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 mouth-open into the ocean (nikos)

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Gemma de Salm
- mante religieuse -
Gemma de Salm

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MessageSujet: mouth-open into the ocean (nikos)   mouth-open into the ocean (nikos) EmptyJeu 2 Aoû - 12:37

i've gotten so good
about not flinching at the sound of your name
that people don't know i'd still throw myself
mouth-open into the ocean
for the chance to drown somewhere you might see it.


Sa main s'abat à plat contre la vitrine, la profusion d'anneaux cliquetant contre le verre. Sa nouvelle bague, argent serti d'un large quartz rose, entaille la chair. Ça laisse une trace embuée contre la fenêtre, cinq doigts élancés ou cinq appels à l'aide, vite effacés par les gouttes charnues qui s'abattent sur la façade. Elles criblaient son haut émeraude de constellations nouvelles, quelques minutes auparavant, mais d'être resté trop longtemps sous la violente averse, il est devenu uniformément plus foncé. Gemma ferme le poing et martèle la porte d'un staccato sec qui se veut, dans l'idéal, urgent mais pas alarmant. L'idée, c'est de ne pas totalement effrayer la silhouette derrière le comptoir - pitié, que ça ne soit pas Lui, surtout pas Lui, sauf qu'il y a une craquelure, mince mais distincte, dans le ventre de Gemma qui émet la prière inverse. Qui est prête à endurer tous les supplices postérieurs pour Le voir. Qui admet que la perspective de se rendre à Night Falls, à deux blocs du Lion, n'était pas 100% désespérante. Le problème, c'est qu'elle avait son point final parfait. D'autant plus satisfaisant qu'il était furieux. Leurs quatre vérités dans un appartement grésillant, une porte claquée métaphorique à défaut d'avoir été littérale. C'était net, précis, définitif et, pour cette bonne raison, indubitablement la chose la plus humaine qu'ils avaient jamais fait l'un pour l'autre. Il a fallu que son mauvais karma s'en mêle, jette son dévolu sur son foutu cœur brisé et décide de réduire les morceaux déjà minables en miettes. Elle n'a pas d'autres explications pour leur tête-à-tête surréaliste dans le boudoir du Château Régent, et la tendresse amère des derniers mots de Nikos. Depuis - putain de Lui - elle ne dort pas, ou peu. Elle passe ses nuits la tête dans les astres. Se découvre mille et un hobbies pour combattre l'assaut vicieux des regrets nocturnes, comme les bains de minuit, les romans d'Angela Carter ou la gemmologie - "ton nom t'y prédestinait" a souri Juana en voyant les publications entassées sur la table du salon. Jusqu'il y a peu, Gemma compensait ses insomnies par des siestes papillonnantes sur le fauteuil en skaï de la chambre d'hôpital d'Edna, avant que les Lacroix, qui continuent à la voir comme un nuisible, la fassent mettre sur liste noire. Elle était supposée aller mieux, depuis le temps. Se réinventer, tête haute et épaules légères. Gemma 2.0., le deadweight en moins. Sauf que c'est l'inverse, et son coeur est plus lourd qu'il ne l'a jamais été. La planète entière s'est décrochée hors de son axe, et tout le monde se tient droit alors qu'elle, elle est en chute libre. Elle tombe, elle tombe, et tout ce qu'elle peut faire, c'est espérer avoir la grâce d'une goutte lorsqu'elle percutera le sol.

Il est la raison pour laquelle elle est restée trop longtemps sous la tempête, attendant son taxi qui, de toute évidence, n'arrivera plus. Il est la raison pour laquelle elle a préféré tenter sa chance sous les cieux rageurs plutôt que se résoudre à demander l'asile au pub. Cependant, si elle a le courage de remonter suffisamment loin en arrière, il est également la raison pour laquelle elle a accepté de faire une livraison pour la boutique alors que ce n'est pas dans la description de son job. Elle se ment à elle-même, se répète qu'une nouvelle employée ne peut pas se permettre les refus, mais la vérité est platement qu'elle a reconnu l'adresse. Peut-être que son trou dans l'estomac serait comblé en apercevant la Chevrolet, la façade, une bribe de souvenir appartenant à une vie antérieure, n'importe quoi, comme on s'inocule un poison en petite dose pour s'immuniser. Un dimanche midi, techniquement, elle ne risquait rien. Ni le hasard, ni la tentation, car le pub serait fermé. C'était la théorie. La réalité, c'est son taxi absent, les cieux déchainés et une silhouette à travers la vitrine - pitié pas lui, ou alors rien que lui, lui il y a un an, lui avant qu'elle ne ferme ses griffes autour de sa gorge et les étouffent tous les deux. Elle frappe à nouveau contre la vitre. Toujours aucune réponse. Elle cherche la silhouette à travers la fenêtre embuée, à travers les persiennes, mais l'a perdue de vue. Tout ce qu'elle trouve, c'est son propre reflet. Des gouttes épaisses dansent sur ses cils comme des funambules, hybrides entre larmes et perles et cette vision l'atteint comme un courant électrique. What the fuck are you doing here? Gemma se décolle précipitamment de la porte et fait marche arrière sur le trottoir, puis la rue déserte, avant de se retourner, cherchant des yeux un abri de fortune qui est - elle le sait pour l'avoir cherché frénétiquement cinq minutes auparavant - inexistant. Tant pis, si elle continue dix blocs vers l'est, elle finira bien par arriver quelque part, ailleurs que Night-Falls-la-Morte ou son purgatoire personnel. Elle est