case départ (vic)

aux airs de déjà-vu ?
partir plus tôt, filer sans trainer... quand le soleil éclaire encore et que les rues sont animées. pas d'heures qui s'éternisent jusqu'à ce que tous les bonhommes soient rentrés dans leur famille, pour une fois tu claques la porte de ton casier alors qu'ils sont encore tous concentré. ça arrive bien plus souvent ces temps-ci, doucement tu déconstruis ces habitudes solitaires; terminer à des heures qui ne laissent pour suite qu'un repas et une nuit à passer. doucement les possibilités de longues heures écoulées sans avoir les mains occupées ne deviennent plus une hantise à éviter. sans pouvoir te rappeler depuis quand ça s'était installé t'as pas besoin de creuser loin Dmitri pour savoir que l'arrêt de la coke t'a propulsé à devoir occuper chaque parcelle de ton temps sans rien laisser au reste. fuir le lit pour la mécanique, fuir l'ennui pour les soirées derrière le bar... c'était devenu une habitude pour comblé le manque quand ton énergie est revenu. fuir aussi les possible prise de tête avec lui; énergie retrouvée qui signifie aussi grande gueule ramenée. doucement pourtant il réussit ce connard à te faire ralentir; sous couvert d'une pizza achetée il te fait quitter le garage plus rapidement, un prétexte d'envie de sexe et tu pousses la porte de l'appartement bien avant le couché du soleil.
puis des fois comme aujourd'hui, le soleil et la chaleur t'font toi même dégager de ton plein gré. peut-être aussi parce que, comme toujours Dim, t'as une idée derrière là tête. parce que quitter le travail plus tôt n'est pas pour rentrer et glander. parce qu'on te changera pas et que te faire changer tes habitudes arrivent souvent avec des projets dans ta tête chaotique. un chèque envoyé plutôt que donné, un message envoyé; une destination toute trouvée. tu repasses juste à l'appartement de Victor pour te changer, prendre une douche pour virer les huiles de moteurs de ta peau et une journée en entrepôt. bien trop habitué aux lieux, tu files directement dans la salle de bain face au silence qui règne, sans doute seul tu vas même pas vérifier l'absence de ses colos. tu restes sous l'eau un moment, l'esprit perdu bien plus loin. tu récupères tes fringues après avoir enroulé une serviette autour d'toi; pas envie encore d'entendre se scandaliser sa colocataire sur la pudeur et l'reste de connerie qu'elle peut débiter. t'pousses la porte de la chambre, sa chambre, votre chambre ? et tu balances tes fringues au sol finissant d'ouvrir ton paquet d'clope... en manquant de crever quand tu vois sa silhouette assise face au bureau. p'tain merde. tu grognes entre tes lèvres rattrapant de justesse la clope qui t'a échappé presque des doigts. tu t'pensais seul, tu l'pensais en cours... pourtant vu les cahiers et l'bordel de ses cours devant lui tu t'doutes qu'il était là y'a déjà vingt minutes. j'te pensais en cours Wilde... tu grommèles avant d'allumer ta clope et laisser tomber ta serviette pour enfiler un caleçon ton myocarde se remettant à mille à l'heure de la frayeur qu'il a réussit à t'faire ce con.

Ça va pas tellement mieux. Et pourtant, t’efforces quand même de te relever. Mike aide. Dmitri pas tellement. C’est comme si ce samedi avait été un instant d’éclaircie dans l’orage. Cet instant où les rayons du soleil transpercent la masse de nuages pour effleurer la terre. Juste le temps de donner l’espoir d’un futur plus clément. Mais en même temps, sans que tu le réalises vraiment, la pluie s’apaise peu à peu. C’est pas encore le soleil mais les goutent se font plus rare. Et peut être que c’est déjà bien.

T’as fini par demander un peu plus d’aide à Dean. T’es en retard sur tout et tu perds du temps sur des conneries parce que le monde n’est pas adapté à toi. T’as bossé sur ton devoir de rattrapage comme un fou. Et même si la concentration était pas toujours au rendez vous, t’as réussi à te débrouiller plutôt bien. Juste assez pour ne pas échouer et te retrouver sur le bas coté. Alors forcément, tu t’efforces de continuer sur cette lancée. Tu profites d’un cours annuler et du silence de l’appartement pour avancer. De toute façon, t’as pas grand chose à faire d’autre.

