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 disturbia. (wes)

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MessageSujet: disturbia. (wes)   disturbia. (wes) EmptyMer 2 Mai - 21:04

y a comme un vent d’été. l’air frais des soirées de printemps qui tombent sur la ville. le bout de la jetée, inondée de monde déjà, sous les néons des attractions, les lumières qui éclairent le lac entier. elle s’y croirait presque, nora. un courant d’air dans les cheveux, un frisson dans le dos. elle resserre sa veste, celle qu’elle ne quitte jamais, avec le jean délavé, que sil a volé pour elle y a des années de ça. peut-être le seul bien précieux qu’elle possède, encore plus maintenant qu’ils se parlent à peine. le coût d’une nuit sanglante, d’un cadavre sur les bras. un secret qu’ils ne peuvent dévoiler à personne, parce qu’il y a trop en jeu. des fiertés. des avenirs. des vies, aussi. celle de sil en premier, si le mot s’échappe, si la revanche riposte. alors ils portent ce poids sur leurs épaules en espérant qu’il disparaisse, qu’il cesse d’éveiller leurs nuits, de faire sortir leurs démons. ce soir, elle est censé les retrouver, pour la première fois depuis ce qu’il s’est passé. des jours qu’elle évite de les voir, parce qu’elle broie du noir, parce que le poids de ses mensonges pèse de plus en plus lourds pour des épaules aussi frêles que les siennes. parce qu’elle pensait être prête pour ça, nora, parce qu’elle pensait pouvoir affronter tout ça avec autant d’aplomb que les autres seulement pour réaliser qu’elle n’est peut-être pas bâtie pour ça. alors ce soir, elle n’a pas vraiment le choix. elle met pas bien longtemps avant de retrouver wes, le seul de tous déjà présent, parce que wes n’est jamais en retard. wes est toujours là avant tout le monde, comme s’il leur ouvrait les bras à peine les gamins étaient-ils arrivés. elle cogne son épaule avec malice, force un sourire - un privilège qu’elle n’accorde pourtant pas aux autres - avant de marcher le long de la jeter, passer près des stands, glisser un paquet de popcorn sous sa veste pour s’en aller tranquillement, vieille habitude des gamins abandonnés. elle a déjà la main vorace plongée dans le paquet de popcorn quand ils sont dans la file d’attente qui les conduira jusqu’à la grande roue. c’est pas aussi appétissant qu’un paquet de pépitos, mais ça fera l’affaire. elle a l’oeil inquiet rivé sur la grande roue, parce que la gamine a le vertige et que s’il y a bien quelque chose qu’elle déteste plus que tout, c’est monter dans cet instrument de torture. elle est presque certaine d’en ressortir avec la nausée, mais elle le fait parce qu’elle sait que wes adore ça, la grande roue, et qu’elle adore wes. tu sais quand il sera là, solal ? elle mentionne pas sil, elle ignore s’il va venir et elle redoute leur confrontation après cette regrettable soirée. elle sait déjà qu’ils ne parviendront pas vraiment à cacher ce qu’il se passe entre eux et elle espère éviter les questions des autres. la dernière chose dont ils ont besoin, c’est de savoir qu’ils sont empêtrés dans la merde jusqu’au cou. elle quitte pas la roue des yeux, l’oeil suspect, mais ça l’arrête pourtant pas de plonger dans le paquet de popcorn. elle entend le croustillement du maïs entre ses dents et ça lui rappelle que c’est probablement la seule chose qu’elle ait mangé depuis jours. y a pas grand chose à manger au planétarium. j’te préviens, s’il rate la roue, je la refais pas avec vous. l’air un peu grognon, tout est apaisé auprès de ses gamins. elle a pas besoin d’être en colère plus qu’ils ne le sont déjà tous après la vie. pourtant solal est pas là et ça l’embête un peu. il va rater les feux d’artifices. d’ailleurs, ils sont tout juste en train de commencer et nora les observe à travers les barreaux de la grande roue. elle aurait bien aimé être déjà dedans, ça lui aurait donné de quoi oublier de regarder vers le sol. tant pis, au moins wes est avec elle et quand wes est là, y a pas vraiment besoin de s’inquiéter. ou peut-être rien qu’un tout petit peu, parce que la gamine croit entendre un craquement sourd au même moment où un nouveau feu d’artifice explose et c’est peut-être rien que sa paranoia qui entre en action, qui refuse de la laisser monter dans cette roue. t’as entendu ça ? peut-être oui. ou bien peut-être pas.