à mi-chemin vers le trottoir d'en face lorsqu'elle entend la symphonie caractéristique de la serrure qui s'ouvre dans son dos. Dépitée, ses épaules tombent. Elle fait volte-face doucement, au milieu de la rue, et rencontre sans surprise le regard de Nikos à une dizaine de mètres. C'est son foutu karma, après tout. "I didn't -" mais c'est un soupir, et au milieu du fracas de l'averse moite, il ne parvient pas même à ses propres oreilles. Elle reprend, plus fort pour se faire entendre au dessus de la pluie, "I didn't know where else to go." Depuis que le Sinners a brûlé, son seul point de chute des quartiers gris est devenu le Lion. Avant. C'est logique, factuel, froid, mais peut-être qu'il y a tellement plus derrière cet aveu. Peut-être qu'il fait écho aux mots de Nikos qui se rejouent sans interruption, lovés contre ses tympans : you always felt like home. C'est pour ça qu'elle n'avance pas vers la porte, vers lui ; à la place, elle reste plantée sous le déluge. Parce qu'il ne faut rien de moins que des torrents pour laver sa peau de la couche de manque qui l'englue sur place. "Why did you have to say that?" La question vague, floue, pressante, s'échappe de son propre chef et, par conséquent, Gemma ignore si elle a été énoncée assez fort pour qu'il l'entende. Si ce n'est pas le cas, c'est sans doute pour le mieux. Il ne saura pas à quoi elle fait référence et elle ne veut pas expliquer. Tout plutôt qu'avouer que ça la ronge, qu'il l'a atteinte en pleine poitrine, qu'elle est incapable de fermer l’œil depuis le vestiaire et sa confession dos tourné, qu'elle ne fait que penser à ça, qu'elle s'est mis à la gemmologie pour l'amour du ciel, et entasse les encyclopédies en papier glacé pour espérer trouver Morphée. Elle a fini par les connaitre par cœur et, bonne élève, sait en réciter les vertus les yeux fermés. Turquoise pour l'argent. Tourmaline pour l'inspiration. Améthyste pour la sagesse. Saphir pour le bonheur. Et quartz rose pour recoller un cœur brisé.
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Nikos Avergopulos
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MessageSujet: Re: mouth-open into the ocean (nikos)   mouth-open into the ocean (nikos) EmptySam 4 Aoû - 0:31

La pluie qui s'abat sur la vitrine du Lion est diluvienne, presque apocalyptique. Dans le bar, c'est le silence total à l'exception de Robert Francis qui pleure un amour perdu dans les enceintes et du froissement des billets de banque. Les dollars s'empilent sur le comptoir avant de finir dans des sachets plastiques. Le livre des comptes à plat devant lui, la tête entre les mains, pour la énième fois de sa vie Nikos tente d'envisager une porte de sortie. Malgré la disparition du Sinner dans les flammes et de très bons mois de chiffre d'affaire, la dette est abyssale. Nikos a le sentiment d'être pris dans une tornade de merdes qui ne s'arrêtera jamais. Dans sa tête s'entrechoquent les mots trempés dans le venin de Mila, la peau nue de Gemma. Le tout saupoudré de remords-regrets. Après des mois à fuir le Lion, à tout déléguer à Deva, il s'est finalement forcé à se replonger dans le travail. Il a besoin de moins penser mais surtout de reprendre sa vie en main. Depuis deux semaines il assiste à des réunions des AA et si jusqu'ici il a refusé de parler à chaque fois, il entend. Il écoute. Et il a fini par comprendre que la pente sur laquelle il s'était aventuré ne l'amènerait que plus profondément dans les limbes infernales de ses ennuis. Ceci dit, le Jack trône toujours sur le comptoir. Un peu moins fièrement que d'habitude. Mais il a fait un effort, un verre est posé à côté. Un petit pas pour l'humanité, un grand pour Nikos. Il avait passé son temps depuis ses 16 ans à noyer tous les sentiments possibles dans des litres de whisky, dans des tonnes de weed. Il s'était anesthésié jusqu'au point de ne plus rien ressentir. Ni empathie, ni haine, ni colère, ni envie. Il avait fait de lui une coquille vide, pensant naïvement que s'il n'autorisait aucun sentiment alors il gagnerait la paix d'esprit. Au fil des années, il était parvenu à tromper la douleur infinie que lui avait causé successivement la mort de son mère, la violence de son père et l'ignorance de Mila.  Tout avait été enfermé précieusement dans une boite de Pandore, jusqu'à ce qu'il réalise que Gemma de Salm avait la clé. Tous deux l'ignoraient et pourtant, l'effet avait été immédiat. Elle avait débarqué un soir au Lion et avait massacré d'un battement de cil tous les efforts qu'il avait fourni pour ériger une rempart entre lui et les sentiments humains. Elle avait d'abord éveillé sa soif de luxure, lui donnant envie encore et encore de son corps, créant une addiction sournoise qu'il avait passablement nié avant de ne pouvoir qu'affirmer l'évidence. Puis il y avait eu plus. Cet autre soir, lorsqu'il s'était rendu pour la première fois chez elle, et qu'au milieu des draps de soie et des rideaux lourds de parure il avait compris que quelque chose avait changé. Puis li y avait eu tous les autres jours. Où malgré les disputes, les gueulantes, les mots qui blessent et les regards noirs il s'était mis à ne plus douter. Elle avait réveillé un million de sensation en lui et il n'était pas sûr qu'un jour il parviendrait à toutes les réduire au silence. Elle avait allumé en lui un feu insatiable, que même la pluie dévastatrice qui s'abattait dehors n'aurait pas pu cesser. 

