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  maybe this world is another planet's hell (gemma)

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Nikos Avergopulos
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Nikos Avergopulos

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MessageSujet: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyMar 26 Déc - 6:24

Le pub se vide peu à peu. Enfin. Les tables se vident, les porte-manteaux aussi. On commence enfin à voir le sol, on distingue les traits défaits des clients sous les néons roses plongeant le pub dans une ambiance quasi-macabre. Un coup d'oeil sur son iPhone planqué derrière le bar. 3h34. Ils auraient du fermé y a une heure et demie déjà mais en cette période de Noël toutes les âmes esseulées de Crescent Heights se sont retrouvés entre les murs du Roaring Lion. Impossible de les faire sortir tant qu'ils l'ont pas décidé. La soirée était longue et Nikos avait l'impression qu'il allait jamais réussir à rentrer chez lui. Les esprits sont échauffés, Nikos veille du coin de l'oeil tandis que son père au lieu de s'occuper du bar avec lui est trop occupé à draguer une nana qui s'approche plus de l'âge de son fils que du sien. Nikos serrait les dents. Si son père n'était pas un putain de satyre, que c'était un mec responsable, il aurait pu lui confier la fermeture du pub pour pouvoir rentrer chez eux et dormir, juste dormir. Même si en grand insomniaque, il ne fermerait sans doute pas l'oeil avant l'aube. Le rire cristallin de la proie de son père vint tinter à ses oreilles et Nikos sentit son coeur battre à ses tempes, l'énervement n'étant pas loin d'arriver à son paroxysme. Stavros Avergopulos était un bel homme, tout le monde disait qu'il ressemblait à Jason Statham avec ses gros muscles et son crâne rasé. Il ne ressemblait pas du tout à son fils qui avait hérité de sa mère avec sa bouche pleine et ses grands yeux noisettes. Le père de Nikos avait un regard bleu perçant, il était petit et trapu tandis que Nikos culminait à 1m93. Ce qui avait clairement changé leurs rapports avec le temps, lui qui n'hésitait pas à tabasser son fils sous n'importe quel prétexte, la différence de gabarit avait encore plus durcis leurs rapports. Quel enculé. marmonna Nikos en essuyant les chopes de bières qui trainaient sur le comptoir. Si ça tenait qu'à lui il aurait dit à tout le monde de bouger immédiatement de son putain de pub, il en pouvait plus de voir ces têtes de cons. Même si c'était grâce à eux qu'il parvenait à survivre et à payer leur appartement miteux. Un long soupir, il sent les nerfs monter, monter, monter et inévitablement il casse un verre dans l'évier. Son père lève la tête et lui adresse un regard mauvais, il se retient de pas insulter son fils mais il s'abstient, sûrement pour pas effrayer la dinde qui minaude devant lui. Nikos est en train d'enlever les bouts de verres lorsque deux mains se posent sur le comptoir. Il les reconnait instantanément. Gemma, c'est pas le moment. 
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Gemma de Salm
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Gemma de Salm

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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyMer 27 Déc - 4:30

A l'arrière de son Uber, Gemma fait basculer sa queue de cheval derrière son épaule. Détache minutieusement le métal alambiqué de ses boucles d'oreilles hors de prix, aussi lourdes que les avances du chauffeur. Les laisse tomber, sans cérémonie, dans la bouche ouverte de sa pochette. Night Falls défile, sale et sacrée, de l'autre côté des vitres teintées. Le type lui pose une question, qui pourrait aussi bien être un compliment avec une inflexion interrogative, pour toute l'attention qu'elle lui accorde. Sans détacher les pupilles de la rue, elle porte un index à ses lèvres, symbole universel, non-verbal, infantilisant du ferme-la. En quittant l'after-party au Château Regent, elle lui a donné les coordonnées du Sinners, déterminée à aller laver l'arrière-goût d'horreur laissé par la soirée et les mains poisseuses de l'héritier Koch sur ses cuisses entre trois shots de vodka et les deux bras de Cece. Il y a cette haine brute et brûlante derrière son nombril que seules les filles peuvent comprendre. Que seules les filles peuvent soigner. La voiture tourne un angle, la devanture du Roaring Lion apparaît, éclaboussant de lumière un couple fumant devant l'entrée. Le feu dans son ventre mute, se fait braises. "Arrêtez-vous ici." Disparue, l'envie d'avouer, de se plaindre, de parler rage et revanche. Elle n'a plus envie d'être lue, Gem. Tout à coup, elle veut être écrite. Son talon claque contre le trottoir d'abord, la portière dans la nuit ensuite. Elle frissonne. La ville est glaciale, elle est peu vêtue. Tirée à quatre épingles, elle fait déplacé. Poupée de porcelaine entre des éclats de verre et un emballage de capote; chaque élément de son armure, des griffes rouges à la robe en satin, valant plus cher qu'un putain de loyer dans la rue. La décence réclamerait sans doute qu'elle baisse la tête, rase les murs, fasse profil bas. Quel dommage qu'une jeune femme si éduquée n'ait jamais fait apprentissage de la honte. A l'intérieur, deux profils de deux générations d'Avergopulos. L'un, buriné, brutalité lisible dans l'angle de ses épaules, a la main sur le genou d'une fille beaucoup trop jeune pour lui, beaucoup trop naïve pour quiconque. La peau laiteuse se tend le long de la mâchoire de Gemma. Se forçant à détacher les yeux, à ne pas intervenir dans ce qui ne la regarde pas et ne paraît pas nécessiter son interruption, ses pas l'amènent au bar, sous une paire d'yeux mélancoliques qui n'ont pas besoin de se soulever d'un millimètre pour la reconnaître. Se faire rembarrer sans avoir prononcé un seul mot, ou l'anticlimax parfait à l'ensemble de cette soirée abjecte. Elle 'tsk', langue contre palais, sort un billet vert du côté de son décolleté, Andrew Jackson entre soie et satin, et le dépose sur le comptoir. "Vodka. Shot. C'est ton job, je me trompe ?" Comme si elle pouvait effacer le rejet. Comme s'il ne laissait pas un goût de cendre sous sa langue. Comme si elle pouvait lui donner tort. Comme s'il ne savait pas exactement pourquoi elle était là. Elle baisse les yeux, voit les éclats de verre sous les doigts de Nikos, et s'en veut instantanément. Car sa première pensée n'est pas bien fait, comme elle le devrait, mais l'espoir fugace, automatique, qu'il ne se soit pas coupé. L'ironie est amère, lui titille les dents, car il y a pas dix minutes, à l'arrière de son Uber, tout ce qu'elle souhaitait, c'était les voir tous saigner.
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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyMer 27 Déc - 10:36

