truth (josh)

l’appartement vient à peine de redevenir calme. après plusieurs heures durant lesquelles le père n’a pas arrêté de hurler contre ton plus vieux frère, puis contre tout le monde, ta tête va bientôt exploser. t’as rien dit, bien sûr, durant tout ce temps, ne voulant pas donner une raison de plus à ton paternel de crier jusqu’au petit matin. tu te dis qu’il a dû arrêter s’il ne voulait pas devenir aphone demain matin avant de retourner travailler. lorsqu’on ton frère a annoncé qu’il avait quelque chose à dire, quelque chose de très important, tu ne pensais certainement pas à ça.  et tu t’attendais encore moins que votre père réagisse ainsi. la mère n’a rien dit, bien sûr. elle s’est contentée de hocher la tête, et finir son assiette et le père bouillonnait à côté d’elle, et elle n’a rien fait ou dit. mais elle a toujours été comme ça, n’est-ce pas. personne n’a dit un mot, même. même pas toi. t’as laissé tomber, t’as mis ton assiette de côté et as attendu que ton père se calme avant de faire quoi que ce soit. t’avais jamais vu ton paternel dans une telle colère. jamais tu l’avais vu hurler ainsi et pendant aussi longtemps. ça t’a fait peur, même. quand il a commencé, t’as sursauté, inquiète de ce qu’il pourrait faire dans ce tel état de rage.
il y a plus un bruit maintenant. t’as l’impression que personne n’ose parler maintenant. le père est partit dans la chambre avec la mère, ils doivent sûrement discuter de ce qu’il vient de se passer. le père doit probablement fournir des explications à propos d’une telle rage. josh est partit se réfugier dans sa chambre. personne n’a tenté de le dissuader, bien sûr. tes frères et ta sœur ne se regardent même pas. les jumeaux finissent calmement leur plat, désormais froid, et le plus vieux est étendu sur le canapé, la tête entre les mains. tu soupires. toi tu fais les cent pas dans la pièce, incapable de tenir en place. le plat froid, qui avait l’air délicieux quelques heures plus tôt, ne te donne même pas envie et tu te demandes comment les jumeaux peuvent réussir à manger maintenant. finalement tu te décides d’arrêter de ne rien faire et sort de la cuisine. personne ne te regarde faire ou t’empêche de le faire, et tant mieux. a grands pas tu marches jusqu’à la chambre de josh. t’entends rien. t’oses pas toquer. tu restes immobile, sur le seuil de la porte, pendant quelques secondes, peut-être même plusieurs minutes. mais personnes n’est dans le couloir, tous vaquent à leurs occupations, alors t’as pas à t’inquiéter d’être vue, figée sur place, incapable de prendre une décision. finalement, tu soupires, et toque trois fois avant d’ouvrir doucement la porte, un petit sourire sur les lèvres. -  josh ?

(truth // four years ago)
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tu fais les cent pas dans ta chambre, tournant en rond, ignorant la sonnerie de ton téléphone, ignorant le prénom qui s'y affiche. tu veux te sortir ces cris de la tête, tu veux juste remonter le temps, il y a quelques heures et, juste, fermer ta gueule. et pour être honnête, tu ne pensais pas que ton père allait entrer dans une colère si noire. tu ne pensais pas qu'il allait hurler à s'en briser la voix, à pester, souffler, crier encore, pour finalement claquer la porte derrière lui. et tu as été parfaitement incapable de réagir, d'élever la voix à ton tour, de lui dire qu'il s'agissait de ta vie et non pas de la sienne. personne n'a réagi. pas même ta mère, mais ça, ça ne t'étonnes pas trop, au fond. elle a toujours été comme ça. à ne jamais réagir. et parfois, tu peux lui ressembler terriblement. et puis il y a tes frères et sœurs. personne n'a parlé. personne n'a rien fait. et en même temps, ils sont jeunes. sans doute trop jeunes pour comprendre ce qu'il s'est passé.
tes mains tremblent toujours, alors que tu en glisses une dans tes cheveux que tu maltraites depuis que tu as quitté la table sans un mot. et depuis, tu ne cesses de te demander pourquoi ton père a si mal réagit. t'as d'autre frangin, y'a d'autre mecs dans la famille pour transmettre ce nom qui lui tient tant à cœur. et puis, t'as pas vraiment demandé, toi, à aimer les hommes. t'as pas non plus demandé à tomber amoureux. un soupir glisse sur tes lèvres et tu manques de sursauter en entendant toquer contre ta porte. josh ? tu te retournes vers la porte et te mords l'intérieur de la joue. qu'est-ce que tu veux ? tu souffles, terriblement froid, ayant simplement envie de prendre tes affaires et te barrer une bonne fois pour toute. t'en as besoin, soudainement. t'as l'impression d'étouffer dans cette baraque et t'as cruellement besoin d'une certaine indépendance, maintenant que ton père a hurlé sa haine quant à ta sexualité. tes doigts glissent dans tes cheveux et tu te laisses retomber sur ton lit. désolé. tu souffles en secouant la tête. entre. tu ajoutes à l'intention de ta petite sœur. josefine. de six ans ta cadette. tu lui offres un sourire un peu timide. elle est encore jeune. et les jumeaux n'auraient jamais dû assister à cette scène non plus. elle n'aurait jamais dû éclater de cette manière. tu te pinces les lèvres.