Lorsqu'il entend le premier coup, il est en train de sortir de la réserve. Il croit à un client oublieux des horaires, ou au banc devant la vitrine qui a tapé un peu fort contre la devanture. Mais c'est le deuxième coup qui l'intrigue et la vision qui s'y superpose, il jurerait avoir reconnu sa main. Ses bagues. Non, impossible. Il jette un coup d'oeil suspect à la bouteille de Jack, comme si celle-ci pouvait être responsable de cette hallucination. Ca n'avait aucun sens. Que ferait-elle dans le coin ? Surtout avec le déluge qui faisait rage dehors. Il tente de se repencher à nouveau le livre des comptes lorsque soudainement il contourne à nouveau le comptoir. Il choppe les clés accrochées au mur et entreprend de déverrouiller la porte. Il met quelques secondes avant de voir sa silhouette se découper dans la pluie torrentielle mais il la reconnait immédiatement. Sa voix retentit jusqu'à lui et il sent son coeur se serrer. La dernière fois qu'il l'avait vu, le mur qu'il avait érigé pour se protéger elle s'était partiellement effondré. Aucun regret. Il lui avait dit la vérité vraie. Celle qui rongeait tous les contours de son coeur avec la minutie d'un vautour sur sa charogne, soucieux de ne rien oublier. La voir là, tandis que Mère Nature se déchaine autour d'elle lui fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Il l'aime. Il l'aime à en mourir. Il avait tenté de passer à autre chose, d'oublier cette passion dévorante qui fait courir des frissons le long de son échine mais il n'en est pas capable. Ce n'est pas possible. Un amour aussi fort ne peut se mourir qu'à la force de l'esprit. Elle lui demande pourquoi il a dit ça, et il hausse les épaules, le désespoir partout sur le visage. Il s'en veut, il ne sait pas de quoi. Peut-être de tout. Le regard fixé sur elle, il avance, la rejoint au milieu de la route. A mi-chemin. S'ils avaient pris le temps de faire ça plus souvent peut-être qu'ils n'en seraient pas là. Il s'arrête à un mètre d'elle, instantanément trempé. I am sorry that I lied. Il a besoin de crier pour que sa voix lui parvienne mais peu importe tant qu'elle l'entend. Il a du mal à la voir entre les trombes d'eau qui dégoulinent du sommet de son crâne jusqu'à ses Docs. I haven't moved on. I was just so angry that you left again. I still-- C'est le tonnerre qui l'interromps, point final à sa tirade infernale. Mais il continue, vaillant. Despite everything we put ouselves trough, I still feel the same about you.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: mouth-open into the ocean (nikos)   mouth-open into the ocean (nikos) EmptyDim 5 Aoû - 10:06

Parce que Gemma est qui elle est, et qu'elle accorde plus d'importance au climat qu'aux évidences, elle voit le tonnerre qui gronde comme un signe. Un foutu avertissement, son et lumières à l'appui, Zeus qui lui grogne dans la nuque de prendre ses jambes à son cou. Il n'y a pas de mystère si la tempête s'intensifie à la seconde où Nikos s'approche - ou c'est ce qu'elle pense déceler, mais les battements de cœur dans ses tempes et le martèlement de l'averse sur l'asphalte sont devenus indistincts. Il y a une métaphore là dedans, elle en est certaine. Au minimum, un condensé d'un an d'orage. Elle cherche l'abri et ils finissent tous les deux trempés. Gemma déglutit lorsqu'il approche, morte de peur sans savoir mettre le doigt sur ce qu'elle risque. Elle ignore ce qui la fait se sentir plus ridicule, entre le fait d'être venue frapper à sa porte ou qu'il soit noblement venu la rejoindre sous le déluge. Il y a quelque chose de purifiant dans cette pluie et, à la seconde où il s'approche suffisamment pour qu'elle parvienne à voir les contours de son visage, elle sait qu'il le sent aussi. Le visage de Nikos est dénué d'artifices, reflète la nudité brute du sien. Le dédain, la colère, toutes les couches de fausse distance peintes à même la peau disparaissent sous les trombes d'eau. Il est beau, sans. Elle avait oublié à quel point. Il y a trop de mots qu'ils ont criés, susurrés, tus. Il ne leur reste plus rien d'autre à dire que la vérité et, à l'expression de Nikos, il le sait autant qu'elle. Il s'excuse. Elle fronce les sourcils, incertaine du mensonge auquel il fait référence. Il y a tant d'excuses qu'elle voudrait entendre mais qu'il ignore devoir donner. Tant d'excuses qu'elle est encore incapable d'accepter. Elle en a marre de réécrire l'histoire sous des kilomètres de justifications chancelantes. Elle est épuisée. L'aveu de Nikos entaille l'épiderme, lacère ses flancs à l'aveuglette, se glisse dans l'interstice jusqu'à trouver son pouls. Instinctivement, elle fait un pas vers lui tandis que ses doigts s'élèvent à sa rencontre. C'est magnétique, élémentaire, et avorté aussitôt par la partie plus farouche de son intuition, qui l'oblige à esquisser un pas en arrière. Sa main retombe sèchement contre sa cuisse et même maintenant, alors que ça a cessé d'être important il y a des semaines de cela, lorsqu'ils ont tout réduit en poussière, peut-être définitivement, elle veut mettre les choses au clair. "I didn't leave. I was forced out. I had nowhere else to go and you weren't answering." Son accusation aurait peut-être eu du poids si seulement elle n'arrivait pas deux mois trop tard. Il y a prescription sur son statut de martyr, son prétendu isolement, proclamation