- la tête tournée vers les étoiles -
( un homme se définit par ses choix et ses actes pas par ses mots. )
01. sa mère, ses mains elles tremblent, comme des feuilles de papier lancées des escaliers, sans vraiment planer, sans vraiment tomber. ses yeux sont coulants d'ébène, coquetterie obsolète face à la mort. malcom ouvre sa gueule pour dire un truc, mais du haut de ses neuf ans, les mots ne sont pas assez grands. la mère avec ses larmes comme un déluge semble avoir perdu son coeur, quelque part sur le parquet, le cherchant de ses yeux luisants comme deux lanternes sous la lumière agressante des néons hospitaliers. malcom ne dit rien, mais se promets, de pas la laisser pleurer, de pas la laisser.
02. ça gronde entre les cours, on dit et on croit ce qu'on dit. les gamins s'inventent des guerres de papier qui en viennent aux poings. et les insultes, c'est que des dagues de plastique, sauf que l'autre, il trouve un éclat de verre à travers les projectiles inoffensifs, ta mère, qu'il commence, se prenant un poing dans la gueule, écarlate jusqu'au menton sur son t-shirt blanc comme neige. et ce rouge, il a trouvé son reflet dans les prunelles du jeune malcom, satisfait de sa brutalité sous les murmures des cons.
03. le jacassement continuel des professeurs a été troqué par le ronronnement mécanique des moteurs à combustion. le papier en combustion des dernières leçons n'est plus qu'un vague souvenir que malcom apparente à celui de la prison. ses phalanges devinent les maux d'acier à travers la rouille et la crasse, s'insinuant sous ses ongles comme la marque de son métier. apprenti des bagnoles, docteur des engins, ça passe les heures entre les conneries.
04. à force de se briser les jointures sur les voyous récalcitrants, un flingue a maintenant sa place à sa taille, retenu par les méandre de denim écorché. à force de tremper dans la brutalité gratuite, on a reconnu sa force de caractère. de confiance, on lui a foutu de nouvelles responsabilités entre les bras, d'homme de main, à superviseur de moins que rien, pour arriver au titre de connard en chef qui distribue les ressources humaines, se gardant le sale boulot de mettre au tapis les emmerdeurs publiques.
05. gamin du quartier, on reconnait sa stature de géant, sachant qu'il faut pas se frotter à ses humeurs de grand connard mal léché. c'est pas secret qu'il visite sa mère chaque dimanche, qu'il répare la bagnole du vieux munroe pour pas un sous, que certains gosses trouvent refuge sous son toit quand les rues sont trop dures. alors on lui pardonne d'avoir un regard de bête sauvage et des mots mal-adaptés. on dit rien quand il revient au petit matin, la gueule en sang, et pas seulement du sien.
06. la criminalité sous la peau, il a vu plus de flingues que de filles à poil, et c'est pas le manque de demoiselles qui se jettent à son cou en croyant que sous sa gueule des mauvais jour, on peut encore sauver son âme avec une grande dose d'amour à la con. faut disposer de celles là comme d'un téléphone après une transaction, c'est à usage unique, peu importe les ravages sur l'environnement.
07. dans cette violence quotidienne, il a pas cillé quand elle lui a mis le barillet d'un flingue contre la tempe, avec un regard de fauve dans ses prunelles, un danger sauvage sous sa beauté impétueuse. et malcom, il a cru que ça serait bon de crever, sur ses lèvres. elle aurait pu tirer, lui percer le crane d'une balle automate, mais il a voulu la bouffer toute entière d'un baiser qui fends l'âme, auquel elle a pas pu échapper, même si elle l'avait voulu de tout son être. il l'aurait prise, là, sur le sol dégueulasse, si elle ne l'avait pas achevé d'une paume contre sa joue, avant de déguerpir, oiseau de malheur, chat de gouttière. on lui a fait goûter son propre sang, pour ça, mais il regrette rien. quelques blessures de guerre, c'est pas ça qui va faire disparaître les empreintes laissées sur sa peau, les marques invisibles d'un territoire déjà sous sa domination. elle brûle, dans ses nuits, rage liquide qu'il a goûtée sur ses lèvres.