what doesn't kill me better run (cecilia)

prénom et nom: cecilia cartwright, très vite baptisée cece par un attardé de cinq ans incapable de prononcer son prénom sans le massacrer copieusement. le pire, c'est qu'elle a toujours trouvé ça adorable, sa façon débile de faire rouler les syllabes entre ses dents édentées de garçonnet. quant à cartwright ... cece vomit ce nom qui ne veut rien dire, qui goûte seulement l'amertume sanglante de l'abandon et de la négligence. cartwright c'est comme lui, le connard originel, le baryton du cri et des portes qui claquent sur ses absences et son myocarde disparu depuis la nuit des temps. ceci, elle ne l'a jamais appelé papa. même gamine, ça lui écorchait la gueule et rien n'a jamais eu raison de son entêtement, surtout pas le géniteur en question, le porc concupiscent à qui elle filait la trique. cecilia, elle ne dit jamais son nom, s'en déleste comme d'un vêtement mal ajusté et ne l'imprime contre ses rétines enflammées seulement quand elle crache sur sa tombe défraîchie. âge et date de naissance: vingt-deux années saccagées, vingt-deux années perdues à survivre au lieu de vivre, feuler au lieu de ronronner, à se cadenasser au lieu d'aimer. si féline, si chaude et inflammable, cece est pourtant une fille de l'hiver. elle a eu le malheur de naître le 22 décembre, une date d'anniversaire incurablement négative pour une môme à l'ego aussi imposant que le sien : noël lui vole la vedette et sans doute quelques cadeaux, chaque putain d'année. et ça l'énerve. noël lui rappelle l'importance des traditions familiales et ça lui donne envie de vomir, elle qui n'a eu pour famille qu'un frère fuyard qui a fait ce qu'il a pu. et c'était suffisant. c'aurait été suffisant, s'il n'avait pas loupé tant de noëls, tant d'anniversaires, gonflant contre sa chair à vif l'enclume de la rancoeur. alors à son anniversaire, cecilia se montre souvent plus imbuvable que le reste de l'année. elle cherche ton attention et puis la tienne là-bas, prête à l'arracher férocement si tu ne fais pas d'elle l'étoile de tes nuits, la plus jolie, la plus précieuse. petite fille capricieuse, princesse de rien, se rêve reine d'un jour ... qui durerait idéalement toute l'année. lieu de naissance, origines: ici même. cece n'a jamais vu plus loin que la banlieue ravagée de sa ville natale et ne s'est jamais brûlée aux frontières de son état. à quoi bon ? les voyages, c'est fait pour ceux qui ont des rêves plein la tête et ce sale espoir chevillé au corps. cecilia ne possède ni l'un, ni l'autre. et puis elle a tant maudi sony, tant haï desi, elle les a tant visualisé sur la route et imaginé leurs morts sanglantes des centaines de fois que l'ailleurs, dans sa tête, c'est la fuite. c'est la lâcheté personnifiée. elle est enracinée à night falls, dans son quartier minable et ça lui va. quant à ses origines, la môme les ignore. sans doute qu'elle est ascendante demeurée entre un géniteur dont la finesse d'esprit n'était pas frappante (contrairement à ses poings vengeurs) et un frère d'amour chez qui ça percute à la vitesse d'un escargot neurasthénique. reste maman ... la silhouette évanescente fantasmée, le souvenir qu'elle chérit dans le seul embarras capable de peindre ses joues de pourpre. cece, elle a honte de chercher une connasse qui s'est envolée à peine la gosse libérée du cordon. cece, elle s'en veut d'être faible, elle se déteste de ressentir le manque cuisant de ce qu'elle n'a jamais connu, de cette figure féminine qu'elle rêve prodigieuse. elle invente des tas d'histoires pour justifier l'abandon, le premier d'une longue lignée, s'invente des liens de parenté avec les nanas badass qu'elle admire en se disant qu'elle est peut-être la gamine cachée de l'une d'entre elles, d'une fille à la paire de couilles gigantesque qui serait fière de découvrir qu'elle suit son chemin. sauf que maman, elle est probablement pute ou toxico, probablement les deux et sans doute aussi macchabée que papa. mais ça, faut pas lui dire : c'est un sujet sensible. et comme pour tous les sujets sensibles, cece à la maturité versatile pète un plomb et sort (littéralement) les griffes. occupation: cecilia, elle n'est pas faite pour le travail classique, le vrai, celui qui impose des horaires fixes et des tâches peu gratifiantes. elle a essayé pourtant, gamine de quatorze piges sans personne pour ramener du blé dans cette bicoque désertée. ceci, elle a livré des journaux, servi des cafés ou des