sweet amanite phalloïde queen

prénom et nom: anna letizia giacomo. ”nana”. nana c’est doux et beau, c’est le surnom que donne une mère aimante, ou bien peut-être une amante au creux de l’oreille sur l’oreiller, ou un enfant qui ne saurait mieux prononcer. en réalité, nana ne sait pas pourquoi elle est nana, elle l’a un peu toujours été. âge et date de naissance: née le onze février, elle est ainsi verseau. elle a dernièrement fêté ses vingt-sept ans. lieu de naissance, origines: nana est née ici. y est restée, longtemps. en est partie aussi. y est revenue. son père est italien. il travaille dans le cinéma, il a jamais beaucoup été là. occupation: depuis qu’elle est revenue à crescent heights - deux mois de cela ? peut-être trois - nana travaille au centre équestre. palefrenière. c’est ici que plus petite elle faisait de l’équitation, quand les fins de mois n’étaient pas un problème. nana a toujours beaucoup aimé les chevaux. ils ont comme cet air de souffrance silencieuse permanente, dans leurs yeux, dans leurs corps trop lourds pour leur longues jambes fragiles. ils ont l’air de comprendre nos moeurs sans s’y intéresser. nana aime leur placidité, elle aime aussi leur fougue, leurs colères, toujours surprenantes et pourtant attendues, comme une tempête qui devait arriver mais fait quand même des dégats lorsqu’elle est finalement là. nana aimait aussi l’équitation. pas comme passion. elle a feint d’être la nana dingue de poneys, peut-être pour avoir des amis, pourtant elle n’en eut jamais vraiment dans ce cercle là. les filles du centre équestre la fascinaient : avec leur argent, leurs tresses immaculées, leurs rires complices et leurs fausses amitiés. sans aucun mépris. nana les aimait et savait qu’elle n’arriverait jamais à être comme elles, mais elle aimait, d’une façon incongrue, ne pas se sentir à sa place. peut-être que quand les autres lui faisaient comprendre qu’elle n’avait pas sa place, sa solitude lui paraissait plus juste, car plus externe, moins irrévocablement inhérente à sa propre personne. mais la vraie passion de nana, c’est la musique. la musique de club, les sons qui font suer. alors elle mixe, à l’occasion. y'a moins de demande à crescent heights que dans les capitales, mais moins de concurrence, aussi. ici, elle peut se sentir comme un succès local. statut, orientation sexuelle: nana a brisé des coeurs, s’est fait briser le sien, un peu comme tout le monde, ses histoires sont faites de la même banalité qui pourfend tous les palpitants. le sien bat pour les filles, ça a toujours été comme ça. traits de caractère: nana est intelligente. ça a toujours étonné tout le monde, qu’elle ait tant à voir sur le monde, tant à dire, elle qui était assise seule en cours au coin du radiateur, un écouteur dans l’oreille gauche. un peu pote avec tout le monde, un peu pote avec personne. nana aime pas grand monde, parce qu’elle cerne un peu les gens trop vite, voyant dès lors le peu qu’ils auront à s’apporter, jugeant que ça n’en vaut pas la peine, puisqu’elle voit la chute avant même la montée. mais si ça ne vaut rien, que reste-t-il de valeur, qu’a-t-elle à retirer du monde ? elle craint qu’il n’y ait plus rien ici bas, et que ce monde, réciproquement, n’ait rien non plus à tirer d’elle. elle est pas méprisante non plus, du moins elle l’est moins avec les autres qu’elle ne l’est avec elle-même. quand on passe tant de temps seule, ne plus trop pouvoir se blairer n’est que logique. on l’aime bien quand même nana, parce qu’elle comprend, parce qu’elle écoute, parce qu’elle marche pas sur toi, parce qu’elle est cool aussi. la jolie brune à ses platines, la fille qu’on regarde de loin. les mecs l’aiment bien pour ce qu’elle représente, la fille d’une beauté simple, qui flirte pas trop, qui cherche pas à causer quand il n’y a rien à dire. celle qui n’est pas comme les autres filles. sauf que nana préfère les autres filles aux gars qui penseraient lui faire une fleur en la draguant entre deux blondes. surtout, nana, elle est seule. nana on sait jamais trop dire si on peut l’appeler pote, parce qu’elle vient pas souvent, qu’elle a sûrement son vrai groupe de vrai potes ailleurs et qu’elle traîne ici en attendant. mais elle a personne à attendre. groupe: pléiades.