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 we are the (broken) hearts / nora

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MessageSujet: we are the (broken) hearts / nora   we are the (broken) hearts / nora EmptySam 30 Déc - 9:50

une clope, deux clopes, trois, quatre. elles s'enchaînent à une vitesse folle. c'est compulsif, impulsif. ismael, il a la tête qui tourne et le cœur qui bat la chamade à l'intérieur de sa poitrine. des semaines qu'il traîne autour des arcades, les yeux vagabonds à la recherche d'une silhouette qui, même après tant d'années, reste toujours aussi nette dans son esprit. des semaines qu'il l'aperçoit, là, sur le trottoir d'en face. des semaines qu'il bouillonne de la voir. de la voir heureuse - heureuse sans lui. et ismael, il n'en peut plus. il n'en peut plus de ne pas pouvoir la toucher, la prendre dans ses bras ou la frapper pour lui faire comprendre qu'elle aurait dû rester, rester à ses côtés. aujourd'hui, tout s'enchaîne. pas seulement les clopes. pas seulement les battements de son cœur. tout. il ne sait pas pourquoi il réagit comme ça, ni pourquoi il ressent un vif pincement à l'intérieur de son être. il ne comprend pas pourquoi, à l'instant même où il passe la porte des arcades, son corps entier le supplie de reculer, de faire demi-tour. des années qu'il attend ce moment, ce moment fatidique où il lui dégueulera sa haine au visage. des années qu'il pense à leurs retrouvailles. des années qu'il espère que nora réussira à le calmer, à l'apaiser comme personne n'a réussi à le faire depuis qu'elle s'est barrée. et pourtant, lorsque ce fameux moment est arrivé, il n'a plus envie. il n'a plus envie de la revoir. plus envie de rien.
et quand ses iris se posent sur un visage qu'il reconnaîtrait entre milles, tout s'arrête de tourner autour de lui. c'est le néant, le seul, le vrai. il reste immobile un instant - comme paralysé par cette vue qu'il a jadis adoré. au milieu des arcades, entouré de tous ces gamins à qui il aurait voulu ressembler plus jeune, il a l'impression de se noyer. de se faire emporter par tous les souvenirs, par tous les maux qu'il avait réussi à laisser de côté. ce n'est que lorsque les yeux de nora rencontrent les siens qu'il revient à lui, que la haine reprend le dessus sur sa raison. ismael et nora, c'était beau. c'était merveilleux. mais elle a tout gâché. elle est comme tous les autres, nora. une égoïste, une hypocrite. et elle ne mérite rien d'autre que son mépris. s'ils n'avaient été que tous les deux, il aurait déjà commencé à lui hurler son dégoût à la gueule, l'aurait peut-être même giflé dans un excès de colère. sauf qu'ils ne sont pas seuls. non, ils ne sont pas seuls mais il est temps qu'ils le soient. ismael se rapproche à grandes enjambées, la mâchoire serrée et ses yeux tempête plongés dans les siens. – tu viens avec moi, qu'il lui ordonne. sans attendre, ses doigts se referment autour de son poignet pour l'entraîner jusqu'à la sortie. elle pourrait se débattre, nora, qu'il n'en aurait rien à foutre. il la traînerait s'il le fallait. une fois dehors, il se retourne vers elle avec un regard toujours plein de haine. alors, nora, son prénom sort comme une insulte de ses lèvres serrées, t'es pas heureuse de m'voir ? plus de retour en arrière. c'est fini.
