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 heard about all the things you've done | nax

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MessageSujet: heard about all the things you've done | nax   heard about all the things you've done | nax EmptyMer 14 Fév - 13:49

it sounds like you need a friend

jax & nejma

La lumière de la lune et des lampadaires mêlée qui filtre par les persiennes et petite Nejma qui se tourne et se retourne inlassablement dans son lit. Le lit de Jax, plus précisément. Elle soupire, la respiration capricieuse cette nuit, l’air qui se fraie difficilement un chemin dans sa gorge encrassée. Puis elle a chaud, trop chaud, et la couette qu’elle envoie valser d’un coup de pied enragé, la princesse des sables qui perd trop vite patience lorsque le sommeil ne vient pas, l’édredon qu’elle entend heurter le sol en un bruit étouffé.

Nejma elle a froid, maintenant. Super, c’est toujours comme ça de toute façon, on peut jamais se sentir juste bien sous ses draps, comme si le lit ne connaissait pas la notion de tiédeur. Tant pis, d’toute façon elle doit prendre ses médocs de la nuit, le constat confirmé par un coup d’œil à l’écran de son portable, 1h30, 1h30 déjà et le sommeil aussi capricieux que ses poumons ce soir. Elle s’assoit sur le lit, la tête qui lui tourne un peu de s’être levée trop vite, les petits pieds qui viennent doucement à la rencontre du sol froid et une poupée debout dans la chambre silencieuse. Dans l’appartement silencieux. Jax il est pas là, pas encore, p’t-être pas du tout cette nuit, elle en a aucune idée, tout c’qu’elle sait c’est qu’il est pas là, il est pas rentré et elle aurait pas pu le rater car tout est trop calme dans les parages et que les murs sont fins comme du papier à cigarettes. ‘Fin elle suppose, c’est qu’une expression, elle les roule pas elle ses clopes. Jax il est pas là aussi tout est permis jusqu’à son retour, la demoiselle habituée à couvrir ses tenues de nuit trop légères d’un gros sweat et un jogging ou un legging en sa présence, la demoiselle pas parfaitement à l’aise entre ces murs car elle n’est pas chez elle, il se contente de l’héberger, la bonté dont elle ne veut pas abuser, celui qui doit sans doute autant la considérer comme une sœur qu’elle le considère comme un frère qu’elle ne voudrait pas choquer avec ses tenues d’intérieurs. Alors elle se couvre, toujours sauf ce soir car la voie est libre pour une fois, elle se contente de passer un gilet sur ses épaules car il ne fait pas chaud, attrape ses boîtes de médicaments trop nombreuses et son téléphone et ouvre la porte.

Prudence est mère de sûreté paraît-il, la Saoudienne sûre à quatre-vingt-dix-neuf pourcents seulement que son ami est bien absent, la porte de la chambre qu’elle se contente donc d’entrouvrir dans un premier temps, glisse sa bouille trop ronde dans l’entrebâillement pour s’assurer de la vacuité de la pièce, s’immisce enfin dans le salon. Elle n’enclenche même pas l'interrupteur Nejma, y a les lumières de la ville qui filtrent par les fenêtres, éclairent juste ce qu’il faut pour qu’elle ne se prenne pas les pieds dans un meuble un peu trop bas. Et le regard qui s'égare un instant sur le canapé vide, c'est là qu'il devrait se trouver s'il menait une vie normale, s'il passait pas ses nuits dehors à faire Dieu sait quoi. Mais ni elle ni lui ne mènent une vie normale, ils ont pas une vie normale, l'ont sans doute jamais eue et elle le sait.

C'est dans la cuisine que s'arrête sa course, la brunette trop petite qui se hisse sur la pointe des pieds pour prendre un verre dans le placard, les doigts qui se referment sur le matériau poli, s'approche de l'évier pour remplir d'eau le contenant. Elle plisse un peu les yeux sur ces étiquettes de médicaments qu'elle connaît par cœur, les pilules qui se succèdent dans la paume de sa main, les pilules qu'elle avale l’une après l’autre entre deux gorgées d'eau, espérant se sentir mieux après ça. Et le verre vide qu'elle vient poser sur le plan de travail dans un bruit cristallin, ce même plan de travail contre lequel elle est appuyée, le gilet dont un pan a glissé de son épaule au creux de son coude et le soupir qui franchit ses lèvres, elle n'a pas sommeil. Elle n'a pas sommeil, et si ici y a que l'astre lunaire pour occuper le ciel, à Riyad le jour doit être levé depuis peu. C'est sans réfléchir plus longtemps qu'elle attrape le cellulaire abandonné à quelques centimètres de là, une seconde et le numéro de sa mère déjà en train de se composer. Ça fait un peu trop longtemps sans doute qu'elle n'a pas donné de nouvelles à ses parents, elle n'a même pas le temps de changer d'avis que déjà elle entend la voix lointaine de sa mère au creux de son oreille.

L'échange téléphonique qui ne se passe que moyennement bien, c'est devenu habituel entre les Tâhir, ils se manquent, sont toujours heureux de se parler et pourtant y a le ton qui monte un peu trop aisément, les reproches crachés à la première occasion, et ce dans les deux sens. C'est habituel et les minutes qui s'égrènent, y a que la voix de Nejma pour briser le silence de l'appartement, sa voix et la conversation en arabe, la langue du pays, sa voix qui résonne lorsque la conversation commence à devenir un peu trop houleuse. Y a juste trop de rancœur d’un côté, trop de culpabilité de l’autre, et les discussions toujours à fleur de peau entre les parents et leur petite fille qui n’en est plus vraiment une depuis longtemps.