Ces ongles rouges. Ces ongles rouges qui lui griffaient le dos un peu trop souvent ces temps-ci à l'arrière de sa caisse ou dans l'obscurité de sa chambre. Sa bouche carmin qui se baladait dans son cou et lui laissait parfois des souvenirs qu'il avait du mal à cacher car il n'était pas le genre à porter des écharpes. Il n'avait connu aucune fille comme Gemma et il savait qu'il n'en connaitrait pas deux. Ils s'étaient trouvé là où les âmes murmurent et les coeurs s'enlisent. Ils formaient deux opposés parfaits et pourtant quand ils se retrouvaient rien ne semblait plus évident que le corps à corps diabolique auquel ils se livraient. Mais Nikos restait Nikos et Gemma restait Gemma. Deux tempéraments, l'ouragan qui rencontrait le volcan. Le beau grec leva la tête vers la diablesse incandescente lorsqu'elle lui ordonna de lui servir un shot de vodka. Il arqua légèrement un sourcil. Elle dénotait toujours autant lorsqu'elle passait la porte du Roaring Lion. Les têtes tournaient, les mâchoires s'en disloquaient presque. Il n'avait même pas besoin de jeter un coup d'oeil à son père pour savoir que son regard était quelque part entre la taille fine de Gemma et le creux de ses hanches. Bâtard. Ses prunelles quasiment noires se posèrent sur lui. Ce regard franc et direct, celui qui faisaient bégayer les hommes. Il l'avait déjà vu à l'oeuvre. Nikos s'empare d'un verre à shot et y servit la vodka, elle sait qu'il ne répondra pas à ses provocations. C'était pas son genre. C'était sûrement pour ça qu'elle aimait tant débarquer à l'improviste dans son antre. Tiens, Cruella. Il meurt d'envie de s'en faire un aussi, un bon whisky. Pas le moment. Il détaille sa tenue, du moins ce qu'il peut en voir de son côté du comptoir. Il a déjà oublié le verre cassé dans l'évier et la petite égratignure qui laisse quelques gouttes de sang dévaler dans la paume de sa main. Tu sors d'où comme ça ? Qui t'a déposé ? Le ton détaché, toujours. Parce que si il y a bien une chose que Gemma exècre ce sont les menottes invisibles qui pourraient se refermer sur ses frêles poignets si ils relâchaient tout deux leur attention. Mais quand bien même, il n'aimait pas la savoir errer dans les rues de Nights Falls à cette heure-ci. Il intercepte alors le regard d'un client. Un regard mal avisé. Un regard qui doit immédiatement dévier avant qu'il ne sente la rage l'étouffer plus que ce n'est déjà le cas. Gunnar je te conseille de regarder le fond de ton verre si tu veux pas que je passe derrière le comptoir. Menaçant, sec. C'est pas tant parce que c'est elle mais parce qu'il supporte plus les comportements de gros porc dont il est témoin toute la sainte journée. Ou peut-être que si. C'est parce que c'est elle. Tu devrais rentrer. Pas d'humeur à subir des émotions fortes. Et c'est clairement ce qui lui inspirait Gemma à chaque fois qu'elle respirait le même oxygène que lui.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyJeu 28 Déc - 5:28

Tiens, Cruella. Elle laisse échapper un rire reptilien. Rien de franc, rien de joyeux, juste le carillon de l'arrogance ordinaire. L'air de dire qu'elle apprécie le compliment - tellement plus précieux que les odieux 'sweetheart' et 'honey' lui étant adressés quotidiennement. Car Gemma, elle n'est pas douce, elle est tout sauf sucrée, elle est dangereuse et il est bon qu'il s'en souvienne. Qu'ils s'en souviennent tous. Aussi facilement que ça, Nikos lui réinsuffle de sa superbe sans le savoir. Effacés, les réflexes inquiets, la sollicitude non sollicitée. Balayés sous le bar. Gemma de Vil, temporairement secouée par les évènements de la soirée, a repris sa place, celle qui aime le goût de la vodka et la couleur du sang. Celle qui n'a de compte à rendre à personne. Aussi, quand il pose deux questions, du bout de ses glorieuses lèvres, l'air de se foutre de la réponse avec juste une pointe trop de désinvolture pour être crédible, elle tique. Roule des yeux avec la grâce évidente de celle qui est passée maître de la discipline. Elle a envie de lui répliquer que, contrairement à lui, tout le monde n'a pas la malchance d'avoir un daron donc la préoccupation paternelle, il peut bien se l'enfoncer dans la gorge et s'étouffer avec. Elle ne dit rien. Lorsqu'il grogne à l'intention d'un client situé dans son dos, il enfonce le clou. Ça la ferait presque ricaner. De quoi croit-il la protéger, cet idiot, alors que le seul réel danger pour elle dans ce pub, c'est lui. Tout le reste, elle connaît. Tout le reste, elle combat, elle soupire, elle est habituée, une résistance lasse dont elle fait partie depuis son onzième anniversaire. La seule inconnue, qui lui glacerait le sang s'il n'était pas occupé à le faire bouillir, c'est lui. Elle rature cette réflexion aussitôt, en noie les implications dans le verre à shot qui la fixe depuis le bar. La brûlure de la vodka rencontre les non-dits à mi chemin dans sa gorge, les empêche d'arriver jusqu'à sa bouche, à jamais destinés à être tus. En réponse à son presque ordre - wrong move, Avergopulos - Gemma dépose le verre vide sur le bar, ensuite sa pochette juste à côté, enfin son postérieur sur le bois abîmé d'un des hauts tabourets bordant le comptoir. "Tu vas me laisser boire seule ? Quelle galanterie." Lèvres plissées dans un sourire savant, elle retire la veste drapée autour de ses épaules et la laisse tomber sur le tabouret adjacent, faisant apparaître des kilomètres de peau satinée et de satin poudré qui, très Naissance de Vénus au Château Regent, enfilent des airs obscènes sous les ampoules fatiguées du Lion. Elle jette un coup d'oeil paresseux au dessus de son épaule, laisse ses yeux rencontrer ceux, carnassiers, du patron. Ceux, vitreux, de sa jeune compagnie. Ceux, affamés, fuyants, du pauvre type dans le fond. Gemma laisse son regard lourd poser sur lui juste une seconde de trop. Le désigne du menton, à l'intention de Nikos. "Gunnar apprécierait sans doute plus ma compagnie, t'en penses quoi ?" Le ton est faussement léger, accompagné d'un basculement de cheveux devant son épaule étudié. Située en plein couloir d'un courant d'air, au milieu de ce bar moite et frais, elle a la gorge fiévreuse et les épaules froides. La fausse brise perce un trou entre ses omoplates nues, et machinalement, Gemma se demande si la brûlure laissée par les lèvres de Koch le long de sa colonne vertébrale est visible. Comme si le simple fait qu'elle sente toujours le contact clandestin, la pression fantôme, pouvait physiquement lui échauffer l'épiderme. Elle veut une victoire ce soir, Gemma. Scratch that - elle a besoin d'une victoire. N'importe laquelle, n'importe comment. Elle veut récupérer les quelques onces de dignité qu'une bouche et deux mains sont parvenues à lui arracher, avant qu'elle n'envoie son genou causer quelques dégâts dans un pantalon de costard.
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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyJeu 28 Déc - 10:55