La porte claque et tu peux pas t’empêcher de tendre l’oreille. Tu reconnais généralement les gens rien qu’en écoutant. A leur façon de marcher et leurs habitudes. Liz pose toujours directement ses clés sur le meuble de l’entrée. Elle porte souvent des talons qu’elle retire rapidement en les rangeant soigneusement. C’est celle que t’entend pas beaucoup marcher. Ses pas sont légers, résultats d’années à frôler les murs que chez elle pour fuir les conflits trop présents. Thomas, il va d’abord dans sa chambre. Sauf quand il pleut. Il préfère retirer ses affaires là bas. Tu sais pas bien pourquoi. Mais il ressort toujours pour aller se laver les mains. Et puis Dim. Dim, il a tendance à balancer ses clés. Il a cette façon de marcher un peu lourde. Celle où le talon frappe le sol en premier sans grande subtilité. Il cherche pas tellement à être silencieux. Cette fois ci, t’es pas vraiment certain. T’entends la salle de bain, c’est probablement Thomas. Et puis, il est un peu tôt pour que ça soit Dmitri. Tu rêvasses un instant, déconcentré de ton travail. Tes pensées se perdent vers lui. Comme trop souvent. Vous avez recommencé à coucher ensemble. Vous avez recommencé à vous chamailler un peu. Ça arrive encore souvent que tu t’endormes avant qu’il ne rentre, mais quand c’est pas le cas, vous partagez de nouveaux des moments ensemble. T’aimerais lui proposer de partir en vacances quelque part avec toi. Loin de tout. Juste lui et toi. Tu sais pas vraiment où t’aimerais aller. Peut-être qu’il aurait des idées. Tu effleures doucement ton équipement électronique qui retranscrit le texte de l’ordinateur en braille. Tu relies les derniers mots que t’as écrit. C’était pas si mal. Devant toi, il y a les polycopiés que t’as mis du temps à passer dans ton scanner spécial qui peut transformer le texte en braille. T’as pu l’obtenir grâce à l’aide de l’université. Parce que ça coute une fortune ces conneries. Tu tapotes sur l’ordinateur un instant, cherchant à te replonger dans ton travail. Tu relis la partie du bouquin sur lequel tu travailles que tu as scanné il y a quelques jours. Tu sais pas vraiment si tu préfères quand on te le lit ou pas. Il y a quelque chose d’agréable dans le fait d’être indépendant. De pouvoir relire encore et encore et encore sans avoir peur de lasser la personne. Mais la voix est plus agréable.

Tu relèves la tête quand la porte s’ouvre. Sans frapper. C’est forcément lui. Tu t’apprêtes à ouvrir la bouche quand il te fait sursauter avec ses jurons. « Putain tu m’as fait peur … » Tu passes la main sur ton visage comme pour effacer l’expression de surprise qui s’y était installée. « Mon cours a été annulé… » Tu te lèves pour te tourner vers lui. L’odeur de la clope vient se mêler à celle de son shampoing. « T’es revenu tôt… »

