FERMETURE DU FORUM
Le Deal du moment : -24%
PC Portable Gaming 15.6″ Medion Erazer Deputy ...
Voir le deal
759.99 €

Partagez
 

 reed ) les nuits du papillon.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyMer 18 Juil - 6:10


LE CORPS EST UNE MACHINE FRAGILE ET FACILE A DÉRÉGLER QUAND ON EN CONNAIT LES ROUAGES.

Assise sur le banc froid de la garde à vue, mélangée à d'autres racailles que la nuit a éveillé dans son sillage, Sin reste droite et impassible sous son long manteau marron. Celui que portait sa mère et qu'elle avait gardé en souvenir sans jamais lui trouver la moindre utilité. Les cheveux bien lisses, l'allure soignée, ses doigts s'emmêlent les uns aux autres alors que les flics de garde tapent certainement un rapport sur elle. L'orpheline peinait à trouver le sommeil avant de se rendre jusqu'ici et de voir qu'il n'était pas là. Lui, le connard de cowboy qui avait trouvé bon de venir chez elle au milieu de la nuit la semaine passée et qu'elle avait chassé comme on se débarrasse d'une guêpe qui veut bouffer votre steak. Elle avait demandé son nom ce à quoi on lui avait répondu qu'il était en patrouille. La gamine n'avait pas attendu pour laisser tomber de ses épaules son manteau et se retrouver dans toute sa nudité au milieu du commissariat. Même si les types s'étaient rincés l'oeil, l'attraper violemment par le bras et la balancer en garde à vue avait dépassé leurs fantasmes de flics rondouillards à la vie aussi intéressante que celle d'un bulot. Tandis qu'un type dans une autre cellule hurle des insanités à son encontre, la gamine se renferme un peu plus dans son unique vêtement alors qu'elle ne rêve plus que d'une clope. Une femme ne cesse de la regarder depuis le début, comme si elle était folle et qu'elle méritait qu'on l'envoie en psychiatrie tandis que Sinéad s'enfonce dans sa bulle.

Créature fascinante, la haine qui découle des insultes du type bourré ne sont que l'essence même de son envie de la posséder. Elle en a entendu d'autre, se comporter de cette façon a son égard et ne s'en formalise plus. Des barreaux et des gardiens sont là pour la protéger, l'empêcher de se choper un autre coup de poing dans la gueule alors qu'enfin, son regard se redresse sur Taylor de l'autre côté de la cellule des gardes à vue. Lui pour l'ordre, elle pour le trouble. Sin met un moment avant de se redresser pour se rapprocher de lui en sachant qu'ici, aucun des deux n'aura le droit de toucher l'autre, de tenter quoi que ce soit qui puisse se passer en dessous de la ceinture. La dernière fois qu'elle s'était rendue dans un commissariat, ses parents venaient de se faire sauter la cafetière par son grand-frère ; elle se sentirait presque nostalgique. Sa main se pose sur un barreau, le serre délicatement, qu'importe les microbes qui doivent s'y trouver, le nombre d'horreur qu'il a certainement supporté avant elle. Vous avez le droit de considérer ça comme un premier rendez-vous monsieur Taylor. Accompagné d'un sourire provocant. On pourrait la croire saoule si l'éthylotest ne disait pas le contraire. Sin se sent simplement ivre de ses névroses, cela lui arrive parfois, se déclenche pour des détails qui mettent en danger ses instincts de survie. Taylor est l'un de ces dangers, un de ces séismes qui la retourne et se retire quand ce n'est pas elle qui le chasse. Sa main plonge dans la poche de son manteau où la carte avec son numéro qu'il lui avait refilé repose mollement. Elle aurait pu se contenter de l'appeler pour demander à le voir, simuler une connerie de détresse mais les abysses de son coeur lui interdisent chaque jour de se soumettre au rôle de la gamine en danger. Ici, tout le monde se doute du rapport charnel qu'entretiennent l'orpheline et le flic même si cela n'empêche pas l'autre saoul de gueuler comme un veau. Sin redresse le visage, les traits à nouveau figé mais le regard plein d'une intensité glacière.
Ce n'est pas grave s'il la laisse moisir là pour la nuit, elle sortira ses griffes autrement.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyMer 18 Juil - 11:23

Les nuits du papillon
@Sinéad Harris & Reed Taylor


- Bonne prise ? Pas de réponse, à peine un regard pour lui faire savoir que tu l'as entendu. Lorsque tu rentres d'intervention avec la gueule cassée, tout le monde sait qu'il ne faut pas te chercher. Malgré tout, les collègues s'en accommodent. Envoyer Taylor comme chef de meute sur les interventions difficiles c'est s'assurer qu'il n'y aura pas foule de suspects à interroger. Tu fais rarement de tire groupé, reviens toujours avec le bon numéro ; celui transféré aux urgences de la ville sans passer par la case garde à vue parce que toi seul sais faire parler ce genre de types qui n'hésitent pas à rendre coup pour coup ; en témoigne ton arcade violette et les quelques éclaboussures de sang sur ta chemise. Une entaille contre un nez et quelques doigts cassés, ça se vaut, c'est de bonne guerre. Tandis que tu t'avances en direction des bureaux - persuadé d'entendre le téléphone sonner d'ici quelques heures, lorsque le capitaine saura que ton suspect est à l’hôpital - un autre collègue cherche l'interaction. Cela se voit dans la façon dont il ouvre la bouche pour engager la conversation, ceux à quoi tu réponds en fermant la porte de ton bureau derrière toi, sans même te retourner. Il n'y a que la secrétaire qui semble avoir compris comment se faire entendre sans avoir à subir ta mauvaise humeur. A peine t'es-tu assis que l'interphone s'enclenche sur sa voix sèche et peu aimable : Inspecteur ? Une jeune femme a été placée en garde à vue, il y a une heure. Elle souhaite vous voir personnellement. Toujours pas de réponse tandis que tu t'emmêles dans le t-shirt que tu enfiles pour remplacer la chemise tâchée. Elle s'est exhibée nue dans le hall. La communication s'arrête. Sortant la tête du col, les cheveux en pagaille, tu observes le boîtier, l'air interdit, la gestuelle figée et le nombril à l'air. Qu'est-ce qui te surprend le plus ? Cette histoire de fille nue où le fait que la secrétaire se serve de ce détail pour attirer ton attention ? Après un an de service à Crescent Heights, il faut se rendre à l'évidence : ta réputation te précède partout où tu vas, même au sein de ton équipe.