particulièrement risible maintenant qu'il y a Juana, Louise, la villa de bord de mer, le nouveau job trouvé en un claquement de doigts, tout ce qui crie que, du haut de ses privilèges, elle n'a aucune idée de ce à quoi la solitude ressemble vraiment. Elle n'a peut-être aucune légitimité dans sa souffrance. Tant pis, qu'ils la croient ingrate, qu'ils l'imaginent hypocrite. Elle a appris à ne donner de crédit qu'à sa propre opinion et elle, elle connait la profondeur de la chute. Le manoir arraché sous ses pieds, verrouillé derrière elle, rempli de memorabilia de Cece, de ses mères, de lui, l'essence de son univers parallèle qu'elle n'est toujours pas parvenue à récupérer. Les tonalités au bout de la ligne qui finissent par se matérialiser en la personne de Deva lui indiquant que votre correspondant est indisponible pour le moment. La douleur était réelle, continue à l'être, parce qu'elle n'avait plus que lui. Car il lui avait promis d'être là. Il l'avait regardée dans les yeux un nombre incalculable de fois et lui avait juré qu'elle pouvait lui faire confiance. "Truth is, you talk a lot of shit about sticking together but you shut me out when I needed you and, even worse, you shut me out when you needed me." C'est libérateur. Prononcé sans hargne mais avec intensité, au dessus du chahut des gouttes, par simple désir de rétablir les faits. "So no, you don't feel the same about me. Because the people we were don't even exist anymore." Les mots s'écrasent lourdement entre eux, les éclaboussent. Elle s'aventure à un léger sourire qui sonne faux, qui n'atteint pas ses yeux, quelque chose pour lui faire comprendre que dans le grand schéma des choses, ce n'est pas si grave. Elle survivra. Ils ont changé parce que c'était la seule option, dictée par Darwin, survival of the fittest. Ils ont muté pour résister à l'incendie autour d'eux, garder le feu à distance de bras, et elle lui pardonne si, dans la manœuvre, son armure à lui l'a prise pour une flamme. Un moteur vrombit paresseusement à l'angle de la rue, s'avançant lentement vers eux. Dans sa trajectoire pour évacuer la rue, Gemma attrape machinalement le poignet de Nikos. Elle ne le lâche qu'une fois arrivés à la porte du Lion. Elle reste sur le seuil, le regard rivé vers la vitrine, essore sa queue de cheval trempée au dessus du paillasson, se refuse à faire un pas de plus que nécessaire à l'intérieur du pub, car ça n'a jamais été qu'un pas avec eux, jamais, depuis le départ, c'est donner une phalange et prendre le bras. Elle jette un coup d'oeil par dessus don épaule, ouvre brièvement les lèvres, veut lui dire qu'elle ne réclame qu'une minute au sec avant de mettre les voiles. Avec un peu de chance, définitivement. Qu'elle prétendra oublier ce qu'il vient de lui dire comme lui l'a fait lorsqu'elle est rentrée de Washington, ou une occurrence de plus dans leur longue tradition de dicter à l'autre ce qu'il a le droit de ressentir. Elle veut lui dire de retourner à ses occupations, lui promettre qu'après la pluie, elle s'en ira. Sauf que le regard que Nikos pose sur elle la percute en pleine poitrine, et les mots sur le bout de sa langue dégringolent jusque dans sa gorge. Piquée à vif, elle se retourne aussitôt, face à la porte, scrutant la rue au travers. Un ordre qu'elle lui avait donné, furieuse, au bord d'un lac, à quelques pas d'un brasier. Don't make promises you can't keep.
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MessageSujet: Re: mouth-open into the ocean (nikos)   mouth-open into the ocean (nikos) EmptyMer 8 Aoû - 2:01

Le chaos qui règne fait pâle figure à côté de ce à quoi ils se sont réduits à coup de mots tranchants et de regards noirs. Là debout devant elle, trempé jusqu'aux os, ça lui parait facile de baisser les armes. Les trombes d'eaux qui s'abattent du ciel déchainé font office de mur pour ce confessionnal improvisé. Le salto-arrière dans le passé fait effet de tord-boyau mais il tient bon. C'est moins dur de laisser libre court à ses sentiments lorsqu'il ne distingue pas son visage. Il a peur de ce qu'il va y lire : de la haine, du mépris, de l'indifférence ? Inutile de préciser quelle option serait la pire. Malgré toute la colère qu'il avait stocké sous chaque centimètre de son épiderme pour permettre de survivre au manque, il ne supporterait pas que la flamme dans son regard soit éteinte pour toujours. Après la mort de sa mère, il avait pensé ne jamais pouvoir expérimenter pareille douleur. Il avait raison. Il existait pire. La mort d'un proche avait de ça de censée qu'elle était inaltérable pour le monde entier. Les allers-retours incessants des revenants aux longs cheveux roux et à la bouche carmin étaient bien plus vicieux pour le baromètre émotionnel. Un simple regard de sa part dans sa direction suffisait à remettre en question une vie de certitudes. Même chose pour ses mots. Lorsqu'ils viennent jusqu'à lui, Nikos se retrouve pétrifié. Forced out? Son cerveau met quelques secondes avant d'additionner. L'article dans le journal sur la maladie d'Edna, le manoir éteint, sa messagerie pleine. Ça tourne à 20 000 derrière ses deux iris ébènes. La fois où elle était venue au Lion. Il avait entendu la réclamer et il était resté lâchement caché dans la réserve. Parce qu'il était 10h30 du matin, qu'il était déjà ivre et qu'il ne voulait pas