Putain tu m’as fait peur … qu'il réplique alors que t'as toi même du mal à faire ralentir ton rythme cardiaque qui a sauté plusieurs vitesses pour arriver à ce court circuit. l'genre d'adrénaline que ton corps semble bien connaitre ces derniers temps pourtant ce coup de sursaut tu t'en serais passé. tu grognes comme réponse, tu sais faire que ça Dim d'toute façon nan ? il l'sait lui même Victor, que t'as pas de forfait "grand monologue et éloquence"; on t'a pas apprit à causer toi. tu vas enfiler un caleçon, histoire de trouver un truc à faire pour t'remettre de tes émotions. faut dire que c'petit on il est doué pour faire faire le grand huit à ton cerveau autant qu'à ton estomac... plutôt crever que de l'avouer. Mon cours a été annulé… t'hoches la tête et évidement qu'il voit rien. il loupe tellement de truc au final, parce que t'es pas bavard, parce que tout se passe dans tes gestes et que ça... tu l'en as privé y'a des années. connasse de culpabilité. tu fronces quand même un sourcil après une seconde, lui lançant un regard en coin pendant que tu cherches un jean propre; un où y'aura ni cambouis ni alcool dessus. t'sèches pas au moins ? tu lances dans un grognement alors que mine de rien t'as beau t'en foutre de tout... t'gardes quand même un œil sur sa gueule. tu l'vois partir en cours, tu l'vois bosser quand tu rentres, tu l'entends écouter ses trucs... ça a l'air un peu mieux ? t'en sais rien trop rien. mais c'est un fait, d'vous deux c'est lui le plus futé; les cours il doit continuer.

T’es revenu tôt… nouveau grognement pour acquiescer le temps que tu remontes le pantalon sur tes jambes, tu trouves ton équilibre juste assez vite pour pouvoir ensuite laisser la cendre s'écraser dans l'cendrier de ton côté du lit. ton côté du lit, nouvelle grande connerie que pourtant tu ne peux pas nier. ta présence dans sa chambre, en témoigne le foutoire qui clairement t'accompagne comme exemple de ce qu'il y a dans ta tête. j'ai finis d'réparer la caisse sur laquelle j'bossais j'avais pas envie d'faire plus. tu t'étires cherchant des yeux un tee-shirt dans ton sac posé dans un coin de sa chambre. faut dire que tes fringues ont pas tellement leur place ailleurs... mon patron m'a envoyé ma paie au lieu d'me la filer... j'pensais aller la chercher à l'appart avant qu'tu reviennes. que tu rajoutes finalement en lui jetant un regard. parce que t'vois très bien caque fois à sa gueule qu'dans sa tête, ton appart semble être l'antre de Satan duquel tu ressortira jamais si t'y retournes.

Tu hausses vaguement les sourcils à sa question. T’es pas certain que sécher pour bosser sur tes devoirs soit l’idée la plus intéressante du monde. Non. Si tu séchais, tu serais dans ton lit ou dehors. « Tu crois que j’bosserais si je séchais ? » Tu réponds avec un ton gentiment moqueur. Malgré son grognement habituel, tu discernes dans son ton une inquiétude sincère. T’as mis du temps à les remarquer. Ses petites questions à l'apparence désagréables mais qui, finalement, sont un peu sa façon à lui de faire plus attention. Depuis ce jour là où t’as failli perdre ta bourse et tes chances d’y arriver.

Tu fronces les sourcils sans même t’en rendre compte. Tu sais que c’est idiot. Qu’il devrait pouvoir retourner chez lui sans que ton sang se mette à pulser sous des battements de coeurs trop rapides. Mais chez lui, ça représente tout ce qui va pas chez vous. Chez toi. Chez lui. En fait, son appart, c’est surtout Lysandre. Lysandre et tout ce qui va avec lui. C’est tes yeux qui fonctionnent plus. C’est les crises d’angoisses. C’est les cauchemars qui reviennent parfois. C’est la honte de votre relation. Puis c’est la peur de toujours passer après lui. C’est l’impression de jamais être assez bien. De pas suffire. Puis c’est la drogue aussi. Les nuits d’enfer pour se sevrer. Ses accès de colère. Ses tremblements. C’est l’impuissance face à sa détresse. C’est les sachets de cokes cachés dans la salle de bain. Et puis ceux qu’il y a peut être encore chez lui. C’est la peur qu’il retombe là-dedans. De devoir tout recommencer. « Hum… » Tu enfonces un instant tes ongles dans ta paume sous le bureau. Tu sais pas quoi répondre à ça. C’est pas comme si tu pouvais lui dire de pas y aller. C’est chez lui au fond. « Pourquoi il te l’a pas donné …? » Une façon maladroite de détourner tes pensées et tes mots de son appartement. Au fond, c’est déjà trop tard. Il faudra bien qu’il le récupère. Tu joues avec son stylo avant de demander avec le ton le plus neutre possible « T’y retournes souvent….? » Là. Quand t’es pas là. Est ce que tu l’vois souvent ? La question que tu peux pas vraiment poser. Pourquoi tu l’vois toujours ? Pourquoi tu lui en veux pas ?

