love in the past (lia)

Lippes qui s'actionnent contre ce tube cancérigène. Fumée qui s'extirpe, décorant l'air frais et la nuit sombre. Ezio, il a le dos plaqué contre un mur, le regard las et l'esprit ailleurs. Au début, il voulait pas venir ici. Rester seul, dans sa chambre. Ecouter la musique et laisser l'imagination faire son travail. Mais au final, on l'a appelé. Soit disant qu'la soirée allait être bonne. Il l'attend depuis son arrivée cette "bonne". Alors il méprise ses collègues, s'il peut les appeler ainsi. D'le faire vivre tout ça. Ezio, il est pas vraiment aimable quand il est d'mauvaise humeur. Froid, distant. Il pourrait violenter avec ses paroles. Des mots qu'il ne contrôle pas. De toute façon, il a même pas envie. Si ça sort, c'est qu'ça devait sortir, point. A quoi bon réfléchir une éternité pour ne pas blesser ? Il se contre fou d'faire du mal. Et il s'est pas gêné pour râler Ezio avant d'se foutre dans son coin, comme un moins qu'rien. Il a plus envie d'avoir du monde autour de lui. Il veut juste s'tirer. Alors il termine sa clope, prêt à s'en aller. Mais son regard est captivé par quelqu'un. Obnubilé par cette nana qu'il reconnait en quelques secondes. Lia. Sa Lia. Son ancienne Lia. Celle qu'il a aimé comme un fou jusqu'à avoir une overdose d'amour. Celle qui a emprisonné son coeur entre ses griffes pour ensuite le lacérer. Et Ezio, il arrive pas à s'retenir. Ses poings qui se serrent. Ses phalanges qui blanchissent. Trop d'gars autour d'elle. Trop d'yeux qui l'admirent. Trop d'regards qui l'abîment. Parce qu'il sait c'qui se passe dans leurs cerveaux, à ses gars. Et ça le répugne. Lia, elle aurait dû être proche de la lumière. Celle étincelante, magique et rêveuse. Mais quand il la voit, c'est bien tout l'inverse qui s'dégage d'elle. Alors il lance sa clope, l'écrase d'un pas lourd avant de s'approcher. Comme si c'était d'une logique effrayante. « Après dealeuse de drogue, tu t'deviens la trainée de Night Falls ? » qu'il balance avec sa langue qui claque contre son palais. Avec ses yeux qui expriment un certain mépris mais surtout, une déception nouvelle. Lia. Sa Lia. Simplement du gâchis.

toujours derrière son bar, lia. toujours à vivre la nuit. elle a bien changé, la gosse qui s'est retrouvée en famille d'accueil à seize ans. elle a changé, la gamine qui avait des rêves. et des espoirs. elle a presque l'impression que c'était dans une autre vie tout ça. lia elle fait glisser les verres sur l'comptoir, discute avec les habitués qui sont assis là. et au bout de trois heures à s'tenir debout là, elle en peut plus lia. elle en peut plus d'sourire et d'servir des verres aux mêmes têtes. elle fait signe à son collègue pour lui dire qu'elle s'en va. elle peut se l'permettre, avec toutes les heures qu'elle passe ici. ils peuvent bien la libérer un peu. la laisser vivre quelques instants. elle enfile sa veste et sort par la porte de derrière. durant quelques secondes, elle fixe le ciel et les étoiles qui scintillent. une cigarette glissée entre les doigts, elle fouille sa poche pour trouver un briquet. pas de briquet. elle soupire et active le pas jusqu'à l'entrée du bar. là, elle se mêle à un groupe de gars. des gars qu'elle a l'habitude de voir traîner par ici. y'en a un qui a du feu pour moi ? elle glisse la clope entre ses lèvres tandis que l'un des mecs en face d'elle sort un briquet d'sa poche. sourire charmeur, toujours la même rengaine. elle connait, lia. elle attrape le briquet avant qu'il n'ait le temps de sortir une technique de drague douteuse et allume sa cigarette. merci. elle s'apprête à faire demi-tour mais elle est stoppée net par la voix qui arrive à ses oreilles. impossible. elle n'arrive plus à bouger, comme si ses jambes refusaient de lui obéir. dans un effort plus que surhumain, elle se retourne pour lui faire face. ezio. le seul. ezio. dans sa tête, c'est l'bordel, les émotions qui s'bousculent. elle sait pas par où commencer. elle sait pas ce qu'elle doit faire. elle sait pas où aller. elle inspire, concentre toi, lia, concentre toi sur une seule de ces émotions. une seule. la colère. toujours la même. qu'est-ce que ça peut t'foutre ? elle siffle, la gamine. elle sent les regards qui s'posent sur elle, lia. elle aime pas ça. elle peut pas s'faire remarquer. elle a pas l'droit. t'as perdu l'droit d'te mêler d'mes affaires y'a bien longtemps. elle ne le regarde même pas dans les yeux. impossible. trop déstabilisant. au lieu de ça, elle fuit. elle lui passe à côté et prend la direction du parking du bar, là où est garée sa voiture. mais lia elle est submergée. submergée par un tas de sentiments qui l'obligent à prendre appui contre un mur pour reprendre ses esprits. elle s'attendait pas à ça. pas à lui. ezio c'est une partie de sa vie qu'elle a voulu oublier. et l'retour à la réalité est brutal. ça fait mal. pire qu'une bonne droite en pleine figure. c'est son cœur, qui souffre.