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MessageSujet: Re: disturbia. (wes)   disturbia. (wes) EmptySam 5 Mai - 14:24

Il y a ces nuits douces et simples. Celles si calmes qui apaisent le coeur, soulage l'esprit. Celles qui nous font rêver, un peu, un peu mieux. Et le ciel est beau dans cette nuit paisible. Il s'illumine sous les milliers de feux et sous le rire incessant des enfants. La ville miteuse qui reprend vie après l’hiver. Le froid chassé, les plaisirs libérés comme si on s'était jusqu'alors retenu, figé dans la glace. Cette nuit, on fête la délivrance, cette liberté retrouvée.
Il y a une foule importante à la jetée. On se cherche, se frôle, se bouscule sans s’excuser, mais ce n’est pas grave, pas cette nuit. Parce qu’il y a des foules oppressantes et celles où on souhaite se perdre parmi les étrangers. Mais les gens ne paraissent pas menaçant, pas ce soir, Wes n’a aucune envie de les fuir. Il veut partager des sourires et savourer les rires. Il veut se perdre la tête dans les étoiles, au plus haut point de la roue. Il se perd alors, entre des familles encombrantes et des adolescents bruyants, se perd dans la cohue, tranquillement, savourant à sa manière cette nuit.

Il vient souvent à la jetée, Wes. À regarder. À s’inspirer. Gribouillés les têtes décoiffés par le vent et l’eau qui se perd vers un infini que l’on sait accessible. Il aime observer, le monde, ses habitants tantôt maudits, tantôt appréciés. Qu’importe, amas de sujets inépuisables.
Et puis, se perdre. Se retrouver. Petit lieu qui le retient, parfois, la grande roue comme une bouée, pour rester.  Et c’est celle-ci qu’il fixe, hypnotisé par le mouvement. Tourne. Tout le temps. Un instant, le répit. Tourne. Toujours. Avec des pauses pour mieux recommencer. Tourne. La vie. Qui ne cesse elle aussi, qui ne fait que reprendre un souffle. Et cette grande roue qui agit comme un ancrage pour la ville, la roue qui l’a vu se bâtir et se déchirer. La roue qui pourrait raconter des milliers d’histoire. Cette grande roue qu’il adore.

Wes détourne le regard pour se retourner vers son ancre à ses côtés. La rouille remplacée par la chaire. Le froid métallique devenu feu vibrant. Mais une constance aussi.  Plus compliquée. Qui l’a vu devenir. Qui ont vécu. Qu’ils vivent, dans des paradoxes maintenant, unis, malgré tout, par tout et par rien.  Nora. Nora pas certaine, pas tout à faire d’humeur, un sac de popcorn entre ses mains. Nora qui est venue, qui semble fragile, mais qui est là, alors il ne dit rien, accepte les rares sourires qu’il sait chanceux de recevoir.  Et Wes pense qu'aujourd’hui sera une nuit simple.  Ils sont seuls pour l’instant, les autres viendront aussi. Peut-être, il ne peut être certain de rien avec les orphelins. « il ne m’a pas dit, mais le connaissant, il sera là pour les feux d’artifices »  Il ne s’inquiète pas pour Solal. Où qu’il soit, à faire sa poésie, peut-être trop absorbé pour voir le temps filer. L’absence de Sil le dérange davantage par contre. Parce qu’il se fait toujours un peu de soucis pour le blond, parce qu’il n’est pas arrivé avec Nora ce soir et parce qu’elle n’a pas prononcé son nom alors que ses deux là sont pourtant inséparable. Mais il ne demande pas, même s’il est curieux, faisons de cette nuit simple, évitons les engueulades. Alors, il dit rien Wes et quand il sent son humeur devenir agacé, il lui attrape la main comme pour ne pas lâcher, comme pour la rassurer. « t’ira nous chercher de la barbe à papa pendant qu’on la refera! »  Et le clin d’oeil qu’il lui lance se veut rassurant, le sourire reconnaissant, puisqu’elle est venue et qu’elle accepte d’aller dans les hauteurs qu’elle déteste.