tu t’en veux terrible. tu sais que t’aurais dû dire quelque chose à table. n’importe quoi. au moins quelque chose. seulement pour montrer à ton frère que t’es de son côté et que ça changera pas et que votre père n’a pas raison et que t’es pas de son côté à lui. mais t’as gardé la bouche complètement fermé. t’as fuis les regards des autres. t’as pas osé dire quoi que ce soit parce que t’es comme ça et tu le sais. t’es qu’une gamine qui sait pas prendre parti parce que t’as peur de ce que l’autre parti pourrait faire ou dire contre toi. et c’est qu’après l’apocalypse que tu te décides enfin à faire quelque chose, lorsque tout est fait et dit. parce que tu sais que le pire est déjà passé, qu’est-ce qu’il pourrait arriver de pire après cet affreux repas où les mots échangés ont dépassés pas pensée ? et tu reviens à petit pas pour montrer dans quel camp tu es, mais c’est déjà trop tard, n’est-ce pas ? t’as cette pensée qui trotte dans la tête. lâche. lâche. lâche. parce que c’est ce que t’es en ce moment. a revenir sans que personne ne le sache ou ne le voit à par le principal concerné. et son visage te brise le cœur quand il se retourne en t’entendant rentrer. il est complètement défait, détruit et triste et tu respires un bon coup. – est-ce que ça va ? idiote. te souffles ton cerveau. bien sûr qu’il ne va bien, t’as pas regardé sa tête ? tu te gifles intérieurement. et voilà encore. en situation de crise, t’es bien incapable de sortir quelque chose de cohérent ou d’intelligent hors de ta bouche. – je voulais juste… tu sais après tout ce qui vient de se passer, je voulais juste voir si tu tenais le coup. tu avances de quelques petits pas, attendant l’approbation de ton frère pour entrer complètement. il a sûrement pas envie de te voir, tu le sais ça. mais t’es tenace, et têtu, et tu veux lui parler, lui montrer que tu le soutiens pour tout, et ça tu dois le dire maintenant et tout de suite. c’est maintenant que ça compte le plus. quand t’as enfin l’autorisation de ton grand frère, tu t’avances à grand pas jusqu’à lui, et t’assois sur le rebord de lui. tu dis rien pendant de longues minutes. de trop longues minutes même. les poings fermés, posés sur tes genoux. tu te mords la lèvre. qu’est-ce que t’as à dire, de toute façon ? je suis désolée d’avoir rien dit tout à l’heure ? ou bien je te soutiens à cent pour cent ? ou encore je suis là et je partirais pas ? tu sais pas trop. t’es pas faite pour ce genre de situation. t’aurais dut laisser venir quelqu’un d’autre. – josh. tu finis par dire, le ton ferme. tu lèves les yeux vers lui, cherchant tes mots. – tu sais que… même si j’ai rien tout à l’heure, que… que je te soutiens, n’est-ce pas ? et que rien n’a changé pour moi. t’es toujours mon frère.