Arrivé au zoo - le nom que tu donnes au couloir des gardes à vue - ton regard se pose sur ses traits que même la luminosité blafarde des néons ne parvient pas à rendre ternes. Elle s'est faite belle, ça se voit et ça te plait. Est-elle réellement nue sous son imper ? Tu n'as pas souhaité en parler avec le chargé du rapport. L'idée qu'il puisse en avoir eu la preuve durant ton absence te déplaît autant que celle qu'il soit en train de s'imaginer, depuis son poste de garde, qu'elle te murmure des mots d'amour à travers les barreaux. En réalité, ce qu'elle te dit te rend perplexe. Un premier rendez-vous ? Tu cilles, les tympans remplis des saloperies que crache son voisin de cellule. Tandis qu'elle garde le silence et te darde de son regard provoquant, tu fermes les yeux, inspires profondément par le nez et montres des signes évidents de ras le bol. Ta foudre s'apprête à tomber. Il te suffit de tendre vivement le bras pour attraper le col de la viande saoule. Sa face de cul s'encastre dans la grille, déborde contre les barreaux si bien que l'une de ses joues gardera la marque du métal incrustée, c'est une évidence. Tu t'approches suffisamment pour sentir son haleine rance et l'odeur de transpiration qu'il dégage. Maîtrisé de la sorte, il articule beaucoup moins bien ses insultes à l'encontre de Harris. Pas besoin de le menacer verbalement pour qu'il comprenne qu'il n'a plus qu'à fermer sa gueule s'il ne veut pas rejoindre son prédécesseur aux urgences. Le faire reculer pour mieux lui éclater la gueule contre la grille serait un jeu d'enfant, il s'en rend compte maintenant que tu le mets face au fait accompli. Lui et sa petite bite qui se rétracte en même temps qu'il murmure les excuses que tes yeux assassins lui exigent d'un regard noir. Lorsque tu lâches prise, ce chien s'éloigne en jappant, tout au fond de sa cage, là où il s'imagine être en sécurité.

Nouveau coup d’œil à Harris. Prise de recule sur la situation. Tu sais parfaitement ce qu'elle est en train de faire : elle te fait payer. Payer d'être venue la voir chez elle en venant te voir chez toi, au poste, là où tu passes la plupart de ton temps quand tu n'es pas sur ta moto, à la chasse où sur le terrain. D'une part tu pourrais le lui reprocher, d'une autre son culot t'impressionne. Si le prix à payer pour un nez cassé est une arcade fendue, alors que va-t-elle te demander pour cette baise sale de la fois dernière ? Te voilà curieux de le savoir tout en ne pouvant t'empêcher d'imaginer pire. Il se pourrait qu'elle se soit à nouveau faite frappée sans pour autant l'admettre clairement ; qu'elle prenne des chemins détournés pour te coller la preuve sous le nez sans réellement te demander ton aide. Tu commences à connaître ses talents de dissimulatrice ; celle fille est une sorcière, le genre qui allume une bougie à sa fenêtre pour attirer les papillons de nuit tout en se délectant de les voir s'y brûler les ailes.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, de chercher à connaître les raisons de sa venue ici et sa version de l'histoire, tu sors une clope et l'allumes en dépit des écriteaux interdisant aux détenus de fumer. Ton corps reste à proximité du sien, séparé par les barreaux que tu pourrais faire coulisser d'un seul tour de clé dans la serrure. Fallait le dire si tu voulais que j'utilise les menottes ... Ca lui aurait évité de venir se perdre dans ce poste de police mal famé. Salle d'interrogatoire où mon bureau ? Cynique, tu imites la désinvolture avec laquelle elle te laisse choisir d'ordinaire. Tu choisis où elle tombe la culotte, elle choisit où tu l'interrogeras.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyMer 18 Juil - 13:46


LE CORPS EST UNE MACHINE FRAGILE ET FACILE A DÉRÉGLER QUAND ON EN CONNAIT LES ROUAGES.

Elle analyse chacune de ses blessures, que ce soit son arcade, son nez, sa gueule énervée qui montre qu'il n'a pas envie de jouer avec elle. Qu'importe, elle ne voulait pas de lui le soir où il a débarqué. Sinéad garde sa main contre le barreau, plante son regard sur son corps qui s'en prend à l'autre boeuf qui gueule comme s'il était en rut. Elle le fixe en silence, incapable de dire si la scène la subjugue ou lui fait de la peine. Ce type est bourré, plus maître de lui-même mais pour le peu qu'elle s'en préoccupe, en réalité. Elle se demande juste si son frère subit parfois le même sort à la prison, s'il est assez dissipé pour pousser les gardiens à bout et se recevoir des coups de matraque qu'elle lui donnerait bien elle-même. Ses talons claquent sur le sol alors qu'elle recule d'un pas. Un manteau et une paire de chaussure, rien de plus pour l'embellir, la rendre plus attrayante qu'une de ces stars de magazine sans âme et botoxée jusqu'à l'os. Ses mains dans ses poches, Sin observe son allure, ne lui adresse pas le moindre sourire parce que tout deux savent pourquoi elle est là. La gamine lui rend la monnaie de sa pièce, incruste sa présence entre les murs de son royaume pour qu'il l'imagine nue dans ses couloirs, pleine d'une provocation qui la définit depuis toujours. Elle est à des années lumières de cette petite fille que ses parents admiraient par sa douceur et son intelligence. L'intelligence, d'ailleurs, bien sûr qu'elle la possède toujours mais n'a plus aucune raison d'être irréprochable. Son oncle lui a montré qu'être grossier et con comme un manche à balais empêche les autres de t'écraser. Enfin, l'orpheline lâche les barreaux, plante ses pupilles sur son visage amoché avec le besoin presque viscéral de le sentir contre sa poitrine. Elle se contient pourtant, laisse une pluie d'acide tomber sur sa libido mise à mal.