Ezio, il est chamboulé. Il a le coeur en vrac depuis qu'il l'a vu. Il pensait pas bordel. Il s'doutait pas que sa soirée allait se terminer ainsi. Il aurait dû rester chez lui, plus sûr, moins de problème. Parce que maintenant, il a plus le choix. Il doit aller la voir. L'approcher. Juste pour savoir. Juste pour la regarder. L'admirer comme il le faisait si bien avant. Il se sent obligé. Comme si partir sans la calculer devenait impossible. Comme si Lia ressemblait à un besoin vital. Et il sait combien c'est véridique. Sauf qu'il l'avait placé dans cette case portant le nom de "passé". Alors pourquoi son myocarde tape un peu trop vite ? pourquoi ses mouvements de poitrine sont devenus plus compliqué ? Trop d'questions dont il refuse d'accepter les réponses. Il peut pas. Il peut plus. Pourtant, c'est c'gamin même qui part à sa rencontre. C'est bien c'gosse avec les poings serrés qui lâche cette phrase si blessante. Mais sur l'moment Ez', il s'en fiche. Il réfléchit plus. Il se laisse être transporté par c'qu'il ressent. Et c'est pas si beau qu'ça. Non. Il pensait l'avoir oublié. Au final, il s'prend un gros fuck dans la gueule. Sauf qu'il laisse rien paraitre, Ezio. Jamais. Plutôt crever que de l'avouer. Alors quand la mignonne lui répond, aussi agressive que lui, il sourit. Ses lippes s'étirent docilement. Narquois, expression malicieuse. Il savoure, il déguste du plaisir, face au comportement de la jeune femme. Ezio, il est près à bondir. Il est partant pour entrer en confrontation avec elle. Mais Lia, elle s'tire aussitôt sa réponse terminée. Aucun regard, aucune attention. Juste du vide glaciale qui s'retrouve devant le jeune Weiss. Et il supporte pas. Il déteste cette situation. Elle a pas l'droit de lui faire ça. Pas après tout c'qui s'est passé entre eux. Alors il réagit Ez'. Il est déjà derrière elle, à la suivre. Il pourrait paraitre fou, psychopathe mais il veut juste continuer sur sa lancée. « Toute façon s'mêler de tes affaires c'pas vraiment une bonne idée..» qu'il balance à la va vite. Comme si cette phrase voulait à la fois tout dire et rien dire. Parce que ça l'rend fou de savoir qu'elle peut s'mettre en danger pour vivre. Maintenant qu'il l'a revu, il n'peut plus mentir à son coeur. Lia, elle est bien là. Juste à quelques mètres de lui. « En tout cas, j'suis bien surpris de voir que t'es toujours en vie Lia.» et il est sérieux Ezio. L'gamin ne plaisante pas avec cette phrase. Il pèse chacun de ses mots. Il accentue l'intonation sur certains. Il veut qu'elle comprenne. Que même après tant d'années, il accepte pas ses choix. Jamais. Au final, l'absence était peut être plus facile. Oui, il aurait tant voulu qu'elle reste un simple fantôme du passé.