Il serre doucement ses doigts avant de les lâcher, le regard retourner vers la roue et le spectacle prêt à commencer. Et la nuit est magnifique quand les lumières s’illuminent dans un craquement sonores. Le ciel perlé de couleur, qui fait renaître le coeur d’enfant et non, non il n’a pas entendu le bruit autre que celui des feux, trop concentré pour percevoir l’inhabituelle. Alors, Wes va pour secouer la tête négativement, il va pour tourner ses yeux vers la brune et au moment où ses yeux quitte le ciel, il sait. Il sait Wes que quelque chose ne va pas, quand l’horreur se dessine dans les traits de ceux qui l’entourent. Et il pense plus. Ne pense plus à rien. Nora. Reprend sa main, un simple mot qui s’échappe, « cours! »
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MessageSujet: Re: disturbia. (wes)   disturbia. (wes) EmptyMer 16 Mai - 13:40

c’est différent, presque agréable. une notion qui échappe à nora, ces derniers temps. mais une visite sur la jetée avec ses acolytes de toujours et il semblerait que le monde lui paraisse moins moche. c’est peut-être l’effet des lumières qui pendent sur la jetée, des lampadaires qui éclairent la rivière. de ces gens qui ont tous l’air de bonne humeur, des rires qu’elle entend jusqu’en bas de la grande roue. et si d’habitude elle est incapable de se retrouver dans les sourires hébétés des gens, si elle est l’élément perturbateur là où il n’y a que le bonheur, ce soir peut-être que c’est un peu différent. ce soir peut-être qu’elle a droit à une pause, un break bien mérité. avant de reprendre la guerre demain. c’est presque comme si tout ce qui la maintenait au fond lui laissaient soudain le loisir de remonter à la surface. prendre une inspiration avant de se laisser couler de nouveau. ce soir il est pas question de sang, pas question de gang, d’armes, de colère, de peur. pas question de cris, de larmes, de désespoir. ce soir y a l’espoir qui renaît, rien qu’un peu, au creux d’un regard qui la maintient ancrée dans la réalité, l’empêche de s’en aller trop loin. il a ce don, wes, il fait pas oublier aussi bien que solal mais le reste ne semble plus avoir autant d’importance, à ses côtés. c’est presque si elle croirait qu’elle a droit à autre chose, avec lui, avec eux. un truc meilleur. moins triste, moins violent. ils pourraient s’en sortir, les gamins. comme wes. s’ils essayaient, rien ne les retiendrait. et elle ignore si elle y croit vraiment ou si c’est la force de toutes ces vérités qu’elle cache, parce qu’elle sait, nora. elle sait qu’il n’aime pas ça, wes, que s’ils lui disaient ce qu’il se passe, quand il n’est pas là, il ne s’en remettrait pas. donner sa vie au profit de celle des gamins et les regarder se foutre en l’air, il supporterait pas wes, et nora supporterait pas voir la lueur de déception au fond de ses yeux. alors elle dit rien, c’est sûrement mieux comme ça. et quelque part, elle espère que sil ne viendra pas. pour la première fois depuis toute leur existence, elle ne veut pas le voir. pas maintenant, pas alors qu’elle est pas prête, pas alors que le monde lui semble plus joli, rien que ce soir. elle veut pas faire face à la déchirure qui les sépare, aux adieux qui n’en étaient pas, mais qui en sont devenus, avec le temps. des jours d’insomnies à essayer d’y trouver un sens. oublier les coulées de pourpre sur le bitume, défier du regard l’arme de ce pauvre abruti qu’elle a ramassée au sol, avant que les gars ne viennent tout nettoyer. et partir sans rien dire. et wes doit bien se douter de quelque chose, c’est sûr. lui qui connaît les gamins mieux que personne, il doit le sentir, le flair du loup cherchant ses petits. alors elle prétend. un peu plus. peut-être que ça suffira. ou bien peut-être pas. j’espère. que solal viendra. que tous les trois ils rêveront. ils oublieront. rien qu’un peu. elle pense au rire de solal, ses cheveux décoiffés. la main de wes qui serre doucement la sienne. ça lui évite de sentir son estomac se nouer, à l’idée de monter dans la roue.