burgers trop gras, elle a vendu des fringues ou des parfums, ramassé des putains de légumes et nettoyé des chambres de motel bien crasses. mais ceci, elle est incapable de garder un travail parce qu'il y a toujours un moment où elle ne peut plus prétendre. où elle ne supporte plus les ordres et l'autorité qui pèse sur sa colonne et les gros cons qui te rabaissent parce qu'ils sont de l'autre côté de la caisse. son palmarès est impressionnant parce qu'elle est polyvalente la gamine, plutôt maligne. elle observe et apprend vite, embobine et enjôle mais ... explose finalement en vol et raccroche son tablier avant de se faire virer à coups de pied au cul. depuis deux trois ans, la môme vit autrement. des petits délits avec les nanas, sa famille, des ventes de tout ce qu'elle choure et puis de ses productions de petite chimiste low cost. cece, elle te fabrique une bombe artisinale ou des substances inflammables qui piquent les yeux ou irritent la gorge, des tords boyaux et des machins qui puent très fort. et puis elle danse au sinners, ceci. c'est du fric facile, c'est jeter un oeil sur kit et frustrer tous ces connards qui la toucheront jamais parce qu'elle, elle ne fait pas dans les extras. le reste du temps ? elle fouine, cecilia. flaire les emmerdes, gratte les couches de vernis, laisse ses oreilles traîner partout, bat des cils et ment comme une magicienne. elle traîne au garage de sony et desi pour les emmerder et s'amuse à nettoyer les bagnoles comme la dernière des traînées pour allumer ces messieurs et faire enrager les proprios. statut, orientation sexuelle: éternelle célibataire, maman louve. cece, y a que ses copines qui l'intéressent, ses nanas si fières, si fortes et fragiles à la fois, révoltées et sublimes. elle les engueule, elle les embrasse ou les étreint et les aime comme des soeurs, des amies ou des amantes. mais cece, elle n'aime rien qu'elle même. c'est ce qu'elle prétend farouchement depuis toujours. la gamine capricieuse s'aime trop pour se laisser esquinter ou briser dans la grande valse des sentiments humains. c'est vrai. mais elle a aussi la trouille sans l'avouer, sans même le réaliser. si elle ne laisse personne l'atteindre, jamais, c'est par peur de l'abandon, le croque mitaine qui l'a engloutie à l'enfance et n'a recraché qu'une carcasse revêche, qui hurle et tape du pied, gorgone ou furie. cece, elle n'est pourtant pas dénuée de désir, ce truc moite qui lui colle à la peau et s'imprime derrière ses paupières lorsqu'elle rêve trop fort. et ses pulsions qu'elle a appris à refouler loin, très loin, de ses reins portent toujours le même visage. le sien, l'abruti qu'elle hait avec hargne pour lui avoir volé son frère. desi. objet d'affection enfantine qui n'a jamais été chassé de son palpitant tout éraflé, même si elle passe son temps à l'y déloger. parce qu'elle le hait desi. vraiment. elle l'haime, en réalité, mais chaque jour un peu moins (du moins s'en persuade-t-elle) à force de le rejeter de plus en plus fort. elle est complète dans ses envies, cece, cohérente. elle déteste les hommes, refuse leurs sales pattes sur sa peau satinée, leurs lèvres molles contre les siennes ou la saucisse inesthétique qui gigote entre leurs jambes. quand elle ne s'abandonne pas entre les bras des filles qu'elle admire, elle se consacre à son propre plaisir, dans le mille à tous les coups. nana moderne, elle n'a besoin de personne pour se faire jouir et encore moins d'un handicapé notoire incapable de situer son putain de clitoris. porno bien hard pour aiguiser les sens face à ce qu'elle refuserait dans la vraie vie et ses propres caresses, cece est satisfaite. elle a pas besoin de ces abrutis. traits de caractère: cece, c'est l'agneau déguisé en fauve. la nana tapageuse et ingérable qui frappe, qui hurle, qui provoque jusqu'au point d'impact pour étouffer la mélodie du verre brisé à l'intérieur. elle est pas méchante, mais putain qu'est-ce qu'elle est chiante pourrait être son épitaphe. un bon fond derrière des allures de dragon. // incendiaire, de mauvaise foi, calculatrice, menteuse, manipulatrice, allumeuse, enjôleuse, égocentrique, loyale, tête brûlée mais terrorisée à l'intérieur, de mauvaise foi, fragile, caractérielle, capricieuse, feminazi, colérique, maligne, indépendante, un rien hystéro, trouillarde face à ses faiblesses, dépendante affective qui s'ignore, intransigeante, cabossée, généreuse quand elle veut (...) un putain de paradoxe. groupe: antaris.