Hidden monster • This burning desire is turning me to sin.

- la tête tournée vers les étoiles -
A partir de quel moment peut-on dire que le sexe est un problème ? Où est la limite entre hormones de jeune adulte en ébullition et hypersexualité ? Ces questions, Jay n'avait jamais voulu se les poser. Longtemps, il s'était persuadé qu'il n'avait rien à se reprocher, convaincu d'être normal et d'avoir une activité fréquente simplement justifiée par son âge.
Ce n'est qu'après une série d'incidents qu'il a fini par se confronter à la réalité. Il ne pouvait plus se mentir, forcé de constater qu'il perdait bel et bien le contrôle face à sa libido. Réalisant que ses désirs l'avaient transformé en monstre.

 

"J'ai dis non !" Pourquoi avait-il refusé de l'entendre ? Il percevait pourtant le son de sa voix. Pourtant, ce non ferme ne parvenait pas à s'imprimer dans son oreille. Comme si un mur l'empêchait d'entrer, il ignorait le refus sans même y songer. Perdu dans une brume de désir, aveugle au non consentement de sa partenaire.
Il en avait envie, c'est tout ce qui comptait pour lui. Et c'est elle qui l'avait embrassé en premier. Elle avait libéré ses démons d'un simple baiser qu'il avait interprété comme une invitation, une autorisation. Maintenant qu'il avait sa poitrine dans le creux de sa main, il ne pouvait plus reculer. Plus qu'une envie, c'était un besoin, un instinct. "Arrête !" Tant de supplications qui ne parvenaient pas à l'atteindre.
Elle avait du se débattre fort pour arriver à le faire tomber. Dans sa chute, il s'était ressaisi. Il avait vu les yeux effarés de la jeune fille et elle s'était enfuie sans qu'il ne puisse dire un mot. Mais ce regard ne l'avait pas quitté. Deux billes remplies de peur. Elle ne regardait plus un homme, mais un monstre. Pourquoi ne s'était-il pas arrêté ? Jay était effrayé de ne pas pouvoir répondre à cette question. Jusqu'où aurait-il été ? En y songeant son sang s'est glacé. Il s'est enfui à son tour. Il voulait partir loin de lui, loin de cette créature qui l'avait possédé. Mais où qu'il aille, elle le suivait. Respirant sous sa peau, vivant dans sa chair.
Ce soir là il a laissé l'eau froide couler sur sa peau pour noyer sa culpabilité. Honteux, il a pourtant manqué de bruler la paume de sa main en se touchant jusqu'à l'épuisement.
Tu t'es juste égaré. Il s'était efforcé de se convaincre, toujours incapable de reconnaître son problème malgré un tel dérapage.  

C'était une journée qui n'avait rien d'exceptionnel. Ses parents au travail, sa soeur à l'école, Jay avait l'habitude d'avoir la maison pour lui durant les après-midi. Il n'avait pas à craindre d'être interrompu et n'avait pas à se cacher pour s'envoyer en l'air. Un homme et une femme. Double saveur. Non, vraiment rien d'exceptionnel pour une âme habituée aux multiples partenaires.
Il ne pouvait bien évidemment pas prévoir que sa mère rentrerait plus tôt ce jour là. Elle avait vomi au boulot et on l'avait renvoyé chez elle pour se reposer. En passant la porte, elle s'était figée, prise d'une nausée d'un tout autre genre. Devant ses yeux, son fils prit entre un il et un elle. Nu et luisant de sueur. Dans un ébat purement bestial, au beau milieu du salon familiale. Leurs yeux s'étaient croisés après qu'elle ait laissé échapper un cri de surprise. Pourtant il ne s'était pas interrompu. Il n'avait pas réagit et son coeur n'avait pas manqué de battement. "Je fini et puis on parle." Il avait simplement dit entre deux râles. Sans honte, sans humanité. Pour lui faire comprendre qu'elle gênait. C'était la voix du démon qui avait parlé. Détaché de la situation il n'avait même pas songé à l'horreur de cette parole ni même de la situation. Sa mère n'avait pas pu supporter d'avantage cette vision et était sortie pleurer sur le perron. Lui ne s'était pas déstabilisé et avait bel et bien prit la peine de finir avant d'aller la rejoindre, prenant son temps pour combler son plaisir, la laissant patienter sans un remord.
Ce n'est qu'une fois vidé de ses pulsions aveuglantes qu'il avait réalisé. Il s'était rejoué la scène et ça l'avait percuté. Il était sorti honteux, les yeux rivés sur le sol, incapable d'affronter la déception de sa mère. "Qu'est ce qu'on a raté dans ton éducation ? Qu'est ce qu'on a fait de mal ?" Ces questions avaient pincé le coeur de Jay. L'entendre se sentir coupable d'un acte qui lui avait pourtant paru anodin le rendait encore plus honteux. "Tu sais, c'est normal à mon âge d'avoir une vie sexuelle." Il avait justifié dans une tentative de dédramatisation, incapable de savoir quoi dire d'autre.
La réponse de sa mère l'avait alors heurté comme un coup de poing. "Non. Ça, ce n'est pas normal." Elle avait dit avec rancoeur. La femme qui avait travaillé toute sa vie a persuader son fils aux yeux bridés qu'il était aussi normal qu'un autre, celle qui s'était efforcé d'apaiser ses craintes et de le rassurer venait d'affirmer l'inverse. C'était une première qu'il n'avait jamais penser entendre un jour. Elle qui l'avait toujours soutenu lui tournait à présent le dos et ça l'effarait. Avait-il vraiment commit un acte aussi horrible pour qu'elle puisse en arriver à une telle conclusion ?
Blessé, Jay avait laissé ses jambes le porter jusqu'à la sécurité de sa chambre où il s'était réfugié en boule sur son lit. -Ce n'est pas normal, tu n'es pas normal-. Le doute quant à sa condition commençait finalement à l'imprégner. Cette fois il ne pouvait plus se convaincre d'un simple égarement. Il ne pouvait plus nier avoir éventuellement un problème... Pas quand c'était sa mère qui mettait le doigt dessus. Anormal...
Dans le miroir, son reflet avait commencé à lui faire peur. Pourquoi ne pouvait-il pas lutter contre ses désirs ? Dans sa tête, il ne pouvait s'empêcher de se rejouer la scène en boucle, de s'entendre parler de façon si détachée à sa propre mère. Comment avait-il pu ? Qui était cette personne ? Certainement pas quelqu'un qui le rendait fier...
Ce soir là, son père l'avait giflé pour la première fois. "Tu réalises ce que tu as fais à ta mère ?!" Il l'avait interpellé. Jay n'avait pas pu répondre, la honte lui scellait les lèvres. "Dans les yeux d'une mère, son enfant restera toujours son bébé. Tu viens de violemment lui arracher ça." Il lui avait fait comprendre. C'était pourtant une évidence, il aurait du le savoir à l'instant même où il avait croisé son regard effaré. Il aurait du s'interrompre, s'excuser, s'expliquer. Pourquoi n'avait-il pas pu agir ainsi ? Pourquoi son plaisir avait été sa priorité dans ce moment ?
Non, ce n'est pas normal... Clairement il n'avait absolument plus aucun contrôle.