y'a sa tête qui lui crie de s'en aller. d'partir pendant qu'il en est encore temps. fait demi-tour lia, va-t-en. mais son corps lui, il suit plus. c'est l'bordel, tout va trop vite. trop fort. y'a tout qui s'bouscule, vacarme assourdissant. ça lui revient en pleine tête, comme un boomerang. lia ça fait bien trop longtemps qu'elle a mis les sentiments de côté. qu'elle a rangé son cœur au placard. c'est l'genre d'émotions qu'elle sait pas vraiment comment gérer. et s'retrouver en face de lui ça fait toujours aussi mal. même après tant d'années. elle n'a aimé qu'une fois lia. une seule et unique fois. et c'était lui. lui qui s'tient droit devant elle comme un abruti. elle voudrait pouvoir disparaître parce que là, elle a l'impression de redevenir la gosse paumée qu'elle était. et ça elle veut pas. surtout pas. c'est pour ça qu'la fuite lui semble être la meilleure des solutions. évacuation. repli. si ça pouvait être aussi simple que pendant un deal. là au moins elle saurait à quoi s'en tenir. quand elle s'arrête lia, elle croit s'en être sorti. elle croit que c'est fini. parce qu'elle a pas la force. elle a pas la force de l'affronter. de lui faire face. pas comme ça. c'est trop brutal. mais visiblement ezio n'est pas du même avis. y'a sa voix qui arrive à ses oreilles une nouvelle fois. la fois de trop. j'vois que t'as toujours pas appris à la fermer. cinglante, c'est l'bruit d'un cœur qui souffre. parce qu'il lui fait mal. il faut croire qu'il sait où piquer pour la faire sortir de ses gonds. il a les mots qu'il faut. les mots qu'il ne faut pas. ça la met dans tout ses états. elle ne sait plus si elle doit rire, ou pleurer. ou aucun des deux. elle serre les poings. c'est la colère qui la submerge. sa main qui vient s'abattre sur sa joue. ça résonne dans les airs. elle y a mit toute sa rage la gosse. tout son amour aussi. c'est l'moment qu'elle choisit pour finalement plonger ses yeux dans les siens. l'monde qui s'arrête quelques instants. l'cœur qui se souvient. c'est aussi beau que c'est douloureux. de se souvenir. t'es vraiment qu'un con. elle soupire la gosse. sans pour autant le lâcher des yeux. il a pas changé. elle, elle a l'impression d'avoir vécu un millénaire depuis. tout ça lui paraît si loin, et si proche à la fois. perdue. partagée entre des milliers d'sentiments qu'elle n'avait pas ressenti depuis des siècles. elle voudrait n'avoir jamais quitté son comptoir. ne s'être jamais retrouvée ici. ne jamais l'avoir revu. et pourtant, elle doit se faire violence pour ne pas écouter la petite voix dans sa tête. celle qui lui dit de glisser ses doigts sur sa joue. une nouvelle fois. une dernière fois. sauf que là, c'est plus la colère qui l'arrête. c'est la peur. la peur de tomber encore une fois. la peur de s'écraser. et de ne plus jamais se relever.

