donne-moi le cric, la bombe lacrymogène, donne-moi une clé, donne-moi sa plaque que je la raye sa BM (jobby)

présence constante. elle la sent, bobby. dans son dos. dans l'embrasure d'une porte. au détour d'un couloir. ombre vacillante. regard pointé dans son dos. observée. l'impression d'être un animal traqué. sensation qu'elle ne supporte pas. celle qui la fait frémir. celle qui la fait bouillir. les mains crispés. la mâchoire tendue. y a des mots qui s'élèvent. des sous-entendus à peine dissimulé. et bobby, elle ne sait pas comment réagir. quoi faire. tout envoyer valser et perdre son boulot ? y a sa gorge qui se serre un peu quand elle songe à la part de loyer qu'elle doit payer. les songes qui apaisent à peine la situation. baume éphémère. frêle pensées à laquelle elle peut se rattraper. pour ne pas craquer. pour ne pas regretter. parce qu'elle ne peut pas se le permettre, bobby. de perdre ce taff. de tirer un traits sur ces quelques liasses à la clef. celle pour lesquelles elle se tue au travail. toute la journée. tous les jours. y a les heures qui passent. les minutes qui semblent enfin s'échapper. elle pense qu'à une chose, bobby. se casser. loin d'ici. de lui. l'ombre toujours derrière. l'ombre qui pourrait la faire exploser. ses doigts qui se resserrent autour de son smartphone. un seul mot écrit. envoyé. mot codé. à jo. elle a pas besoin de s'expliquer, la brune. sait pertinemment que jo saura comment l'interpréter. réponse qui ne tarde pas. bobby, elle lui indique l'endroit avant de sortir. le froid qui mord ses joues. rougit sa peau hâlée. fait frissonner sa frêle silhouette. mais bobby, elle préfère être glacée que rester dans cette demeure. une minute de plus. quelques secondes supplémentaire. parce qu'il y a cette présence qui lui pèse. qui l'empêche de bien travailler. de bien penser. et ça l'énerve alors qu'elle ne sait quoi en penser. silhouette qui se dresse. bobby comme un piqué. elle attends, un peu. sait bien que jo sera là. tôt ou tard. parce que jo est toujours là. pas loin. juste à côté. parce que jo et bobby, ça a toujours été. quelques minutes qui lui paraissent une éternité, y a une silhouette qui se dessine. grande. élancée. jo est devant elle et bobby en aurait un large sourire si sa journée ne l'avait pas rendue d'une humeur massacrante. c'est pas l'envie qui manque. elle repense à la porche qui lui donne la nausée devant l'entrée de la baraque. vive envie de l'abîmer. regard sombre qui se pose un instant sur le pavillon. je veux juste qu'on se casse d'ici, vite. qu'elle marmonne. bobby grognon. le visage fermé. le regard éclair. ses prunelles comme des balles de revolver. c'est ce vieux type là. tu sais le père de famille. il m'a suivit toute la journée dans la baraque. elle se doute que c'est pas normal bobby. que y a quelque chose de bizarre. mais elle sait pas quoi faire. y a que vers jo qu'elle sait qu'elle peut se tourner. jo qui sera toujours là. y a son regard qui se pose sur elle. ses sourcils qui se froncent un peu. comme si elle venait de se réveiller. comme si elle la regardait pour la première fois depuis qu'elle est arrivée. depuis quand tu mets plus de soutif ? regard interrogateur. ses yeux qui se posent sur la poitrine de son amie sans gêne. elles n'en ont plus aucune depuis longtemps. au plus grand malheur de leur colocs au milieu de tout ça. y a sa main qui s'approche de celle de jo pour attraper la bouteille. l'ouvrir. la porter à ses lèvres. sans plus de cérémonie. ça brûle la gorge. c'est fort. c'est bon. jo. une bouteille. bobby, elle ne pourrait avoir besoin que de ça dans sa vie.