qu'elle le voit si bas. Que l'image du mec constant qu'il avait tenté de se construire auprès d'elle vole en éclat après avoir vu à quel point il était devenu l'ombre de lui-même. Il entend nettement le soupir lâché par Deva qui ne voulait pas avoir affaire de près ou de loin à la femme qu'elle pensait responsable de la chute de son patron. Et soudainement tout fait sens. Il était celui qui n'avait pas été là. Il était celui qui l'avait abandonné au moment précis où il avait en fait fallu tenir pour lui prouver ce dont il était capable. Tout ce qu'il avait tenté de lui rentrer dans le crâne avait été balayé en une demi-seconde par une rencontre ratée au Lion à cause de lui. Parce qu'il avait pris la décision impulsive d'en finir avec Fiedler, pensant que ça l'aiderait à faire son deuil alors qu'en réalité tout s'était superposé de la manière la plus morbide qui soit. Le laissant agonisant au milieu de ses fantômes et de ses remords. Stupéfait par sa propre connerie, Nikos a l'impression de s'être transformé en statut de marbre mythologique sous la pluie. Il est incapable de parler tandis que Gemma continue d'établir des vérités qui font enfin sens aujourd'hui à ses oreilles. C'est douloureux, inattendu et terriblement sujet aux regrets. Ce n'est pas un train qu'il a loupé mais une vie entière. Please don't say that-- I didn't.... I thought it would... I-- Une voiture vient l'interrompre et il est surpris par le contact de la main de Gemma autour de son poignet. Il se laisse escorter jusqu'à la porte du Lion. Et tandis qu'il la regarde essorer sa queue de cheval, il n'arrive toujours pas à process ce qu'il vient de réaliser. A quel point contre toute attente il était celui qui avait tout gâché. Il était celui qui avait dicté la chorégraphie infernale de leur union déchue. Sa présence est désormais insupportable, car à chaque fois qu'il pose son regard sur elle il voit un présent qu'il leur a volé. Il la voit tremper de la pita dans du tzaziki fait-maison en lisant distraitement le journal local, il voit ses robes accrochées à côté de son bomber et de sa veste en jean. Il la voit grimacer de dégoût lorsqu'il allume son troisième joint de la soirée. Il la voit derrière le comptoir du Lion en train de croquer des glaçons pendant qu'il tente de la convaincre de passer la soirée au drive-in. Il voit tout un échantillon de tableaux fabriqués par son cerveau tordu qui semble vouloir lui faire intégrer qu'il a gâché un avenir qui aurait pu être présent. Si seulement il n'avait pas été si égoïste, si buté. Si perdu. Sans un mot, il ouvre la porte du Lion. Ils échangent un regard et elle finit par rentrer. Il referme la porte derrière eux et voilà qu'ils sont tous deux au beau milieu du bar où tout a commencé. La pluie tambourine sur la porte, le tonnerre gronde aussi de leur tête et c'est le désespoir qui lui étouffe férocement la gorge. Il a tout gâché, c'est tout ce qu'il parvient à se répéter. Le silence le plus total, si ce n'est Robert Francis et l'apocalypse qui se joue en boucle dehors. That day you needed me... Was it the day when you came over and Deva told you that I was busy or something? I was... Il hésite, quelques secondes. Se passe une main dans ses cheveux trempés, se mord la lèvre sous le coup de la pression puis reprend. Résigné. I was so drunk and it was like 9am. I didn't want you to see me like this. I was a total mess. I was scared that if you would see me like this you'd loose respect for me... So it was easier to pretend I wasn't here. It was that day, was it... Il le sait maintenant. Il en est persuadé. Please don't say it doesn't matter anymore. You know it does. It matters to me. A présent si elle le souhaite, elle peut tout à fait lui asséner le coup final. Celui qu'il mérite, celui qu'il a provoqué le jour où il a menti. De retour dans la spirale d'une culpabilité infinie, il a définitivement l'impression de se sentir chez lui. Là où les regrets flirtent avec les promesses brisées.
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MessageSujet: Re: mouth-open into the ocean (nikos)   mouth-open into the ocean (nikos) EmptyJeu 9 Aoû - 10:02

Ils ont beau lui apparaître flous puisqu'elle détourne précipitamment le regard pour s'empêcher de les voir, les traits de Nikos se lisent comme un foutu livre ouvert. Gemma voit la réalisation comme une estampe au fer rouge sur son front. Elle s'attendait davantage à des justifications qu'à de la surprise. S'il veut jouer les ingénus, il n'a aucune prise légitime. Elle n'a pas filé à l'anglaise, n'a pas disparu comme une voleuse dans la nuit ; au contraire, elle a laissé des traces partout dans son sillon, sentier composé de miettes qui le dirigerait droit vers elle. Sa demande d'asile avortée au Lion avait été précédée de quelques messages vocaux amers exposant la situation, entre fatalisme et raillerie. Même après s'être faite remballer par Cerbère, elle avait insisté, s'était acharnée à écouter les tonalités basculer sur l'annonce automatique de sa messagerie qui revêtait l'apparence d'une gifle. Elle semblait lui susurrer que non, elle n'aurait pas droit au réconfort de sa voix, pas même au bout d'un enregistrement grésillant. Ultime message, et non des moindres, sur le putain de tarmac, comme on allume un cierge en dernier recours. Elle ne comprend donc pas la