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MessageSujet: Re: we are the (broken) hearts / nora   we are the (broken) hearts / nora EmptySam 30 Déc - 16:02

ça tourne. elle a les yeux clos nora, rien qu’une seconde. une seconde, pour respirer calmement. une seconde, pour contenir la rage. une seconde, pour oublier tous ces mômes qui gigotent, tournent autour d’elle comme si elle était là pour les animer, les divertir. une seconde pour les rouvrir, revenir à la réalité. serrer la mâchoire pour ne pas attraper l’un de ces morveux par le t-shirt, en faire la risée de ses copains. le plateau tremblant dans la main, sur la main à bout de nerfs, elle avance nora, se démène à travers la salle. elle jure qu’ils ont intérêt à arrêter ces conneries pour ne pas la voir déraper. elle est à deux doigts de leur coller leur uniforme à la gueule et de sortir en trombe. sortir, et ne plus jamais revenir. elle ne pense qu’à ça nora, fantasme sur cette idée merveilleuse les six heures et cinquante-deux minutes de son service de sept heures. aujourd’hui, la tentation est plus forte que jamais. alors elle compte jusqu’à cinq. cinq petites secondes, et tout sera terminé. à cinq, ils se calment ou elle part. un, grande bouffée. deux, retiens-toi de craquer. trois, sens les poumons trembler. quatre, laisse l’air s’enfuir. cinq, ouvre les yeux. et regarde droit devant, nora. électrochoc. y a ses yeux qui se perdant dans ceux qu’elle ne pensait pas revoir un jour. le regard perdu auquel elle a tourné le dos y a des années de ça, déjà. trop faible. trop forte. trop lâche. ismaël. y a l’évocation de ce prénom qui même dans son esprit fait frémir tous ses membres. y a le souvenir d’un fantômes jadis un homme qui ressurgit comme une auto-tamponneuse en pleine gueule et elle perd pieds, nora. il s’approche, trop vite pour qu’elle réagisse. je ne vais nulle part. qu’elle s’entend dire, mais elle ne s’en souvient pas. et puis, le néant. déjà, il est là, la surplombant de tout son être, l’attrape par le poignet avec virulence pour la traîner à sa suite. et elle n’en fait rien, la gamine. encore persuadée de faire face à un fantôme. encore incapable de comprendre ce qu’il fait là, comment il l’a trouvée. ça la percute de plein fouet, enfin. trop tard pour y changer quoi que ce soit. lâche moi espèce de taré ! et elle hurle, elle traine des pieds, comme une gamine capricieuse. se débat comme elle peut, forcée d’admettre que même après tout ce temps elle n’a toujours pas l’avantage sur lui. la porte se referme, derrière eux. et les voilà, dans le froid glacial de fin d’après-midi, déjà plongés dans le noir. ça va si vite. elle croit que le raz-de-marée est terminé, nora, elle a tord. t’es pas contente de m’voir, nora ? ça se bouscule encore, là. dans le coeur et dans l’âme. l’autre vague est déjà en train de la noyer, sans même qu’elle n’ait le temps de respirer. comment tu m’as trouvée ? et ça se bouscule, tout la haut. y a toutes ces questions sans réponses. toutes ces excuses muettes, ces pardons effacés, toutes ces explications qu’ils n’entendront jamais. y a que le regard tonnerre du garçon et que les sourcils froncés de la gamine, les billes noires de colère figées sur lui. ça lui demande toute sa force, à nora, de pas détourner le regard. de pas faire un pas en arrière, alors qu’il la tient si près de lui, la tête menaçante au-dessus de la sienne. comme s’il pourrait lui faire du mal. comme si elle n’était plus que cette gamine, à nouveau, sans personne. comme si elle n’avait plus que lui. mais la gamine n’est plus. et nora n’a plus peur de rien, pas même de lui, cette ombre sombre et imprévisible. j’ai rien à te dire, ismaël. ça sort difficilement, sous le choc. y a au fond de ses pupilles un éclair d’interrogation. un souvenir mal placé qui fait mal, peut-être plus que tout le reste. qui la rappelle, à ce qu’ils étaient. à ce qu’ils ne sont plus. elle cherchera pas la faute, nora, elle sait très bien que c’est la sienne. la faiblesse, l’erreur. la seule. ismaël, laissé pour compte. et nora, aux traits de tous ces bourreaux qu’elle a tant haï. un coup sec pour dégager son poignet de son emprise, une seconde après pour se ressaisir. rester forte et surtout ne jamais, jamais laisser tomber le masque. alors dégage d’ici avant que j’appelle les flics. les flics. même elle a envie de rire. parce que rien n’a jamais été réglé par l’arrivée de la police dans leur monde et que ce n’est certainement pas aujourd’hui que ça allait changer.
