je viens voir à la brune, sur le clocher jauni la lune (luca)

Il tient le pack de six dans la main, comme toujours. Il le traine derrière lui comme un boulet, rajustant la visière devant ses yeux. Il fait nuit mais, à s'y méprendre, il y voit comme en plein jour. La lune est pleine, aveuglante. Il marche le visage bas, il a rendez-vous. Il a quitté le sous-sol de cette vieille maison sans se poser de questions. Il ne le ferait pas pour grand monde, mais pour elle, oui. Il pourrait sans doute sauter du haut de la vieille cathédrale pour elle, sans vraiment savoir pourquoi. Un lien, une connexion. Depuis leur rencontre. Une pareille étincelle éteinte au fond des yeux, les ténèbres qui s'y lisent et les secrets qui s'y planquent. Ils ne parlent jamais de ce qu'ils étaient, de ce qu'ils ont fait. Ou alors brièvement. Il sait pour cet homme, il sait pour son fric. Elle n'ignore pas son statut d'orphelin, elle a juste la pudeur de ne jamais lui l'envoyer dans la tronche. Il paraît que l'amitié, c'est ainsi. Il est gauche, un peu maladroit. Il croit bien qu'il l'apprécie mais ne sait pas franchement le lui dire. Parfois, il lui tient la main comme un enfant. Comme celui qu'il n'a jamais pu être. Il la tient fort parce qu'il a peur que le vent l'emporte, qu'elle finisse par disparaître encore. Et quand elle s'endort tout contre lui, il se sent en sécurité sans pour autant se permettre un instant de fermer les deux yeux. Alors il pose son pack, les bouteilles s’entrechoquent. Il regarde autour de lui, la nuit est claire et les gens marchent sans lui prêter attention. Il sourit, derrière sa visière, il porte une feuille roulée à ses lèvres et la mordille. Une allure grotesque pour un corps trop petit. Il est trop jeune pour se comporter comme un adulte, parfois, il l'oublie. Alors quand elle arrive, que sa silhouette se détache de la foule, il sent des picotements au niveau de la cage thoracique. Il lève la main, naturellement. Elle s'avance, en souriant. Il ne dit rien, il embrasse sa joue avec vigueur pourtant. Et puis, il se baisse, ramasse le pack et pointe du doigt la vieille bâtisse derrière eux. Viens.. ce soir, on monte un peu plus près des étoiles. qu'il lui dit avec engouement. Il prend sa main, comme il a toujours l'habitude de le faire. L'enfant ! Il l'emmène dans la ruelle, presse son épaule contre une porte entre ouverte et passe la tête pour s'assurer qu'il n'y a plus personne. Tranquillement, discrètement, ils se glissent jusqu'aux escaliers du clocher, les grimpent et Moreno pousse une nouvelle porte. Quand ils sortent, l'air est toujours frais mais la hauteur est impressionnante. Il s'approche du rebord, sans lâcher sa main, l'ancre ! Regardes ! qu'il lui dit en souriant un peu plus, remontant la visière sur ses yeux, sans craindre d'être observé.

luca ne sait pas ce qu'il faut faire ou pas, ignore la descente de certaines pratiques et se fout bien des règles établies. c'est une enfant tout comme lui ou bien, est-ce lui qui la fait se sentir ainsi ? c'est devenu naturel de jouer, s'accrocher à son bras comme une l'adolescente qu'elle n'a jamais été. ils se complètent sans vraiment oser se le dire, rien de tel pour vivre dans un autre monde le temps d'une nuit. rien n'est oppressant avec lui, et elle est ravi de le revoir aussi rapidement. ces derniers jours furent compliqués. des jeux d'adultes aux regards de haine, une négativité ambiante qu'elle traine depuis trop de temps. elle a l'impression luca, que tout le monde sait qu'elle la trahi, cette étiquette collée sur son front ne s'efface pas et au contraire, se voit de plus en plus. mais est-ce une simple paranoïa ? ça lui prend parfois, de penser à lui quand elle est seule. parce que finalement, rentrer seule chez elle, est bien moins rassurant qu'avant. alors quand elle voit moreno, tout s'efface. ses doutes, ses peurs bizarrement, s'en vont le temps de le regarder, de l'écouter. et elle sourit luca, comme c'est pas permis, comme si tous ses maux s'évanouissaient à chacune de ses syllabes. sa main dans la sienne et l'entrain qu'il y met, la brune se laisse porter sous l'ignorance des passants. ils vont partir sous les étoiles comme ils le font souvent, deux innocents et ses airs de gamine qui effacent enfin les traits parfois trop durs de son visage, il ne la connait pas comme ça moreno, elle se demande parfois ce qu'il pense vraiment d'elle, de son passé, tout ça. mais il ne lui a jamais demandé, peut-être qu'il s'en moque juste après tout. elle le suit de près, entends le verre des bouteilles tinter les unes contre les autres sous la cavalcade, avant de vite se retrouver sur le plateau du bâtiment. Regardes ! qu'il lance. mais luca tout ce qu'elle voit, c'est son sourire et ses grands yeux ouverts sur l'horizon. c'est beau oui, comme si il venait juste de sortir de prison. elle prend un moment pour regarder dans la même direction. « oui, c'est beau t'as raison. un peu haut, mais c'est parfait pour regarder les étoiles » luca recule d'un peu, un léger fourmillement dans le ventre la soudoie de ne pas approcher trop près du bord, elle baisse un peu la tête pour aller piocher dans le pack qu'il avait laissé derrière, pour lui en tendre une. « peut-être qu'on verra une étoile filante qui sait » elle aimerait bien luca en voir une au moins une fois dans sa vie, mais depuis un an, elle a pas beaucoup levé les yeux du bitume. alors avec lui, elle compte bien en profiter. luca finit par s'asseoir en prenant le soin de remettre sa robe en place. « comment tu vas ? » comme une question aléatoire, presque auto-dictée, luca, elle peut pas s'empêcher de s'inquièter.