surprise mais ne trouve pas la force de s'interroger, encore moins de monter au créneau et se planter face à lui, bras croisés, pour exiger qu'il lui dise à quoi il joue. A la place, elle baisse les yeux. Se morigène - elle aurait mieux fait de se taire. Il est trop tard pour ces questions, de toute façon. It doesn't matter, son mantra depuis qu'elle est rentrée, depuis que son je t'aime dégoulinant de bonnes intentions lui est revenu au visage. It doesn't matter, parce qu'il est trop tard maintenant, et les confessions n'ont d'autre utilité que de faire sauter les sutures appliquées méticuleusement au dessus des entailles. It doesn't fucking matter car elle fait dans le business de l'avenir, une obsession autant qu'un fond de commerce, le menton rivé droit devant sans un regard en arrière. Si son enfance impétueuse lui a appris une leçon, c'est bien no use crying over spilled milk. Les sentiments auxquels Nikos a fait référence, supposément intacts, appartiennent à une période révolue. Par instinct, ou peut-être par lâcheté, Gemma a recouvert les siens de tous les débris qui lui passaient sous la main. Une dévotion enfouie si profondément que, d'un jour à l'autre, elle aura du putain de pétrole dans la cage thoracique. Nikos n'ayant apparemment jamais reçu le mémo du what's done is done, il excave l'enseveli. Ressasse ce qu'ils ont été de pire avec abandon. Gemma, opiniâtre, reste tournée vers la fenêtre, déterminée à camper sur ses positions, à lui dire que - "please don't say it doesn't matter anymore." Ça a la violence d'un électrochoc et le goût doux-amer d'un dernier baiser. Le script se déchire dans un soupir. Ok, sa défense ne tient pas la route. Le simple fait qu'elle soit ici le prouve. Elle n'a pas balayé derrière elle aussi scrupuleusement qu'elle le croyait puisque ses traces l'ont quand même menée jusqu'à lui. Si ce foutu moment est une faiblesse, aussi soudain et impérieux que l'orage et, avec un peu de chance, destiné à s'éteindre avec lui, elle lui donnera ça. En échange d'un toit pendant la tempête. Quelques bribes de souvenirs à la place d'un it doesn't matter symbolique. "I could hear you in there, you know," d'un geste las du menton, elle désigne la réserve. "Fucking broke my heart." La question de Nikos restera sans réponse car elle crève les yeux, occupe tout l'espace entre eux. Bien sûr que c'était ce jour là, le vrai début de la fin ou peut-être que c'est tout ce qu'ils ont jamais fait, finir, l'entropie mise en marche à la seconde où elle a posé les yeux sur lui pour la première fois. La voix de Gemma résonne contre la vitre, lui est renvoyée en même temps que son reflet, tous les deux douloureusement vulnérables, alors elle se retourne. Adossée contre la porte, déterminée à prendre le moins de place que possible, à ne pas faire un pas de plus à l'intérieur que strictement nécessaire, prête à disparaître à travers l'interstice dès que l'averse se calmera. "I got kicked out of the manor a few hours after Edna was admitted to the hospital. You can hate me all you want for getting on a one-way plane, but what was I supposed to do? In a twelve-hour period I lost my job, my home, the woman who was the only family I had here, and you." Les mots sonnent comme une accusation, mais le ton est doux parce qu'il se force à l'être, parce qu'un décibel de plus serait un décibel de trop, la limite infranchissable entre cartes sur table et règlement de compte. Elle a conscience de l'égoïsme de ses mots, du privilège évident qui affleure dans le simple fait qu'elle ait un refuge vers lequel courir quand la houle devient trop puissante, qu'il lui suffise d'acheter un billet d'avion pour distancer la perte. Elle sait aussi qu'ils ont beau éviter le sujet, ce putain d'éléphant dans la pièce en permanence, il a perdu bien plus qu'elle. Malgré tout ce qu'elle essaye de se faire croire, ce sillon torturé entre les sourcils de Nikos lui retourne le cœur et tous ses sens œuvrent contre elle à vouloir l'apaiser, amputer l'espace entre eux pour y apposer la pulpe fraîche de ses doigts. En guise de barricade, elle glisse ses mains dans son dos, les immobilise entre le coton mouillé de son haut et le bois usé de la porte avant qu'elles ne puissent prendre des initiatives hasardeuses. "But that's ok." Because it doesn't matter anymore. "You were dealing with your own shit. Still are I suppose. Way worse than mine. I get it. I'm fine." Pause. Dans le silence, son nez s'allonge. Elle corrige le tir. "I will be fine. No one's at fault here. It just wasn't written in the stars." Elle hoche les épaules, faussement nonchalante, la joue "c'est la fucking vie", sans conviction ni talent particulier pour la comédie. Malgré tout, elle redresse subtilement le menton, plante ses yeux dans ceux de Nikos. Une façon personnelle d'insuffler de la conviction à ses mots, d'établir son autorité indiscutable en la matière. Fille de la lune, messagère des astres, elle a vu l'avenir et ils n'y sont pas. Simple comme adieu. C'est la meilleure des solutions, la seule qui est viable, loin des affrontements dont ils sont coutumiers. Sans rancune. Une fin propre, sans perdants, Orion comme seul responsable. Et si elle s'y accroche suffisamment, elle finira par croire à son propre mensonge. Keep pushing it, keep pushing that like until you make it true.