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MessageSujet: Re: we are the (broken) hearts / nora   we are the (broken) hearts / nora EmptyMar 2 Jan - 3:56

et les yeux plongés dans ceux de nora, il sent tout son être qui se décompose. il sent les larmes invisibles qui montent et terminent bloquées par une rage sanglante qui remue au fin fond de son être. il se répète les mêmes phrases, les mêmes mots. nora, elle a préféré le quitter. nora, elle l'a abandonné lorsqu'il avait le plus besoin d'elle. et lui, lui, il croyait qu'elle ne serait jamais capable d'une chose pareille. pas elle. jamais elle. pas comme maman. pas comme papa. pas comme tous les autres. c'est à peine s'il entend sa plainte quand il l'attrape par le poignet et commence à la tirer vers la sortie. c'est à peine s'il se rappelle qu'ils sont en public. et dehors, dehors, il y a toujours cette même haine qui refuse de quitter ses veines. pourtant, ismael, il voudrait juste prendre nora dans ses bras. juste oublier ce qui a pu se passer. juste que ça redevienne comme avant. mais tout à l'intérieur de lui l'en empêche. – comment tu m’as trouvée ? à force de persévérance, sûrement. il a fait des recherches, ismael. des recherches pour un, pour deux. des recherches que nora n'aurait jamais fait pour le retrouver lui. et à cette pensée, son cœur se serre dans sa poitrine. il ne comprend pas pourquoi ça s'est terminé comme ça ; sans un mot, sans un au revoir ou juste une excuse teintée d'une affliction aussi grande que la sienne lorsqu'il a appris qu'elle était partie sans lui. dans cette pair d'yeux détestée autant que chérie, il cherche les réponses à ses questions - sans en trouver la moindre trace. – j'suis plein de ressources. nora, elle devait le savoir. elle devait savoir que, tôt ou tard, il serait là. qu'il serait là qu'elle soit encore aux états-unis ou à l'autre bout du monde. qu'il serait là pour lui faire payer, pour lui faire comprendre qu'il n'y a qu'avec lui qu'elle doit être.
– j’ai rien à te dire, ismaël. les sourcils du concerné se froncent alors que sa mâchoire se contracte davantage. elle n'a pas le droit de dire ça, nora. pas après tant d'années. il y a tellement de choses dont ils doivent parler. tellement de pêchés à laver. tellement d'insultes à se balancer. elle n'a pas le droit de lui dire ça. c'est de sa faute, tout ça, et la moindre des choses serait de s'excuser - ou de se foutre à genoux en le suppliant de la pardonner. c'est inconsciemment qu'il resserre son emprise sur son poignet, laissant une trace rouge qu'ismael aperçoit dès que nora réussit à le retirer avec véhémence. alors dégage d’ici avant que j’appelle les flics. ça ne bouillonne plus, ça explose. il se rapproche d'elle, assez pour qu'elle soit obligée de reculer même avec réticence. son dos s'écrase contre le mur des arcades, laissant ismael dans une position de force face à cette gamine qui veut se la jouer grande fille. – tu crois vraiment qu'les flics arriveront assez tôt pour t'sauver ? il a la tête qui tourne, ismael, et les poings qui le démangent. il y a tout qui se mélange dans son esprit. il l'aime. il ne l'aime plus. il la déteste. il voudrait qu'elle revienne. il voudrait qu'elle crève. nora. nora. nora, pourquoi tu as fait ça ? pourquoi t'es comme ça ? si j'voulais t'niquer la gueule juste là, à c'moment même, tu crois qu'ils arriveraient assez tôt pour t'sauver ? il insiste, la voix grave et les yeux aussi sombres que la nuit qui tombe autour d'eux. réponds moi, petite conne ! les mots comme un ouragan meurtrier qui emporte tout sur son passage. il se retient, ismael. il se retient de ne pas hurler. de ne pas la frapper jusqu'à ce qu'elle en perde conscience. et il voudrait tout arrêter. retrouver sa nora. ça se mélange. ça se mêle, s'emmêle. il n'y a plus rien qui a de sens. mais après tout, ça fait déjà un bon moment que c'est le cas.