Il avait mit du temps mais il avait finit par comprendre, oui. Sa sexualité était devenue une maladie. Un poison qui s'était sournoisement rependu en lui et contre lequel il ne parvenait pas à trouver d'antidote.
Ses désirs ont commencés à être de plus en plus difficilement assouvis, jusqu'à ne plus l'être du tout. A peine terminé, il avait déjà envie de recommencer. Le plaisir est devenu souffrance. Incapable de comprendre pourquoi ces pulsions qui avaient fini par le dégouter ne faisaient que s'accroître, Jay a commencé à étouffer. Pourtant, même s'il en était arrivé à ne plus pouvoir affronter son propre reflet, il finissait toujours par céder à son démon. Le nourrissant avec la culpabilité au ventre.
Son sourire est devenu un masque agrafé à son visage. Parce qu'il ne pouvait pas s'autoriser à afficher son combat intérieur. Impossible de parler d'un tel problème. Pervers, dérangé, obsédé, fou, dégueulasse... Tous ces mots auraient bien vite été collés à son image, par des gens qui n'auraient de toute évidence pas pu comprendre que sa libido n'est pas quelque chose qu'il choisit et contrôle mais qu'il subit. Il n'avait personne non, personne pour l'aider.
Et puis finalement, un soir, il a perdu pied. Il s'est effondré et n'a plus été capable de porter son fardeau en silence.
C'était à un dîner de famille dans un restaurant huppé. Ils étaient tous les quatre, ses parents, sa soeur et lui. Il payait encore douloureusement les conséquences de l'incident avec sa mère. Même si elle s'efforçait de se comporter normalement avec lui, il pouvait voir que son regard avait changé. Il s'était refroidi et il y'avait, dans le fond de ses iris, cette déception permanente. Par moment il avait l'impression d'être regardé comme un inconnu. Parce que dans le fond, c'est ce qu'il était devenu pour elle en lui dévoilant si brutalement le visage qu'il avait toujours soigneusement caché. Celui de la luxure.
Ce soir là l'ennui causé par l'ambiance pesante l'avait conduit à trouver refuge aux toilettes de l'établissement. C'était presque devenu un réflexe pour lui, où qu'il se trouve. Il tuait le temps dans une cabine crasseuse en se soulageant. Deux fois par jours, puis trois, quatre... La fréquence ne faisait qu'augmenter malgré ses efforts pour ne pas céder.
Mais ce soir là, c'était la fois de trop.
Qu'était-il en train de faire ? Pendant que toute sa famille l'attendait à table ? Il pouvait se voir comme s'il s'observait de l'extérieur. Misérable et ridicule. Dérangé. Effrayé par le monstre qu'il était en train de devenir et définitivement incapable de le dompter, Jay avait laissé les sanglots éclater.
A pleurer au dessus de la cuvette, la braguette toujours ouverte, il se sentait plus seul que jamais. Incapable d'entrevoir une solution pour se sauver.
Il avait fini par sortir les yeux rougis et tout le monde l'avait fixé avec incrédulité lorsqu'il avait reprit sa place. Jay ne pleurait devant personne, même pas sa famille. Le voir ainsi était donc une première pour eux.
C'est les poings serrés et les yeux baissés qu'il avait finit par avouer. "J'ai un problème. Et j'ai besoin d'aide."