Toucher les étoiles ( Bomh )

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Toucher les étoiles

Bomh

“Silently, one by one, in the infinite meadows of heaven,
Blossomed the lovely stars, the forget-me-nots of the angels.” .

Elle était affalée dans son canapé, Niamh, quand elle a reçu le premier texto. Mais lorsqu’elle a vu le nom de Bo s’afficher sur l’écran, elle a bondit. Il veut qu’ils se revoient. Son cœur s’emballe. Bo. Bo. Y a un grand sourire sur ses lèvres, un sourire étiré jusqu’à ses oreilles et peut-être même des toutes petites larmes dans le creux de ses yeux. Boum, dans son ventre. Bo. S’il n’y avait pas eu Malek, à l’époque, il était certain qu’elle aurait pu en tomber amoureuse. Bo est merveilleux. Bo, c’est toutes ces étoiles là-haut qui brillent dans le ciel, c’est le soleil aux premières heures du jour et le ciel quand l’astre se couche et qu’il se teint d’oranges et de roses. Bo, c’est une œuvre d’art, mais Bo, c’est aussi le totem de sa vie d’avant. Elle lui répond vite, excitée comme une puce et s’envole vers la salle de bain pour se refaire une beauté. Elle se repoudre le nez et réarrange ses yeux d’un habile trait de liner. Quand à ses cheveux. Tant pis. C’est trop long à coiffer, elle se contente de faire un rapide chignon. Soupire devant le miroir. Dans sa tête, c’est comme un nouveau premier rendez-vous. Dans son ventre, ça se serre, ça se tord. Elle est un brin nerveuse, mais surtout follement excitée et quand les autres voient la tornade qu’est devenue Niamh, ils se demandent bien ce qu’ils se passent. Elle esquive les questions en riant et attrape vite fait une veste en jean qu’elle enfile par-dessus son t-shirt qu’elle a grossièrement fait rentrer dans son short. Baskets et chaussettes montantes, pour ses jambes infinies. Inspire, expire. Elle galope dans les escaliers et bondit dans la rue pour presser le pas. Taxi, bus ou à pieds ? C’est serré les dépenses et elle a pas de monnaie, alors ce sera à pattes. Elle s’active, ne veut pas faire trop attendre Bo. Il lui a dit de faire vite, non ? Ne pas le décevoir. Jamais. Oh qu’il lui tarde de le serrer dans ses bras à nouveau. Qu’il lui tarde d’éponger ses maux et de l’alléger un tant soit peu du fardeau et de la tristesse qui l’avaient frappé alors qu’ils s’étaient perdus de vue. Oh Bo.

Mais maintenant, Niamh se tient au pied de l’immeuble dans lequel tous les deux vivaient. Dans lequel, elle partageait un appartement avec Malek et où la famille de Bo se trouvait. Complète. Ça pince dans son palpitant. Elle reste quelques instants bloquée, à fixer la façade du bâtiment. Comme il y a plus de six mois. La boule dans la gorge et les yeux qui piquent. Elle regarde l’étage où elle habitait, les lumières éteintes et ça fait mal. Ça fait mal tous ces souvenirs qui remontent d’un coup, les flashs de leurs jours heureux et la douceur de leurs baisers. La chaleur de leur lit et les caresses du bout des doigts. Mais les cris aussi. Les « c’est fini, Niamh. C’est fini. ». Les larmes. Elle secoue la tête, Niamh. Chasse ces images qui la brûlent. Ça pèse. Ça alourdit son souffle quand à ça s’ajoutent les images de la babushka de Bo. Elle aussi disparue. Bon sang, Niamh, t’as choisi le bon moment pour t’évaporer dans la nature. Y a la culpabilité qui se greffe sur son estomac quand elle trouve enfin le courage de traverser la rue et de pousser la porte de l’immeuble.
C’est tout en haut qu’il l’attend, Bo. Tout là-haut, là, sur les toits. Juste sous le ciel, sous la nuit étoilée. Y a pas d’ascenseur, mais qu’importe. Ses pas la portent devant l’étage où elle vivait, mais elle les presse pour ne pas avoir l’infime tentation de pousser la porte pour voir si Malek se trouve toujours là. Il ferme pas à clé, jamais. Ce serait tout simple. Aisé de vérifier. Ça la démange, alors elle accélère le pas. Non. Non. C’est pas lui qu’elle est venu voir. C’est Bo. Son autre amour. Celui qu’elle a lâchement abandonné. Pas celui qui l’a quittée.
Bientôt, elle y est, au sommet et elle pousse la porte métallique. Les pieds sur le béton, elle se dirige vers leur coin tout particulier pour y trouver son ami et lorsque ses yeux se posent enfin sur lui, son visage s’illumine. Pouf. Tous les soucis envolés. Les nœuds dans son ventre se sont défaits et elle se mord un peu la lèvre, toute débordante de joie. « - Bo. » Comme une évidence. Elle s’approche de lui et, sans plus se contrôler, vient lui sauter au cou. Au diable les convenances. « - Tu m’as tant manqué. Promis, si je disparais encore, je t’emmène avec moi. »