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MessageSujet: Re: we are the (broken) hearts / nora   we are the (broken) hearts / nora EmptySam 6 Jan - 16:54

plein de ressources. elle étouffe un rictus moqueur, méprisant, voile sur toutes les questions auxquelles elle n’aura pas de réponse. ça boue à l’intérieur. ça boue de colère, de tristesse. de rancoeur, de regrets. elle sait pas quoi faire nora. pas quoi faire pour le faire fuir, le voir s’en aller. lui tourner le dos. pour qu’enfin, elle ait quelque chose à lui reprocher. pour qu’enfin, il l’abandonne, à son tour. qu’elle ait quelque chose à gueuler. elle sait pas quoi faire pour le repousser, le dégoûter. faire en sorte que le simple fait de l’apercevoir de l’autre côté de la rue le rende malade. parce qu’elle est pas celle qui faute, nora. jamais. toujours celle qu’on accuse, jamais celle qui assume. et elle le laissera pas dire ce qu’il meurt d’envie de dire. tout ce qui trône entre eux sans que jamais ils n’aient eu l’occasion de se le dire. partie comme une voleuse, nora, et resté comme un con, ismaël. l’histoire de leur vie. et ça la rend faible, nora. d’être à la place de tous ceux qu’elle a toujours détesté. d’être celle qui part, plutôt que celle qui reste. d’être celle qu’on accuse, plutôt que celle qu’on plaint. parce que nora campbell n’est jamais coupable de rien et encore moins d’être celle qui fuit. nora est grande et accuse les coups comme les hommes. la tête haute et l’âme vaillante, l’âme mourante. j’ai pas b’soin d’eux pour me sauver. craché par simple esprit de contradiction, la trace rouge qu’elle remarque sur son poignet à la seconde où elle le retire de son emprise. pas besoin des flics, juste besoin de moi. elle aime y croire, nora. elle aime y croire même si c’est contre le mur qu’elle est forcée de reculer, le dos claquant presque trop vite contre la paroi de briques fraîches dans la pénombre grandissante. peut-être que ça lui décroche un frisson. peut-être que pendant une seconde, elle se demande s’il en serait vraiment capable. parce que de tous les gens qu’elle se plaît à analyser, ismaël a toujours été le seul qu’elle n’a jamais vraiment connu. jamais vraiment su appréhender, encore moins deviner. ismaël, sa seule énigme. et ça la tue, nora. de ne pas savoir le lire. elle se contente de jeter les questions à la volée, sans jamais baisser les yeux, les yeux brillants de défi. c’est pour ça qu’t’es là ? tu veux t’venger ? coup de menton dans sa direction, elle cesse de se débattre, nora. ça ne changerait rien. parce qu’elle arriverait probablement pas à l’écarter et qu’au fond elle en a peut-être pas tellement envie. peut-être qu’elle le revoit pour la première fois depuis trop d’années et que ça lui fait pas rien, de le sentir aussi près, prêt à lui mettre une raclée. peut-être qu’elle est partagée entre l’extasie de l’avoir à nouveau près d’elle et la crainte de le voir déraper sous ses yeux. ismaël, le seul qu’elle n’a jamais su comment contrôler. le seul qui lui échappe encore, après tant d’années, et ça la rend folle, nora. folle à lier. t’en s’rais même pas capable. y a presque l’aube d’un rictus malfaisant sur les lèvres douces de la gamine. les yeux pétillants d’une lueur qu’on voit rarement - qu’on redoute toujours beaucoup trop. elle est plus là pour rire, la gamine. elle est là pour détruire. elle est là pour creuser le coeur, mettre l’âme à sac. elle veut tout retourner et ne laisser que les traces de ses griffes sur l’esprit torturé. elle veut ne laisser que son souvenir, qu’il s’en aille et la laisse vivre pendant qu’il ne pensera qu’à elle. elle et rien