Il la regarde balancer la liqueur au fond de sa gorge et il peut pas s'empêcher de se demander pourquoi c'est jusqu'à lui qu'elle est venue ce soir. Dans toute sa splendeur. Gemma De Salm pouvait avoir n'importe qui, tout le monde le savait et pourtant c'était dans son appart' miteux qu'elle venait se réfugier les soirs où la lune était cachée derrière des nuages épais et que le vent soufflait dehors jusqu'à vous glacer jusqu'aux os. Incompréhensible. Il se souvenait d'elle au lycée, toujours au milieu de hordes de gens qui rêvaient sans doute tous d'être leur ami ou de la foutre dans leur lit. Elle ignorait la plupart de ceux-là. Inaccessible. Impétueuse. Encore maintenant, il ignorait totalement si elle se souvenait l'avoir croisé au moins une fois au lycée. Mais c'était plus son problème. Parce que maintenant elle était en face de lui, et qu'il était le seul à la voir comme il la voyait. Un grand privilégié et elle ne se privait pas de lui rappeler. Par un regard appuyé, parfois presque dédaigneux. Ou ce fameux mouvement de cheveux lorsqu'elle balançait sa cascade rousse derrière son épaule qui lui rappelait clairement qu'ils ne venaient pas du même monde. Elle était d'humeur joueuse. Quelqu'un l'avait fait chier et elle avait décidé que ce serait lui qui allait payer. Soit. Je suis en train de bosser là. lui fit-il remarquer en continuant de nettoyer les verres qui gisaient dans l'évier sans doute parce que son abruti de père se pensait trop bien pour se livrer à ces tâches ingrates visiblement. La boule de colère s'agitait dans sa cage thoracique et Gemma semblait d'humeur à la cultiver. Il la voit faire. Il commence à la connaître, la manière dont elle se mouve et fait claquer sa langue sur son palais. Elle est d'humeur à lui attirer des ennuis, elle a soif de sang et de problèmes. J'suis pas un de tes putains de fuckboy Gemma. grogne t-il. Il n'avait pas la jalousie pour amie mais la provocation était sa kryptonite. Un mot de trop et il était capable de perdre totalement le contrôle. Il n'était pas sûr que Gemma sache ce que ça pouvait donner si jamais elle le poussait à ce point là. Elle lui donnait vraiment envie de s'enfiler un Jack maintenant. Peut-être même deux, ou trois. Ou quatre. Il lui jette un coup d'oeil, elle se croit tellement maligne. Elle élude ses questions comme toujours. Aucun moyen de savoir ce qu'elle fait et avec qui, ça fait partie des règles implicites. Celles qui n'ont pas écrites mais qui coulent de source. Comme, envoie moi un texto plutôt que de m'appeler, ne parle jamais de tes exs parce que j'en ai rien à foutre, on se voit pas pour autre chose que pour baiser. La base d'une relation sans contrainte. Vu comme elle est sapée, il suppose qu'elle venait d'un endroit où on l'aurait facilement pris pour le voiturier ou le type qui triait les poubelles ou autre travail de blaireau de la basse classe sociale. T'as raison, donne toi en spectacle devant un de ces types. La moitié sont des prédateurs sexuels. La clientèle du Roaring Lion était pour le moins spéciale. Le genre d'endroit où, selon Nikos, personne ne devrait trainer à moins qu'il n'y soit simplement et purement forcé. Exactement comme lui ce soir. Gemma aimait être au centre de l'attention, elle semait le chaos partout où elle allait. Un putain de challenge pour son équilibre intérieur ce bout de femme incandescent. Mais ce flot de pensées se heurta à la voix caverneuse de son père. Son sang se glaça instantanément et il sentit les poils de son échine se dresser. Eh Nikos, combien de fois j't'ai dis de pas ramener tes plans culs au bar ? La boule de colère se transforme en tornade, emporte tout sur son passage entre ses côtes et l'étouffe quasiment. Il sent les fourmis prendre possession de l'arrière de son crâne, cette sensation un peu trop familière et destructrice. Celle qui lui fait balancer les chaises dans le bar et couler le sang d'inconnus. Mais elle est là, en face de lui. Et il veut pas qu'elle assiste à ça et l'obligation de se contenir l'écrase un peu plus, le fait converger vers sa haine viscérale. Franchement Papa ? Va te faire foutre. Va vraiment bien te faire foutre. Le verre casse à nouveau, il s'empare d'une bouteille de jack. Laisse ça là Nikos. Un doigt d'honneur. Viens, on se casse. Il fait le tour du comptoir et la chope par le bras fermement, l'entrainant avec lui hors du bar. Il manque de glisser sur la neige, il est énervé. Ses mouvements sont saccadés mais il tient encore fermement sa bouteille de Jack. Il a honte. Honte de son père, honte de comment il a parlé de Gemma. Ils se retrouvent là comme deux cons dans le froid et c'est encore la faute de son père. Son putain de père. Parfois il aurait aimé que ça soit lui qui parte à la place de sa mère. Son audace, son insolence. Lui qui ramenait toutes les nanas qu'il s'enfilait alors que sa copine l'attendait sagement dans la ville d'à côté. Sa façon de se comporter en patron alors que Nikos s'investissait cent fois plus que lui dans cet établissement depuis que sa mère était morte. On peut pas aller chez toi pour cette fois ? Ca aussi c'était une des règles. Ne jamais aller chez elle. Mais bordel. Ce soir n'était le soir de personne.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptySam 30 Déc - 4:46

