards. ils plaisent déjà, les premiers émois sexuels sont masculins, plus tard il les révoquera, ignorera ses amours passées, pour renvoyer une meilleure image.

✩ le jazz de louis, les premières bagarres, la mère inquiète, les premières disputes entre eux. il fugue, revient par peur et par pitié ; leur lien, inéluctable, qui, lui, ne se révoque pas. les premières gueules cassées, les premières joues sur le trottoir ; la première prostituée, aussi, les ébats qui s'ensuivent, le plaisir moins présent, mais on se convainc que seules les filles nous font tourner la tête. le mensonge, forcément.

✩ le rap de clive, la nouvelle vie, le décès de la mère, de chagrin ou de maladie, on ne sait plus. les premières drogues, l'addiction qui subsiste, la cigarette, aussi, forcément. on se ruine pour en acheter, la maison est vendue, petite fortune personnelle qu'on veut conserver. le premier emploi, celui qui demeure aujourd'hui ; toujours la solitude, toujours la violence, toujours les vices, parce que les vices te construisent.

✩ enfin, l'indie de lana, les années à venir, le besoin de construire et de quitter la solitude. les plumes qui tentent d'écrire une histoire, qui tentent de l'achever, sans succès. que se passera-t-il ? qui effacera les vices ? qui, dont les baisers apaiseront la violence sourde ?