Enfoiré de destin. Bâtarde destinée. Ezio il s'insulte à l'intérieur d'avoir accepté d'venir. Il voudrait plutôt être dans les enfers. Se damner à Lucifer plutôt que d'être ici. C'est c'qu'il veut se faire croire. C'est ce à quoi, il croit. Il n'accepte pas une autre excuse, une autre idée. Il s'bloque sur celle-ci. La plus simple. La plus logique. Mais dans son coeur et sa tête, c'est clairement l'bordel. Myocarde en oxymore avec l'esprit. Ils se battent en duel et Ez', il prend peur du gagnant. Alors il s'donne à fond dans le rôle du méchant. De celui que ça ne touche pas. L'éternel connard. Parce qu'il veut pas chercher plus Ezio. Il veut pas s'aventurer sur des chemins trop indécis, trop effrayants. Il s'contente de peu l'gamin. Même si c'est loin d'être la vérité et qu'il se berce de douces illusions. Mais parfois, c'est trop dur à entendre. Comme là. Comme avec Lia. Il peut pas s'permettre de succomber Ezio. Il doit se montrer dur et surtout fort. Ez', son coeur a succombé une fois. Et la fautive se trouve devant lui. Cette jolie poupée aux traits ravissants a pris une place plus qu'importante dans sa vie. C'était Lia et pas une autre. Juste elle et ses yeux rieurs. Juste elle et ses lèvres délicieuses. Il s'en souvient encore Ezio. Du goût de leurs baisers. De leurs tendres caresses échangées. Et ça fait mal. Trop mal pour y penser. L'coeur à l'agonie, les tripes qui se tordent. Il voudrait crier Ez'. Hurler pour extirper toute la souffrance qui s'est installée en lui quand il l'a vu. Mais le silence perdure, comme toujours. Pourtant, malgré tous ces ressentis, le jeune Weiss la suit. Comme si leur histoire n'était pas terminée. Comme si c'était voulu, qu'ils se retrouvent. « Ca ferait plaisir à trop d'monde. N'est-ce pas ma jolie ? » qu'il balance en accentuant le dernier mot. Il veut la voir exploser. Sortir de ses gonds. Et il accélère la cadence. Il emploie les bons mots. Les bonnes phrases. Le résultat ne met pas longtemps à arriver. Main qui claque contre sa joue. Lia, elle a osé. Lia, elle l'a enfin fait. Joue brûlante, qui picotte de par cette violence donnée. Mais c'est un rire, court et rauque, qui s'entend. Pas une plainte. Pas un juron. Rien. Seulement ce bruit sourd et anormal. Son rire. « Merci d'me l'apprendre. J'étais pas au courant.» qu'il ajoute, le ton enjoué virant sur l'ironie. Parce qu'il le sait Ezio. Qu'il n'est qu'un pauvre con. Et malheureusement, il ne compte pas changer. « Mais j'préfère être un con qu'un dealeur Lia.» tout en prononçant ses mots, il s'rapproche Ez'. Il diminue la distance qui s'était offerte une place entre eux. S'il le voulait, il pourrait déposer ses lippes sur les siennes. Tendre son bras et l'enlacer pour la sentir contre son torse. Mais il ne bouge pas. Il reste statique. Parce qu'il n'sait plus rien d'elle. Mais il ne serait pas étonné qu'elle soit encore dans ce genre de trip. Chose qui l'horrifie.

il y'a des jours où il vaudrait mieux coucher. des jours comme celui-ci. des jours qui tournent à la catastrophe avant qu'on n'ait eu l'temps de l'voir venir. elle l'a vraiment pas vu arriver, lia. le revers de la médaille. elle pensait juste ne plus jamais le revoir. ne plus jamais l'entendre. elle pensait pas l'retrouver ici. elle a tout fait, pour oublier. en vain. faut croire qu'on n'oublie pas comme ça. qu'il y a toujours une place pour l'amour quelque part. elle a du mal à supporter, tous ces mots qui arrivent à ses oreilles. ce surnom, surtout. elle sait la gosse, qu'il fait ça pour l'énerver. uniquement pour l'énerver. pour la voir s'emporter. mais elle relève pas, elle élude. l'meilleur moyen de réussir à passer outre. mais c'est souvent la colère qui l'emporte avec lia. cette gifle, il la mérite elle s'dit lia. il mérite de souffrir lui aussi. elle voudrait presque l'entendre pleurer la gosse. l'entendre hurler à la lune comme un chien blessé. le voir tomber. mais au lieu d'ça, il rit. il rit et lia, ça lui remue les tripes. elle a envie d'le tabasser. d'frapper jusqu'à ce qu'il se taise. le frapper puis l'embrasser. l'aimer et le haïr. ne plus jamais le quitter. ou pas. l'envoyer brûler en enfer. peut-être. les