Les yeux de Gemma papillonnent à travers le pub. Puisque le nombre d'occurrences en lesquelles elle a poussé la porte constellée d'échardes doit être compté sur plus de deux mains, faudrait croire que l'endroit a fini par lui être familier. Pourtant, chaque fois, c'est voyage en terre inconnue. Rien ne s'accole à son esprit, rien ne laisse une impression durable, un détail qui la suivrait lorsqu'elle claque la porte. Le Lion, un point sur la carte, trou noir dans la ville. Cessant d'exister dès qu'elle le quitte, à jamais destiné à être tu, à être oublié. Peut-être c'est parce qu'elle n'appartient pas à ce monde, le contraste est criant, tous les atours dont elle se pare, scintillant ailleurs, sont ici décadents. Peut-être est-ce parce qu'elle à autre chose à observer, et qu'une certaine mâchoire, si elle est capable de lui faire traverser la ville, peut définitivement lui faire oublier tout le reste. Ou peut-être est-ce un choix, au fond; la mémoire volontairement sélective d'une existence parfaitement compartimentée. Leurs interludes cachés, honteux, ses souvenirs de velours en antimatière. Nikos est un secret, Nikos est un problème, Nikos est une foutue faiblesse - et chaque fois qu'il ouvre la bouche, elle se souvient à quel point il est important qu'il en reste ainsi. Il dit être occupé à travailler, et Gemma balaie un long coup d'oeil à travers la pièce quasi déserte. Indispensable, uh ? Il dit ne pas être un de ses fuckboys, et elle plisse les lèvres avec amusement, haussant un sourcil amusé, un rien provocateur. Il l'interprétera comme il voudra, voire pas du tout s'il sait ce qui est bon pour lui. Mais ça lui titille la langue, à Gemma, cette envie de lui demander et t'es quoi, alors ? C'est tragique, à ses yeux, cette habitude de Nikos à se définir par la négative. Ses contours sont flous, constamment en contre-jour. Elle ignore ce qu'il est, mais sait ce qu'il n'est pas. Le fils de son père. Libre. Destiné à rester à Crescent Heights. Un de ces putain de fuckboys. Elle rit, un son rauque, mauvais. Ses doigts se ferment autour du verre vide. Elle rit jaune et pense noir. Elle songe à sa rencontre avec les filles. Aux larmes de Kitty. A la batte de Dylan, au flingue de Cece, aux doigts de Koch et à ses ongles à elle. "Bienvenue sur terre, où absolument tous les types sont des prédateurs." Peut-être qu'il a raison. Peut-être qu'elle devrait rentrer. Pas par crainte, pas par fuite, pas parce qu'elle a peur de ces types, encore moins parce qu'elle est obéissante. Simplement par amour du mystère. Aussi facilement qu'elle est apparue, elle disparaîtra; sortira son scalpel et, d'un coup sec, la main stable, ôtera Nikos de sa vie. C'était sympa tant que ça a duré, adieu, see you never. Elle en a rien à foutre, de la voix du monstre paternel dans son dos. Tout ce qui l'intéresse, c'est lui, la rage dans sa gorge, peau tendue sur la jugulaire. Elle n'a jamais prétendu être un ange, Gem. Elle n'a jamais prétendu être rien d'autre que les éléments déchaînés dans un sac de peau. Aussi, elle n'a aucun scrupule à se régaler du spectacle. Parce qu'avec les poings serrés, Nikos, il prend plus de place. Il vit plus fort. Il est autre chose qu'une somme de négatifs. Avant qu'elle ne puisse cligner des yeux, il lui agrippe le bras, elle agrippe sa pochette. Dehors, le froid fait office d'une gifle. Elle croise les bras pour se réchauffer, ce qui bien sûr lui donne l'allure d'une connasse absolue lorsqu'elle lève le menton pour planter ses yeux dans ceux de Nikos. "Chez moi, hm ? Je croyais que t'étais pas un de mes fuckboys." Lui qui, pour une raison inconnue, échappe à la règle du aussitôt habillé, aussitôt oublié. Les mecs en dose homéopathiques, deux heures, quatre mots, et retourne dans les limbes dont tu viens. Lui qui s'en sort avec des questions telles que d'où tu viens, qui t'a déposé sans qu'elle tourne les talons. Elle a besoin de se prouver quelque chose, ce soir. Elle a besoin de se prouver qu'il a beau croire ce qu'il veut, il est rien d'autre qu'un de ses fuckboys. "J'ai pas besoin d'être défendue, ok ? J'en ai rien à foutre de ton père. Si tu veux absolument sauver quelqu’un, sauve-toi toi-même. Ou sauve cette pauvre fille à l'intérieur. N'importe qui là-dedans en a plus besoin." Elle n'a pas la prétention de croire que le conflit à l'intérieur est entièrement dû à elle. Elle est lucide. Juste une pomme dans un putain de verger de la discorde. Une famille en décomposition. Et ça la tue, Gemma, de songer au nombre de fois où elle a entendu que c'était contre-nature, d'avoir deux mamans, que l'amour brut, inconditionnel de leur nid est pêché. Parce que, putain, à voir des pères comme celui de Nikos, Gem est fière d'être fille d'une éprouvette. "Où est ta caisse ?" Parce qu'elle a besoin de se barrer, là, tout de suite. Et ça a beau aller à l'encontre de toutes ses règles minutieusement établies, ça a beau être une erreur monumentale, putain, si elle peut permettre à Nikos de se soustraire à ce connard, à ce trou, à ce quartier, boursouflure urbaine qui empeste les larmes et l'échec, ne serait-ce que pour une nuit, elle lui ouvre grand la porte.
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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptySam 30 Déc - 13:34