Tu crois que j’bosserais si je séchais ? l'son de sa voix joue sur ta fierté, vient irriter cette petite voix en toi qui existe depuis ta naissance... celle qui ne se laisse ni moquer, ni humilier, ni contre dire. pourtant tu bronches pas. pourtant tu laisses vaguement couler, même si les effets sont toujours là, les éclairs ne pleuvent plus si rapidement et si intensément qu'autre fois. peut-être parce qu'à force, ça commence doucement à rentrer... t'sais c'que l'on appelle humanité. pourtant jamais à court d'argument non plus, si les coups n'peuvent plus dans ces instants là tu n'peux t'empêcher de l'ouvrir. ouais, qui m'dit que c'est pas un bouquin d'porno pour aveugle ?! t'es bien l'seul à déchiffrer c'truc là. facile d'prendre ta gueule d'intello après... juste pour la forme; parce qu'en vrai il a raison Wilde... parce que ça serait des plus stupide ce genre de logique; mais qu'importe. à mettre en lumière ta connerie, il obtient comme toujours ta répartie. on t'a trop apprit à ne laisser aucune faille, à ne te laisser si facilement abattre.
abattre, c'connard d'aveugle pourrait pourtant si facilement le faire ces temps-ci. trop d'armes entre les bras sans même qu'il s'en aperçoive.

Pourquoi il te l’a pas donné …? tu renifles un tee-shirt étonnement presque pas froissé et trop noir pour savoir s'il a du cambouis dessus. l'odeur de lessive comme témoin de sa propreté tu commences à l'enfiler. j'sais pas. j'me suis pas casser les couilles à lui d'mander; il doit envoyer les chèques d'fin d'année chez tous l'monde peut-être. tu réponds en t'intéressant clairement pas au fond du problème. ne pas t'poser de question sur ce que font les gens. le résultat est le même, tu dois aller le chercher ce chèque... peut-importe la raison du pourquoi il est là-bas. tu reprends ta clope posé sur l'cendrier t'asseyant sur le lit jamais fait. peut-être parce que t'es trop flemmard pour le faire qu'en t'en sors ? tu t'souviens des draps tirés, bordés qu'il s'entêtait à remettre après ton passage... tu sais pas trop quand il a finit par capter que si tu t'emmerdais pas à faire le lit c'est parce que chaque soir tu défaisais ses draps incapable de dormir dans son lit trop tiré. l'bordel autour de ton corps identique à celui de ta vie, de ta tête... T’y retournes souvent….? y'a un grognement du style "hein" qui s'échappe de ta bouche, parce que t'es encore vaguement à penser au chèque et que tu trouves ça con d'te demander si tu retournes souvent bosser. faut dire qu'il est bien placé pour savoir quand t'y vas ou pas. suffit de repenser aux semaines passé à errer dans son lit.
t'es pas une flèche Dmitri faut dire; et tu finis par capter au son de sa voix faussement désintéressé qu'il parle pas du garage. ni du bar. grognement bien plus profond; l'sujet qui fâche. t'attrapes ta clope entre ton pouce et ton index; tirant dessus comme tu tirerais sur un joint pour attraper l'plus de nicotine possible. j'ai l'air d'y retourner souvent ? c'est froid, c'est cassant. parce que c'est un gouffre entre vous qui porte l'nom d'ton meilleur pote. t'as l'impression d'être enfermé avec comme prison l'extérieur entier hormis d'pouvoir poser les pieds à ton appartement. pas matérialiste, c'est pas les trucs là-bas qui t'manquent mais plutôt ce sentiment d'avoir enfin une vraie maison. tu l'toises mais il voit rien. j'y ai remis les pieds qu'une fois depuis que je suis ici respires ! tu cherches ton portable des yeux... tu sais que la question est pas vraiment le lieu mais la personne. tu te contentes donc de parler de l'évidence de sa phrase plutôt que le prénom sous entendu. Victor est pas con, il sait très bien que depuis l'nombre de semaines que t'es là tu l'as revu plus d'une fois lui. incapable d'vous passer à ce point l'un de l'autre, depuis l'enfance comme présence malsaine l'une pour l'autre... Lysandre dans la peau malgré vos démons, malgré la haine toujours présente et les non dit comme poison. si t'as peur à c'point que j'me défonce à peine un pied posé à l'appart vas-y viens avec moi. provocation ? ou appel à l'aide pour être certain d'pas prendre les reste de coke qui sont sans doute resté intouché dans chaque endroit où ils sont planqué ?