ça ne dure pas longtemps. le bruit se fait plus sourd, inquiétant. métallique. rien à voir avec les feux d’artifices qui colorent le ciel. et elle est sûre que wes l’entend aussi. elle n’est pas folle. ce n’est pas les démons qui viennent la chercher, c’est réel. c’est bien là, sous leurs yeux. la roue vacille. grince. ça crie, ça s’affole. à peine le temps de réaliser ce qu’il se passe, elle a les yeux effarés, braqués sur la roue quand wes l’entraîne. et là, ça la frappe en plein visage. elle comprend. courir ou mourir. derrière elle, l’horreur. toujours plus de cris. la foule se sépare dans tous les sens. et ce bruit de métal grinçant qui n’en finit jamais. il se fait plus appuyé. s’approche encore alors même qu’ils s’en éloigne. elle a le palpitant qui s’affole. wes ! et l’instinct qui la pousse à stopper leur course brutalement, tirer wes vers l’arrière juste au moment où la roue s’écrase autour d’eux. piégés par un rectangle de métal, ils y échappent de peu. à quelques centimètres d’eux, l’un des sièges de la roue tombe brusquement. cauchemar. elle parvient à peine à y croire, nora. incapable de défaire ses poings tremblants de la veste de wes et le retiennent contre elle. elle bouge pas, se retourne pas, elle en est pas capable. c’est à peine si elle respire, en apnée plus qu’autre chose. tout ce qu’elle est capable de faire, c’est fixer les yeux sur la pauvre cabine écrasée devant eux. un pas de plus, et c’était trop tard.
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MessageSujet: Re: disturbia. (wes)   disturbia. (wes) EmptyDim 17 Juin - 13:29

Et juste comme ça, sans avertissement, la douce et belle nuit s’envole. Ils l’auront aimés, le temps que ça aura duré. Ensuite, ils la détesteront, pour ce qu’elle leur aura volé.  En quelques secondes, le bonheur balayé, le ciel qui bascule et qui tombe sur leur tête. Les sourires s’effacent en mines effrayées, remplacés par les cris des gens apeurés. Étoiles à leurs pieds, terre à l’envers, incapable de faire la distinction entre les cieux et les bas fonds. C’est la fin, peut-être, qui ressemble à une certitude, par le chaos régnant, par l’horreur vibrante.  Il n’a pas le temps de penser Wes, l’instinct qui prend le dessus sur l’être, état naturel qui ne désire que la survie. Aveuglé par tout, les gens et les lumières, par les hurlements et les pleures, aveugle et sourd, animal en fuite. Percuté par le sol, ses pieds qui frappent violemment l’asphalte, le monde qui gronde, tremble, une main chaude dans la sienne pour seul repère. Et la peur au corps, qui l’électrifie, l’oblige à avancer, à courir loin du danger qui se trouve dans le ciel. Vers où, il ne sait pas. Où aller quand la terreur se trouve au-dessus de votre tête. Il ne regarde même pas Wes. Il n’a vu que le premier balancement, que le début du chaos, mais il sait, sait tout simplement que la Grande Roue se détruit pour s’abattre sur eux et que la fuite est vaine. Et il ne veut pas mourir. Pas comme ça. Pas devant Nora. Pas sans avoir pu dire des derniers mots. Alors, il court Wes, enragé, comme jamais, la mort aux trousses, broyant la main que son poing renferme. Cours, droit dans la foule, percutant les corps sans regarder, droit vers un chemin ignoré, vers ce qu’il espère être sécuritaire, pas assez preux pour prier. Et soudainement, on le tire vers l’arrière et il cesse de courir, contre sa volonté. Il tombe, tiré avec force par un bout de femme et la fin éclate devant lui.