Le froid le glaça instantanément mais ça le dérangeait pas outre-mesure, il se contenta de croiser les bras pour garder un peu de chaleur, seulement habillé de son pull noir over-sized et de son jean déchiré. Il sentait le vent s'infiltrer dans chaque interstice, le faisant frissonner mais c'était les nerfs qui le portaient et il était encore trop concentré sur l'insolence de son père pour sentir le froid. Sa Canada Goose l'attendait dans sa caisse, et sûrement que si son père venait pas de sévèrement lui casser les couilles, il aurait apprécié ces bourrasques. C'était un mec du froid, un mec du vent qui siffle à travers les stores et sous les portes, un mec qui prenait son kiffe à dormir sous quatre couettes la fenêtre ouverte pendant que les enfers se déchainaient au dehors. En revanche, si y en avait une qui ne manquait jamais de lui donner chaud c'était Gemma. Sa répartie fuse dans les airs comme d'hab, et Nikos se contente de la regarder comme si elle était la chose la plus inintéressante du monde. Nikos, c'est le maitre de l'indifférence et c'est ce qu'il lui donne présentement parce qu'il sait qu'elle s'abreuve de la mièvrerie et de la détresse des autres. Il attend qu'elle entame le prochain chapitre et c'est ce qu'elle finit par faire, et franchement c'est encore un putain de film. Elle est là, les bras croisés, perchés sur ses talons aiguilles. Lui rappelant qu'elle n'avait pas besoin d'être défendue, ce qui était franchement marrant au vu de sa silhouette frêle et son visage parfait de poupée. Nikos se dit alors qu'il la préfère vraiment une fois au pieux. Là au moins elle se tait, là au moins elle le laisse prendre le contrôle et ses remontrances de féministe sont, loin, loin dans le cosmos. Mais pour le moment ils sont pas dans un pieu, ils sont dans le froid et Gemma décide de participer à son pétage de câble, juste après son père. Le brun secoue la tête en signe d'incompréhension. A quel moment j'ai essayé de prendre ta défense ? T'es pas le centre du monde Gemma, pas du miens en tout cas. T'en fais pas, on sait que tu peux te débrouiller toute seule comme une grande. Y'a qu'à voir la gueule que tu faisais quand t'as débarqué au bar. Allez, toc. Oeil pour oeil, dent pour dent. Peut-être qu'elle pensait être arrivée l'air de rien mais Nikos était persuadé que la soirée avait pas tourné comme elle l'espérait. Il n'aime pas qu'elle lui parle comme à un de ces gros rustres qui pensaient sûrement que la terre tournerait plus rond sans la présence des femmes derrière un volant, derrière un bureau ou derrière leur cul. Mais Nikos était pas de ces mecs-là, jamais il ne jouerait le super-héros à moins que ce soit un cas de force majeur. C'était peut-être ça qui la dérangeait la belle rousse qui le fusillait du regard, qu'il était ni un héros, ni un méchant. Une sorte d'entre-deux désagréable pour une femme tranchée comme elle. Bien fait. Là-bas. qu'il fit en montrant sa vieille Chevrolet, pure bijoux américain un peu défraichi, fallait l'avouer. 20 minutes plus tard, ils passaient la porte de chez Gemma et Nikos se sentait encore plus con de l'emmener chez lui, dans sa pouillerie ou l'arrière de sa banquette arrière. Ici tout était beau, propre, sentait bon, était décoré avec goût. Il n'avait jamais imaginé la chambre de Gemma mais il supposait qu'il aurait imaginé ça. Il baissa la fermeture éclaire de sa Canada Goose et en sorti la bouteille de Jack qu'il avait dérobé quelques heures plus tôt. Il posa la bouteille sur une table et alors que Gemma passait devant lui, il l'attrapa par le bras et l'attira contre lui, entourant sa frêle silhouette de ses bras. Sans un mot. Sans rien. Ils étaient pas du genre à s'enlacer, pas du genre à se câliner. Si Gemma laissait ses doigts se balader sur son dos c'était le bout du monde. Ils étaient pas de ce genre-là, mais ce soir Nikos en avait eu envie comme d'une dose pour un camé. J'avais froid. se justifie t-il en relâchant son étreinte, s'attendant à recevoir la foudre d'une Gemma qui n'était pas du genre à se répandre en démonstration d'affection.
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Gemma de Salm
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Gemma de Salm

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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyMar 2 Jan - 10:40