Ta question le fait chier. Il faudrait être con pour pas le sentir. Et toi, t’aimes pas tellement sa façon d’y répondre. Son ton, aiguisé à la façon d’un couteau. Il résonne comme une accusation. Et t’as ce sentiment d’injustice qui te prend les tripes. On dirait que c’est toi qui le garde prisonnier en haut d’une tour alors que tu veux juste l’éloigner de… de lui finalement. Comme si Lys était tout ce qui tournait pas rond chez Dmitri finalement.

Tu sers un peu les dents à sa question. Parce que t’en sais rien en plus. Pendant quelque temps, c’était assez évident. Faut dire, il quittait pas beaucoup votre lit et errait dans l’appartement tel un fantôme irritable. Mais depuis qu’il retourne bosser, tu peux plus vraiment savoir. Il pourrait bien rentrer chez lui parfois, tu l’saurais pas. Tu dessers pas les poings sous le bureau, la douleur physique est presque réconfortante. Une vieille amie. A croire qu’il est pas le seul à avoir des vieux amis toxiques.

Tu te tournes vers lui quand il te lâche que t’as qu’à y aller avec lui. Tu sais même pas s’il est sérieux. T’aimais déjà foutrement pas sa chambre d’avant. Celle où tu t’étais vidé de ton sang. Mais l’idée qu’il puisse être à chaque tournant te donne carrément envie de vomir. La peur est encore bien plus forte que tu ne voudrais l’admettre. Et tu trouves ça dégueulasse qu’il puisse en jouer. Qu’il puisse mettre en jeu sa sobriété face à ta peur panique du passé. "Arrête" Cette émotion que t’as pas su cacher derrière la colère. “Tu sais très bien que j’peux pas”. La seule fois où c’est arrivé, c’est parce que t’avais pas vraiment le choix. Et même là, les crises de panique avaient retrouvé leur chemin vers ton cerveau.

Tu t’lèves pour ranger tes affaires. Tu seras infoutu de te concentrer de toute façon. Tu mets tes affaires dans ton sac pour occuper tes mains. Pour ne pas sentir ses yeux sur toi. Parce que tu sais très bien qu’il te regarde. Y’a ta peau qui brûle parfois quand il fait ça. Comme si ton cerveau le savait. Comme s’il trouvait une autre façon de te dire ce que tes yeux n’arrivent plus à communiquer.