Il y a une pause. Comme si le monde s’était arrêté, un instant. Comme pour comprendre. Comme pour prendre connaissance du carnage. Et puis il y a le choc. Fracassant. Et le bruit. Assourdissant. Un ensemble combiné pour faire cesser de battre le coeur, quelques secondes. Métal fracassé. Taule empaillée. Carcasse du symbole de la ville, réduite en miette et misérable comme ça, étalé sur le sol, droit devant lui. Quelques centimètres de plus et il aurait été sous les débris meurtrier. Quelques pas de plus et il aurait rejoint les anges. La mort si près, la faucheuse qu’il le touche presque. Mais non. Et le coeur reprend. Wes respire, une inspiration, il est vivant. Un temps, pour réaliser la chance. Et puis, Nora. Encore, son coeur manque un battement, l’angoisse qui lui donne la nausée, la peur qui le paralyse. Il y a l’impression qu’une éternité s’écoule avant qu’il ne sente ses mains qui le serrent et qu’une deuxième éternité passe avant qu’il ne se retourne pour être certain, avant qu’il ne la voit. Vivante. Couverte de poussière comme lui, l’aspect en bataille, mais en vie. En vie. Et il ne peut pas vraiment y croire Wes. Dans ce cauchemar. Peut-être rêve-t-il. Peut-être qu’il est mort. Elle aussi. Alors, il empoigne Nora, la ramène contre son torse et colle joue contre joue. Avec force. Pour la sentir. Pour se rassurer. Si fort à l’étouffer. Si fort pour lui fracasser les os. Si fort, pour ne pas la perdre, qu’elle reste éternellement entre ses bras. Pour se sentir vivant, coeur contre coeur, battant à l’unisson. Et ce ne sera que plus tard que Wes prendra conscience que Nora lui a sauvé la vie. Que sans elle, il aurait une tombe gravé à son nom. Plus tard, il la remerciera dans le secret d’une nuit sans étoile, vulnérable seulement devant elle, elle seule qui comprendra la peur qu’il avait ressentie cette soirée là.  Mais pour l’instant, il ne pense pas vraiment à rien Wes.  Il n’entend pas encore les cris de douleur. Il ne voit pas encore le sang sous le squelette de la défunte grande roue. Il ne voit que Nora et son visage qu’il prend entre ses mains. Un long regard, d’angoisse et d’affection, d’incrédulité et de douleur. « Putain de merde » il lâche, sous le choc encore, de la chute, de se savoir vivant. Et ses mots qui cachent son amertume envers la vie qui leur jette en pleine face ce doigt d’honneur, qui dit en ricanant ; On ne vous lâchera pas. On ne vous rendra pas la vie facile. Ils ne la méritent peut-être pas, destiné à tout voir s’écrouler autour d’eux, leur toucher empoisonné. C’était son endroit préféré à wes. Et même cela on le lui retirait. Ville de misère qui l’usera jusqu’à la moelle. Ville qui le fera mourir jeune, peut-être car il ne mérite pas de connaître la vieillesse. Putain de ville.