- Oui… Non, je sais maman… Oui, ça va, pas comme si tu l’avais pas déjà répété cinq cents fois ça… Oui, je… Bon allez, j’dois t’laisser, à la prochaine, qu’elle conclue précipitamment en entendant la porte s’ouvrir, même pas le temps pour sa mère de lui répondre que déjà elle a raccroché.

Et elle s’accorde une seconde, le téléphone qu’elle vient doucement poser sur le plan de travail, les doigts agrippés au meuble de cuisine, laisse échapper un soupir avant de se décider à se tourner. Se tourner vers Jax, car ça n’peut être que lui, elle voit que lui. C’est d’ailleurs bien sa silhouette qu’elle reconnaît dans l’encadrement de la porte, la forme sombre qui se détache dans le clair-obscur, prend place dans le salon. Et elle s’avance, quitte la cuisine pour le rejoindre, parce qu’elle ne va pas faire la morte tout de même, il ne manquerait plus que ça, les pans de son gilet qu’elle rabat malgré tout et ses bras perdus dans les manches trop amples qu’elle vient croiser sur sa poitrine. Juste parce qu’il est pas supposé la voir comme ça.

- C’est maintenant qu’tu…

Le ton taquin, le sourire qui s’évanouit en même temps que la fin de sa question lorsqu’elle fait quelques pas de plus, que la lumière de la Lune s’abat en plein sur le visage mat du jeune homme, ce visage qu’elle découvre amoché, la joue marquée du sceau de l’hématome et la lèvre ensanglantée, y a rien qui semble avoir été épargné si ce n’est son nez, heureux miraculé. Y a le cœur qui dégringole au fond de ses viscères et la bile qui lui monte à la gorge, la bile qu’elle ravale courageusement, elle supporte pas Nejma, elle supporte pas. C’est pas la vue du sang qui la dérange, pour le temps qu’elle a passé à l’hôpital elle en a vu d’autres, c’est pas la vue du sang mais la vue de son ami d’enfance brisé sous les coups de Dieu sait quel fils de pute, une image à laquelle elle était pas préparée, jamais il lui a donné de p’tite mise en garde, Jamal, pour cela. Et elle la rompt cette putain de distance qui les sépare toujours, quelques enjambées et elle est sous son nez, ses bras ils sont plus croisés, cette foutue nuisette désormais reléguée au rang de cadet de ses soucis.

- Putain Jax, qu’est-ce que t’as foutu ??? C’est quoi ça, qui t’a fait ça ?

Le langage fort peu emprunté qui traduit tout de l’horreur qui la gagne et l’urgence perceptible au creux de sa voix, elle pose des questions à la con Nejma, comme si elle s’attendait encore qu’il lui réponde, comme si elle était le grand frère prêt à aller castagner le – les ? – agresseur, lorsqu’il est évident que s’il n’a fait qu’une bouchée du grand Jax Abalhadj, elle n’en ressortirait pas vivante. Mais elle s’en fout de ça, se rend même pas compte du ridicule de sa question, y a juste ses grands yeux bien trop inquiets levés vers lui, occupés à détailler de plus près ses traits bafoués afin de mieux évaluer l’étendue des dégâts, et ses petites mains qui se perdent sur ses épaules avec le doux tourment d’une mère, ses épaules plutôt que ce visage qu’elle n’ose toucher, pas encore, pas déjà.
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MessageSujet: Re: heard about all the things you've done | nax   heard about all the things you've done | nax EmptyJeu 15 Fév - 14:41

Heard about all the miles you've gone, just to start again

jax & nejma

Foule scandant les noms des deux vagabonds qui se battent au centre pour rafler la mise des paris d’la soirée. Y’en a qui hurle à la mort comme si c’était eux qui était en plein milieu du cercle improvisé dans les profondeurs des rues de night falls. Y’a ceux qui ont une confiance certaine sur celui qu’à un serpent de tatoué sur l’épaule, et les autres qui veulent le voir se faire abattre ce soir coute que coute. Car y’en a marre de lui, on le voit trop souvent, ils le haïssent de revenir chaque semaine, avec sa même dégaine, son air désabusé et sa clope au bec. Et ce soir, ils jubilent les diables, ils aiment ce qu’ils voient. Ce soir, à contrario de ceux qui se délectent du spectacle y’a ceux qu’ont parié sur Jax, qui sont mis à mal, les fronts qui se plissent ; les visages qui changent d’expressions à chaque nouveau coup qu’il se prend, pas certain de le revoir en vie le garçon ; pas certain de revoir la couleur de leurs argents si ça continue dans cette direction non plus.

Le craquement des phalanges quand ceux-ci entre en contact avec le visage de l’adversaire, le sang qui sort d’entre les lippes et qui va gicler au sol. Les enveloppes corporelles mise à rude épreuve pour quelques billets. L’adversaire est de taille cette nuit, les coups qui font un mal de chien mais c’est l’adrénaline et la rage qui le maintienne encore et encore debout au p’tit Abalhadj. Le mec en face de Jax, il fait le double de son poids ; à la carrure d’un mec qui pousse de la fonte à la salle. Et ça se sent, y’a d’la puissance dans les coups qu’il met, plus de tactique que de colère tout le contraire des tactiques du p’tit arabe. Il pare les coups au mieux qu’il peut le basané ; mais ça suffit pas. Il se prend des sales droites. De celles qui font tourner la tête, perdre petit à petit conscience des choses qui entourent. Jax il a les sens qui commencent à partir en couille. La vue qui s’est troublé au bout de dix minutes de combat d’acharné, n’entends maintenant plus la foule crier mais seulement les propres battements de son cœur dans ses tempes, un brouhaha juste désagréable dans le fond. La concentration qui commence à piquer du nez. P-t’ être bien qu’il a réussi à lui péter le nez à cet enfoiré mais sa vision lui joue des tours ; il sait plus ce qu’il a réussi à causer comme des dégâts à celui d’en face ou non.

