D'astres en désastres.

- la tête tournée vers les étoiles -


Il était ravi pour elle. C’est un mariage simple comme elle en a toujours voulu, comme elle l’a jamais eu avec papa. Comme elle n’en aura plus jamais avec papa. Ce père qui s’est incrusté petit à petit dans leur vie est un autre, un qu’il a appris à accepter tel qu’il était. Un peu brusque par moments mais toujours adorable avec elle et avec lui, jamais il n’a levé la main sur lui ou sur elle, jamais il ne s’est plaint de leurs moments de blues à tous les deux, de ces moments où il lui arrive parfois de déambuler des heures dans la ville sans trop savoir où il va, dans l’espoir peut-être de retrouver les traces de celui qui n’est plus, qui fut un jour son père.

*-*

Ça l’aide à se concentrer, à ne pas perdre pieds, à être celui que son père aurait voulu qu’il soit, à être quelqu’un de bien. C’est la psychologie, se concentrer sur les autres, tenter de les aider mais d’abord tenter de cerner une maladie d’une autre. C’est compliqué, ça parait juste impossible à gérer toutes ces informations pour un cerveau tel que le sien mais pourtant, il y arrive. Sa première année il l’obtient, la seconde, ce n’est pas si sûr. Il est à moitié absent, à moitié présent. Ça l’est de plus en plus, ça l’emmerde, ça le fait chier, putain. Aussitôt venue cette pensée s’efface pour se concentrer sur ce livre qu’il a pourtant envie de balancer de l’autre côté de cette pièce beaucoup trop petite et grande à la fois. il a l’impression d’étouffer, le gamin veut autre chose mais est incapable de dire quoi. C’est ce qui le bouffe, de ne pas réussir à définir qui il veut être, qui il veut devenir. Il a beau s’adapter, se trouver chanceux d’avoir cette vie sans problème, parfois il a juste envie de s’évader des heures et de ne plus penser à rien.

*-*

La vie. Il ne connait pas, il ne connait rien. Sil, il connait tout. C’est cette impression qui ne le quitte pas, qui l’hypnotise depuis le jour de leur rencontre qui le rend un peu plus vivant même si l'idée qu'il ait pu tout chambouler en une fraction de seconde, en un baiser l'effraie tout autant. Cette rencontre n'est pourtant pas due au hasard : il s’en fout. S’en foutrait-il s’il savait, s’il savait que ce gosse en veut à son esprit bien embrumé, abîmé ? Pour le moment il ne sait pas et l’ignorance est un cadeau qui lui permet d’oser un peu, de regretter beaucoup, de ne plus rien comprendre. Il ose à moitié Jess, il n’a jamais vraiment osé pouvoir croire en cette autre chose qui existait bien loin de cette vie bien rangée qu’il s’est créé pour la mémoire d’un mort. La vie faut la vivre sinon ce n’est pas la peine, tu l’sais ça Jess ? Il le sait et pourtant malgré la lueur d’inquiétude dans les yeux de sa mère, parfois, il n’a jamais eu envie qu’elle s’arrête. Il lui a donné des ailes Sil. Il ose rêver un peu, vivre un peu même s’il y a toujours cette réserve du gosse trop bien élevé qui est comme un rempart comme quelqu’un que l’on voudrait secouer bien fort pour qu’il réagisse avant qu’il soit trop tard.