mots qui arrivent à ses oreilles. à croire qu'il a toujours pas digéré. l'fait qu'elle soit devenue dealeuse. il aurait pas du l'découvrir à l'époque. il aurait jamais du le savoir. mais si il savait, maintenant. si il la voyait, vendre ses armes aux plus offrants. certainement pas aux plus méritants. c'est à son tour d'se mettre à rire. les nerfs qui lâchent, qui s'effondrent. t'as que ça à la bouche, change de disque ça devient fatigant. les idées qui s'bousculent. les envies. les problèmes. il s'approche. un peu trop. beaucoup trop même. l'palpitant qui s'excite, le sang qui pulse dans les veines. elle est déstabilisée la gosse. happée par leur proximité. on pourrait presque les entendre hurler, les cœurs des deux anciens amants. à l'unisson. j'deale plus. c'est comme un aveu murmuré au creux de l'oreille. elle s'attend pas à c'que ça fasse des miracles mais elle doit l'dire. elle pourrait lui raconter le reste. les armes. les trafics. les prises de risque. mais elle peut pas. elle a pas l'droit. et elle veut pas. elle veut pas revoir cette expression dans ses yeux. celle qu'il avait quand il l'a vu dealer. j'suis barmaid. faut croire qu'elle s'est calmée, la gosse. elle crie plus. si t'es là pour qu'on s'embrouille, tu ferais mieux de rentrer chez toi. parce que moi j'ai pas la force, elle a envie d'ajouter. parce que moi j'veux pas qu'on s'déchire, pas aujourd'hui. j'suis pas prête. alors vas-y, laisse moi, va-t-en. ne te retourne pas. c'est l'moment d'prouver que t'en es capable, de tourner l'dos au passé. de tout oublier. attends lia, c'est une larme qui roule sur ta joue là ? c'est marrant. j'pensais que les garces ça pleurait pas. j'pensais que t'étais une femme forte, lia. j'pensais que tu pouvais tout en encaisser. mais c'est tellement dur, d'aimer. tellement dur, d'oublier. d'un revers de main, elle l'efface. la preuve qu'elle a des faiblesses. et elle espère qu'il a rien vu. parce qu'elle pleure pas, lia. jamais. pour personne. surtout pas pour lui.

Il joue avec ses nerfs comme il joue avec les siens. Ezio, il sent son pouls s'accélérer, ses muscles se contracter. Elle lui fait d'l'effet. Toujours. Encore. Elle a ce pouvoir sur lui qui n'a pas disparu. Comme avant. Comme quand ils étaient ensemble. Lia, c'était sa pierre précieuse. Son ange aux milles couleurs. Il voulait simplement voir son sourire. Entendre son rire. Une douce mélodie qu'il adorait apprendre par coeur. Mais aujourd'hui, tout a changé. Pourtant l'gamin, il se surprend à être mélancolique. A s'remémorer les souvenirs en commun. Et bon sang qu'est que ça fait mal. Il sent cette pointe qui lui trucide le coeur. Sa chair est transpercée, laissant ce liquide carmin dont il est constitué, couler avec délicatesse. Ez', il supporte pas cette emprise qu'elle a sur lui. Il s'pensait guéri. Fini. Game over. Mais il s'est trompé. Il y a trop cru, maintenant il déguste avec amertume. Sauf qu'Ezio, il incarne à la perfection ce rôle de parfait connard. Cet homme qui vous agace, vous énerve en un rien de temps. La preuve, après cette divine et délicieuse gifle, il s'met à rire. Une action insensée mais qui lui plait. Parce qu'elle est sortie de son chemin tout tracé. Parce que Lia, elle a vu rouge. Et ça, il en est conscient. Il en profite même. Rajouter des couches sans jamais s'arrêter. « Ouais t'as raison, j'devrais m'en foutre, t'es juste la nana d'mon passé. Point. » qu'il balance comme ça. Sans réfléchir. Mais il regrette déjà ses paroles Ezio. Rares sont les fois où il se sent ainsi. Merdeux. Idiot. Là, c'est clairement l'cas. Ses mots ont dépassé sa pensée. Pourtant, il n'retire rien. Il n'exprime rien. Son regard est toujours celui malicieux qu'il portait fièrement au début. Ezio, c'est un parfait acteur, avec des sentiments enfouis qui s'entremêlent. Sauf que ses sentiments, il les fou dans un coin avec violence. Et puis il s'rapproche le gosse. Comme si la distance était insoutenable. Comme si c'était une évidence d'être collé à elle. Il lui suffirait de pencher le tête pour sentir son souffle chaud contre sa peau fraiche dû à la nuit tombée. Quand il prend conscience de leur proximité, il