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Nikos Avergopulos
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MessageSujet: Re: mouth-open into the ocean (nikos)   mouth-open into the ocean (nikos) EmptyJeu 9 Aoû - 16:19

Il attend la sentence. Épaules semi-voutées et la résignation d'un condamné. Le pire était qu'il savait à quel point ça avait du être compliqué pour elle de venir jusqu'au Lion pour demander l'asile. Il se doutait d'à quel point ça avait du être fastidieux de pousser la porte du bar et marcher jusqu'à lui pour utiliser enfin le joker qu'il avait laissé à sa disposition depuis le début. Pendant des mois il lui avait répété comme un disque rayé qu'il serait là pour elle, qu'elle pouvait se reposer sur lui, qu'il partirait pas, qu'il ne deviendrait pas un fantôme et pourtant le seul jour où elle avait eu réellement besoin de lui... C'était une porte close et sa voix étouffée qu'elle avait trouvé. Son coeur se serre et se renverse lorsqu'elle lui apprend qu'elle l'a entendu ce jour-là et que ça a lui a brisé le coeur. Soupir à fendre l'âme, il déglutit avec difficulté. C'était de sa faute. Personne d'autre que lui à blâmer cette fois. Il avait touché le fond et par peur de l'entrainer avec elle, il l'avait abandonné en chemin sans même s'en rendre compte. Et maintenant c'était trop tard, beaucoup trop tard. Il la contemple, alors qu'elle est appuyé contre la porte d'entrée du bar. Elle est à portée de main et pourtant si loin. Il lui suffirait d'un pas pour être de nouveau hors de sa vue. Une manière comme une autre d'éteindre la lumière. Encore. La suite de l'histoire qu'il ignorait vient naturellement. A mi-chemin de son récit il tourne la tête pour regarder le billard, il a besoin de détourner son attention. Sous peine de se déverser là tout de suite devant elle, tout ce magma de sentiment honteux et houleux qu'il retient à chaque fois qu'il est en sa présence. Il a envie de lui répondre qu'elle ne l'a jamais perdu mais ça serait mentir. Ils s'étaient définitivement perdus quelque part en chemin, même si cette fois-ci ce n'était pas lui qui s'était retourné. I know it's too late to be sorry but I truly am. C'est le moins qu'on puisse dire, putain d'euphémisme. Il aurait suffit qu'il mette sa fierté de côté ce jour-là pour la retenir. Oublier qu'elle l'avait vu dans un piteux état quelques jours auparavant et ouvrir la porte de la réserve. Au lieu de ça il était resté honteusement derrière la porte entrouverte, préférant missionner sa serveuse et que d'affronter le regard de la seule personne dont l'opinion comptait à présent. Mais le passé est le passé, elle met un point d'honneur à le souligner et ça lui retourne l'estomac à Nikos. Qu'elle fasse preuve d'autant de compréhension maintenant que c'est trop tard et qu'il semblerait qu'il n'y ait plus rien à faire d'autre que regretter, regretter et encore regretter. Il a pas la force de gueuler, de se battre et de protester. Il l'a plus. Il est rongé par un nouveau sentiment de culpabilité qui l'empêche de contrer chacun de ses mots, que ce soit par des faits ou des sentiments latents visibles à l'oeil nu. Pour la première fois depuis qu'ils se fréquentent il a la sensation d'en avoir assez fait. Et c'est là le drame. Ce sentiment dévastateur d'avoir tout foutu en l'air car il n'avait pas su reconnaitre le signe qui aurait tout changé. Mais les circonstances entourant ce jour ne pouvaient pas être oubliées. You know what? The worst part of all this is that I did what I did because I thought that, after that everything would work out. I thought that if I'd kill him, everything would be well-balanced again and you'd heal faster. Son regard vient se perdre dans le vide, un léger rire s'échappe de ses lèvres. Cynique à la mort. I was so naive. Il pensait que ça les délivrerait de l'emprise de la mort. Qu'en se substituant au karma, il leur offrirait de nouveau la paix de l'esprit. Il était bien loin de s'imaginer qu'en faisant couler le sang, il perdrait à nouveau ce qu'il avait de plus cher. Ça ne faisait définitivement pas parti du plan et pourtant c'est ce qui était arrivé. If only I could go back in time... S'étendre sur cette hypothèse était d'autant plus douloureux qu'il imaginait sans mal une réalité parallèle dans laquelle ils auraient fait leur deuil de manière lambda et dans laquelle ils parviendraient à vivre normalement. Mais surtout ensemble. I wouldn't do it. I wouldn't take the risk to loose you. But it's done and I guess I'll have to live with that from now on. Il est incapable de la regarder à présent, son regard vient se perdre sur le sol, non loin de l'endroit où il s'est fait poignardé et où une faible tâche se distingue toujours. Puis sur les fantômes de néon rose. C'était peut-être mieux quand ils étaient en colère l'un contre l'autre finalement. Ils avaient au moins de bonnes raisons de ne plus s'approcher à ce moment-là. C'était son moteur pendant des jours et des jours, c'était ce qui lui avait permis de tenir bon lorsqu'elle s'était pointé chez lui avec ces trois petits mots qu'il avait choisi d'ignorer, de piétiner pour ne pas avoir à affronter leur réciprocité. C'est beaucoup, c'est trop. C'est eux. Il se passe les mains sur le visage, soupire à nouveau puis déclare. I can't go on with my life without you in it. I just... I just can't. That just the way it is. Il aurait aimé que le contraire soit possible mais tout jusqu'ici a prouvé qu'il avait besoin d'elle dans sa vie. Il ne pouvait pas évoluer dans un univers dans lequel elle ne ferait pas partie. Ils étaient voués à se croiser toute leur vie jusqu'à ce qu'éventuellement l'un des deux décide de s'envoler pour des horizons ou l'autre ne serait pas. Ça ne pouvait pas être lui. I can't believe I'm gonna say this but-- I think we should be friends. Since we can't be anything else without fucking up the whole universe. Let's give it a shot. They say sometimes it only takes a good compromise. Et une bonne dose de connerie saupoudrée d'une peur incontrôlée de la perdre à tout jamais. Là comme ça, il se dit que c'est plus facile puisqu'après tout, les résignations qui nous sont les plus difficiles doivent souvent passer par une petite négociation histoire de donner le change à notre impuissance.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: mouth-open into the ocean (nikos)   mouth-open into the ocean (nikos) EmptyVen 10 Aoû - 4:11