Bureau. Elle connaît la froideur des salles d'interrogatoires ; une table au milieu de quatre murs pour tenter de la faire parler. Combien de fois est-ce qu'on lui a fait répéter les mêmes choses, combien de fois est-ce qu'on a abusé de sa jeunesse pour lui faire dire n'importe quoi, tourner l'affaire contre son frère, le diaboliser. Sa gueule d'ange de l'époque est celle qui avait envoyé l'assassin des Harris en taule, qui l'avait pointé du doigt parce qu'elle l'avait vu quitter sa chambre avec une arme et qu'elle avait tout juste eu le temps de quitter la sienne que les premières balles brisaient déjà l'air en deux. Elle avait cru tomber sourde et ses mains potelées contre ses oreilles ne servaient à rien, le bruit était aussi violent. Sin avait passé des jours à leur demander de répéter des questions, reformuler parce qu'elle entendait un grésillement incessant contre ses tympans. Le même qui la gêne parfois depuis ce jour et qui la réveille au milieu de la nuit. Ce soir, elle ne laissera pas ses cauchemars la réveiller en sueur, se tortiller dans ses draps puisqu'elle ne fermera pas l'oeil de la nuit. Demain la bibliothèque ouvrira l'après-midi uniquement parce qu'il lui faudra au moins la matinée pour espérer récupérer, digérer ce moment qu'elle est en train de vivre dans ce commissariat poisseux. Reed et ses allures de flic ne l'impressionnent pas alors qu'il la libère enfin de sa cage. La gamine sort de ses poches ses mains pour montrer qu'elle ne tentera rien, qu'elle avait seulement besoin de le voir, de l'humilier en se rendant nue ici tout en prononçant son prénom. S'ils ne l'avaient pas enfermé sur le champs, elle leur aurait raconté comment elle se met à genoux devant lui, comment il la baise et la prend par derrière. Elle aurait même simulé ses gémissements comme une actrice qu'elle sait être lorsque ça l'arrange. Taylor ne restera pas impuni de l'avoir prise pour une conne ce soir là, d'être encore marqué sur sa tapisserie dégueulasse.

Son pas emboîte le sien alors que l'animosité de la garde à vue se détache doucement d'elle, quitte sa peau lisse pour rester derrière les barreaux. Son regard se pose sur chaque détail, chaque visage qui l'observe sans rien dire. Tous savent. Certains étaient même là lorsqu'elle avait huit ans et qu'elle mettait une énième fois sur le tapis la vie de ses parents et de ses soeurs : de son corps d'enfant terrorisée, Sin est devenue une femme engrossée de vices et de culot sans la moindre frontière. Elle fixe un instant les néons avant d'atteindre le bureau de Reed et prendre place sur une chaise. La gamine ne prononce pas un mot, se contente de le fixer sans essayer de l'allumer ou d'obtenir le moindre contact de lui. Je peux fumer ? Sinéad lui demande sans savoir si elle préférerait l'entendre lui offrir ce privilège ou bien la rembarrer. Tout est un test qu'elle lui fait passer pour vérifier s'il est blindé ou si une part de lui s'est effritée pour le ramener dans son appartement l'autre soir. Et s'il l'avait pris si violemment pour essayer de lui faire passer un message ? S'il s'était allongé dans son lit non pas pour lui faire la morale mais pour espérer la voir s'endormir à ses côtés ? Elle brûle de questions qui fragilisent son impassibilité chronique. Sinéad redouble d'énergie pour ne rien laisser paraître, prête à répondre à son interrogatoire en sachant que cette fois, ce n'est pas qu'une affaire personnelle entre eux.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyMer 18 Juil - 16:24

Les nuits du papillon
@Sinéad Harris & Reed Taylor


Bruit de serrure, grincement de porte : Harris est libre de te suivre jusque dans ton bureau. Sur le chemin, tu te dis qu'elle a bien calculé son coup en se foutant à poil devant tes collègues. Tous t'ont déjà vu nu dans les vestiaires et n'ont désormais plus aucune difficulté à imaginer la superposition de son corps de nymphette sur le tien. La chaleur des regards que l'on vous décoche du coin de l’œil te hérisse le poil. Tu sens les soupçons se transformer en certitudes au fil des pas qui vous éloignent du zoo. Personne ici ne prendra le risque de te donner un prétexte à envoyer un coup de tête supplémentaire, mais tous s'imaginent certainement que tout ceci n'est qu'une mise en scène - un code, au même titre que l'histoire du bouquin - afin de se retrouver seul dans une pièce fermée. On te sait l'audace de te permettre tout ce que tu veux, alors pourquoi ne pas s'imaginer que sa présence en ces lieux n'est rien d'autre qu'une énième insubordination de ta part ? De là à ce que le capitaine te rappelle de ne pas baiser les suspects ... Tu soupires et t'effaces pour la laisser passer. Le problème avec cette fille c'est qu'elle est tout à la fois. D'une part il y a la victime : cette enfant que tu suspectes de jouer à des jeux qui finiront par la dépasser ; d'autre part il y a la femme : coupable d'habiter tes fantasmes en plus de s'en vanter publiquement, avec ses allures de pute de luxe qui vient se faire tringler au nez et à la barbe des autorités, par l'un de leurs représentant, qui plus est. Sait-elle seulement que tu pourrais perdre ton job si la hiérarchie en arrivait à cette conclusion ? Certainement que oui. Certainement qu'elle cherche à te confronter à la réalité, elle aussi ...