T'es pas le centre du monde, Gemma. Pas du mien en tout cas. Elle ne peut s'empêcher de sourire. Ou serait-ce ricaner ? Qui sait. Avec elle, les deux se sont toujours superposés. Elle montre les canines, et il est impossible de savoir si c'est sourire ou menace. Si cela dénote contentement ou amertume. A force de se goinfrer de la malveillance des hommes, de se délecter du venin, elle a fini par les confondre. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'il vient de dire exactement ce qu'elle voulait entendre. Qu'il claque la porte du pub car son paternel est un connard toxique, elle approuve. Qu'il claque la porte car ledit connard lui a adressé quelques aboiements insultants la concernant, elle refuse. La satisfaction qui roule dans sa gorge serait délicieuse si elle n'était pas mâtinée d'une réalisation amère. Pour la première fois, elle est heureuse que ses mamans soient loin, à Washington, derrière quatre murs et plusieurs frontières d'états. Là où elles ne peuvent pas la voir. Car le couple aimant et amoureux qui lui a donné la vie serait sans doute horrifié de voir leur petite princesse aujourd'hui. De constater ce que Gemma considère comme de la romance. Elle pour qui l'indifférence est un mot doux, le désintérêt irrésistible. Car il est parfait, Nikos, ou parfait pour elle. Il n'attend rien; elle n'a rien à donner. L'équation fonctionne. L'équation est suave, savoureuse. Acérée et exquise, évidente et juste assez difficile pour en valoir la peine. Alors entendre qu'elle n'est pas grand chose, cela l'enchante. C'est toute la place à laquelle elle a jamais prétendu, pour lui. Rien. L'équivalent émotionnel d'un trou noir. Cela la ravit. Ou peut-être que c'est un poignard dans l'estomac, et qu'elle est simplement incapable de faire la différence entre contentement et amertume. Parce que, ironie dramatique, elle a fini par confondre. Et tant pis s'il n'est pas aussi idiot qu'il devrait, s'il lit plus clair en elle que ce qu'elle croyait. Tant pis s'il a vu qu'elle était dépitée, ce soir, qu'elle était vaincue. Elle se réconforte en se disant qu'il saura, comme ça. Qu'elle ne vient pas se réfugier près de lui car elle a besoin de lui, mais car elle a besoin d'échapper à quelque chose. Qu'elle doit chasser l'empreinte d'un autre sur sa peau. Il est simplement la façon la plus commode d'y parvenir. Elle le laissera la brûler jusqu'à faire disparaître entièrement les traces de Koch. Ou peut-être que c'est destiné à la réconforter elle, toute cette mascarade. Cette habitude de ne venir s'échouer aux pieds de Nikos que lorsque la marée l'y oblige. Tout va bien tant qu'il reste une réponse, avant qu'il ne devienne une addiction. Depuis le siège passager, elle l'observe à la dérobée. Il est glorieux en bleu et or, successivement Neptune et Apollon à la lueur des phares et des lampadaires. Elle a envie de tourner la tête, de laisser ses yeux embrasser le profil de Nikos, mais c'est trop dangereux. Elle a trop d'indifférence à prouver à son tour. Elle a envie d'un baiser, et elle a envie d'un crash. Quelque chose de violent et vif. Un crissement et une collision. Qui lui remettrait les idées en place. Elle a envie de s'enrouler autour d'un arbre pour éviter de s'enrouler autour de lui. Il se gare dans l'allée entre le manoir principal et la dépendance où elle vit, et elle prie pour qu'il éteigne rapidement les phares. Une fois la porte d'entrée claquée derrière eux, Gemma ne pousse sur aucun interrupteur, n'invoque aucune lumière, le guide en agrippant les pans de sa veste jusqu'à l'étage, dans une pénombre dense et pourtant pas assez absolue à son goût. Elle veut qu'il ferme les yeux ou qu'il ne voie qu'elle. Pas par coquetterie, sinon instinct de conservation. Elle connaît les mecs dans son genre. Jamais chez elle, c'était la règle. Car elle sait ce qu'il arrive lorsqu'ils entrent en contact brutal avec son Orange Grove personnel. Marbre et cristal, irisé et capiteux. Baroque et excessivement féminin, luxueux et un tantinet inquiétant. Lorsqu'ils s'aperçoivent qu'ils détonnent, qu'ils heurtent, qu'ils jurent - comme une Chevrolet bosselée devant un manoir à la française. Normalement, elle utilise l'ascendant contre eux. Qu'ils se sentent suffisamment déplacés pour mettre les voiles dès qu'ils lui deviennent obsolètes. Avant Nikos, elle n'a jamais souhaité qu'ils reviennent. Dans sa chambre, volontairement obscure, sciemment feutrée, elle abandonne sa veste sur un fauteuil. Elle fait tout pour qu'il ne tourne pas la tête, pour que rien de ce qui les entoure ne puisse s'imprimer de façon permanente. Aussi, lorsqu'il passe un bras autour d'elle, contre toute attente, elle ne mord pas. Ni feulement, ni ronronnement, elle se laisse faire. Se demande si l'épine sous son sternum est peur ou, pire, espoir. Se demande s'il existe vraiment une différence entre les deux. Elle déglutit. Un goût métallique sur la langue. Déterminée, elle pose les deux paumes à plat sur le torse de Nikos et pousse. Il tombe assis sur son lit à baldaquin, jean rêche contre le satin. Debout face à lui, perchée sur ses talons, elle est grande et elle s'en régale. Profite de sa dominance physique à défaut de continuer à croire qu'il lui reste le moindre contrôle mental. Il y a la bouteille sur la table de nuit; elle se penche pour l'attraper, dévisse le bouchon et s'accorde une gorgée sans quitter Nikos des yeux - comme pour l'obliger à faire de même, comme pour lui interdire de balayer la pièce du regard, Gemma et la somme de ses parties, son téléscope, ses bouquins, les tracts pour la campagne de sa mère, les bougies, jusqu'à la paire de pompes devant le miroir doré, comme une Gem invisible qui admire son propre reflet. Le Jack brûle dans sa gorge, alimente le brasier. Elle lui tend la bouteille. "Tiens, ça réchauffe." Il est mâle. Il est donc incapable d'entendre. Mais s'il avait des oreilles, il saurait que ces trois mots signifient bien plus que trois mots, qu'ils veulent dire tiens, ça réchauffe, ça réchauffe plus que moi, et si tu as froid, fous le camp, va t'en loin et va t'en maintenant, parce que j'ai l'air d'une flamme mais ne t'y méprends pas, je suis une glacière, j'ai choisi d'être une glacière car le gel est la seule façon d'empêcher aux choses de pourrir, de maintenir la moissisure à distance, et s'il y a une chose que tu dois retenir de cette putain de métaphore c'est que si tu poses ta paume contre de la glace, ça brûle d'abord. Et ça paralyse ensuite. Elle plisse les lèvres. "Tombe pas amoureux de moi, ok ?" Le ton est à l'image des mots. Prétentieux. Cruel. "Tu vaux mieux que ça." Et, sous le reste, sous des dizaines de couches de dédain, princesse au petit pois de ses propres sentiments, peut-être un peu terrifié aussi.