Le mot cisaille la pièce comme une guillotine. Ils ne l'ont jamais prononcé tout haut, du moins pas face à l'autre. Elle ne l'a même jamais pensé, l'a maintenu aux lisières de sa conscience jusqu'à ce qu'il se fonde dans le décor, théâtre d'ombre chinoise qui projette un spectre inoffensif. Kill. Toujours maintenant, elle refuse de voir la situation sous cet angle. Ce mot connote du définitif, du permanent, sa confiance rompue, une décision prise sans elle, allant directement à l'encontre de tout ce qu'elle s'imaginait avoir soigneusement mis en place. Ses doigts tremblent contre la chute de ses reins, s'agitent, implorent de se refermer contre les lèvres de Nikos avant qu'il n'en dise plus que ce qu'elle pourra continuer à ignorer. Contre toute attente, ce qui fait encore plus de dégâts que le refus de Nikos d'avoir recours à un énième euphémisme, c'est l'implication qu'il se soit débarrassé de Fiedler pour elle. Preuve immaculée de l'égoïsme de Gemma, presque enfantine dans sa candeur : ça ne lui a même pas traversé l'esprit. Trop occupée à mâcher et ravaler son ressentiment à l'idée d'avoir été mise au pied d'un mur dont elle ne voulait pas, elle n'a vu que la revanche premier degré, facile, sanglante, tellement masculine. Cette révélation est un nouveau déversement pesant sur l'entassement de regrets, de what ifs, toutes leurs erreurs alignées face au peloton d'exécution. Peut-être est-ce pour cette raison que, lorsque la proposition surréaliste de Nikos fleurit sur ses lèvres, elle reste debout. Car elle l'a vue venir de loin, car elle est parvenue à exactement la même conclusion que lui, aussi odieuse qu'elle puisse paraître au premier abord. L'espace d'une seconde, elle est prise d'un doute, et les mots hésitent entre eux, incertains. Elle se demande s'il espère secrètement une réaction virulente, un non catégorique, outré, une preuve tangible que le courant électrique entre eux ne s'est pas tari. Cette énergie grésillante, souvent destructrice, née entre eux à la seconde où leurs peaux se sont touchées pour la première fois, sa paume à elle tendue avec audace au dessus du bar. Une preuve qu'ils ont beau avoir tant assassiné, au littéral comme au figuré, il y a une chose qui survivra à leurs ruines. Ce magnétisme plus grand qu'eux, qui relève de l'instinct et des éléments. Tellement incompatible avec l'amitié tiède qu'il met sur la table. Elle doute, scrute son visage taillé dans le marbre, ces traits olympiens qui ont fait vibrer ses doigts dès qu'elle les a aperçus pour la première fois, pris d'un besoin impérieux de les faire siens. Encore maintenant, alors que l'attrait de l'inédit et l'appel du new shiny thing est loin derrière, une goutte de pluie perle à l'extrémité d'une mèche de cheveux de Nikos, menace de dévaler sa tempe jusqu'à son menton et elle crève d'envie de l'utiliser comme prétexte pour y apposer ses lèvres. Gemma creuse, cherche un éclat d'imposture dans le coin du regard ambré, un rictus latent dans à l'angle de sa bouche, un signe qu'il ne s'agit que d'un test. Rien d'autre qu'une encoche de plus dans la longue liste de leurs foutus mind games. Elle repart bredouille. L'hypocrisie, ça a toujours été davantage son domaine à elle, de toute façon. A l'évidence, il est sincère. Il réclame son amitié de bonne foi et elle ignore si elle doit être soulagée ou détruite. D'un point de vue purement pragmatique, la réponse est toute trouvée. Elle se rue dans la brèche de la gratitude avec frénésie, s'immerge dans la logique la plus élémentaire pour justifier le fait qu'à la réception de l'enchainement de syllabe le plus casse-gueule de la langue de Shakespeare - I think we should be friends - elle soit restée debout. Elle n'ait pas laissé un trou en forme de Gemma dans la porte. Le fait est que Nikos est parvenu à la même conclusion qu'elle, mais a eu la grâce de l'admettre. Ils ne sont pas faits pour la distance. Le simple fait que chacune des fuites de Gemma se soit soldée par son retour inéluctable ici, scène du crime de leur fichue rencontre, est parlant. La solution avancée par Nikos est forcément la bonne car c'est la seule. Elle se ressaisit, irradie volontairement les bonnes intentions. Un sourire crève la surface de ses lèvres carmins, comme un lac gelé se fissure au printemps. Sincère, serein, il lui fait surtout l'effet d'être écartelée - mais ce n'est qu'un détail minuscule, insignifiant. Elle s'habituera aux clous qui s'enfoncent dans la chair. Elle prendra goût à sa propre crucifixion. Elle a toujours rêvé de se faire sainte et il y a quelque chose de tellement pieux dans les stigmates. "I think it's a brilliant idea." Elle se décolle de la porte, fait un pas symbolique vers lui. All in. Ses doigts sertis de gemmes s'élèvent entre eux, une invitation à sceller le pacte dans une poignée de main formelle. "Let's." Si elle se concentre sur l'ici et maintenant, ainsi que toutes ses possibilités aussi scabreuses que salutaires, elle parviendra à éviter les connotations douloureuses de ce simple geste. L'histoire finira comme elle a commencé, dans les mêmes termes, sur le même plancher - à quelques mètres près. La boucle est bouclée, l'ouroboros de leur passion brève. La main de Nikos brûle là où la sienne est glacée. Elle se fait violence pour ne pas faire durer le contact une seconde de plus que strictement indispensable, et tant pis si la peau de Nikos a la saveur de l'eau fraiche pour une assoiffée. "As it happens, I'm looking for a friend who'd be able to borrow their father's pickup truck for an evening... Anyone in mind?" Chaque mot est trempé de malice, délibérément mutin, la bouche en cœur. Elle n'a jamais eu d'ami masculin, le terrain est totalement inexploré. Et si, chez Gemma, l'amitié balbutiante ressemble étrangement à de la séduction, c'est bien parce qu'elle a toujours superposé les deux. Le sexe est si facile, la gente masculine accessible d'un claquement de doigt ; c'est dans l'affection qu'elle déploie des trésors d'affabilité, qu'elle s'embarrasse avec les efforts.  
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