good ol' days. (lia)

habitude. tu traînes sony, jamais dans les endroits qui te conviennent. jamais dans ceux où tu devrais être, toujours ceux où tu devrais pas être. attiré par l’ennui. attiré par le sombre. et tu devrais pas, sony. trop con pour te garder hors des emmerdes, tout juste bon à foncer droit dedans, sans jamais te soucier de c’qui pourrait se passer. à y penser bien trop tard. cette fois est comme toutes les autres, finalement. errer dans les rues, à écumer les bars. s’amuser un peu, chercher presque désespérement de quoi se mettre sous la dent. la soirée commence tôt pour toi, parce que tu sais qu’elle finira tôt, au garage certainement, à se planquer derrière les portes métalliques une fois la nuit tombée pour y passer la nuit. désosser les caisses et revendre les pièces. traffic tenu dans l’ombre pour éviter de replonger. des mois déjà que ça t’aide à payer les factures. que ça tient le garage debout, l’appart en état de marche, que ça te laisse de quoi respirer avant de replonger la tête dans l’eau. des dettes jusqu’au cou, des gros bras à tes trousses. comment tu t’en sortiras, sony ? tu sais pas. t’y penses pas. tu règles les soucis un à un en ignorant que dix te tombent sur la gueule. ils t’enterrent. c’est pas grave, tu t’dis. tu t’en sors toujours. ce soir, c’est calme. pas grand chose à se mettre sous la dent. tu penses filer au garage plus tôt que prévu, ça t’paraît bien déprimant. alors tu traînes, encore un peu. jusqu’au roaring lion, l’un de ces bars où on t’a déjà viré mille fois, l’un de ces bars où tu reviens tout le temps, parce que y en a pas des masses qui t’acceptent encore à crescent heights. c’est toujours la même chose que tu commandes, whisky sec, comme le daron. tu t’demandes souvent si tu lui ressembles. si tu deviens comme lui. et ça t’fait flipper, sony. ça t’fait flipper comme jamais. personne t’avais dit que ce serait si dur. les factures. les emmerdes. desi. cece. et tout le reste. comment t’es censé faire ? qu’est-ce que tu dois faire ? t’as pas l’ombre d’une foutue idée dans le petit pois qui te sert de cerveau et ça t’effraie. alors t’enterre tout ça, comme d’habitude. sous l’haleine alcoolisée, là où viennent se perdre tous les problèmes. encore et toujours. et puis tu la vois, débarquer de nulle part de l’arrière salle. l’air presque innocent, qui fait mine de rien. mais tu la connais trop bien, lia. presque comme si c’était toi qui l’avait forgée. peut-être bien que c’est toi, ouais. lia, elle peut pas t’échapper. à tout le monde, peut-être, mais pas à toi. c’est comme ça qu’on accueille son client préféré ? et y a tes deux bulles rondes qui la suivent, qui essaient de percer le mystère. font mine de savoir tout en sachant rien. t’as jamais rien compris aux femmes sony, lia y compris. qu’est-ce que t’en sais après tout ? tout ça c’est bien la même chose pour toi. tu faisais quoi, là-dedans ? l’oeil suspicieux qui la scrute, en attendant une réponse. t’espère bien qu’elle se planquait avec quelqu’un, coup rapide dans le placard. y a que ça qui pourrait te remonter le moral, vraiment.