destiny or something weird with mercury. (BLKVL)

( la tête tournée vers les étoiles )
Vaudou, hoodoo, doudou. T'as grandis dans les blues de la Nouvelle-Orléans, les pieds dans le Mississippi, à salir tes orteils dans les bayou. Vas nu pieds, petite gitane traînant sa couverture noire étoilée d'or et sa poupée vaudou partout, suivant maman aux cérémonies et imitant chaque gestes de ta seule figure parentale. T'as longtemps cru que tu étais née du ciel, parce que quand t'avais demandé à Maman où était papa, c'est là qu'elle t'avais pointé. Maman avait dû faire l'amour avec le ciel, sous le nez jaloux de la lune, entre loup et chien, à la fin de la nuit et le début du jour. Là où le ciel deviens marin quand ses mélanges les milliers de nuances de bleu. Ce qui expliquait ta peau moins nuit que celle de maman. T'as compris plus tard que papa était mort, parce que ce qui arrive aux sorcières, parce que c'est ce qui arrive quand on joue avec la chance et le destin. Toi, t'as jamais eut peur de la mort, parce que tu savais que ce n'était pas pour maintenant. Trop de choses à faire, trop de trucs à offrir, trop de gens à guérir.

T'as grandis trop vite, sans savoir, sans comprendre comment fonctionnait la vie. Cruelle adolescence où ton corps se formait sans que tu ne l'acceptes ou le demandes. Tes amis mecs qui tiraient sur tes seins pour t'embêter, réalisant bien que tu n'étais plus l'une des leurs. T'adoptais le t-shirt trop grands et les casquettes pour rester dans les potes malgré tes cheveux longs. Cachant ce corps de femme qui était bien joli chez d'autres, mais pas sur toi. Oh mais sur les autres. T'as justement grandis dans un monde des femmes fortes qui changeaient le monde, qui étaient fières de leurs corps, leurs sexualité, leurs magies. Et toi, du fond de ton adolescence, tu n'assumais pas. Tu les regardaient danser, les jolies filles, rigolant avec les garçons, buvant de la bière avec eux, participant aux blagues, même si certaines t’irisaient le poil, parce que, même s'ils oubliaient, toi aussi, t'étais une fille et t'étais pas une pute. Donc, non, TOUTES les filles n'étaient pas des putes et surtout pas parce qu'elles dansaient comme si personne ne regardaient. Et toi aussi t'aurais eu envie de te trémousser et faire danser les belles, mais c'était pas ''cool''. C'était cool de mater et de fumer sur le côté. Sauf que c'est ce soir là que t'as arrêtée d'être cool. Quand une fille plus vieille est venue te chercher pour t'arracher à la bande et t’emmener danser. Danser comme les filles ne dansent pas ensemble. T'étais mal, tu savais pas où foutre tes mains, mais ses hanches étaient tellement belles, quand elles bougeaient, ses yeux qui t'ensorcelaient, c'était pas normal et toi, tu voulais juste ça, être normale. Pas ce soir, ma belle. Vous aviez dansé, rigolé et t'avais vite oublié les garçons, ses cons, vous êtes vites allées vous perdre sur le bord d'une rive. Tout allait bien, vous étiez bourrées, elle était belle, tout allait bien, jusqu'à ce que tu l'embrasses. Jusqu'à ce qu'elle te repousses, qu'elle te confirme que c'était pas normal, qu'elle parte et que tu perde ta première amie. Le lendemain y'avait ''Dyke'' de tagué sur ton casier et t'avais plus d'amis. Heureusement, y'avais les weirdos, les artistes, qui t'ont ouverts les bras. Une belle chipie qui t'as ouvert son coeur dans le plus grand des secrets.

Oui, oui. Parce que les lesbianisme c'est mal. Parce que maman arrêtait pas de te demander quand tu ramènerais un mec. Et t'en as eu marre, tu lui as dit que t'allais en ramener un. Sauf que t'avais oublié d'y ajouté le ''e''. T'as ramenée ta petite amie et ça été la furie. Maman était pas d'accord. T'étais jeune, t'étais perdue, t'avais pas trouvé le bon. Non, au contraire, tu avais trouvé LA bonne. C'est vrai que t'étais un peu jeune et un peu conne. Ta maman t'as demandé de chercher encore, un type bien, un type qui te plaisait et si à tes vingts ans t'avais pas trouver l'homme de ta vie, elle te laisserait être avec ta belle. C'était le début de la fin. Le début de la désobéissance, de la drogue, des conneries. Ça c'est soldé par votre fuite à toutes les deux, vers tes seize ans. T'as pas reparlé à ta mère, depuis ta fugue comme une voleuse. T'es même partie avec son jeu de tarot, sa dague, quelques photos, des livres, ton chat. Vous êtes allées à New-York. Et puis finalement, maman avait raison, c'était pas la bonne. Être amoureuse, c'était une chose, mais vivre ensemble, s'en était une autre. Le destin a eu raison de vous, elle est partie à Savannah et t'es restée à New-York, un temps. Sauf que t'as pas reparlé à maman quand même. Parce qu'elle comprend pas, que c'est ton orientation à toi, que t'es pas mélangée. Tu t'es battue tellement fort pour tout ça, que depuis que t'as rencontré un garçon qui te plaisait, tu refuses. Tu l'as poussé loin hors de ta vie, mais t'as peur que ça recommence. Peur que maman ait raison, que tu sois juste mélangée. Incomprise, surtout. La trop grande ville à fini par t'étourdir, alors t'es partie encore, pieds nus, comme une gitane, petite valise remplie de tout et chat noir sur l'épaule. T'es atterris à Crescent Heights, ça t'as plu. T'es tombée amoureuse d'une petite maison, de plusieurs gamines. T'as décidé d'y rester. Ici, loin, où personne ne te connaît trop. Pas encore, ça viendra bien assez vite. À force de laisser ta porte ouverte à tous, à force de récupérer des chats errants, chez-toi, des reclus de la société, des gens malades. Faudrait juste arrêter de tomber amoureuse des bêtes malades. Parce qu'après elles meurent ou foutent leur camp et ça fait mal.