Qu'importe. Lorsque tu refermes la porte sur son passage, c'est autant pour la faire se sentir prise au piège que pour envoyer chier tes collègues qui s'attendent à ce que tu la laisses ouverte, ne serait-ce que pour prouver à tous qu'il n'y a pas de sexe derrière les stores fermés de ton bureau. Tandis qu'elle prend place, tu lui tournes le dos et fouilles dans tes dossiers. Bien que le mur devant lequel se tient ton bureau ne soit remplit que d'étagères d'affaires classées où en cours depuis ton arrivée en ville, un dossier poussiéreux extrait des archives traîne toujours dans un coin. Ce même dossier que tu balances nonchalamment sur la table en sachant pertinemment que son regard tombera dessus. Là, sur la couverture: le nom de sa famille écris au marqueur. Le dossier qui fâche, celui à cause duquel tous le monde ici semble la connaître mieux que toi. Des illusions, bien entendu, car personne ne peut se vanter de connaître quelqu'un à travers ce que la presse raconte sur lui - tu en sais quelque chose - mais assez fermement ancrées dans l'histoire de la ville pour faire qu'on connaissait sans nom avant même que tu ne découvres son existence. Je peux fumer ? Pour toute réponse, tu poses devant elle ton cendrier à moitié rempli de mégots.

Prenant place à ton tour, tu plies et déplies tes doigts pour leur redonner de la mobilité. Ce n'est pas la première fois que tu frappes trop fort. Avec l'expérience et les années de service, ce genre de douleur te passe par dessus le coude, ne fait qu'altérer ta précision au moment d'ouvrir le dossier et de relever la tête vers elle. La voir dans ton décor à quelque chose de perturbant. Il n'y a jamais eu dans ce bureau que des photos de cadavres, de suspects, d'avis de recherches et d'autres informations utiles à tes enquêtes. Des pêle-mêles se superposant au fil des affaires et décourageant la femme de ménage qui ne se contente plus depuis longtemps que de laver le sol et vider la poubelle. La seule source de lumière provient d'une lampe sur pied allumée à ton entrée. L'ampoule fanée et poussiéreuse habille la pièce d'une couleur sépia digne d'un polar. Sans t'en rendre compte, tu as les mêmes manies que ton père, les mêmes façons de t'immerger dans l'univers des l'investigations à l'ancienne pour devenir aussi efficace que lui. Pourtant, jamais Dane Taylor n'aurait plonger le regard dans le décolleté d'une autre femme que la sienne comme tu le fais à cet instant, devinant le galbe de ses seins derrière le tissu. T'as traversé la ville dans cette tenue ? Parce qu'avant même de penser à son cul, tu penses à ceux qui auraient pu ne pas se contenter que d'y penser en la voyant passer entre deux ruelles. Quel idée d'habiter seule à Nigh Falls. Cette fille aime trop le danger pour vivre bien longtemps. Tu t'étonnes qu'elle ne soit pas un souvenir de plus à l'intérieur de ce dossier dans lequel tu feins de plonger le regard, histoire qu'elle sente le poids de son passé peser sur ses épaules et lui rappeler la gamine innocente qu'elle était avant de se mettre à regretter de ne pas être morte. Parce que c'est forcément ce qu'elle cherche, à se foutre de son intégrité physique comme s'il n'y avait rien de bon à garder d'elle. Il faut croire qu'elle ne se voit qu'avec ses yeux. Les tiens n'ont pas la même analyse du cas Harris. Mais tout le monde se fout de ce que pense un connard que l'on se contente d'envoyer au front parce qu'on sait qu'il chasse mieux qu'il ne formule ses pensées.


Dernière édition par Reed Taylor le Jeu 19 Juil - 7:45, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyMer 18 Juil - 17:22


LE CORPS EST UNE MACHINE FRAGILE ET FACILE A DÉRÉGLER QUAND ON EN CONNAIT LES ROUAGES.

La porte se ferme derrière eux pour laisser planer le doute. C'est bien parce que tout le monde les soupçonne de finir à poil sur son bureau que Sin ne le fera pas. Ils n'ont rien compris les autres, ceux qui l'ont enfermé. Sa vulgarité était gage de bonne conduite. Elle est venue en paix dans ces locaux, vidée de ses rancoeurs passées et de leur travail qui l'avait épuisée lorsqu'elle était môme. Se mettre nue devant eux c'était leur montrer qu'elle n'était pas là pour déconner. Elle agit si simplement qu'elle en devient une énigme. Lorsque le cendrier se pose devant elle, la gamine en sort une clope à moitié écrasée de sa poche, volée à sa colocataire de garde à vue alors qu'elle s'endormait mollement à côté d'elle. Ses doigts si agiles se sont insinués dans son sac pour lui voler le paquet. Elle aurait pu le garder si elle n'avait pas envie que son vol passe inaperçu. Elle sort son briquet, le fait craquer plusieurs fois d'étincelles vides avant qu'il n'embrase enfin sa clope pitoyable. La coupable tire une longue latte alors que son regard dégringole sur le numéro que Reed est en train de lui offrir. C'est aussi pour cela qu'elle s'est décidée pour le bureau : pas de vitre teintée où les observer, pas de caméra qui les vise pour leur faire comprendre que le moindre faux pas sera gardé pendant des années avant d'être archivé. Elle n'aime pas que les preuves soient gardées contre elle au cas où elle décide de merder réellement un jour. Après sa mort, Sinéad détesterait que sa liaison avec l'agent Taylor soit mise au grand jour alors qu'elle leur appartient, qu'elle est de leur propriété privée. Même les types autour d'eux ne peuvent que fantasmer sans être certain de savoir s'ils couchent réellement ou non. Ils n'ont laissé derrière eux aucune preuve tangible, seulement des suspicions acides.