Dernière édition par Gemma de Salm le Mer 17 Jan - 10:55, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyMar 2 Jan - 21:30

Il devine que là où habite Gemma n'a rien avoir avec ce qu'il lui offre. La chose incroyable quand on est pauvre, c'est qu'on reconnait immédiatement les gens riches. Ils ont ce truc en plus que les autres n'ont pas et qui attise la jalousie. Pas chez Nikos. Nikos n'a jamais été matérialiste, Nikos n'a jamais aspiré à autre chose qu'à faire connaitre son talent pour la musique. Tout le reste n'est que strass et paillettes, un monde lointain qui le laisse indifférent. Il sait que tout ce qui brille n'est pas d'or, Gemma en est la preuve. Sinon pourquoi s'intéresserait-elle au mec qui co-gérait avec son connard de père un pub fréquenté par les alcooliques et des prostituées ? Le choc des deux mondes. Première fois qu'il débarque en terrain inconnu mais c'est pas le matching des rideaux avec le tapis qui l'intéresse. C'est ce qu'elle va faire, maintenant qu'il l'a entouré de ses bras. Evidemment que ses deux mains viennent se poser sur son torse pour le repousser, évidemment qu'elle l'assassine du regard, évidemment qu'elle est pas venue le chercher dans son bar flingué pour ça. Evidemment que c'est pas son rôle, évidemment qu'elle se foutra jamais le feu pour le réchauffer. Evidemment qu'elle va le remettre à sa place dans trois... Deux... Un. Tombe pas amoureux de moi, ok ? Il aimerait bien, ça voudrait dire qu'il est capable de ressentir quelque chose de normal. Quelque chose d'autre que le néant qui l'habite. Elle lui parle d'un truc qu'il connait pas. Un truc abstrait qui fait que le monde tourne rond et qu'Adele s'est retrouvé numéro 1 des charts pendant des mois. Il aimerait bien Nikos avoir ce frisson-là, avoir cette envie irrépressible de lui dire ces trois petits mots. Il aimerait qu'il y ait un risque. Mais la vérité c'est qu'il sait même pas ce dont son âme est capable. Il sait même pas si il en a une. C'est pour ça qu'elle aime tant ses bras et ses draps, parce que comme elle ils sont rien censés ressentir. Du moins pas les sentiments lambdas qu'ils appellent l'amour, eux autres. Le commun des mortels qui lui paraissait tellement chiant, tellement lointain. Qui serait foutu de comprendre ce qu'il se passe dans cette pièce à part eux. Les yeux de Nikos se sont habitués à l'obscurité à présent et il peut deviner le contour de ses courbes. Elle remplace la chaleur humaine par la chaleur de Jack. Il la regarde s'en descendre une et la prend à son tour, l'imite puis repose la bouteille. Elle s'attend à ce qu'il réponde à cette énième provocation et honnêtement la tentation est rude. Elle mérite qu'il se lève et qu'il se casse, qu'il la laisse comme une conne réfléchir à ce qu'elle vient de dire parce qu'après tout c'est lui qui passe une soirée de merde, bordel. Elle a cette faculté à tout retourner à son avantage, cet égocentrisme insupportable qui fait d'elle la nana qu'on adore détester. Il se demande encore pourquoi elle tient tellement à lui montrer qu'elle en a rien à foutre de lui alors que l'inverse est clair. Il l'a accepté contrairement à elle. Il a accepté d'être habitué au contact de sa peau d'ivoire, il a accepté de s'être habitué à sentir ses cheveux lui chatouiller le dos ou le torse. Ils n'ont dormis qu'une fois ensemble, et peut-être qu'elle croit qu'il a oublié qu'elle s'était barré en plein milieu de la nuit après s'être rendu compte qu'elle s'était réfugiée contre lui mais pas lui, il oublie pas. Il finit par se demander si cette demande prétentieuse, c'est pas plutôt un ordre qu'elle se donne.  Alors il lui donne la réponse qu'elle attends pas, juste pour qu'elle se la ferme et qu'elle devienne sienne. "Je prends le risque." Y'a aucun risque. Y'a aucun putain de risque qu'il se répète. Il soutient son regard dans la pénombre de la chambre et cette fois-ci c'est son tour de prendre le contrôle. Elle le surplombe de toute sa stature et ce soir, il a la flemme d'attendre le signal de son consentement. Ce soir est particulier. La lune est assez haute dans le ciel pour le laisser profiter de chaque putain de pixel du spectacle. Il lève la main et effleure du bout des doigts l'arrière de ses cuisses alors qu'il entoure ses jambes de ce même bras. Une étreinte à ces jambes interminables, douces et galbées. Nikos a pas beaucoup voyagé mais il sait à quel point la beauté de Gemma est exceptionnelle. Il sait aussi qu'elle le sait parce que c'est impossible de l'ignorer. Elle est tout ce qu'un homme peut craindre et désirer à la place. Il peut sentir son parfum d'ici et il imagine déjà les sous-vêtements en dentelle noire qu'elle a du enfiler avant de sortir. Putain ouais, il avait jamais ressenti grand chose dans sa vie mais l'excitation lancinante qui se faufile comme un félin affamé dans son cerveau et le reste de son corps est bien réelle, elle. "Tu veux ce que t'ai venu chercher ou tu veux continuer à me décourager pour que je me casse et que t'ailles encore raconter une nouvelle fois à quel point les mecs sont tous des enculés ?" Elle lui a déjà fait le coup. Arriver énervée, le chercher, le trouver, se barrer. Ca lui avait presque valu de se faire rayer de la carte, parce qu'il était du genre à tout lâcher quand ça commençait à devenir trop compliqué. Mais il avait pas résisté aux portes-jarretelles qu'elle lui avait montré discrètement derrière le bar la fois d'après. Ouais il était sans doute condamné tant qu'elle existait dans la même dimension que lui, les limbes du désir se trouvait entre ses jambes et il acceptait volontiers d'y plonger tant que la déesse des enfers le laissait.
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Gemma de Salm
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MessageSujet: Re: maybe this world is another planet's hell (gemma)    maybe this world is another planet's hell (gemma) EmptyJeu 4 Jan - 11:42

