Rescue team | Aleks

Bon, il est peut-être possible que je me sois un peu perdue. J’ai pas fait exprès, je vous jure. Faut dire que c’est pas simple en fait ce coin-là. J’ai passé l’après-midi au planétarium, ça j’ai réussi à gérer. Mais je crois que j’ai pris la mauvaise sortie. En plus, le type qui était devant l’entrée m’a fait un peu peur. Je sais, faut que j’arrête d’avoir peur de tout et de n’importe qui. J’y travaille, ça s’arrange, un peu plus chaque jour. Mais parfois, j’ai l’impression de repartir grave en arrière. Comme si la moindre ombre, le moindre truc un peu suspect pouvait prendre des proportions complètement dingues. Et je me retrouve parfois le cœur battant à tout rompre, alors qu’en réalité, c’était juste un volet qui claquait.

Ca m’agace tellement d’avoir peur de tout, de pas être capable de me dire que je vais gérer et qu’une journée pourra se terminer sans que j’ai envie de me planquer pour toujours sous ma couette et de jamais en sortir. Parfois ça va, j’ai juste besoin d’un peu de temps pour tout assimiler et après, une fois installée avec Luka devant un bon film, à me faire noyer de fromage sur des crackers, je me dis que je m’en sors bien. Mais là, de suite, alors que je sais même plus dans quelle direction je dois aller, autant dire que je me dis que ça va pas vraiment le faire. Je finis, je sais pas trop comment, par me retrouver dans les jardins qui jouxtent le planétarium. En temps normal, je trouverais ça super joli, si, si, je vous assure. Sauf qu’on est pas en temps normal. Enfin si, mais plutôt en temps de crise. Un peu. Ouais, je sais, j’ai tellement l’impression d’être confuse que je vais vraiment finir par tellement m’embrouiller que ça va être dramatique. Au moins ouais. Alors oui, je pourrais prendre mon téléphone et appeler Luka. Pour lui dire quoi ? Que je suis perdue ? Il va demander où je suis, mais si je suis paumée, comment je vais bien pouvoir lui répondre ? Les gens des fois, ils ont des questions totalement débiles, moi je vous le dis.

J’inspire doucement, essayant de garder mon calme. Jusque-là, ça va à peu près. Je suppose. J’ai pas encore eu envie de me rouler en boule contre un mur, c’est que je gère non ? J’aurais presque l’air convaincue dans ma tête, un truc de dingues. Et puis, alors que je m’approche d’un arbre, comme si ça allait m’aider à me retrouver, j’entends un bruit super bizarre. Du genre un … miaulement de chaton ? Ouais, je pense que je perds définitivement la boule en fait. Je vois pas d’autre explication. Bon, c’était déjà sur la pente descendante ces derniers temps mais là, c’est encore pire. Je plisse des yeux et je tends l’oreille, oubliant que je suis perdue, et je me rapproche de la source du bruit. Non, je rêve pas, c’est bien un chaton qui miaule. Et je crois que je vois la boule de poils sur une branche. Sérieux, il doit faire à peu près trois grammes et demi à vue de nez.

Je vois pas vraiment trop comment je vais réussir à l’aider cette pauvre bête. Parce que oui, dans ma tête de linotte, c’est évidemment que je veux l’aider à sortir de là. On verra bien ce qui se passe après. Mais du coup, j’ai un problème. De taille. Ouais, j’suis pas un gabarit qui en impose moi. Mais je regarde autour de moi et je vois une rouquine pas loin, de dos, donc la silhouette me dit vaguement quelque chose. Et je lâche, comme si de rien était, comme si tout était normal. « Psssst ! J’ai besoin d’un coup de main ! » Oui, oui, je sais, je vois déjà d’ici Luka s’arracher les cheveux à me voir agir comme ça. Mais ce qu’il ne sait pas ne peut pas lui faire de mal.  

Se lever devenait de plus en plus difficile. La fatigue influençant sans doute pas mal. J'avais déjà repoussé mes limites quand mon frère avait eu son accident, mais dans le sens, lorsqu'il était endormi, les soin étaient moins important. La, depuis qu'il s'était réveillé, c'était pire. Ok, il y avait largement de quoi me réjouir. Il était vivant, en pleine santé sans doute, mais j'avais peur qu'il rechute à tout moment. Que l'on revienne quelques mois en arrière.  Même si j'essayais d'écouter au mieux mon frère, je ne pouvais pas laisser les factures monter, il avait un million de traitement à prendre et visiblement pas assez de temps pour les avaler. Ca revenait cher, bien trop cher. J'avais commencé assez tôt au refuge ce matin, bien trop même pour certains, la journée avait été compliqué, j'étais fatigué épuisé et je me permettais seulement une pause maintenant. Je devais travailler au soir, le bar étant souvent plein en ce moment. Ayant donc quelques heures devant moi, je mangeais une tranche de pain avec rien d'autre que de l'eau, au moins ca gonflerait dans mon ventre et je n'aurais pas faim de suite. Et puis le pain semblais pas mal sec, alors ca passerait mieux. J'avançais sans trop regarder ou j'allais quand quelqu'un sembla m'appeler. Regardant autour de moi, je vis une fille du lycée, je ne l'avais pas connu assez avec l'accident, mais de mémoire elle était sympa, un peu farouche, mais sympa. M'avançant alors vers elle, un bout de pain dans les mains, je compris rapidement le problème. Il y avait un chat dans l'arbre. L'observant un moment je baissais à nouveau les yeux sur elle. On était pas bien grande et pas bien épaisse elle et moi. Je doutais qu'on puisse l'atteindre comme ça entre nous.  « T'as une idée ? » demandais-je naturellement. Car moi de là ou j'étais, j'avais déjà un gros doute sur l'accessibilité de l'animal. Mais elle devait y avoir réfléchit plus que moi. J'étais pas mal fatigué déjà, ma soirée s'annonçait déjà compliqué, mais je ne pouvais pas laissé l'animal ici, sans défense et avec une détresse évidente.

Me pinçant les lèvres, je tournais la tête vers la petite rousse, je voulais confirmer mon intuition, ou vérifier que ma mémoire ne me fasse pas défaut avec l'hygiène de vie que je menais.  « Quinn c'est ça ? », demandais-je alors. J'avoue que le nom de famille je n'en avais plus la moindre idée. Mais son prénom m'avait marqué, du moins je pensais, car si je me trompais, j'avais tout intérêt à aller dormir maintenant. Quoi que dans tout les cas je devrais dormir, sincèrement ça ne me ferait pas de mal. Mais je me dis qu'à continuer comme ça, j'allais finir par mourir pendant mon sommeil. Secouant légèrement la tête, je chassais cette idée pour reporter mon attention sur le petit animal traumatisé.