divague Ez'. Il s'voit déjà l'embrasser. Plaquer avec férocité ses lippes contre les siennes. L'empêcher de respirer pour assouvir sa soif de baiser. Avec elle. Juste sa Lia. Ses lèvres lui ont manqué. Mais au lieu d'continuer à penser au bien, il s'retourne vers le mal. Comme toujours. j'deale plus qu'elle prononce à demi-mot comme une confession. Comme un secret qu'il ne faut pas divulguer. Mais Ez', il scrute chaque parcelle de son corps. Il navigue sur son être et il sait qu'elle ment. Il la connait. Peut être trop bien justement. Si seulement il savait tout le reste. « Barmaid..» qu'il répète plus pour lui que pour la jeune femme. Parce qu'il la voit déjà derrière le comptoir, à servir des verres aux mecs déjà bien trop bourrés. Parce qu'il l'imagine, sourire et rire aux phrases d'ces même gars. Et sans l'cacher, ça l'insupporte. Il serait prêt à tabasser chaque homme déposant son regard sur Lia. Chaque homme. Sans exception. Alors il redresse son minois, il laisse ses yeux se déposer un peu partout autour de lui. Mais quand il croise à nouveau les yeux d'la jeune femme, il peut y voir cette larme. Celle qui veut tout dire. Celle qui trahit sa forte tête, transperce son coeur. Elle a mal. Et Ez', il joue au con avec elle. Lia, elle est à l'agonie, elle rampe et comme un idiot, il est en train de l'achever. Parfait enfoiré. Alors il devrait changer. Tendre ses bras et l'enlacer. Lui montrer qu'il peut être toujours ce même gars, protecteur et doux. Mais y a quelque chose qui bloque. Trop d'années écoulées. C'est comme s'ils étaient devenus de parfaits inconnus à l'heure actuelle. Et pourtant, tout les rassemblait il y a quelques temps. « Tu préfères qu'on s'réconcilie peut être ? » qu'il dit d'une voix grave, monotone. Parce qu'au fond, il a l'impression que ce s'rait la réponse à tout. Que cette idée, aussi surprenante soit-elle, deviendrait la meilleure qu'il est pu balancer.

c'est irréel. incompréhensible même c'qui s'passe là. lia elle a l'impression d'avoir été percutée d'plein fouet par un camion. et c'est douloureux. douloureux d'le revoir. douloureux d'se souvenir. douloureux d'se cracher au visage. tout ce qu'elle veut lia, c'est qu'il disparaisse. qu'il reparte comme il est arrivé. parce qu'elle se sent faiblir. et elle aime pas ça. c'est pas une faible, lia. elle a l'impression qu'ça fait une éternité qu'ils étaient amoureux. qu'ils étaient heureux. elle le connait pas, c'mec qui s'tient debout face à elle. c'est plus l'même. mais elle non plus, c'est plus la même. t'es juste la nana d'mon passé, il lui dit. sourire amer qui fend l'visage de lia. c'est tout c'que t'as trouvé pour m'atteindre ? elle siffle la gosse. elle essaie d'prouver que rien ne la touche. qu'il peut pas lui faire de mal. il y arrivera pas. ça fait longtemps qu'il a plus c'pouvoir sur elle. ça fait longtemps qu'il ne devrait plus l'avoir en tout cas. pourtant, faut croire qu'elle est pas si insensible que ça, lia. elle sent son corps défaillir. son cœur aussi. elle a presque envie d'agiter le drapeau blanc. d'se jeter dans ses bras. d'sentir son odeur, ses bras qui se resserrent sur son corps. mais non. elle reste là, les poings serrés. la larme qui trahit sa peine tandis qu'il semble avoir du mal à croire qu'elle s'est rangée. il a bien raison, de douter. elle est bien loin d'avoir arrêté les conneries. au contraire. elle s'est enfoncée dedans. elle s'est ruée tête baissée. trop tard pour faire marche arrière maintenant. elle lève les yeux sur lui une nouvelle fois, quand elle entend ses mots. s'réconcilier ? y'a un rire qui s'échappe d'entre ses lèvres. ne m'fait pas dire c'que j'ai pas dit. elle reprend l'dessus la gamine, chasse la peine pour rappeler la haine. j'ai certainement pas envie de me réconcilier avec toi. mensonge, mensonge et encore mensonge. la vérité c'est qu'elle crève d'envie de l'embrasser, de laisser ses doigts parcourir son visage. maintenant si tu veux bien, j'ai autre chose à foutre que d'parler avec toi. elle s'casse, la gamine. fait demi-tour pour retourner devant l'bar. cherche du regard un moyen de l'énerver comme il l'a énervée. elle repère un gars, seul, adossé