T'as traversé la ville dans cette tenue ? Elle acquiesce d'un simple signe de tête en guise de réponse. Oui, elle était sur ces trottoirs à traîner sa carcasse mollement pour atteindre le commissariat. Oui elle en a croisé des regards carnassiers qui n'auraient fait qu'une bouchée d'elle. Parce que dans cette tenue laissant transparaître trop peu de peau mais faisant deviner sa nudité, Sin n'est qu'un morceau de viande. De la bidoche que même Reed s'autorise à regarder en plongeant ses yeux sur son décolleté. Si les hommes apprécient autant les garces dans son genre, c'est avant tout parce qu'elle leur permet d'être libres. Aux dernières nouvelles, Taylor n'est pas ce genre de types mariés mais peut-être l'a-t-il un jour été. Peut-être s'est-il retrouvé enfermé dans un mariage, enchaîné par une mante religieuse qui le poussait à la culpabilité et à la honte. Avec Sin, ils peuvent être qui ils veulent, agir sans avoir à connecter leur conscience, ils peuvent être aussi salauds qu'elle. La brune ne sape pas leur virilité, ne porte pas atteinte à leur confiance en eux, elle les autorise à l'infidélité, la fragilité et toutes les névroses possibles composant l'être humain. Mariés, ils n'ont aucune excuse. S'ils continuent sans cesse de la désirer, c'est avant tout pour la liberté. On ne peut pas tomber dans les filets de Sinéad tout simplement parce qu'elle n'en a pas, qu'ils brûlent dés l'instant où ils la quittent. Reed doit bien sentir que même plongé au coeur de ses pupilles, son corps est libre de ses mouvements et de ses intentions, aussi mauvaises soient-elles.

Aspirée par le dossier qu'il tient entre les mains, certainement espère-t-il d'elle de la colère, des pleurs, des confidences ou bien les trois. Elle tire encore une fois sur sa clope, s'oxygène à la nicotine alors qu'elle se penche pour tourner les pages et jusqu'à atteindre les photos de ses parents et de ses trois sœurs ; des tas de chair ensanglantés qui ne lui font plus rien après toutes ces années. Je ressemble à mon père, avec le sang-froid de ma mère. Puisqu'il faut en parler, autant passer par ce qu'on ne lui a jamais demandé. Le front troué de celle qui lui a donné la vie lui saute au visage alors qu'elle décroche la photo pour la ramener vers elle. Elle détaille son pyjama de soie, ses longs cheveux bruns, la beauté de ses traits même dans la mort avant de tapoter doucement sur sa clope pour laisser la cendre dans son récipient. Le détachement de son comportement n'est même plus une façade ; Sin a appris à vivre avec leur absence, le deuil mais surtout la violence de leur assassinat. Le torse troué de l'homme sur les photos lui rappelle plus un gros morceau d'emmental que le cadavre de son père. Elle ne ressent plus d'attache pour eux, seulement un lointain souvenir d'affection qui ne la tient plus en vie. Je suis certaine que toi aussi tu es le portrait craché de ton père. On l'est tous. Sauf ceux qui ne l'ont pas connu. Les pères effacent toutes les influences de la mère. Elle pourrait presque lire dans les yeux de Reed qui était son père, qui il est toujours s'il est encore en vie. Persuadée de son jugement, elle plante ses pupilles embrumés de la mort de ses parents dans les siennes, pas menaçante, pas provocante ; simplement mature pour une fois. Sinéad se souvient de la sévérité du sien, de son sourire solaire et garde de sa mère les bons repas qu'elle lui faisait et ces moments où elle lui brossait les cheveux. Les souvenirs de son paternel sont ceux qui restent ancrés dans sa tête. Peut-être est-ce pour cela qu'aujourd'hui elle est devenue l'opium des hommes, que leurs coups de reins sont son narcotique bon marché. Elle cherche à assoupir les seuls souvenirs nets qu'elle garde de son enfance : la sévérité de son père, l'emprise qu'il possédait sur son foyer sans avoir à les violenter.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyJeu 19 Juil - 10:18

Les nuits du papillon
@Sinéad Harris & Reed Taylor


Les pages qu'elle tourne pour en arriver aux photos des cadavres te glissent entre les doigts, ne laissant derrière elles qu'un peu de poussière et de sombres explications sur l'état psychologique du tireur au moment de presser la détente. Impassible, tu l'observes détailler la photo de sa mère tandis que le corps de son père attend son tour au milieu de la paperasse. Si tu refuses d'y attarder ton regard, c'est avant tout pour ne pas ouvrir la porte à des rapprochements qui n'ont pas lieu d'être. Qu'elle ait vu mourir ses proches n'a pas à t'attendrir où te faire t'identifier à elle. A vrai dire, le seul point commun qui existe entre ce dossier et toi est l'acte de parricide commis par son frère. T'imaginer à la place de ce dernier ne t'intéresse pas. Les affaires classées sont faites pour rester ce qu'elles sont : des dossiers prenant la poussière aux archives ; comme le dossier du meurtre de ton père dort depuis longtemps sous clé, à Chicago. Harris pense peut-être la même chose, au vue du détachement qu'elle affiche en contemplant sa vie de famille immortalisée dans un bain de sang.

Ce n'est que lorsqu'elle exprime ses certitudes que tu réagis. Subtilement, comme toujours, en t'allumant une énième cigarette qui ne réussira pas à te détendre. La ressemblance avec ton géniteur reste un sujet tabou sur lequel personne ne s'attarde. A l'école de police, nombreux étaient les instructeurs troublés par la ressemblance physique avant de déchanter en réalisant que Taylor Junior n'avait pas le même sens moral que son géniteur. Aucun d'eux n'a jamais su que leur héros battait son fils. Ton père sautait tout ce qui bouge ? Rhétorique. L'étonnement de ton timbre est aussi mesuré que distant. Implicitement, tu lui fais savoir que ses déductions merdiques n'auront pas raison de ton silence à propos du daron. Ce dernier est un fantôme depuis longtemps rejeté, perdu entre les souvenirs de lui avant et après le décès de ta mère. A dix ans, voir s'écrouler le mythe crée des barrières émotionnelles si épaisses qu'elles deviennent des murs imperméables. Ne reste plus de son passage dans ta vie que les cicatrices présentent sur ton corps et cette colère que tu traînes dans ton sillage, sans pour autant en vouloir à la Terre entière d'avoir fait de toi ce que tu es. D'ailleurs qui es-tu et qui est-elle, c'est bien ça la question qui se dessine derrière la tournure que prend l'échange. Direct, tu n'y vas pas par quatre chemins et mets les choses au clair : Qu'est-ce que tu veux, Harris ? Maintenant qu'elle a eu ce qu'elle voulait en se pavanant dans sur tes plates-bandes, elle te déstabilise à rester plantée là, neutre et ouverte comme lors de ce premier verre au bar que tu finis par regretter de lui avoir proposé. Parler de tout et de rien en étant ivre était un bon moment. S'aventurer sur le terrain familial alors que tu es sobre avec la gueule cassée : mauvaise idée. Je m'excuserai pas d'être passé chez toi, si c'est ce que tu cherches.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyJeu 19 Juil - 15:04