Arrête ça claque. ça sonne froid et distant. non ça sonne sa colère qui griffe chaque lettre qui formule ses pensées. tu tournes l'regard Dmitri. il t'faut que des réactions sans mesures pour attirer ton attention ?  Tu sais très bien que j’peux pas. c'est pourtant pas si sec que toi, si glacial que ta voix. Victor tout en dissimulé, bien moins outrageux pourtant la nuance se fait entendre. il est loin le temps où tu n'en voyais rien. parfois t'aimerais y revenir. parfois t'aimerais t'y perdre à nouveau, car de cette nouveauté tout vient se complexifier. t'es déjà infoutu d'savoir comment tu penses, comment tu peux réagir... maintenant v'là que tu captes ses réactions et les ombres dans chacun de ses tons. tu oublies ta recherche de téléphone pour t'poser tes deux opales bleu acier sur sa silhouette. il bouge, il s'occupe tu l'suis du regard dans chacun de ses gestes. t'prends appuies sur son lit; quand il devient agité c'est que dans ces instants que toi t'en viens à te calmer. comme si l'agitation de l'un pouvait se faire dans celle de l'autre. t'aimes pas cette manière qu'il a de s'insinuer sous ta peau, sous tes réactions, sous certaines de tes décisions. par moment tu l'hais pour ça. mais t'as apprit à taire tes paroles Dim, dans ce mécanisme habituel à t'autosaboter tu le fais en silence. comptant sans le vouloir le temps qui s'écoule jusqu'au prochain naufrage. c'est plus des tempêtes que tu accumules avec lui, il a apprit trop bien à les surmonter à force de t'fréquenter... c'est le résultat de la fin que tu attends simplement. quand l'addition se pointera, quand tu devras rendre des comptes à tout ces instants, quand il s'décidera à réaliser à quel point tu l'enfonces avec toi. quand il se décidera à vivre simplement.
tu souffles la fumée de tes poumons. nonchalance. il est à Dublin avec sa nouvelle go. que tu lances froidement, comme si tu essayais pas de calmer ses craintes. t'es pas certain de vraiment vouloir le convaincre d'venir avec toi. c'est deux mondes différents. pas certain pouvoir un jour espérer les coller. c'est ma piaule aussi Wilde... j'y amène qui j'veux. que tu répliques avec mauvaise grâce, avec dédain comme si tu faisais le bonhomme. comme si vous ne saviez pas l'un et l'autre ce qui s'était passé la seule fois où il vous a dérangé...
c'était avant. t'es pas assez taré pour essayer d'provoquer ce nouveau face à face ou tout autre évènement. Lysandre et tes démons pour ta simple personne. tu hausses les épaules. tu grognes. tu bouges finalement. fais comme tu l'sens. ça change pas ma vie. détachement. comme une personnalité à part entière quand il s'agit de parler pour dissimuler c'qui t'importe et le reste des choses.

Tu lâches un petit rire nerveux à ses mots. Sa piaule. C’était même sa maison quand c’est arrivé et ça n’avait rien changé. Ca ne l’avait clairement pas empêché de frapper encore et encore. Tu t’en fous qu’il soit à Dublin, en Australie ou au fin fond de la Russie. Tu veux pas aller chez lui. T’aimerais bien pouvoir. Vraiment. T’aimerais bien être assez fort pour laisser le passé derrière toi. De juste pouvoir oublier. Mais non. Malgré les années, le son de sa voix fait encore monter en toi cette montée de panique difficile à contrôler. Tu continues de ranger en lâchant “Ouais … Bah moi j’y vais pas. Dublin, pas Dublin… J’y fous pas les pieds”, sans lever la tête vers lui. Ca t’agace un peu qu’il n’essaye pas de comprendre. Tu te redresses, lâchant sans vraiment y réfléchir “puis pourquoi tu la gardes d’ailleurs ? T’y mets plus tellement les pieds non plus j’te signale…”. Tu réalises pas vraiment que ça pourrait ressembler à une façon de lui demander de vivre avec toi. Ce que vous faites finalement depuis un moment. Ton coloc étant rarement là, vous êtes généralement juste tous les deux. Et même si, dernièrement, il faut avouer que c’était pas toujours une partie de plaisir, l’idée de t’endormir avec lui tous les soirs sans te poser dix milles questions est tout de même agréable. Au moins, tu sais qu’il est pas en train de s’défoncer la gueule. Ou de voir l’autre connard. Tu regrettes parfois de pas avoir parlé quand c’est arrivé. Qu’il n’ai jamais été puni. Tu sais même pas pourquoi tu l’as pas fait. La peur, ou bien autre chose. Si, t’as mis un moment avant de te souvenir. Pendant plusieurs semaines, tu te souvenais de rien de cette journée. Puis le temps est passé. Les souvenirs sont revenus. Douloureux. Mais il était trop tard. Et puis, on t’aurait posé trop de questions. On t’aurait remis en doute. T’avais pas envie de tout ça.