Il sait qu’il finira au K.O Jax, ça ne lui été plus arrivé depuis des mois mais il le sent. Le monde qu’il voit en rouge, les vaisseaux qui ont éclatés dans ses yeux qui brouille la réalité, les couleurs du monde qui s’estompe, devienne soudainement monochrome. Carmin ou pourpre, uniquement devient sa vision. Le mec en face il est pas aussi mal en point que lui. Mais tant pis, quitte à finir au sol, autant finir le match en lui laissant des blessures qui mettront un p’tit bout de temps avant qu’il puisse reprendre les combats. Du Jax tout craché, même dans un état pitoyable, il lâche pas. P’tit con qui n’en démord pas. Et au talent, il fonce dans le tas ; les coups de poing qu’il envoie sans savoir où il tape exactement. Les coups de genoux qui se perdent dans l’estomac, un, deux, trois puis quatre. Il s’met à cracher du sang le connard, les garçons qui finissent au sol entrainer par les dernières forces du tatoué qui y met toute son âme. Et Jax il s’arrête pas là il continue de taper dans la tête du gars, il serre les mâchoires en sentant les points de l’adversaire s’abattre dans ses côtes. Ça se brise, surement qu’il a pété un truc, mais il continue de cogner autant qu’il le peut, jusqu’à que finalement, le blond lui mette un poing en pleine face et là, c’est le trou noir.

Fragment de réminiscences qui glissent dans son cortex - sa tête fracassé par le combat passé. Il sait même pas comment il s’est retrouvé dans cette caisse, avec ce collègue du Sinners qui s’montre quand même bien généreux d’le ramener à son appart’. Jax il se fait violence pour se souvenir de l’après blackout mais y’a rien qui vient. Le dernier truc dont il se souvient, c’est de la gueule grimaçante de l’adversaire au sol, qu’il était en train de dérouiller et après ça, c’est noir. Rien d’autre. Ca l’énerve mais même ça, il n’a pas la force de le faire à sa manière alors il reste silencieux, tout le long du chemin en bagnole. Les paupières qui se ferment toutes seules, la fatigue accumulé qui l’assomme une bonne fois pour toute, ce soir. Mais il n’est pas de cet avis là son compagnon de route, il le maintien en éveil, lui dit que dans maxi cinq minutes ils arrivent et qu’il a pas intérêt à s’endormir avant. Il piaille encore et encore, lui dit que c’est pas si grave d’avoir perdu ce soir, que c’est le jeu. Qu’on n’peut pas rester invaincu des mois et des mois et fallait bien que ça lui tombe dessus un jour ou l’autre à Jax.

« J’m’en fous d’avoir perdu, il se souviendra de moi j’lui ai éclaté la rate j’crois. »

Le sourire en coin fatigué, le sourire qui tiraille la lèvre et fait un putain de mal de chien mais ce n’est pas grave. Il n’est pas moins fier de lui Jax, la lueur terrible dans le seul œil valide qu’il lui reste pour regarder son pote. Le diable qui se contente d’la douleur infligé quitte à avoir souffert le triple lui-même. Et enfin ils arrivent à destination. Le lugubre immeuble qui leur fait face. L’ami qui s’porte volontaire pour aider le brun à sortir de la voiture mais la fierté du tatoué qui le fait dire qu’il n’a pas besoin, que ça ira. Une poignée de main masculine, et Jax il quitte l’habitacle, grince des dents en se relevant. Les abdominaux qui tiraille, les côtes qui sont carrément intouchables et pourtant il s’fait violence pour avancer, marcher droit jusqu’à la porte de l’immeuble qu’il ouvre d’un coup d’épaule, lui arrachant un juron dans la lancée. Il monte le plus rapidement possible les marches de l’escalier en colimaçon. Etage atteint, il souffle un coup le saoudien. Cherche les clefs devant sa porte. Le moindre effort moral ou physique qui l’épuise à la mort.

Les clefs enfin passé dans la serrure, deux trois mouvements du poignet et la porte cède à son tour. Garçon qui ne voit pas grand-chose, l’appartement plongé dans la totale obscurité et un œil gonflé pas là pour l’aider. Il se cogne au premier meuble venu, en plein dans le bassin. Il grince des dents lâche un « putain » tout doucement, car surement que celle qu’il héberge dort à point fermer, à mieux à faire que de passer la nuit éveillé. Il lâche son sac de sport à même le sol, commence à dézipper sa veste à capuche en grimaçant en s’avançant en direction du salon, du canapé qu’il rêve depuis qu’il s’est réveillé dans la caisse de son collègue. Garçon qui boite, s’arrête dans sa lancée en entendant une voix résonner dans la pièce, la voix qui ne peut qu’appartenir à sa colocataire. Et il grimace, sait qu’il est foutu, car soudainement il l’entend plus. Il sait qu’elle a vue et lui, est pris au dépourvu, ne peut cacher la misère.

« P’tin Nejma tu fous quoi debout ? T’as failli me faire peur. »

Garçon qui tente de gagner du temps, prends un ton rieur pour cacher l’ampleur des dégâts mais il est fait comme un rat Abalhadj. P’tite ombre qui vient à ses côtés, les pas qu’il entend, les quelques enjambés qui raisonne dans sa caboche, provoque un vacarme dans ses oreilles lorsque à la normale, il n’aurait jamais fait attention à ce genre de détail sonore. Elle n’a pas l’air d’avoir envie de rire la princesse Tâhir, la lune qui éclaire son doux visage inquiet, sa crinière brune posé sur son épaule à moitié dénudé. Elle lui pose la question évidente. Qu’est-ce qu’il a foutu… Et il sourit –grimace pour décompresser la poupée qui se fait du mouron pour lui. Jax, il se concentre ailleurs, glisse son unique œil intacte sur la tenue légère de la Saoudienne et finit par attraper du bout des doigts la manche du gilet qui a glissé sur son coude pour la refaire monter jusqu’à son épaule.

« Tournois de boxe au club, ça va j’ai rien ça passera… Tire pas cette tête et va te coucher, il est tard. »

Un nouveau mensonge, l'excuse parfaite toute trouver pour cacher les combats illégaux dans lesquels il s'est lancé depuis des années. La douceur de son ton pour mieux l’amadouer, la forcer à l’écouter. Garçon malin qui contourne son amie d’enfance et continue d’arpenter la pièce obscure, finit par enlever sa veste et la jeter à bout de bras sur la plus proche chaise avant de s’affaler sur son lit d’appoint en retenant un grognement de douleur lorsque son dos rencontre le dossier du canapé.

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MessageSujet: Re: heard about all the things you've done | nax   heard about all the things you've done | nax EmptySam 17 Fév - 4:11

it sounds like you need a friend

jax & nejma

Sourcils froncés et le regard sombre braqué sur lui, le regard qui le détaille dans la pénombre, tente de distinguer, à distance, l’état exact du jeune homme. Car il est mal en point Jamal, Dieu seul sait ce qui lui est arrivé mais si Nejma doit être sûre d’une chose, de quelques-unes, en réalité, c’est que lorsqu’il est rentré, elle a entendu un bruit comme s’il venait de se cogner, et qu’il se traîne comme une âme en peine, un chien errant rendu boiteux par la misère de ce monde. Il est clairement mal en point, et son visage qu’elle distingue déjà boursouflé, y a des marques sombres et des zones d’ombre là où il devrait pas y en avoir, le sang rendu noir par la faible luminosité qui s’écoule par endroits. Il est mal en point, et les mots qu’elle balance sans même prendre le temps de réfléchir, sans même plus avoir la capacité de réfléchir, l’ironie pointant dans le ton et l’agacement suscité par les inflexions rieuses de sa voix à lui. Comme s’il y avait réellement matière à rire, dans cette situation.

- C’que j’fous debout ? J’pourrais t’poser la même question, Jax… Ah ben nan, j’avais oublié, tu passes toutes tes nuits dehors, autant pour moi !

Et le sourire qu’elle ne prend même pas la peine de feindre, elle est fatiguée de ces nuits, de ces journées, même, où jamais elle ne le voit. Le jeune homme aussi présent qu’un courant d’air dans cet appartement, qui passe en coup de vent seulement, la gamine fatiguée de ces questions sans réponses et des secrets qu’il semble traîner dans son sillage où qu’il aille. Et parce qu’elle en a marre qu’il lui cache des choses – trop de choses, sans doute –, parce que pour une fois elle a l’occasion de le prendre sur le vif, elle s’approche de lui, un instant y a cette distance trop grande entre eux et l’instant suivant elle le regarde sous le bout du nez, seule pièce intacte de son visage, seulement maculé d’éclats de sang dont elle ignore le propriétaire. Elle s’approche et elle regrette, immédiatement, car le spectacle est pire, bien pire, vu de près. Le spectacle horrifique qui lui retourne l’estomac, Nejma désemparée par le tableau qui s’offre à ses yeux. Car lorsqu’elle s’est lancée à la recherche de son ami d’enfance, jamais elle n’aurait imaginé un jour le surprendre dans un tel état. Car malgré tout, malgré ces deux derniers mois passés à se redécouvrir avec une pudeur excessive, malgré le fait qu’il l’ai laissé pénétrer son univers le temps d’une soirée seulement, avant qu’elle ne fasse tout foirer, malgré le fait qu’elle devrait déjà avoir compris que les calques Jamal et Jax ne se superposeront jamais parfaitement, elle garde, profondément ancrée en elle, l’image de son frère des terres saoudiennes, le môme aux joues rondes un peu trop doux pour ce monde. Et cette image elle parviendra jamais à l’oublier, peu importe toutes les conneries que pourra faire Jax, cette image elle subsistera dans un coin de sa tête jusqu’à sa mort, et ce soir, elle concorde moins que jamais avec le jeune homme qui se tient, vouté, devant elle.

Elle se sent mal Nejma, difficilement plus mal que lui mais tout de même, le regard panique qui sillonne son visage à vive allure, ne sait plus où se poser tant les traits fins de son ami sont brouillés, bafoués entre sang séché et chaire à vif, peau boursouflée et derme violacé. Y a presque rien qui a été épargné, les gestes maternels qu’elle porte sur lui, ses mains qui auraient naturellement tendance à venir effleurer ses plaies comme si un simple contact pouvait suffire à effacer la douleur mais non, elle ne lui inflige pas ça, se contente de parcourir ses épaules, les questions qui fusent bien trop vite, empressées, hors de ses lippes. Et il sourit Jax, une fois de plus agit comme si ce n’était pas grave, comme si tout était parfaitement normal, qu’il y avait même matière à en rire, et Nejma ça l’agace, les lèvres qui se serrent à l’entente de sa réponse. Car une fois de plus il la prend pour une imbécile, les paroles qui ne suffiraient pas même à convaincre un enfant de cinq ans, alors une adulte de vingt-trois ? Certainement pas, ça fait trop longtemps qu’elle a perdu sa naïveté pour se laisser embobiner, peu importe combien le ton du garçon se fera doux, peu importe les doigts qui effleurent sa peau pour remettre son gilet en place, les doigts qu’elle remarque à peine tant elle a plus important à gérer actuellement. Et elle a même pas le temps de rétorquer le moindre mot que déjà il s’extirpe de ses mains, la contourne avec cette nonchalance propre pourtant entachée par sa démarche boiteuse, ce soir. Et elle le regarde sans mot dire, la p’tite brune en phase d’observation qui suit du regard le moindre de ses mouvements, la difficulté qu’il a à se déplacer décemment, la faiblesse peu habituelle avec laquelle il se déleste de sa veste et la manière étrange qu’il a de se laisser tomber dans le canapé. Y a définitivement rien qui va, et la demoiselle qui le suit, se plante devant lui, une fois assis, pour rétorquer :

- Un tournoi de boxe au club ??? Tu t’fous d’moi Jamal, j’y connais pas grand-chose en boxe mais j’suis sûre qu’on t’aurait pas laissé finir dans un tel état dans un club. Puis nan, arrête de m’prendre pour une imbécile, ça va, j’ai pas encore un p’tit pois à la place du cerveau pour croire qu’elles sont sans importance, ces blessures !

Elle ignore ses recommandations Nejma, les paroles qui pourraient sembler colériques et pourtant non, y a que de la panique dans sa voix, de la panique et une inquiétude trop grande, car c’est jamais sans risque de rentrer ainsi, que la dernière chose qu’elle voulait voir c’était Jax dans un tel état, le visage démoli, presque méconnaissable. Et, doucement, elle vient s’asseoir à ses côtés sur le canapé, tout près, pousse un soupir navré en redécouvrant son état, le détaille avec plus d’attention cette fois-ci pour mieux cerner la nature des plaies et autres hématomes, tente de remettre en marche son cerveau réduit à l’état de choc afin de voir si elle peut faire quelque chose pour l’aider.

- Tu veux que j’appelle l’hôpital ? J’peux appeler les urgences si tu veux, c’est c’qui me semble le plus sage, t’es vraiment dans un sale état… Ça se voit que tu t’es pas vu dans un miroir.

La voix qui se fait plus douce, elle propose lorsqu’elle sait qu’il dira non, c’est couru d’avance et pourtant elle refuse de lui imposer un passage par la case hôpital. Pas si elle peut faire autrement, ce dont elle est pratiquement sûre, sans l’être pleinement pour autant, la raison pour laquelle elle aime mieux s’en remettre aux bons soins de personnes qualifiées pour, si possible. Petite Nejma qui met de côté sa crainte d’être reconnue par un médecin sous les yeux de Jax pour plutôt s’assurer qu’il soit pris en charge par un personnel adéquat, petite Nejma qui se risque à dévoiler un intérêt trop grand qu’elle porte au bien-être de son ami de toujours, elle supporterait pas de le voir mal guérir, mal se soigner et se contenter de le regarder faire les bras croisés.

- Je…

Le regard désemparé qu’elle porte sur lui, gamine des sables perdue, réduite à bafouiller lorsqu’elle ne sait par où commencer lorsqu’il y a tant à faire. Lorsque se trouve sous ses yeux un jeune homme pareillement bousillé.

- J’sais pas… tu veux que j’t’apporte un verre d’eau ? Ça fait toujours du bien ça… Oui, j’vais t’apporter un verre d’eau bien fraîche, bouge pas !

Et déjà elle se relève, les jambes vaguement chancelantes, lui a même pas laissé le temps d’accepter ou non sa proposition que déjà elle a disparu dans la cuisine, remplie un verre d’eau glacée au robinet, s’accorde un instant pour souffler, tenter de se remettre un peu les idées en place. Parce que cette nuit, pour une fois, la première vois peut-être, il va avoir besoin d’elle.
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MessageSujet: Re: heard about all the things you've done | nax   heard about all the things you've done | nax EmptySam 17 Fév - 7:11

Heard about all the miles you've gone, just to start again

jax & nejma

Les mots qui sonnent comme des accusations, sa non-présence à l’appartement qu’elle ose enfin lui reprocher. Il savait que tôt ou tard ça arriverait, que la bombe finirait par exploser. Nejma dont les éclats de voix résonnent dans la tête, l’écho de sa voix mordante. Ouais, il sait. Il sait qu’il est jamais là Jax. Toujours mieux à faire dans les quartiers insalubres de Night Falls, oiseau de nuit qui gagne son fric entre les murs du Sinners quand ce n’est pas dans les matchs de boxe illégaux. Toujours une raison pour être dehors dès que la nuit glisse sur Crescent Heights. Puis y’a le reste, les raisons qui resteront toutes aussi silencieuse. Le canapé auquel il a du mal à s’acclimater une nuit sur deux, les rêves douloureux encore plus présent qu’avant depuis que son amie a débarqué de nouveau dans sa vie. Elle rappelle le passé qu’il avait oublié, lui rappelle d’où ils viennent, les terres de sables et un père fou qui effraie encore l’homme de vingt-quatre ans au plus profond de son âme. Y’a trop de truc qui le pousse à fuir cet appart’, trop de truc à dire et pourtant, Il ne prend pas le temps de répondre à sa coloc’ en rogne Jax, l’urgence étant de s’asseoir le plus rapidement possible dans son canap’. Car tout tangue autour de lui, les meubles qui vacillent, la pièce qui tourne comme si il était dans un parc d’attraction, plus précisément dans le manège des tasses. Sauf que là, y’a rien d’amusant, ça le rend fou d’être dans cet état léthargique, ne pas être capable de tenir debout plus de dix minutes d’affilé. Ça l’fait chier que ça arrive juste devant elle, la pipelette qui ne le laissera pas tranquille maintenant qu’elle l’a vue ainsi. Il l’aime bien Nejma, elle est gentille et drôle comme fille. Mais bordel elle ne lâche jamais l’affaire. Il pourrait surement lui foutre un flingue sur la tempe qu’elle continuerait de vouloir tout découvrir, de ne jamais se contenter des réponses qu’il lui sert ; les réponses évasives pour lui éviter de savoir des trucs qu’il ne faut pas qu’elle sache, qui pourrait lui attirer des ennuis.

Distance qu’il gagne rapidement dans l’appartement, garçon à l’esprit dispersé qui s’échoue enfin, sans un brin de grâce sur son sofa. Il grince des dents lorsque son dos douloureux rencontre le canapé mais c’est mieux ça, que de finir au sol en restant une minute de plus debout pour tenir la conversation à Nejma. Il passe une main sur son visage, grimace entre ses propres doigts rien qu’en effleurant sa pommette gonflé. La tête qu’il renverse en arrière, les paupières qui se ferment ; les jambes qui en même temps, s’allongent droit devant au sol. Il se met à l’aise, souffle un grand coup car ça fait du bien d’être chez soi, ça fait du bien d’imaginer que d’ici quelques jours ça ira mieux déjà. C’pas la première fois qu’il finit comme ça Jax, et surement pas la dernière si il continue encore et toujours à vouloir s’faire du fric en usant de son corps comme punchingball pour les adversaires -des fois, comme ce soir meilleur que lui.

Jax il a les yeux clos, scellé dans le noir complet mais sent quand même une présence en face de lui, au bout de ses pieds. Une présence qui n’a pas fini de le faire chier, il le sait. Et ça ne tarde pas, Nejma qui ne lui aura laissé à peine le temps de prendre place sur le divan, pour déjà reprendre l’interrogatoire, doublé d’accusations. Il souffle de nouveau, souffle car il ne peut même pas y échapper. Il est trop fatigué pour se lever de nouveau, trop fatigué d’entendre à chaque fois sa voix rebondir d’un coté à l’autre de son crâne. Bordel ça fait trop mal.

« Nej’ si t’y connais rien comme tu viens d’le dire, n’invente pas des types d’états différent pour sortir d’un tournois de boxe. T’as jamais vue la saga Rocky ? Bah tu devrais avant de parler. T’es tout le temps sur la défensive dès que j’te donne une réponse putain … Puis tu peux parler plus doucement ? J’suis pas mal entendant merde. »

Le tatoué qui essaie de se redresser sur le canapé tout en exerçant un peu d’autorité sur la Saoudienne face à lui. L’autorité qui n’fera peur à personne ce soir, car il n’a pas d’quoi paraitre menaçant quand un hoquet de douleur sort d’entre ses lippes déchiquetés, sous les yeux d’une Nejma désemparée. Il voudrait faire moins de bruit, sourire, lui rabâcher encore une fois que tout va bien mais c’pas possible. Pas ce soir. Il a sérieusement besoin de plus bouger, d’arrêter de gesticuler et se croire apte à faire ce qu’il veut quand il est gravement amoché. La tentative de bouger qui est de toute évidence vaine. Garçon qui se remet dans la position précédente, la tête de nouveau penché sur le canapé mais les yeux ouverts, un œil intacte et l’autre dont la vision est excessivement trouble pour regarder celle qui vient prendre place à ses côtés, celle qui le regarde comme si il était à l’article de la mort. Et il sourit –comme il peut le basané, il est plus à une douleur près de toute façon. Le Saoudien qui fait non d’la tête lorsqu’elle lui propose d’appeler les urgences. Non. Pas besoin, ça ne sert à rien. Il le sait, ils feront pas plus que eux même peuvent faire sans leurs aident.

« Et toi, ça se voit que t’as jamais vue des matchs sanglants, laisse tomber avec les urgences ils m’servent à rien. J’ai de quoi me soigner ici de toute façon. »

Le ton du brun qui se fait assurer, car il sait de quoi il parle à ce sujet. Garçon trop souvent confronté à la violence, aux coups, au sang. Il sait comment ça se passe l’après match. Il aura mal quelques jours, se trainera et ça cicatrisera comme toujours. Et ils se regardent, en chien de faïence, droit dans les yeux poupée au teint naturellement halée, à peine éclairé par le firmament qui filtre par la plus proche fenêtre qui sonde son ami, cherche surement en lui une infime part de quelque chose qui crierait le contraire de ce que les lèvres peuvent lui dire. Mais il tient bon, garçon qui n’a vraiment pas envie de passer la soirée à l’hôpital, devoir payer les frais des soins qu’il peut lui-même s’infliger. Enfin, elle n’a plus rien à ajouter Nejma, la phrase à peine commencé déjà avorté, elle lâche son regard la demoiselle et se lève à la hâte lui soufflant qu’il a surement envie de boire un verre d’eau, qu’il a très certainement besoin de ce verre d’eau. Et y’a pas le temps pour la réponse, elle lui tourne le dos et s’en va jusqu’à la cuisine, laissant le garçon sombrer à son tour, à peine s’est-elle en allé.

Moment de somnolence, quand il ouvre de nouveau les yeux Jax ne sait de nouveau pas depuis combien de temps il est endormi comme ça. Le retour à la case départ, comme lorsqu’il était dans la caisse de celui qui l’a ramené jusqu’ici. Le fil du temps qu’il perd à chaque fois qu’il s’assoupit. Cette fois c’est combien ? Trente secondes le temps d’aller chercher le verre d’eau posé devant lui sur la table basse, ou bien un quart d’heure ? Il ne sait pas. Il est juste perturbé par la lumière maintenant allumé, le crane toujours aussi douloureux comme si une fanfare jouer à l’intérieur. Puis enfin, il baisse les yeux, les prunelles sombres qui tombent sur une Nejma assise à même le sol, près du canapé en train de le fixer elle aussi, en train de passer du coton et du désinfectant sur ses doigts sévèrement entaillé. Il soupire un coup, serre les dents au contact de l’alcool sur les plaies ouvertes. Mais il contrôle, pas une émotion ne peint ses traits. Juste, il passe sa main libre dans ses propres mèches couleur de jais, avale difficilement sa salive et de sa voix rauque, entreprend de dire à son amie d’enfance :

« Ca fait un moment que j’comate… ? Et t’occupes de rien l’étoile… J’vais le faire. J’avais juste besoin d’me poser deux secondes. »

Il tire doucement sur sa propre main, pour la faire glisser d’entre les siennes, Jax. La paume tatoué qu’il n’arrive pas à récupérer car Nejma s’y cramponne, et il arque un sourcil, la fixe sans comprendre. C’est quoi son foutu problème à celle-là ? Et il la voit se remettre à sa tâche, recommencer à passer doucement d’un doigt, d’une phalange à l’autre le coton. Pas prête à le laisser s’en tirer sans son aide.

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MessageSujet: Re: heard about all the things you've done | nax   heard about all the things you've done | nax EmptyLun 19 Fév - 16:07

it sounds like you need a friend

jax & nejma

Il a de quoi se soigner. C’est c’qu’il dit, et l’information qui s’inscrit immédiatement dans le cortex de la demoiselle, l’information dont elle prend note, la gamine des sables qui retient toujours avec une trop grande attention la moindre parole formulée. Surtout lorsque, comme ce soir, ce genre d’information peut s’avérer plus qu’utile. Nécessaire. Jax il a besoin d’elle, qu’il se l’avoue ou pas, elle s’en fout, elle compte pas lui laisser le choix de toute manière, elle l’aidera qu’il le veuille ou non. Car ils sont amis. Frère et sœur, pas de sang mais c’est tout comme, et Nejma elle refuse de croire que les années passées ont suffi à effacer cela, c’est pas l’genre de lien qui disparaît si aisément, pas lorsqu’elle l’a jamais oublié, pas lorsqu’il a toujours su prendre un peu de place dans un coin de sa tête, pas lorsqu’il a jamais vraiment cessé de lui manquer. Et elle ose espérer que c’est réciproque, au moins un peu. Ils sont amis et les amis ils se viennent en aide en cas de problème, lui il l’héberge et elle elle fait que lui renvoyer l’ascenseur ce soir, c’est la moindre des choses.

Elle voit bien c’qu’il fait la Saoudienne, c’qu’il tente de faire en tout cas, c’est évident qu’en l’envoyant chier à la moindre de ses tentatives il cherche seulement à la décourager, épuiser sa bonne volonté pour qu’elle le laisse agoniser en paix sur son canapé défoncé. Sauf qu’il semble oublier que la volonté elle en a en quantité inépuisable la p’tite brune, sans quoi elle serait jamais parvenue à lui mettre la main dessus, la volonté elle en a à revendre et c’est pas comme ça qu’elle abandonnera. Pas si facilement. Pour autant elle est pas sereine, c’est pas parce qu’elle n’a pas la moindre intention de regagner son lit de sitôt qu’elle gère bien la situation. Elle est paniquée Nejma, paniquée de le voir dans un tel état, l’horreur de la situation qui embrouille ses méninges et la mauvaise humeur du garçon qui n’arrange rien à son état. Et c’est très bêtement qu’elle lui propose – lui impose – un verre d’eau, comme si s’hydrater de quelques dizaines de millilitres suffirait à panser ses plaies. Si seulement, ça se saurait si c’était si simple, et elle-même est consciente de l’absurdité du remède qu’elle lui propose. Elle en est consciente et pourtant elle a déjà décollé du canapé pour se ruer dans la cuisine, comme le lui permettent ses jambes chancelantes, tout du moins, le verre qu’elle pose au fond de l’évier et le robinet qu’elle laisse couler tandis qu’elle pose ses mains sur le plan de travail, la tête qu’elle laisse un instant tomber en avant pour mieux la redresser, fixer alors la vue nocturne que dévoile la fenêtre. Et dans l’évier c’est n’importe quoi, le verre depuis longtemps rempli qui déborde allègrement, elle laisse couler l’eau pour rien mais tant pis, elle compte sur ce moment pour retrouver un semblant de clarté, remettre un tant soit peu d’ordre dans son cerveau. Et ça marche, les idées qui se démêlent dès qu’elle s’éloigne de la situation de crise, elle hoche la tête avec conviction, comme pour s’encourager elle-même, avant de couper l’eau, essuyer le verre ruisselant de toutes parts et regagner le salon. Le salon où elle trouve le basané profondément endormi, la tête renversée en arrière sur le dossier du canapé, elle s’approche de lui, l’appelle doucement :

- Jax…

Mais il se réveille pas, bien évidemment qu’il se réveille pas, et elle sait pas trop si elle devrait le laisser dormir ou non, paraît qu’il faut tout faire pour garder éveillées les personnes s’étant pris un coup sur la tête, des fois qu’elles aient un traumatisme crânien, mais d’un autre côté il semble plus vivant que mort, et le sommeil dont il a clairement besoin, le sommeil qui devrait pas lui faire de mal, elle le réveillera sans tarder si jamais. Y a le verre qu’elle dépose donc sur la table basse et la lampe la plus proche qu’elle allume avant de revenir s’asseoir à ses côtés pour l’observer une nouvelle fois, plus consciencieusement, plus scientifiquement. Elle profite de ce qu’il soit assoupi pour s’approcher excessivement près de son visage, retenant tant qu’elle peut sa respiration – aussi compliquée cette tâche soit-elle pour elle – afin de ne pas souffler cinquante bactéries sur ses plaies. Et les prunelles chocolat qui se perdent sur le visage déglingué de son ami d’enfance, les lèvres qui se pincent, sourcils froncés, tandis qu’elle réfléchit. Et après un rapide examen, elle se relève, disparaît dans la salle de bain, laissant là son ami assoupi.

Elle revient sans tarder Nejma, les bras chargés d’un bol d’eau, de coton, désinfectant, crème, pansements. Elle a du mal à cerner de quoi elle aura besoin exactement aussi elle a préféré prendre trop que pas assez, la gamine qui sait qu’elle devrait pas faire n’importe quoi, elle a passé trop de temps dans les hôpitaux, parfois dans le département des urgences, pour ignorer ce genre de choses. C’est avec des mains fraîchement lavées qu’elle s’attelle avec application à sa tâche, finalement soulagée que le brun soit endormi ; au moins cela lui épargne-t-il ses éventuelles remarques ou jérémiades quant à sa voix soi-disant trop forte. Elle s’assoit directement sur le sol froid, ses jambes repliées sous ses fesses, craignant que le bol se renverse si elle venait s’installer sur le canapé, et le regard qui vient d’abord se poser sur les mains tatouées, égratignées. Elle les avait pas remarquées celles-là, trop focalisée qu’elle était sur son visage, une vraie attention whore celui-là, si bien amoché qu’il éclipsait les autres plaies potentielles, et c’est par-là qu’elle décide de commencer, car c’est le plus accessible, sans doute, ce qui risque le moins de le réveiller, également. Elle trempe donc un coton dans l’eau, entreprend de décrasser une première main maculée de saletés et de sang séché. C’est pas joli à voir, la peau déchirée et les doigts entaillés, et elle se fait consciencieuse Nejma, s’assure que tout soit bien propre avant de passer un nouveau coton, imbibé d’alcool, cette fois-ci, sur les plaies béantes. Et elle ajoute un peu de crème antibiotique à défaut de protéger le tout de pansements, les plaies trop nombreuses et trop mal placées pour se permettre un tel luxe, de toute façon les saignements sont arrêtés. Et elle répète ces opérations sur son autre main, nettoie, désinfecte, et elle est encore en train de passer l’alcool sur les blessures cisaillant ses doigts lorsqu’elle sent la main bouger entre les siennes, et l’instant d’après la voix fatiguée du jeune homme qui résonne dans l’appartement silencieux. Et elle interrompt ses gestes, relève les yeux vers lui pour dire avec un petit sourire, prenant soin de ne pas parler trop fort, puisqu’elle a fini par comprendre qu’elle lui cassait le cerveau :

- Ah ben te voilà réveillée la belle au bois dormant… Nan, t’as pas tant dormi que ça, t’inquiètes, j’t’aurais réveillé sinon.

Et il est incorrigible Jax, à peine réveillé qu’il reprend son refrain à la con comme quoi il va se débrouiller tout seul, elle sait pas s’il se rend compte d’à quel point il est peu crédible lorsqu’il s’est littéralement endormi à la seconde même où elle l’a laissé seul, elle sait pas s’il se rend compte et elle ça l’agace, ça l’agace mais, plus patiente que lui, elle n’en laisse rien paraître. Elle se contente plutôt de s’accrocher fermement à sa main, prenant garde de pas appuyer sur les plaies, et de lui répondre doucement :

- Ça va, ça me dérange pas de m’en occuper, promis. Crois-moi que si ça me gênait, si je préférais être dans mon lit et te laisser seul avec tout ça je serais plus là depuis un moment, hein. Mais acceptes l’aide qu’on te propose Jax, sérieux, ça t’enlève rien, puis de temps en temps ça fait pas de mal.

Et l’ultime regard qu’elle lui adresse, décidé, avant de se repencher sur sa main, terminer de la désinfecter délicatement, pas à pas. Elle prend son temps Nejma, fait preuve de douceur pour ne pas aggraver son cas, le but c’est surtout pas de lui faire plus mal que s’il s’en occupait lui-même, et la main qu’elle repose tranquillement sur le genou du jeune homme sitôt qu’elle a terminé de la soigner. Elle se relève alors, les jambes engourdies d’être restées trop longtemps dans la même position, se retourne pour récupérer le verre d’eau et le lui tendre.

- Tiens, tu dois avoir soif, qu’elle dit simplement.

Et d’ajouter :

- J’reviens.

Petite Nejma qui redisparaît dans la cuisine, revient rapidement avec deux paquets de surgelés dans les mains, en tend un au basané.

- Mets ça sur ton œil. Ça doit faire mal, nan ? Tu dois avoir des médocs, genre des antidouleurs, quelque chose, tu veux que je t’en apporte un ?

Elle se montre serviable la p’tite brune, le ton toujours aussi calme pour éviter de se heurter de nouveau à son air agacé de tout à l’heure, finit par reprendre sa place au milieu des produits désinfectants et autres bouts de cotons. Prête à s’occuper du visage. L’œil, c’est fait, elle lui a donné du froid, elle pourra pas faire grand-chose de plus tant que ça aura pas désenflé, et le morceau de coton propre qu’elle vient tremper dans l’eau qu’elle a pris le temps de changer, le morceau de coton qu’elle passe doucement sur son visage crasseux, s’attardant sur les égratignures et plaies plus profondes. Et tandis qu’elle s’occupe d’un premier nettoyage de surface, elle lui demande, penchée sur lui :

- T’as mal ailleurs ? Autant que tu me le dises si t’as pris des coups sur d’autres parties du corps hein, que j’puisse m’en occuper, j’peux pas deviner.

Et elle hausse les épaules, lui adresse un petit sourire avant de se pencher pour récupérer un coton propre, le tremper dans le bol d’eau resté au sol pour continuer sa remise à neuf.
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