embrase moi. (tim)

tu déclames ces mots secrets. ces mots trophées.
ces lettres qui s'assemblent pour ne former qu'une suite illogique.
mais tu les lis, tu les sens rouler hors de tes lèvres. t'aimes pas vraiment le son qu'ils font en s'échappant.
mais hyacinthe, il a l'air subjugué. alors tu continues.
juste pour le voir sourire.
ange tombé du ciel tu ne sais plus trop quand.

ange qui pose brusquement ses lèvres sur les tiennes.
comme toujours, tu comprends pas,
cette tendance qu'il a à t'embrasser si spontanément,
à réveiller en toi des sentiments que tu t'efforces toujours plus difficilement de refouler.
tu ne peux pas les laisser prendre le contrôle.
parce que hyacinthe, il le fait pas exprès, sûrement.
enfin tu crois. malheureusement.
tu veux pas te faire d'illusions, alors t'essayes toujours de paraître détaché.
comme si c'était normal, en fait.

alors tu le regardes bêtement. proche.
les lippes entrouvertes, le regard qui transperce.
t'as stoppé ta lecture, trop perturbé par ces iris que tu scrutes.
décidément, il comprend rien, hyacinthe.
il comprend pas que t'es encore plus paumé que d'habitude, dans ces yeux qui envoûtent.

tu comprends pas pourquoi il fait ça,
à quoi il joue. tu sais pas.
t'aimerais bien qu'il te le dise, qu'il t'explique ce qui se passe dans sa tête,
quand dans la tienne c'est le bordel.
quand son contact te rend toute chose.

t'as lâché le carnet qui repose sur tes jambes.
t'oses plus bougé, ni même détourner le regard.
t'y arrives pas.
et il y a cette voix qui supplie.
ces mots tout doux qui parviennent à tes tympans.
comme une promesse.

t'hésites, t'as peur.
c'est qui lui t'embrasse, normalement.
lui qui se jette sur toi pour à peine effleurer tes lèvres,
puis qui s'installe tranquillement, comme l'esprit déjà parti ailleurs.
pendant que toi, penaud, t'essayes de pas y penser.

hya, je... peux pas. non, tu peux pas, en effet.
t'as cette foutue raison qui te tire vers l'arrière,
qui te murmure qu't'as pas à faire ça.
et lui, il a ses yeux dans les tiens, d'une douceur inégalable.
et tu peux pas.
tu peux pas résister.

alors tu t'approches doucement, trop incertain.
c'est pas un effleurement cette fois-ci, c'est plus.
c'est un baiser plein de couleur.
un baiser trop timide, qui a l'goût d'ailleurs.

et hyacinthe il t'envoûte.
il t'attire et il te charme.
comme un malin-génie qui voudrait ta perte,
parce que ton cœur il bat trop vite et trop fort.
parce que cette fois-ci c'est toi qui l'embrasses.
c'est toi qui fais en sorte que ce baiser dure une éternité,
parce que tu veux sentir ces lèvres, réellement, sur les tiennes depuis une éternité.
depuis qu'il a commencé à te regarder avec cet air ensorceleur.

et hyacinthe il est dans son monde,
il sourit comme il respire et il voit de la beauté là où il y en a pas,
il est plus âgé, aussi.
il est inaccessible, tu le sais depuis longtemps.
alors pourquoi t'as obéi ? pourquoi t'as cédé ?
tu sais bien que t'as toujours voulu plus,
et c'est pire maintenant.
mais hyacinthe il joue simplement.
c'est comme ça qu'il est. tu crois.

alors, quand tu sens que ton palpitant ne suit plus le rythme imposé,
quand tu sens que tes nerfs sont trop à vif pour poursuivre,
tu t'éloignes.
brusquement, comme si tu t'étais brûlé.
c'est le cas en fait. tu t'es brûlé les ailes, tim,
t'es mal maintenant.

et hyacinthe, il continue.
tu peux pas le lâcher des yeux,
l'enfant-soleil
l'enfant-roi
roi de ton cœur.

l'enfant qui n'en est pas un,
alors que toi si,
t'es qu'un gamin.

et tu ne sais que trop bien ce qui te retient ;
le que-dira-t-on,
le cœur brisé une énième fois en perspective.
t'as mal de ne pas essayer.

alors tu l'accueilles sur tes genoux,
dans tes bras comme un trésor.
sa main sur ta joue te fait perdre pied et,
pendant un instant, t'as envie d'oublier ;
tout ce qui te fait peur tout ce qui te blesse.
ses mots, ils sont beaux
bien plus que les tiens, ceux qui courent sur les pages.
alors t'attends, tu sais pas quoi dire
les iris clairs qui t'observent,
que te flagellent.

et c'est pire quand il t'embrasse,
il défonce toutes tes barrières à coups de pieds,
à coup de baisers sucrés.
parce que c'est doux, c'est beau.
et t'as pas d'autre choix que d'y répondre,
tendrement
hésitant comme un môme qui sait pas comment faire.

hyacinthe, il respire l'innocence,
tout comme ses baisers.
il donne encore plus envie de se perdre,
de rêver,
de partir,
vers des contrées plus florissantes.

tu t'accroches à sa veste, suppliant
pour qu'il reste là, pour qu'il t'aime un peu.
t'as peur de chanceler alors que t'es même pas debout.
et ton cœur, il s'emballe pour ne plus jamais ralentir.

t'as toujours eu un problème avec ces émotions
qui traversent, qui changent.
elles vont et viennent et toi t'es perdu
parmi ce joyeux festival.
alors tu réagis, t'en fais trop,
parce qu'y a jamais de demi-mesure avec toi.

tu le regardes et tu ris
les deux à la fois
parce que t'as jamais vu autant de douceur dans un seul être
et que c'est beau
c'est sûrement ce qui te fascine chez lui
avec ses lèvres, ses yeux, ses mots, lui tout entier.

t'as envie de pleurer tout à coup et tu sais même pas pourquoi
alors tu ravales tes larmes, parce que ça s'fait pas.
à la place, tu poses ton front contre le sien,
repoussant tes bonnes résolutions pour un instant.

et tu fermes les yeux, parce que son regard
il te brûle tout entier.
c'était en quel honneur ? le baiser...
tu murmures, regrettant presque immédiatement.
ça s'demande pas ces choses-là.
les autres fois, t'as jamais demandé ;
oui mais c'était différent
puis, peut-être que t'as pas envie d'connaître la réponse
peut-être que t'as rien compris, en fait.