Ouais … Bah moi j’y vais pas. Dublin, pas Dublin… J’y fous pas les pieds buté, quand vos deux têtes refusent de s'aligner ou s'incliner. t'hausses les épaules, tu grognes vaguement. rien t'y oblige. avec un détachement qui s'glisse comme toujours entre tes lèvres à toute épreuves. peut-être que dans l'fond t'es juste content qu'il campe sur ses positions ? peut-être qu'au final ni lui ni toi avez vraiment dépasser les éclats du passé et oublié ce qui s'est passé dans une chambre que vous pensiez isolée. puis pourquoi tu la gardes d’ailleurs ? T’y mets plus tellement les pieds non plus j’te signale… accusateur ? le ton qui fuse et la question qui vient crisper tes muscles. comme un sous entendu violent envers ton meilleur ami. son pire ennemi ? tu souffles la fumée lentement hors de ta bouche, colère sourde qui grimpe dans tes veines. c'est dans ces moments que tu regrettes de lancer des conversations. dans ces moments que tu regrettes d'avoir ouvert ta gueule pour juste l'informer d'où t'allais. tu vas écraser le mégo, enfiler tes baskets dans un silence qui l'agace. suffit de voir son visage. si c'est ta manière d'me dire de dégager j'vais pas m'priver. tu finis par lâcher par pur méchanceté. parce que t'as l'impression stupide à cet instant en effet d'avoir éjecter Lysandre de ta vie d'puis que t'as arrêté la coke. t'as l'impression de pas l'avoir vu depuis des semaines, des mois, de te défiler à chaque instant... et même si c'est sans doute le contraire qu'il voulait, toi ça te ramène à ce choix impossible entre sa gueule et celle criminel de Lys. tu prends ta veste. j'te disais juste où j'allais, j'te laissais pas l'choix au débat. tu veux pas venir restes ici, j'm'en tape. que tu reprends sans aucun effort d'apaiser les choses.

Il répond pas et y’a cette frustration qui vient faire vibrer ton ventre. Celle de pas être capable de voir son visage pour y lire ce qu’il ne dit pas. Tous ces mots qu’il n’utilise pas mais qu’il exprime pourtant sûrement à sa façon de serrer sa mâchoire ou noircir son regard. Pourtant, tu as accès à plus de communication non verbale que tu le réalises. Tu intègres des choses que tu n’aurais jamais vu avant. Sa façon de bouger. De respirer. De souffler. Il finit par ouvrir la bouche et ses mots sont aiguisés comme des couteaux. Froid. Distant. Tu sers les dents. “Tu fais chier, c’est pas c’que j’disais !” Tu grimaces, agacé que vous soyez infoutu de parler sans que ça parte en vrille. Et putain, ça t’enerve encore plus que ça puisse être de ta faute. Que tu puisses surréagir à tout ces derniers temps. L’humeur à feu à et à sang. Cette boule constante au creux du ventre. Il suffit d’un mot pour l’allumer. Un mot pour qu’elle se consume jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’oxygène pour l’alimenter. C’est même peut être plusieurs boules différentes qui entraînent parfois des réactions en chaîne. C’est la peur de rater, de pas être assez bien, d’être jamais assez. Puis celle qu’il aille mal, de pas pouvoir l’aider, d’être juste obligé de le voir plonger encore et encore. Puis y’a celle de Lysandre. L’éternelle. Toujours allumée, parfois plus faiblement que d’autres. Mais toujours là, brûlant en silence les murs que t’as construit autour.

Tu sers le poing, essayant de respirer profondément. Tu sais pas trouver les mots. “J’veux pas que tu dégages…” Tu veux même pas qu’il parte. Encore moins en colère. Tu fais un pas vers lui. Litteralement. Métaphoriquement. Tu voudrais rajouter des trucs. Dire que tu voudrais passer du temps avec lui aussi. Vraiment. Que tu voudrais que vous puissiez effacer cette ombre qui reste constamment au dessus de vous. Mais t’as aucune idée de comment formuler ces paroles. Ni dans ta tête. Et encore moins avec des mots.