qu’elle. nora, nora, nora. elle le défie, sans doute un peu trop. comme à chaque fois. et elle en rêverait presque, de ses doigts se refermant avec force autour de son cou. de le laisser serrer un peu trop fort. tout ça, c’est pour dire ce qu’elle dira jamais finalement. approche un peu plus, ismaël. fais-moi voir ce dont t’es capable. t’as jamais été capable de rien. soufflé nez contre nez, presque comme un baiser. doux comme du miel, tranchant comme un poignard. dégoûtant, méprisant, ivre. nora.. elle est bonne qu’à ça. creuse à main même le malheur, les blessures. se niche au plus profond du coeur, de la plus terrible des façons. malédiction envoûtante qu’on ne cesse pourtant de rattraper, poison charmeur qu’on a presque envie de s’infiltrer sous les veines. et elle revient, à nouveau, à contre-sens pourtant, contre vents et marées, se répand comme le venin mortel d’un scorpion. pique, et laisse mourir. elle a les yeux noirs braqués sur lui, nora, presque trop impatiente d’en apercevoir la réaction. rien que pour blesser et espérer repousser, à défaut de pouvoir confesser tout ce qu’il lui reste sur l’âme. à défaut de tout le reste, nora embrase, spectatrice de son propre chef-d’oeuvre. les mots-crus pour seules excuses, porte ouverte sur tout ce qu’ils ne se diront jamais. t’as jamais été capable de rien, ismaël. pas même de me retenir. surtout pas de me retenir.
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MessageSujet: Re: we are the (broken) hearts / nora   we are the (broken) hearts / nora EmptyLun 8 Jan - 9:18

tout se mêle, s'emmêle. c'est le chaos dans sa tête, le branle-bas de combat entre la raison et la haine. il n'y a que ce sentiment, que ce mépris intense de l'autre qui le fait tenir debout. il pourrait s'effondrer, ismael. il pourrait se laisser tomber aux pieds de nora et la supplier de revenir, de ne pas l'abandonner - pas une seconde fois. il pourrait faire des milliers de choses mais rien n'est cohérent. rien n'a jamais été cohérent avec nora. c'est encore pire maintenant - maintenant que les années ont passées et que le fossé s'est creusé. il a l'impression d'être emporté dans un trou noir, dans le néant le plus profond. et sous les mots de nora, ses provocations qui ont toujours été siennes, les nerfs d'ismael lâchent. ça s'emballe dans boîte crânienne et dans sa poitrine aussi. elle n'a pas le droit d'être comme ça, nora. elle n'a pas le droit de le traiter comme ça. ça le rend fou, fou à lier. au lieu de frapper, de se déchaîner de ses poings sur cette gamine qui lui a tant manqué, il balance. il lance des paroles tranchantes, des menaces à la volée. – j’ai pas b’soin d’eux pour me sauver. et le pire, c'est qu'il sait, ismael. il sait qu'elle y croit à s'en damner. lui, de son côté, en est moins sûr. parce que quand la machine est lancée, que la furie monte et se propage partout dans son corps malmené, il n'y a rien qui peut l'arrêter. elle aura beau se défendre, lui crier de ne pas continuer, ça ne changera rien. il n'y aura pas de retour en arrière. c’est pour ça qu’t’es là ? tu veux t’venger ? sa seule réponse est son corps qui se rapproche dangereusement du sien, l'écrase contre les briques humides du bâtiment. ça fait longtemps, trop longtemps, qu'il n'a pas été aussi proche de nora. longtemps, trop longtemps, qu'il n'a senti la chaleur de son corps contre le sien lorsqu'il la prenait dans ses bras - dans une accolade brève mais qui avait le don de lui arracher un sourire pour le reste de la journée. il n'avait pas besoin de grand chose, ismael, quand il était adolescent. il ne voulait que la présence de sa sœur à ses côtés et n'en demandait pas plus.