Il est assis sur son lit. Dans un fracas monumental de verre brisé qu'elle est seule à entendre, la fenêtre se brise. Celle qui maintient Nikos loin de la réalité, de sa réalité, le miroir sans tain qui empêche à Gemma de le voir lui lorsqu'elle admire son propre reflet. Il est là, il est ici. Elle savait que c'était une erreur avant même de céder, mais de le voir assis sur son lit, d'un coup, ça, lui, eux, ça devient réel. Ça se matérialise, s'extirpe de la fumée dans laquelle elle conservait jusque là les souvenirs à vif de leurs nuits tandems. La nécessité de le garder à distance de bras, de ne jamais le voir que chez lui ou au pub de son père, apparaît plus claire que jamais. D'une erreur, il est devenu une habitude. En le laissant passer le seuil, elle entache toute la putain de maison. Elle s'assure qu'au réveil, que demain matin et tous les suivants, il soit toujours là. Parti depuis longtemps, ses empreintes digitales déposées partout. Lui ici, c'est tout sauf sage. Ça ne colle pas à son mode de vie, c'est pas en alignement avec ses principes et ça l'irrite. De devenir cette fille là pour la simple raison qu'il a demandé "on peut pas aller chez toi ?" Elle se voudrait plus disciplinée mais, malédiction du scorpion, Gemma est sanguine, volcan qui se prétend femme. Et elle en a envie. De lui, de sa mâchoire, de sa clavicule, du goût boisé du Jack contre son palais et dans le souffle de Nikos. Il lâche "je prends le risque" et elle pince les lèvres. Rien que pour ça, elle devrait faire marche arrière. Lui lancer sa veste et lui ordonner de foutre le camp. Parce qu'elle sait qu'il ne dit ça que pour la désarçonner, un foutu sport olympique entre eux. Qu'il joue à avoir l'air humain, un pouls, une chaleur au contact de laquelle les veines glace de Gemma fondraient. Elle était tellement certaine qu'il répondrait par un grognement qu'elle a presque l'impression de l'avoir entendu. Il a pas le droit de dire ça, car eux c'est pas un risque, c'est pas un remède, c'est même pas un carnage. C'est à peine un rêve fiévreux, une hallucination tourmentée, effacée dès que la température retombe. Avant qu'elle ne puisse se résoudre à le chasser, option statistiquement peu probable même si elle se plaît à entretenir l'illusion qu'elle possède suffisamment de force de volonté pour le faire, la main de Nikos franchit la distance. Approche le scorpion discret tatoué à l'intérieur de sa cuisse. Elle n'y peut rien, si elle rend les armes. Si elle abandonne, aussi facilement que ça. Cinq phalanges incendiaires. Un pyromane sous son toit. C'est pas sa faute, à Gemma. Elle a toujours admiré les astres, elle a toujours rêvé aux constellations. Et celles que Nikos trace sur sa peau, planètes chair de poule naissant sur sa jambe, sont parmi les plus fascinantes. Et que t'ailles encore raconter une nouvelle fois à quel point les mecs sont tous des enculés. Elle se mord la lèvre pour s'empêcher de sourire. Ça ne devrait pas l'amuser, lui arracher un rictus, mais cette fille dont il parle, c'est la seule personne dont elle a jamais été amoureuse. Elle en est fière. Impétueuse, changeante, impénitente. Fille météo, canicule puis tornade. Sans remords, sans promesses, qui déboule sur un coup de tête et fout le camp sur un coup de tonnerre. Alors non, elle ne regrette rien, elle a entièrement raison, tous les mecs sont des enculés. "Hm hm. Mais toi t'es pas un mec." A voix basse, entre deux inspirations courtes qui sentent le whisky et les mauvaises décisions. "T'es une putain d'étoile filante." La paume de Nikos s'ouvre contre sa jambe et, bon sang, elle a les nerfs tellement échauffés qu'avec ce simple contact, elle pourrait lui lire les lignes de la main. Elle se penche vers lui et tout disparaît. La bouteille, Koch, Stavros, Gunnar et ce risque qui n'en est pas un, ce risque de rien car c'est déjà l'incendie. Disparus. Tout le reste s'évanouit, tombe autour de ses pieds en même temps que sa robe. Dentelle ébène sur la peau ivoire, pleine lune dans les cheveux de Nikos, un drame en noir et blanc projeté sur l'écran de ses draps. Etoile filante, c'est pas un compliment, c'est pas un aveu. C'est un avertissement. Poussière cosmique, brève et brillante. Repositoire des rêves des autres. Qui brûle en approchant. Prédestiné à rien d'autre qu'une explosion majestueuse. Et en répandant ses braises sur Gemma, c'est exactement ce qu'il fait d'elle, elle aussi. Une poussière sublime et condamnée. Ironique, pour un barman, qu'elle préfère s'enivrer de lui, plus électrisant que la vodka, plus ténébreux que le Jack. Elle gémit, elle mord, elle inspire des braises et expire des cendres. Et c'est officiel, elle n'aurait jamais dû accepter de l'amener ici. Car sa chambre, c'est son sanctuaire, sa cathédrale, son couvent, son autel. C'est son lieu de culte, loin des astres, où elle laisse entrer ses fidèles pour qu'ils louent son nom. Et à partir de maintenant, chaque fois qu'elle lèvera les yeux vers le ciel de lit, tout ce qu'elle sera capable de voir, c'est une foutue pluie d'étoiles filantes.
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