le monde est petit. (mila)

L’esprit qui fulmine, macule la pièce de ses smogs épais mais toujours invisibles à l’oeil. C’est les rouages encastrés dans son crâne confiné qui grincent d’une mélodie douloureuse tant elle est lancinante. Tempes qui palpitent au même tempo qui grignote sa lucidité trop prononcée. La vision n’est absolument pas obstruée, pas de voile d’univers parallèle pour enjoliver les couleurs mornes. Pas le moindre éclat de doré pour gonfler le coeur qui ponctionne une banalité morbide. Et avec lui, les premiers souffles d’un ennui courroucé où les phalanges s’activent autour du vent, cherchent à agripper n’importe quoi pour y glisser un quelconque intérêt. Mais rien. Elle se sent comme un félin somptueux à la superbe écorchée par sa captivité, obligé de tracer des ronds dans sa cage inlassablement en espérant y perdre des bouts de son esprit. Effleurer de la pulpe des doigts une douce folie qui rendrait tout plus distrayant, un poil plus jovial et nettement moins creux. Même la gitane qui se consume tragiquement entre ses lippes n’apporte rien, si ce n’est un peu plus de chimères en volutes éparses dans l’appartement. Et un arrière goût goudronné qui nimbe les papilles. Dégueulasse. Juste un léger souffle de mort qui l’embrasse, pas assez prononcé pour remuer le palpitant. Tout juste utile sur une bouche aseptisée à l’acide prenant de l’amertume qui coule dans la salive. Sa cogitation qui replonge dans les eaux troubles d’une mémoire trop colorée de rouge et de noir est comme une horrible torture, pas du genre qui remue les lippes d’un plaisir indécent, mais celle qui niche une infinité d’intempéries dans la tête et desquelles on ne peut pas s’abriter. Finalement, elle décide de trouver celui qui pourrait raviver légèrement la flamme. Juste le temps d’une soirée, juste le temps de se cramer l’âme à des plaisirs chimiques et artificiels. Mais elle ne fera pas la différence, tant que le paysage qui lui obstrue la rétine peut se gondoler et prendre des aspects plus fantasmagoriques pour regonfler ce coeur à la dérive. Pas besoin de message de sa part, c’est le pacte silencieux qui le stipule, juste comme la dernière fois où elle l’avait vu. Peut-être la première fois même, mais y’a cette sensation grouillante qui remue la charpie dans ses entrailles, un déjà-vu prenant qu’elle n’arrive pas à dissiper. A défaut de pouvoir mettre un nom sur les contours comme déjà étudiés de son visage, elle chasse l’impression de le connaître et se focalise plutôt sur les trésors qu’il pourra lui glisser entre les doigts. Le lieu aussi, est le même. Là où les âmes éraflées comme la sienne viennent éclater en comète, et où la moisissure de la société comme eux peuvent sortir sciemment des égouts pour effleurer le baiser du soleil. A mesure que ses talons martèlent l’asphalte d’un cliquetis vorace, ce sont les silhouettes qui se découpent au loin, et particulièrement la sienne qui réduit les distances pour la retrouver à mi-chemin. Une fois de plus, les pupilles qui s’accrochent, affamées, aux contours de son visage. Pour chercher de dépecer les couches de chair et les modeler pour retrouver qui il est. C’est une évidence, elle a déjà été oralisée par lui la dernière fois, ils se connaissent. Et au fur et à mesure qu’elle tente de ressasser les dernières années de son existence, l’illumination la heurte de plein fouet. Presnel. Plus pour elle que pour lui, quoiqu’elle attende avec anticipation sa réaction qui viendrait apposer la réponse finale aux questions qui lui effritent le crâne. C’est pour ça que j’te reconnaissais pas. Un ça vague qu’elle montre du bout de ses doigts lui montrant l’ensemble de la scène, les autres derrière, lui, et sa question qui rassemble l’apothéose de l’énorme scission entre ce dont elle se souvient et ce qui s’étale sur son champ de vision maintenant. T’as décidé de pimenter ta vie en te mélangeant au petit peuple? C’est quoi, un élan de modestie mal placée? Le sourcil s’arque pour ponctuer sa question, tandis qu’elle ferme les lèvres pour étouffer le flot violent d’autres interrogations qui y bouillonne à présent qu’elle a fait le lien.