LE CORPS EST UNE MACHINE FRAGILE ET FACILE A DÉRÉGLER QUAND ON EN CONNAIT LES ROUAGES.

Le sujet de la famille est une flèche qu'elle lui envoie dans le coeur sans une once de pitié. Lui n'en a pas eu en balançant un dossier qui ne le regarde pas sur ce bureau. En y réfléchissant bien, Sin ne sait même pas à quoi sert la manoeuvre alors, lorsque Reed a le culot de lui demander ce qu'elle lui veut, elle ressent une colère taper contre ses tempes tandis qu'elle se concentre sur sa clope pour ne pas s'énerver. S'énerver c'est ne pas s'en foutre, s'énerver c'est se laisser avoir par ses sentiments comme une pauvre merde. La pauvre merde, c'est ce type enfermé dans sa cellule à gueuler, la pauvre merde, c'est cette femme saoule qui ne remarque pas qu'on lui vole sa clope. Sinéad a tout contrôlé dans les moindres détails, elle savait qu'elle irait là, n'a pas relâché une seconde sa garde. Parce que tu crois que je saute tout ce qui bouge ? Pas offensée, il y a une part de vérité suivant le point de vue pourtant elle sélectionne, non pas pour leur physique mais ce qu'ils dégagent. Plus ils sont désespérés, plus cela leur donne envie de les gober. Plus ils sont seuls, plus elle les sent à même de les combler jusque dans les derniers centimètres de sa solitude. Son regard se plante dans le sien, elle se doute qu'il attend d'elle une réponse qui n'en termine jamais. Ici, la gamine ne lui dira rien. Là-bas non plus peut-être mais elle veut essayer, de donner une continuité à leur premier verre. Elle s'en fout d'être à poil sous son manteau, de l'énerver, de le faire regretter de la sauter ; Sin trouvera les bons arguments pour lui donner envie de revenir.

Des excuses ? Ne te rabaisse pas à ça. Elle inspire, les battements de son coeur sont aussi tranquille que la fumée qu'elle crache de ses poumons trop sales pour son jeune âge. Depuis ses treize ans,la gamine fume. Avant, elle le faisait à l'occasion, juste pour la frime, quand les plus grands acceptaient de lui en refiler une mais maintenant elle est devenue accro comme celui qui lui fait face. Un point commun qui les relira toujours l'un à l'autre. La clope, ça peut changer les destins, rapprocher les gens, certains que d'autres qu'eux ont construit une base solide en partant d'une cigarette échangée. Je veux simplement que tu me dises à quelle heure tu termines. Si tu me libères je t'attendrai devant, pas de vague, pas d'exhibitionnisme. Elle est si sérieuse que rien dans son attitude ne lui ressemble. La gamine relâche enfin la photo qu'elle tient entre ses doigts pour la remettre à sa place. Ce n'est pas une lecture que je te conseille. Pour la première fois, elle ose un autre humour que celui qui touche au sexe et referme calmement le dossier pour le faire décrocher de ces horreurs qui n'appartiennent qu'au passé. La seule preuve existante de cette tuerie est son frère, le reste, elle s'en souvient par fragments. Son cerveau a fait en sorte d'enlever certains détails, de l'immuniser à ce qu'une enfant ne pouvait pas supporter à l'époque.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyJeu 19 Juil - 17:53

Les nuits du papillon
@Sinéad Harris & Reed Taylor


Qu'est-ce qui te trahit ? La façon dont tu tires sur ta clope ? Celle dont tes sourcils se froncent plus qu'à l'accoutumée ? Il faut bien qu'elle devine quelque part que tu as besoin de te détendre pour venir te tenter avec son questionnement sur ta fin de service. Ton regard fait la navette entre le sien et ta montre, preuve évidente que tu envisages la possibilité de lui donner ce qu'elle veut. Après ce début de conversation houleuse, tu pourrais refuser, par principe, ne serait-ce que pour lui passer l'envie de parler de ton enfance, mais quelque chose t'en empêche. Frustration de la bagarre ? Page de cette soirée merdique qui ne demande qu'à être tournée ? Envie de relâcher la pression ? Ce n'est jamais bien clair dans ton esprit lorsque tu acceptes de laisser quelqu'un entrer dans ton monde. Parce que - oui - se donner rendez-vous après le travail, c'est déjà pénétrer ton univers. Celui dans lequel le flingue reste présent, mais où l'insigne disparaît.

Lorsqu'elle referme le dossier, tu acceptes de ranger les crocs et fourres le tout dans un tiroir au fond duquel s'entassent notes de services et autres avertissements que ta hiérarchie préfère t'envoyer par courrier plutôt que de se risquer à t'engueuler de vive voix. De sous le bureau, tu sors un casque de secours que tu lui tends, conscient qu'il sera un peu grand pour elle mais qu'il fera l'affaire pour le peu de route que vous aurez à parcourir. Je suis garé derrière. Tu appuies du regard pour lui signifier qu'il ne s'agit pas d'une blague salace. Minuit. Sans plus attendre, tu te lèves et la raccompagnes jusqu'à la porte, écartant l'un des stores du bout des doigts pour constater que plusieurs paires d'yeux sont rivées dans votre direction. Foutu pour foutu, tu passes une main dans ses cheveux trop bien coiffés et les ébouriffes comme les tiens, toujours en pétard d'avoir subit le changement de t-shirt. Qu'elle aille faire bander tout le service en leur passant sous le nez, de toute façon l'affaire est irrattrapable, alors autant s'en amuser ...