(c) DΛNDELION

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La porte métallique, elle a toujours fait un bruit horrible. Un grincement qui vous fait serrer les dents. Qui vous donnerait presque la chair de poule. Mais quand il l’entend, enfin, quand il l’entend s’ouvrir, puis se refermer derrière l’intrus, Bo il sent son cœur s’arrêter, il sent le temps qui se suspend, il sent son ventre se soulever, et Bo il s’est que c’est Niamh. Il détecte même son parfum que le vent porte jusqu’à lui. Il sait que c’est elle, parce que ça ne peut être qu’elle. Il saute sur ses pieds, Bo ; il ne sait pas quoi faire avec ses mains, alors il les plonge dans ses poches, et il sourit comme un gamin maladroit, bien trop heureux, et bien trop incapable de savoir quoi faire. Il reste planté là. Il prend une grande respiration, et quand Niamh elle prononce son prénom, quand Niamh elle le prend dans ses bras, quand elle avoue qu’il lui a manqué, et que puis jamais elle ne le laissera, Bo il est heureux. Heureux que le temps se soit arrêté, il est heureux d’être là avec Elle dans ses bras, heureux qu’elle ait fait à nouveau irruption dans sa vie.
« Moi, je te lâche plus » qu’il lui murmure à l’oreille, avant d’enfoncer ses lèvres sur sa joue, une fois, puis une seconde fois, avant de lâcher un cri exagéré en l’attrapant sous les bras et la porter dans les airs. Il tourne une fois sur lui, parce qu’il n’est pas sûr de pouvoir le faire deux fois, et avec ce même sourire insatiable sur les lèvres, avec cette même joie qui lui fait lui aussi décoller de terre, il la pose et lui colle à nouveau ses lèvres sur sa joue. « Niamh », qu’il dit, « Niamh Sarkisyan », qu’il continue, en prenant un air sérieux, grave, mélodramatique, parce qu’il aime jouer la comédie avec elle, parce qu’il se rappelle que ça la faisait sourire, parce qu’il se rappelle que son sourire ça le remplissait de bonheur. « Tu m’as manqué toi aussi », dans un soupire, en secouant la tête, parce qu’il trouve ça injuste, toutes les secondes perdues, parce qu’il trouve ça terriblement dur, tous les moments qu’ils auraient pu partager ensemble et qu’ils n’ont pas pu le faire. Mais il se fiche de ça, Bo. Il ne veut pas se rappeler pourquoi ils se sont perdus de vue, pourquoi, ou à cause de quoi, de qui. Bo, il se fiche des raisons, parce que Niamh est devant lui et que c’est tout ce qui compte.
« Viens, suis moi » qu’il dit en attrapant sa main et en la guidant vers un vieux sofa qui finit sa vie sur le toit de l’immeuble. Il l’a protégé avec un plaid, et il y en a un second, au cas où Niamh venait à avoir froid. Il y a une petite table, avec une bougie qu’il a fait tenir comme il a pu. Il y a de la nourriture chinoise, dans des petites boîtes, qui doit être froide, maintenant, mais tant pis. Niamh ne lui en tiendra pas rigueur. « Un petit dîner aux chandelles, avec les étoiles au-dessus de nos têtes, rien que toi et moi. Ça te dit ? ». Il attrape son briquet dans sa poche, et avec il allume la bougie. Ce soir, même si les étoiles ne sortent pas, il y en aura une qui brillera. Il fera tout pour.