contre le mur. et elle s'approche lia, regard provocateur. cigarette entre les lèvres. tu me l'allumes ? elle lâche à l'inconnu en se penchant vers lui. il lorgne un instant sur son décolleté avant de sortir son briquet. lia, elle l'espère qu'ezio il loupe pas une miette de la scène. elle espère qu'il fulmine. tu travailles ici non ? je t'ai déjà repérée. regard charmeur. lia elle acquiesce mais elle est ailleurs. elle fait juste ça pour l'rendre jaloux en vrai. elle en a rien à foutre d'ce mec. elle veut juste savoir c'que ça lui à ezio, d'la voir avec un autre. parce que lia ça lui fendrait l'cœur. de l'voir s'pavaner au bras d'une autre. de l'voir aimer quelqu'un autant qu'elle l'a aimé. elle pensait pas, qu'ça lui ferait cet effet-là. elle pensait pas, qu'il avait encore c'pouvoir là. elle s'en veut d'être aussi faible. d'pas avoir la force de s'en aller. de le laisser là et de plus jamais se retourner. parce que c'est ce qu'il faudrait. qu'elle l'oublie. qu'elle ne le revoit jamais.

coeur balançoire qui s'envole dans les airs sans jamais s'arrêter. myocarde enflammé qui embrase chaque parcelle de son corps. ez', il est hors de lui. ezio, il est possédé sans réussir à stopper. il devrait s'tirer. arrêter toute communication, là, maintenant, mais au fond, il a pas envie. il veut juste continuer à l'entendre parler. à écouter sa voix. celle qui lui permettait de s'endormir le soir. cette douce mélodie qui envoutait chaque moment de sa journée. ez', il veut encore profiter de cette vision. d'admirer lia sans se l'avouer. d'apprendre à nouveau par coeur les contours de son visage. imaginer à quel point sa peau est toujours aussi douce. oui, ez', il a pas envie de partir et de dire à nouveau adieu à la jeune femme. alors il reste. il continue son p'tit jeu, voyant qu'elle s'y cogne aussi. il veut pas s'trouver d'excuses. il veut pas assumer ses envies soudaines. pourtant elles sont bien là. ancrées au fond de sa poitrine, prêtes à sauter à la première occasion. parce que lia, c'était sa pierre précieuse. celle qu'on veut protéger de tout. celle qu'on veut conserver pour qu'elle reste intact. ezio, il a l'impression qu'ça fait une éternité qu'leur histoire est terminée. et comme pour le confirmer, il devient dur dans ses mots l'gamin. il veut la voir réagir. avoir un semblant d'émotion qui lui prouve qu'elle est encore là. presque entre ses mains. « j'vois pas pourquoi j'voudrais d'atteindre lia.» qu'il balance d'un air détendu, presque lâche. il veut pas se l'avouer, il veut pas lui montrer ce qu'il recherche. ce s'rait perdre le jeu. ce s'rait passer pour un faible et ez', il est loin d'en être un. pourtant, c'est bien les paroles de la jeune femme qui se fracassent contre son coeur. c'est bien eux qui déchirent sans délicatesse sa chair. il a mal ezio. il souffre en l'écoutant parler. mais il tient bon, la tête haute, la fierté rayonnante. « je te trouve toujours aussi mignonne lia.» qu'il s’époumone à dire., les flammes dansant dans ses yeux. il joue avec elle comme on pourrait jouer avec une poupée. mais quand elle s'en va, un froid remplace sa présence. un manque s'écrase dans son être. un trou se creuse dans sa poitrine. il veut pas ez'. il veut pas ressentir tout ça. pas encore. pourtant, il est en train d'le vivre. à vitesse supérieure. surtout lorsqu'il l'aperçoit avec cet autre gars. lippes qui se plissent, dents qui agressent. sa mâchoire se contracte et en quelques secondes, l'gosse est déjà en train de s'approcher. il n'veut pas de ce tableau devant ses yeux. lia, c'est la sienne. alors dans un mouvement fluide, il donne une tape presque amicale à cet inconnu qu'il déteste déjà. il se penche lentement vers son oreille, une idée germant dans sa tête. « mec, si t'as envie de chopper un forfait MST, t'as choisi la bonne.» qu'il lâche à demi-mot, presque comme un secret entre potes. il a pas envie que lia l'entende. cette phrase est la déclaration d'une jalousie incontrôlable. il n'pense pas c'qu'il a dit. mais il était obligé. et sans attendre la réaction qu'il devine, ezio entre à nouveau dans le Roaring Lion, un rictus malicieux animant son poupon de connard.