00h01

Tu sors du commissariat par l'entrée de service, l'arcade stripée et le nez débarrassé du sang séché. Il y a bien longtemps que tu ne te déplaces plus aux urgences pour ce genre de bobologie. Casque sous le bras, tu refermes ta veste tout en avançant en direction de Harris, fidèle au poste. Sans un mot, tu enfourches la bécane et marques une pause, prêt à refermer ta visière. Un peu d'adrénaline ? Tes tentatives d'humour ne valent pas mieux que les siennes mais tu sais qu'elle ne t'en tiendra pas rigueur. Dans un bruit de moteur qui déchire la nuit, tu fais patiner la roue avant de mettre les gazes en direction du port. Les pointes de vitesse sur les lignes droites allègent ton esprit au profit d'un plaisir propre à l'intrépidité. Dans ton dos, tu peux sentir à travers les épaisses couches de tissus les seins de Harris se coller à toi. La nuit est chaude, comme c'est le cas depuis quelques semaines quand l'orage ne gronde pas pour faire tomber la pluie. Le trajet ne dure pas plus de dix minutes, tu coupes le moteur à hauteur de la cabane de location de bateaux. Le responsable de l'affaire est un ancien client de la maison, rencontré dans des circonstances louches dont le souvenir n'a eu aucun mal à lui imposer le deal : te refiler les clés d'un bateau de plaisance en échange de ton silence. La fin justifiant les moyens, il fallait bien que tu te trouves une piaule après avoir été viré de chez toi par un proprio réfractaire aux coups de tête.

Spoiler:

Avançant jusqu'à l’embarcadère, tu te tournes vers Harris, les clés de la cabine à la main, désignant d'un signe de tête votre destination finale. Une embarcation de carte postale dont la coque orangée brille à la lumière des lampadaires éclairant la promenade. Deux mois qu'elle est amarrée, laissée au port par un homme d'affaires qui ne revient à Crescent Heights que deux fois l'an, pour des vacances en solitaire.


Dernière édition par Reed Taylor le Ven 20 Juil - 8:44, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyVen 20 Juil - 4:46


LE CORPS EST UNE MACHINE FRAGILE ET FACILE A DÉRÉGLER QUAND ON EN CONNAIT LES ROUAGES.

Elle écrase sa clope en silence, se redresse, acquiesce d'un signe de tête pour lui prouver qu'elle ne la lui fera pas à l'envers, qu'elle attendra simplement qu'il daigne la rejoindre. La gamine se saisit du casque et se dirige vers la porte en restant au même niveau que Reed. Ses mains dans ses cheveux, elle se retient de lui adresser un regard enflammé dont elle sait si bien abuser et se concentre simplement sur les couloirs qu'elle traverse en occultant toutes traces de vie humaine autour d'elle. Seule la sortie l'intéresse, lui fait presser le pas. Le bruit de ses talons claquent sur le carrelage dans une démarche féline qui la rend plus élégante que vulgaire. Sin sait se mettre des barrières, enfiler des masques plus doux lorsqu'elle le désire. Une fois dehors, elle prend d'abord soin à passer une main dans ses cheveux pour les recoiffer et leur rendre leur allure lisse. Ce n'est qu'une fois seule que les images de ses parents lui reviennent en tête, se superposent avec les quelques photos d'eux chez elle. Le regard de sa mère vide et mort la hante tandis qu'elle cherche la bécane de Reed et profite du calme du parking. Des types rentrent et sortent par moment, quittent le commissariat, y reviennent, toute une ébullition de flics sacrifiant leur nuit pour remettre les choses en ordre dans une ville qui se casse la gueule de jour en jour. Sinéad en viendrait presque à les plaindre tandis qu'elle cherche dans sa poche une énième clope qu'elle n'a évidemment pas. Son besoin de fumer prend le pas sur celui de respirer. Peut-être le stress post garde à vue qui lui saute à la gorge sans qu'elle ne le contrôle. Le ciel noir la couvre de sa douceur nocturne tandis que son corps transpire sous l'épaisse couche de son long manteau.

minuit une

Son regard se tourne sur la silhouette de Reed en approche. Elle n'attend pas d'une conversation avec lui pour enfiler son casque et prendre place dans son dos. Son démarrage la convainc de s'accrocher à lui fermement de ses bras fins contre sa taille. Sur les routes, le vent s'engouffrant dans ses vêtements, rafraîchissant son corps humide lui donnerait presque froid si le large dos de Taylor ne la protégeait du vent. Apaisée, Sinéad ne pourrait dire combien de temps dure exactement le trajet lorsque le moteur cesse et que ses pieds retrouvent la terre ferme. Ses talons dans le chemin de terre la fait froncer les sourcils alors qu'elle se penche pour les enlever et les tenir du bout de ses doigts fins. Les laissant pendre mollement, Sin le suit sans broncher, observant les alentours, curieuse malgré elle face au bateau qui les attend. Son regard englobe l'embarcation qui dort mollement sur une eau tranquille. C'est donc ici que tu te caches. D'une voix plus calme que d'habitude, dénuée de son cynisme naturel. Son coup de tête mémorable a fait le tour de la ville. De vieilles dames étaient venues jusqu'à sa bibliothèque lui en parler, faisant alors part de leurs craintes concernant le flic Taylor. Certainement étaient-elles au courant que lui et Harris couchent ensemble et espéraient que leurs paroles soient répétées. Une tombe, la gamine avait tout gardé pour elle.