– t’en s’rais même pas capable. son souffle se coupe dans sa gorge alors que son cœur, lui, décide de se déchaîner dans sa poitrine. le monde s'arrête de tourner autour d'eux. il ne voit plus que nora. nora. nora. celle qui tourne le dos, qui abandonne, qui arrache les cœurs et les écrase de la force de ses mains. nora. nora. nora. celle qui dépouille, qui bousille, qui brise tout ce qu'elle touche. t’as jamais été capable de rien. il n'y a que nora. nora. nora. ça résonne comme une mauvaise mélodie. et ismael, il redevient ce gamin qu'on a abandonné une fois de trop. elle ne se rend pas compte, nora, qu'elle lui a tout pris. elle n'a pas brisé que son cœur mais s'est barrée avec son âme. et dans cet abîme, il y a son poing qui se lève. son poing qui se tient prêt détruire un visage, un être qui a compté, trop compté pour lui. puis son poing qui frôle, s'abat contre le mur avec une violence inouïe. – ferme ta gueule ! ça accompagne le geste, la souffrance indicible. ferme ta gueule, qu'il répète alors qu'aucun son n'a encore dépassé les lèvres de nora. il ne veut plus qu'elle parle. il ne veut plus qu'elle lui balance ses erreurs et échecs à la gueule. tu n'as jamais été capable de rien. ça tourne en boucle dans son esprit. t'as jamais été capable de rien. c'est vrai. c'est si vrai. et ça fait mal. ça lui donne envie de vomir ses tripes sur le sol. elle a toujours été forte, nora, pour le blesser. toujours beaucoup trop forte. il ne l'a jamais égalé à ce jeu. ce n'est pas à force d'essayer. quand elle lui écorchait le cœur à l'en faire pleurer, il voulait arriver à faire la même chose, qu'elle ressente la même peine que lui. sauf qu'il n'y est jamais arrivé. jamais. parce que, nora, elle ne l'a jamais aimé comme il a pu l'aimer. elle n'a jamais ressenti cette amour, cette fraternité qui était la seule raison pour laquelle ismael se levait le matin. à cet instant, il est assommé, le gamin. assez assommé pour lâcher prise, se décaler pour qu'ils arrivent tous les deux à respirer. et il y a ses yeux noirs qui fondent dans les siens, ne font plus qu'un avec l'obscurité des billes de nora. tu mérites pas qu'on m'foute en taule pour t'avoir bien trop amoché, nora. c'est lâché avec tellement de désintérêt que ça le surprend lui-même. parce que, ismael, en dépit de son ton, il a son corps tout entier qui lui demande de la frapper, de la blesser jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'elle. en fait, tu sais quoi, tu mérites rien. même l'enfer serait un trop bel endroit pour une salope comme toi. il ne lâche pas son regard, la surplombe de sa grandeur. il veut lui montrer, ismael, qu'elle n'est rien. qu'elle n'est plus rien. mais la vérité est qu'il n'y a jamais eu plus gros mensonge.