elle en tremble la gosse. l'corps secoué par les soubresauts qu'elle essaie tant bien que mal de contenir. elle a l'impression qu'son cœur va exploser d'une minute à l'autre. qu'son corps va la lâcher et qu'elle va s’effondrer. y'a qu'la colère qui la tient encore. y'a qu'le feu ardent qui brûle au creux de sa gorge. et ces voix. ces voix qui lui hurlent de s'enfuir. de courir. sans s'retourner. jamais s'retourner. rictus amer qui se dessine sur ses lèvres. tout ce qu'elle veut c'est l'atteindre. l'atteindre en plein cœur. l'achever. le laisser mort ici et n'plus jamais revoir son visage. visage qu'elle sent encore sous ses doigts. elle ne lui répond même plus. pourquoi faire ? c'est qu'un enchaînement de conneries tout ça. y'a rien d'bon à tirer. rien d'bon qui en ressortira. ils se seront juste fait souffrir. encore un peu. un peu plus. c'est sûrement ça qui la pousse à lui tourner le dos. à s'en aller sans se retourner. mais inconsciemment elle sait. elle sait que tout ce qu'elle veut c'est qu'il la retienne. qu'il la colle contre lui. tout ce qu'elle veut, c'est sentir son souffle dans sa nuque pour avoir l'impression de respirer à nouveau. alors, y'a son regard qui s'perd sur l'type en face d'elle durant quelques secondes. quelques secondes où elle s'dit qu'il pourrait faire l'affaire, ce soir. pour oublier. comme elle l'avait oublié ces quatre dernières années. comme elle l'avait rangé dans un coin de sa tête pour ne plus jamais y penser. et y'a l'visage d'ezio qui se dessine de nouveau. et à l'intérieur lia, elle sourit. parce que ça a marché. parce qu'il est là. mais ça dure pas longtemps, la joie. ça s'transforme vite en haine, encore. parce qu'il est là, penché à l'oreille de l'autre gars, ezio. et lia, elle entend pas clairement ce qu'il lui dit. mais elle voit l'visage de l'autre qui se décompose pendant qu'ezio rentre dans le bar. il bafouille des mots incompréhensibles et finit par disparaître dans la nuit avant même que la gosse n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit. cette fois, c'est la goutte de trop. lia elle s'embrase, elle sent la colère qui irradie à l'intérieur. elle pourrait l'tuer là. c'est quoi ton problème putain ?! elle le rattrape alors qu'il est déjà à l’intérieur du bar et l'attrape par le bras pour l'obliger à lui faire face. y'a bien une autre meuf que tu pourrais aller emmerder non ? elle hurle la gosse, ne prête même pas attention aux gens autour d'eux qui ont arrêté d'parler pour écouter. t'as pas l'droit d'me faire ça ! elle frappe, maintenant. ses poings qui s'abattent sur son torse. elle a l'air d'une folle. certainement. lueur de lucidité, elle le pousse à l'intérieur de la réserve qui s'trouve à gauche du comptoir et referme la porte derrière eux. j'te déteste, tu l'sais ça hein ?! elle frappe encore, visiblement trop fort. parce que quand son poing s'écrase une énième fois sur son bras, c'est le craquement qui l'arrête. aïe. elle ravale la douleur. les larmes aussi. parce qu'elle a qu'une envie lia, c'est d'se laisser tomber. d'pleurer jusqu'à s'étouffer. et elle lui tourne le dos. parce qu'elle veut plus avoir à croiser son regard. elle a plus la force. j'te déteste.. elle crie plus. c'est un murmure qui s'échappe d'entre ses lèvres. ça sonne presque comme un appel au secours. comme un signal de détresse. elle tire la sonnette d'alarme la gosse, avant qu'il s'entretuent. avant qu'ils se fassent trop mal.