(noam) bang bang bang

- la tête tournée vers les étoiles -
t'es né d'une liaison étrange, noam. deux têtes coréennes, visitant les états-unis dans l'espoir de se créer un nouveau monde, qui tombent supposément en amour. quand t'as vu le jour, dans le siège arrière d'un véhicule, ton père essayait de s'enfuir de son passé. il devait beaucoup d'argent, qu'il avait dit à ta mère. problèmes de gambling, de jeu, d'alcool. il empruntait sans jamais remettre. ils étaient dans la merde, mais avait menti à ta mère. tout va bien aller, lee. tu criais, tu pleurais, il faisait froid, ta mère pleurait aussi, elle savait plus quoi faire, et ton père gueulait, il gueulait tellement que c'est tout ce que l'on pouvait entendre. heureusement, y'avait personne sur les routes. que vos trois âmes à vous. t'as son nom de famille, tu sais. c'est pour ça qu'il y à pas de traces de ta mère. elle est morte. t'assume qu'il l'a tué, mais tu sauras jamais. t'étais trop jeune. il est parti avec toi dans les bras, et à attendu que tu sois assez vieux pour prendre l'avion jusqu'en corée.
personne ne l'avait attrapé, encore. il était sans erreur, le père parfait, celui que l'on félicitait parce qu'il s'occupait de son petit bébé sans aide. il avait inventé une histoire terrible; sa femme était morte dans un accident de voiture et il était désolé, âme perdue, tellement triste que son fils soit la seule chose lui rappelant sa douce décédée. le problème, c'était ça. t'avais le visage de ta mère; plus tu prenais de l'âge, plus tu lui ressemblait. il a appris à te détester et t'aimer en même temps. il était très brusque, trop brusque, et il mettait ça sur le fait que la culture coréenne, c'était comme ça que ça fonctionnait. en vieillissant, tu t'es dit que les claques, les coups de poings et les cris, c'était normal. tu t'es mis à faire ça à l'école, là-bas, dans ton pays d'origine. t'es pas resté à l'école longtemps. puis quand t'avais 7 ans, papa à décidé de revenir aux états-unis. encore dans le nord. un endroit où il passerait innaperçu. et toi, tu cries à ton tour. dans tes cours, sur les professeurs, sur tes camarades de classes, sur les passants. tu cries tout le temps. et tu dis que c'est papa qui t'as montré. le système scolaire s'en mêle. papa est dans la merde, du coup il menace de te tuer. la protection de la jeunesse s'en mêle, et t'es retiré de la maison et foutu en foyer. la colère monte, elle existe tout le temps, elle te bouffe de l'intérieur, et tu sais pas comment gérer. personne sait comment gérer, mais personne t'aide, et t'es coincé avec toi-même tout le temps. tu prends du retard dans tes cours et tes devoirs et ton foyer sait pas comment s'occuper de toi. ça prend toujours des renforts quand tu piques des crises. tu brises des meubles, tu frappes, tu mords, tu fous le feu. t'as mis feu à ta chambre, quand t'avais 13 ans. t'as été hospitalisé, t'avais inhalé trop de fumée.
tu t'es calmé un peu après tes 15 ans. t'es tombé dans le je-m'en-foutisme. dans l'exclusion et le rejet des autres. le rejets d'idées et de participation. t'attendais jamais tes cours, ni tes activités, et t'allais jamais voir ton père. tu fumais tes joints aux rebords de l'école et tu foutais le feu aux poubelles de la ville. tu t'es fait arrêté quelques fois, avant de trouver un boulot à la pizzéria du coin. tu calmais tes pulsions en balançant quelques pepperonis sur de la pâte couverte de sauce tomate. tu t'es fait foutre dehors à 18 ans parce que t'as cogné un client arrogant, qui avait fait retourner son repas trois fois parce que ça lui convenait pas. il à perdu quelques dents, et toi, tu t'es ramassé au commissariat. le policier qui était là te connaissait bien, du coup t'as pu t'en sortir avec quelques travaux communautaires et rien de bien dramatique.
ta vie, elle servait pas à grand chose. t'étais tellement toujours coincé dans tes émotions et ton incompréhension du monde que tu pouvais rien faire d'autre. tu savais pas qui t'étais parce que personne t'avais laissé le loisir de le découvrir. t'étais toujours étiquetté le mauvais gars, le con, la racaille, le dangereux. t'avais des sentiments, pourtant. y'avais ce mec que tu trouvais intéressant, et quand tu lui as demandé d'aller matter un film avec toi, il t'as envoyé bouler. et y'a cette meuf, qui te trouvait mignon, et qui t'as traité de cinglé quand elle à appris que t'aimais foutre le feu aux poubelles des voisins. t'étais on hold pendant un certain temps, jusqu'à ce que la moitiée de tes vingt-deux ans soit arrivée. t'as joint le ranch, à la demande de ton foyer. c'était leur dernier espoir. ils avaient pas le choix. c'était soit ça, soit l'hospitalization. tu t'occupes des chevaux, et pour t'en occuper, tu dois apprendre à gérer tes émotions. c'est une courbe, c'est pas toujours stable. y'a certains jours ou t'as envie de tuer les organisateurs et de partir à tout jamais à dos de cheval. tu vas apprendre. ça fait six mois, que t'apprends. ils ont confiance en toi, et c'est la première fois que ça arrive.