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MessageSujet: Re: we are the (broken) hearts / nora   we are the (broken) hearts / nora EmptyLun 15 Jan - 23:36

elle fait mal nora. toujours trop. toujours trop bien. elle appuie juste là où il faut, remue les poignards dans les plaies qu’elle a elle-même creusées. comme une seconde nature. elle fait mal nora, ne s’en soucie pas. s’en délecte même, parfois. rien que pour voir sa douleur à lui faire écho à la sienne. rien que pour retrouver un lien, même faible, même fragile, qui puisse encore les rassembler. qui puisse les unir, pour toujours. causer les blessures pour qu’elles les lui appartiennent. elle s’enfuit, il la rattrape. elle s’accroche et il la repousse. c’est égoïste, presque vicieux. est-ce que ça a été un jour autrement, entre eux ? qu’elle le veuille aujourd’hui comme il l’a voulue avant, des années plus tôt. dans le mal et la douleur. dans la destruction et le néant. il la voulait, à lui. il la voulait, pour lui. alors aujourd’hui, elle blesse. elle va trop loin, pousse à bout. elle guette d’un oeil brillant le moment où il perdra le contrôle rien que pour se sentir plus proche de lui. et ça se mélange, tout là haut. nora, elle perd de vue le passé, les raisons. ça n’a presque plus d’importance, pour l’instant, ça brouille les frontières et ça tangue sur la ligne de l’inconstance. un pied dehors, un pied dedans. prête à se laisser tomber à tout moment, sans même y éprouver une quelconque résistance. elle voit dans ses yeux briller la colère. elle voit dans son regard la rage danser et ça propage la chaleur, ça fait danser son âme à elle aussi. y a le rictus presque mauvais qui se dessine, quand elle l’enfonce encore, quand elle cherche à le faire craquer. et elle y arrive, en l’attendant sans pourtant le voir venir. y a le hoquet de surprise lorsqu’elle voit à peine le poing s’écraser dans le mur, à quelques millimètres à peine de son visage. elle entend que les insultes et le son du plâtre brisé par les phalanges enragées. y a le coeur qui s’emballe follement et l’instinct maternel de savoir s’il n’a rien qu’elle refreine de toutes ses forces. y a que le silence qui plane entre eux, que les souffles saccadés mis à mal qu’on laisse enfin retomber. elle dit rien nora, pendant longtemps. y a que son regard dur et affolé qui le scrute avec trop d’attention, comme si elle le revoyait pour la toute première fois. comme si elle pouvait sentir la douleur, celle du coeur et celle de l’âme. comme si les phalanges brisées étaient les siennes, l’osmose totale d’une seconde à peine où ils se retrouvent enfin. dans les cris et la souffrance. victoire de courte durée, parce qu’il laisse l’air s’engouffrer entre eux et il la laisse respirer à nouveau, il la laisse à nouveau apercevoir la vision d’un monde sans lui et ça se déchaîne à nouveau, à l’intérieur. t’as pas répondu à ma question. il s’en fiche, c’est à peine s’il l’écoute. perdu dans sa colère. elle le quitte pas des yeux pourtant, sans doute qu’elle espère des réponses aux questions qu’elle n’a même pas le droit de poser. elle est partie. elle est coupable. mais ça ne se passe jamais comme ça dans le monde de nora. y a que l’écho achevant le coup de grâce avec bien trop de douceur. tu le penses pas. murmuré entre les mâchoires serrées de colère. tu le penses pas, pas vrai ? il sait faire mal lui aussi, ismaël. peut-être pour ça aussi qu’il supporte aussi bien celle qu’elle lui inflige. peut-être pour ça qu’ils se supportent depuis aussi longtemps, qu’ils se sont peut-être pas accrochés toute la vie mais qu’ils se laisseront jamais partir, jamais vraiment. il fait mal ismaël, et ça pèse sur la poitrine de nora, ça lui coupe le souffle, prise au vif de ce qu’elle a pourtant elle-même cherché. parce que si j’vais en enfer, t’iras juste après moi. et c’est brisé, dans la voix, c’est chuchoté à demi-ton pour pas montré que ça tangue, là-dedans. toi et moi main dans la main. ils se ressemblent ismaël et nora, trop. les deux faces d’une même pièce. ça les conduira tous les deux au bord du précipice, demain ou plus tard. ailleurs, ils ont une chance. ensemble, ils se ruinent et y a que nora qui semble le voir. alors elle reste silencieuse un moment nora, sans savoir où ça les mène, tout ça. si c’est vain ou s’il reste encore quelque chose à détruire, tout au fond. prends ce que tu veux. elle se détache un peu du mur, presque lassée à son tour. presque distante, trop pour être sincère, trop pour vouloir en finir comme ça. maintenant. elle cherche les raisons sans les trouver, conclut finalement que c’est pour ça qu’il est là. le fric, la revanche, tout. tout, mais pas elle. promis, elle le laissera faire. prends ce que tu veux et barre toi. comme un air de supplication au fond du regard de braise. prends ce qu’il reste de moi et ne reviens pas.
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