Agile, lorsqu'elle atterrit sur le bateau, la sensation du sol qui tangue sous ses pieds la calme immédiatement. Elle a la sensation d'être bercée par les bras d'une mère invisible, attentionnée et délicate qui ne lui demande rien, qui n'attend d'elle que sa présence. Avant d'entrer dans la cabine, elle pose à l'entrée ses chaussures avant de prendre place sur la banquette qui semble lui servir de lit. Inconfortable lorsqu'on la compare à son lit à elle. Assise, bien droite, Sinéad garde son manteau malgré la chaleur pour lui montrer qu'elle n'est pas là uniquement pour l'allumer. Maintenant qu'ils sont à égalité, elle accepte de parler, de mettre des mots sur ce qu'elle pense de sa sécurité. Non pas qu'elle cherche de la pitié, Sin s'ouvre seulement au dialogue, chose rare qu'elle n'est même plus certaine de savoir faire. Tu sais que mon frère reçoit des lettres d'admiratrices ? Elle lâche un soupir, dédaigneuse rien qu'à penser à toutes ces gamines désespérées cherchant l'amour auprès des criminels en manque de cul. Si seulement l'une d'entre elles pouvait passer le cap des écrits, ça m'éviterait de dépenser autant de fric pour lui. L'orpheline pose sa main sur sa nuque, la masse délicatement avant de plonger sa main dans sa poche et d'en sortir un papier plié en quatre. J'ai reçu ça hier, je ne pense pas que je devrais m'en inquiéter mais je préfère avoir ton avis. Elle ne s'en fait pas, juste assez pour lui en parler à lui mais ne pas l'ébruiter dans les couloir du commissariat. Une lettre écrite de la main d'une de ses gamines, envoyée à Sinéad avec quelques menaces la concernant. Gosse possessive qui ne comprend pas que l'orpheline n'est que sa soeur et non une potentielle amourette pour son frère. A ses ratures et son écriture tremblante, il n'est pas difficile de comprendre que l'envoyeur a une tendance à l'anxiété et la colère. Bizarrement, les mots inscrits sur le papier lui rappellent ceux de son frère lorsque son journal intime avait été révélé au grand jour. Silencieuse, Sin cherche le regard de Reed ; rien en elle ne trahit l'inquiétude qui l'empêche de dormir depuis deux nuits.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. EmptyVen 20 Juil - 9:25

Les nuits du papillon
@Sinéad Harris & Reed Taylor


Ce que l'on remarque en premier, la nuit, sur le port, c'est le calme et la sérénité des lieux. Les rayons de la lune rebondissent à la surface de l'eau et les bruits de la forêt raisonnent au lointain. S'il arrive que des jeunes ou des amants s'y donnent rendez-vous à la nuit tombée, il est rare qu'ils poussent leur exploration jusqu'au bout de la promenade ; là où les bateaux tanguent mollement, attendant qu'on les réveille pour faire le tour du lac. Le choix du lieu n'est pas un hasard. Après avoir perdu ton sang froid face au proprio, il te fallait un endroit où tu n'aurais plus à faire face à ce genre de trou du cul capricieux, pas foutu d'accepter le chien en échange du loyer scandaleusement élevé qu'il demandait pour ce deux pièces. Le chien, celui que tu laisses libre de ses mouvements, gamelles et croquettes à l'orée du bois, un collier nommé R. Taylor autour du cou pour être certain qu'il ne lui arrive rien. De toute façon, ce dernier mord tout ce qui n'est pas toi. Lui aussi a été à bonne école.

Lorsque tu entres dans la cabine à la suite de Harris, tu constates que le molosse manque à l'appel. Certainement qu'il s'en est allé chasser sans toi. Lui non plus n'attend pas d'avoir la permission, même s'il rapplique chaque fois que tu le siffles. Retirant ta veste, tu remarques que Sin ne t'imite pas et affiches un fin sourire qui se perd dans la contemplation du frigo. Prise à son propre jeu : il fait une chaleur à crever dans cet endroit ; le soleil a eu le temps de taper dans les fenêtres toute la journée et la fraîcheur de la nuit n'arrivera à rendre l'atmosphère plus respirable que d'ici une heure ou deux. En attendant, tu sors deux canettes de soda bien fraîches et en lance une à ton invitée avant de la rejoindre sur la banquette. Aussi réservé que d'ordinaire, tu n'es pourtant plus si fermé que tout à l'heure, dans le bureau. Tes doigts se referment sur la lettre qu'elle te tend tandis que ton regard saute d'une ligne à l'autre, analysant les mots, relevant les menaces et retenant le caractère anonyme du courrier. C'est la première fois ? Question posée tandis que ta mémoire fouille dans ses souvenirs à la recherche de cas similaires où de suspects ayant déjà été interpellés pour ce genre de harcèlement. A première vue rien de bien sérieux, mais tu envisages tout de même secrètement de rendre visite à son frère  pour retrouver l'identité de cette admiratrice. Souvent, un remontage de bretelles suffit a effrayer les corbeaux de ce genre. Surtout lorsqu'ils sont jeunes et facilement impressionnables.

Soudain, le besoin de savoir, l'incompréhension qui refait surface et te pousse à poser des questions auxquelles tu essayes pourtant de te persuader que tu ne veux pas de réponses : Pourquoi tu t'occupes de lui ? Tu aurais pu choisir de passer par l'affirmative en soulignant le fait que même en taule, ce type continue de faire roder la mort autour d'elle, mais tu ne le fais pas. Les leçons de morale, tu les as suffisamment en horreur pour ne pas les imposer à d'autres. Seul ton regard noir plongé dans le sien laisse deviner que, s'il avait été ton frère, tu l'aurais buté comme tu as buté Dane. Les connards, ça ne mérite rien de plus.


Dernière édition par Reed Taylor le Ven 20 Juil - 19:02, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



reed ) les nuits du papillon. Empty
MessageSujet: Re: reed ) les nuits du papillon.   reed ) les nuits du papillon. Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
reed ) les nuits du papillon.
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 3Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
sous les étoiles. :: ÉCLIPSE :: Anciens rps-
Sauter vers: