doux poisons | SIL

Invité

► fuis moi comme le choléra.

doux poisons

Nala & Sil

t'as jamais su aimer le ciel la nuit. faut grimper plus haut pour aimer le ciel, faut dépasser les lampadaires qui cachent les constellations, faut que la seule lumière visible dans le ciel encre soit celle de la lune, des astres. faut pouvoir rêver de les rejoindre, un petit peu. t'évite de penser au ciel quand tes pas brisent le silence de la ruelle trop sombre, la nuit. deux heures a.m, les lampadaires qui s'éloignent doucement au rythme de tes pas qui résonnent trop fort dans l'allée rouge brique, le ciel pourrait presque être visible, mais la vérité c'est qu'ont voit pas grand chose dans une ruelle. un, deux. deux tournants, ils sont en retard. encore. tu te fonds au ciment rouge, les briques dans l’omoplate. l'attente. une chose qui t'exaspère, mais les drogués c'est comme ça, en retard sur le reste du monde, trop prisés par le leur. t'as compris assez jeune que t'avais pas besoins de drogue pour être dans ton propre monde, que le tiens était déjà suffisant, qu'il suffisait de grimper assez haut pour avoir l'impression d'toucher les étoiles du bout des doigts.

des voix.
ils sont là. enfin. c'est le genre d'intonations que t'aurais eu envie de fuir si t'avais encore eu un once d'innocence dans les veines. un signe de tête, sourire sarcastique sur la bouche, tu sors la livraison de ton sac de cuir clouté, deux, trois petits sacs à l'allure louche, pas très légal. t'attends le paiement avant de remettre la drogue. toujours attendre l'argent, compter. recompter. parce que t'as peut-être des airs de lionne avec ton regard feu, tu reste une femme dans un monde d'homme. l'échange. les billets entre les doigts, tu remets leurs illusions aux nouveaux propriétaires.

- le compte y est. à la prochaine dose, les mecs.

le même ton cassant, presque méprisant. hypocrite quand ont sait que t'es celle qui leurs refile la mort lente, doux poisons. tu serais pas surprise de pas les voir revenir, un soir. d'apprendre qu'ils se sont endormis pour rejoindre une astre quelconque. mais t'as forcé personne, tu survis, à ta façon.

CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne

Tu traines des pieds en rentrant, sortant une clope en repensant à leurs mots. C’est étrange. Cette impression de faire parti de quelque chose. Quelque chose de plus grand que toi. Ca a jamais vraiment été l’cas. Si, peut-être cette bande de gamins de l’orphelinat. Cette famille étrange qui marchait pas droit. Tu repenses un instant à Maya et ton coeur se serre. C’est drôle, tu pensais pas qu’il existait encore celui là. Pourtant, il est bien là. A gueuler dès que tu repenses à elle. A elle puis aux autres. Et tu sais pas mettre un mot sur cette soudaine impression d’étouffer. Parce que t’es con putain. Trop con pour réaliser que malgré tout, t’es juste un gamin terrorisé d’être abandonné. Putain de cliché.

Tu souffles la fumée de ta dernière taffe avant d’écraser la clope sur le mur de la ruelle quand ton regard est attiré par des voix. Tu les regardes un instant, assistant à l’échange. T’as presque envie d’rigoler face au comique de la situation. Tu repenses à Maya, et voila. Voila qu’tu vois une pourriture refiler la même merde qui l’a tué. Ton poing se serre. Là. Jusqu’à enfoncer tes ongles dans ta paume. Tu sens la rage grandir. Une rage que t’as jamais vraiment su contrôler. Le même genre de rage qui t’faisait finir au poste, la gueule en sang. Tu sers les dents, jetant ta clope avant de t’avancer d’un pas décidé. Les drogués se sont déjà éloignés. Ce soir, c’est un contre un. Alors tu agis vite, plaquant brusquement l’gars contre le mur avec force. T’as la rage au creux des yeux. La rage au creux des poings. Et c’est qu’après l’premier coup qu’tu réalises que c’est pas un gars. L’obscurité d’la nuit l’avait caché, mais maintenant t’es trop prêt pour pas l’voir. Son visage de poupée. Et ça t’fout encore plus la rage. Sans qu’tu saches vraiment pourquoi. T’as appris par la rue que les filles sont pas moins fortes que les gars. Bordel, t’en as rencontré des meufs qui t’ont mises à terre avant même qu’tu puisses frapper. Mais ça t’fout la haine putain. Qu’elle puisse vendre ses merdes à d’autres meufs paumées. Qu’elle puisse les buter même sans frapper. « Ca t’éclate d’buter des gens avec tes merdes là ? » Tu la maintient contre le mur avec force. T’as eu un instant de relâchement quand t’as vu que c’était une fille, mais ça veut pas dire qu’tu la lâcheras. S’battre pour l’égalité, c’est s’battre pour l’mauvais aussi. Il parait qu’on frappe pas les filles ? Conneries. Qu’elles s’défendent comme les autres. On est à la rue, ou on l’est pas.

Invité

► fuis moi comme le choléra.

doux poisons

Nala & Sil

t'allais partir. balthazar devait t'attendre sur le toit, ou alors il était déjà entrain de compter. t'allais partir, mais le karma est une chose qu'on ne contrôle pas. tu le sentais au goût du sang, goût familier métallique sur la langue, de la surprise, aussi. la surprise, tu trouvais amusant de constater qu'elle t'avait manquée. le karma. ça te frappe plus fort que ses poings, en rythme parfait avec les mots qui dégorgent de sa bouche. c'est là que tu percute vraiment, c'est là que dans tes neurones y'a un petit chemin qui se forme, qui t'apporte l'information qu'il te manquait depuis le début, depuis qu'il t'avait saisi à la gorge sans raisons. c'est vrai que dans la rue, les raisons, c'est pas toujours de mise. il avait perdu quelqu'un, un être cher, à cause d'une personne un peu comme toi. un peu conne, un peu sale, animale. y'a un sourire sanglant qui se forme sur tes lèvres déformées par l'enflure des coups portés. oui, parce que c'est quand même marrant, de le voir là, tenant encore ses principes, la tête haute, le corps droit. parce qu'il a toute les raisons du monde d'être en colère.

- tu réalise que les personnes qui vendent ces merdes là, essaient de survivre tout autant que celles qui les achètent ? tu réalise que je ne suis que la livraison, pas la fabricante du produit.

les filles dans les rues, parfois elles sont bête, elles attaquent avant de parler, avant de penser. elle foncent tête baisser, ou s'enfuient. t'étais ni l'une, ni l'autre, mais peut-être que tu t'étais trompée, que c'était pas mieux d'être intelligente même avec ce gars-là, et le fait d'être toujours à jeun, pour ne pas finir comme elle, comme maman, aidait à garder la tête froide. mais le pauvre il sait pas, non, que tu mords. que t'attaque après avoir jouer un peu avec ta proie, les mâchoires qui se plantent dans la jugulaire.

- j'apprécie pas qu'on m'attaque pendant que j'ai le dos tourné.

accolée au mur de brique de la ruelle, t'as pas beaucoup d'option qui s'offrent à toi, mais t'arrive quand même à prendre l’élan qu'il te faut pour envoyer ta tête vers l'avant de toute tes force. une collision qui explose dans ton front, dans le siens, aussi. tu mettrai ta main au feu que t'as bien viser, le nez. un mal de tête qui te prends, t'auras un bleu, mais c'est presque rien, c'est pas grand chose comparer à un os brisé. des étincelles qui se répandent dans tes neurones, mais c'est juste le temps qu'il te dégager, t'avantager un tout petit peu. tu sais, tu sens ton petit couteau dans ta ceinture, la lame froide transperce le tissu de ton chandail comme un glaçon sur la peau. mais t'aimes pas te la jouer comme ça, c'est pas égal, c'est pas bien non plus, mais le bien ont s'en fout de nos jours, dans des situations comme ça. tu dégainera ton arme qu'en cas de nécessité, au risque de retourner voir le grand frère le visage en sang.

CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne

« Arrête de t’trouver des putains d’excuses là ! » Tu fronces les sourcils, la colère au ventre. Ça t’fout en l’air. Ces putains d’gamins qui se cachent derrières des excuses à la con. Ils avaient les mêmes quand Maya crevait, la poudre au nez et l’futur aux oubliettes. Ils avaient les mêmes quand on venait t’chercher par ils étaient pas foutu d’te préférer aux cachets. C’est plus facile de dire que c’est les autres hein. « Et moi j’apprécie pas qu’tu files ces merdes » Tu prends l’même ton qu’elle. Les mêmes intonations. T’as à peine le temps de la cracher, ta réplique cinglante lorsque la violence du coup te fait reculer. Tu portes tes mains à ton visage, celles ci se colorant déjà de rouge. L’nez a pris. Salement pris. Tu sais même pas comment t’as fait pour jamais l’péter depuis le temps. Et encore une fois, on dirait que tu t’en sors pas trop mal. Qu’à part le sang qui semble s’écouler en flot et l’impression d’voir des étoiles, y’a rien de grave. « Sale conne ! » Tu répliques. Là. Avec tes poings. C’est instinctif. Tu frappes. Position de boxeur. Cette fois ci, t’as appris ta leçon. Alors, tu maintiens ta garde, la fixant avec ce regard de tueur. « T’as pas aut’ chose à foutre que ça putain ?! » C’est affreux. Ce besoin à l’intérieur. Celui d’lui faire sentir la peine qui est cachée au fond. Celle qui s’exprime que par la violence. Violence des mots. Violence des gestes. « Tu butes des gens avec tes merdes là ! » Des gens qui comptent. Qui laissent derrière eux un putain de trou. Un absence impossible à combler. Alors ouais. C’est ptête leur faute aussi. Surement plus qu’à elle même. Mais eux, ils sont plus là pour qu’tu leur tapes dessus. Elle, elle est là. Bien vivante.

Invité

► fuis moi comme le choléra.

doux poisons

Nala & Sil

tu pourrais facilement comparé le bourdonnement dans ton crâne douloureux aux voix dans la tête d'un schizophrène. constantes, fortes et faibles à la fois, assourdissantes. t'as pas l'habitude de te servir de ta tête pour frapper, t'es plutôt du genre à penser, à tenir une idée, pas à attaquer. les idées sont encore là, à valser doucement entre les comètes. entre sa position de boxer prêt à défendre sa vie, une panthère dans les couloirs bétons, et toi, sa proie. parce qu'une personne comme toi avait pris la vie d'une personne comme elle.

- j'comprends. t'as perdu quelqu'un, quelqu'un qui t'étais assez précieux pour que tu lèves les poings sur quelqu'un un peu comme moi. c'est bien ça ? le mauvais dosage, et c'est fini.

tu souris pas. pas cette fois, non. ont voit pas le rictus qui te barre le visage caramélisé tâches de soleil. y'a pas de raisons de sourire, d'être amère ou sarcastique devant la panthère.

- alors vas-y, frappes-moi. utilise tes poings, fait comme si j'étais elle. ça changera rien, elle reviendra pas. tu veux que j'arrête de distribuer mes merdes ? trouves un travail à une fille sans éducation, sans diplômes. vas-y, je te regardes.

là le rictus, il revient. il part jamais longtemps, faut dire. y'a un ricanement sarcastique qui dévale tes cordes vocales avant de cracher à ses pieds. tu dois rien aux personnes comme lui, qui accusent avec la facilité en poche. c'est pas de ta faute si la petite elle voulait rêver, t'y pouvais rien toi, au dosages. tu vends, tu fais rêver l'instant d'un moment. la drogue tue. pas toi. c'est c'que la voix dans ta tête se tue à te faire croire depuis des années, si non.. si non comment tu pourrais vendre, alors que toi-même t'y touches pas, à ces rêves liquides aux allures de méduses dansantes. t'as déjà essayé, une fois. c'était pas pour toi, toi qui voyais déjà tout c'que t'avais besoin de voir du monde.

CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne

« Ta gueule ! » Putain de conne. Tu hais l’idée qu’elle puisse avoir la moindre idée de ce qu’il y a à l’intérieur. Ce trou noir de sentiments qui existent pas vraiment. Bordel. T’as pas juste perdu quelqu’un. T’as perdu trop d’gens. T’as perdu la vie que t’aurais du avoir. T’as perdu le sourire d’une mère et la présence réconfortante d’un père. Cette merde a fait de toi celui que t’es devenu. Là, en t’retirant tes parents. T’es devenu le sale cliché de l’orphelin. Infoutu de t’attacher. Infoutu d’aimer comme il faut. Et même quand t’as réussi à te forger une famille de rechange, cette merde te l’a encore retiré. Même si t’avais déjà commencé tout seul. Ses substances y ont mis une sale fin. Un de ces trucs éternels.

Elle ricane. Avec son sale rire. Et ses mots te heurtent bien plus que n’importe quels coups. Ça changera rien. Elle reviendra pas. Personne reviendra. Ni Maya. Ni ta mère. Ni même ton père qui s’est forgé une nouvelle vie. Tu fais parti du passé. Des mauvais souvenir. T’es rien d’autre qu’un rappel de ses échecs. De ses douleurs. De ses erreurs. T’as envie d’lui faire du mal. A cette conne qui te frappe avec ses mots. Tu gueules. Comme si tu laissais sortir les trucs à l’intérieur. Tu gueules et tu frappes. Mais cette fois ci, c’est le mur que tu frappes. Fort. La douleur te donne quelque chose pour te raccrocher.

« Tu crois que tu sais mieux qu’tout l’monde hein ?!! Tu crois qu’j’en ai des diplômes ?! » Et pourtant, est-ce que j’lui là en train de vendre tes merdes ? Les mots s’évanouissent sans s’échapper de tes lèvres. Toi tu vends pas ça, mais tu vends pas mieux. Tu vends l’alcool, les paris, la luxure. Et pire encore. Tu t’engouffres vers quelque chose dont tu connais encore trop rien. Quelque chose qui tue encore plus salement que ses pilules et autres poudres. Mais peut être que c’est plus rassurant. De pas connaitre la mort à travers les armes à feu. Ça a l’air lointain. Comme si ça pouvait arriver qu’aux autres. Mais t’éloignes cette pensée. Celle qui te dit que t’es pas mieux qu’elle. T’es même p’tète pire. Mais tu veux pas penser ça. Alors tu t’reconcentres sur ça. Sur la poudre encore cachée dans son sac. « Vas y, file moi ça ! » T’essayes de le choper. Pour l’jeter. T’en débarrasser. Tu réalises pas vraiment qu’il y a plus qu’elle dans l’histoire. Que si elle le vend, c’est parce que quelqu’un d’autre lui donne. Et que ce quelqu’un d’autre attend dl’’argent. T’es là, dans ton monde un peu trop irréel. A vouloir jouer les justiciers pour des gens qui sont même plus là et qui, de toute façon, voulait même pas d’toi.

Invité

► fuis moi comme le choléra.

doux poisons

Nala & Sil

tu sens la patience qui te quitte quand il essaie de prendre ton sac. quand il essaie de te dérober ton seul revenu, ton seul moyens de survis même s'il brise la vie des autres, même s'il lui a voler quelqu'un. tu sais que tu peux pas le laisser faire, parce que s'il prends le sac, s'il détruit les drogues multiples qu'il contient, tu sera la prochaine à y passer, les fournisseurs auront pas leurs argent, t'auras pas la tienne, mais t'auras surement le visage contusionner. t'as vu la chose arriver trop souvent, tu sera pas la prochaine, tu te laissera pas faire, balthazar serait déçu, et lui, tu refuses de le décevoir après tout ce qu'il a fait pour vous sortir de votre boite de carton cachée dans les ruelles. il croit savoir de quoi il parle parce qu'une fille est morte, il croit tout savoir, et pourtant vous êtes deux ignorants qui se déchirent entre eux pour de la came. ça te fais sourire, là, coincée entre deux murs de briques face à l'étranger agressif. l'animal prêt à défendre sa cause.

- je peux pas te la donner bordel !

tu hurles, pour la première fois depuis longtemps tu laisse tes cordes vocales se déployer comme des sonars qui se répercute sur la ruelle en échos à tes pensées embrumées par les coups portés et reçus. t'aimerais bien toi, t'en débarrasser, le lancer au premier venu et disparaître dans un nuage de fumée comme ont voit dans les films. t'aimerais bien avoir la possibilité de changer, d'avoir un boulot tranquille, qui paye pas à l'argent salie par des vies gâchées.

- tu t'en fous, hein ? tu crois que les conséquences de mes actes je les connais pas, que je dors bien la nuit, sur mes deux oreilles comme si de rien était ?

t'as les mains qui tremblent sous la colère, t'as les cordes vocales qui tremblent pendant que tu continue de lui hurler les dommages de la vie à la figure.

- c'est pas le cas. tu crois que j'ai perdu personne ? tu te trompes. c'qui a dans le sac, j'y touches pas, jamais. tu sais pourquoi ? parce que je sais ce que ça fais aux personnes qui l'achètent. ont commence par le plaisir puis vient la dépendance et puis la mort lente vient finir le travail. c'est dégueulasse, mais c'est pas en prenant mon sac que tu changera l'univers, au mieux je me ferai casser la gueule, voir harcelée pour repayer toute la came que t'auras détruite. et puis ils vont continuer d'envoyer des hommes et des femmes pour finir le boulot, pour vendre la came qui aura pas été vendue par moi.

tu le regardes en attente d'une quelconque réaction pendant que tu reprends ton souffle, maintenant que tu réalise que t'as retenu l'air de tes poumons pendant ton discours pathétique. t'as pas besoin de sa bénédiction, tu pourrais tout simplement t'en aller, mais pour une raison encore inconnue tu restes là, à attendre tu ne sais quoi. un miracle, surement. tu replace le sac sur tes épaules avant qu'il ne tombe, avant qu'il soit trop accessible, sur tes gardes, prête à dégainer le couteau que tu traînes toujours dans ta poche arrière en cas de secours. tu vas pas le poignarder, non. t'es pas de celles qui font couler le sang lâchement, tu perfore pas la peau à coups de métal froid, non. mais il aura peut-être peur, le moment venu, il partira peut-être, quand il verra ton arme camouflée.

CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne

T’as envie d’lui arracher son sac et l’faire cramer. Pour pas laisser ces gamines y toucher. Pour pas les laisser crever sur le bas coté. Et c’est con. Foutrement con. Parce que si c’est pas ce sac, ça en sera un autre. Mais tu veux pas penser à ça. Tu peux pas. Parce que ça veut juste dire que c’est voué à l’échec. Que y’aura d’autres Maya. Et puis d’autres toi. D’autres parents qui préfèreront se défoncer plutôt que de s’occuper d’leur gamin. Et ça t’fout la haine putain. Tu voudrais pouvoir changer ça. Mais qui t’es pour parler hein ? Qui t’es pour juger ? Tu vends la mort autant qu’elle. Si ce n’est plus. Différents outils. Même résultat. Au moins, la sienne fait rêver un temps. Et la bonne vieille excuse. Si c’était pas moi, ça serait quelqu’un d’autre. Combien de fois tu l’as pensé hein ? Combien de fois tu t’es dis ça. Putain d’excuse à la con.

« Tu crois que j’me fous qu’tu dormes bien ?! » Tu sais trop bien qu’le sommeil est chaotique. Que les fantômes reviennent dans les rêves. A faire couler les larmes qu’on lâche pas la journée. C’est ptête juste intérieur. Une façon d’hurler en silence. Pourtant, même si tu les connais trop ces fantômes, tu t’en fous. Les siens ont forgé les tiens. Et au fond, tu t’en balances de cette gamine que tu connais pas. Pourtant, t’as la gorge serrée. Bordel, qu’est ce que tu peux haïr cette détresse cachée dans sa voix. Celle d’une gamine qui veut jouer la grande. C’est drôle. On dirait toi. A cette colère au creux du ventre. Cette rage intérieure. Tu sers les dents. Fort. Tellement fort que t’as l’impression que tes dents vont exploser à l’intérieur de ta mâchoire. « T’es vraiment trop conne. » Tes mots sont acérés comme des couteaux. « Si tu savais vraiment, t’en vendrais pas. » Tu recules un peu. La rage est passé, ne laissant qu’un sale gout de cendre dans ta bouche. C’est dans ces jours là que tu détestes votre monde. Celui où chacun avance comme il peut, jamais vraiment droit. « Tu f’rais mieux d’te casser »T’es bien placé pour donner des conseils hein. Toi l’gamin qui se jette dans les plus grosses merdes possibles. T’étais qu’un p’tit délinquant sans importances. Celui qui tag les murs et piquent quelques portables. Celui qui tape trop pour laissait la colère s’évacuer. Et qu’est ce que tu fous maintenant hein ? A t’enrôler dans des merdes plus grosses que toi.