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MessageSujet: Re: disturbia. (wes)   disturbia. (wes) EmptyMer 20 Juin - 12:30

d’un cauchemar à un plus gros cauchemar. différent, pourtant tellement similaire. exactement la raison pour laquelle elle a toujours refusé de venir ici. exactement la raison pour laquelle elle a toujours prévenu tout le monde autour d’elle que ces choses étaient dangereuses - parce qu’elles se rebellent, et se font fugitives. jusqu’à vous tomber dessus. jusque là, c’était toujours resté une peur insensée, de celles qui tiennent éveillées la nuit mais qu’on ne peut jamais véritablement matérialiser - faute de traumatisme pour le prouver. elle aurait pourtant pas pensé que ça se produirait un jour nora. que le cauchemar prendrait vie. pas devant elle, pas avec elle. elle avait tord. c’est comme un souffle d’intuition qui lui parle. elle le sent, que la roue tremble, que quelque chose de terrible est sur le point de se produire. et wes s’en rend compte juste avant qu’il ne soit trop tard lui aussi. ils ont à peine le temps d’échapper au sillon désastreux de la roue qu’elle les prend au piège. le temps n’existe plus. le reste disparaît comme au creux d’un siphon. il ne reste que la volonté de survivre, la loi du plus fort, ou du plus rapide. nora tire wes vers l’arrière et ils s’effondrent au sol au même moment où la carcasse de fer fait trembler le sol dans sa chute, entraînant avec elle les corps, les cris, les installations en bas de la roue qui s’écrasent comme une vulgaire feuille de papier. dans le chaos constant il ne reste plus que ça, plus que nora qui refuse de lâcher wes qu’elle tient contre elle avec virulence comme par crainte qu’il lui soit retiré si elle relâcherait ne serait-ce que la pression de ses poings enserrés autour de sa veste. elle ne parvient pas à y croire. l’esprit perdu rien qu’une seconde pendant laquelle le temps semble s’arrêter. une seconde pendant laquelle ils sont figés, quand tout le reste bouge si vite autour d’eux mais qu’ils ne font rien. ça va. incertain pourtant, la voix tremble, elle ne réalise pas. elle le dit pour la forme, sans savoir. pour se rassurer, principalement. ils sont en vie. oui, ils sont en vie. il lui faut un certain temps avant qu’elle ne finisse par desserrer ses poings, que la douleur lui anesthésie les phalanges. elle est à peine capable d’y penser, loin de concentrer son attention sur la douleur. ses yeux ne s’égarent pas autour, pas encore. les cris en arrière plan lui semblent lointains, pourtant, ils sont là, tout proches. elle entend l’affolement et les pleurs sans être capable de lui donner un sens pour l’instant. elle ne voit que wes, elle aussi, elle ne voit que le fait qu’ils auraient pu crier et prier et pleurer comme tous ces gens mais que le sort les a épargnés. ça va. plus assuré cette fois, le visage entre les doigts de wes, ils s’assurent qu’elle n’ait rien. comme toujours. wes à la rescousse, chasseur de monstres des dessous de lit depuis qu’ils ont cinq ans, soigneur des bobos depuis qu’ils en ont sept, ferveur défenseur lors des bagarres depuis qu’ils en ont onze. veiller sur ceux, c’est tout ce qu’il a toujours fait mais ce n’est pas pour cette raison que la gamine lui porte autant de considération. en wes elle a une confiance aveugle, en wes elle place souvent beaucoup d’espoirs - sûrement trop. il ne l’a jamais déçu. il ne l’a jamais trahie, malgré toutes les portes claquées et toutes les promesses de ne jamais revenir. wes il est là, fier dans le chemin de ses anciennes batailles, wes il se bat contre ses démons lui aussi. wes il est fort, peut-être plus que les gamins ne le seront jamais. avec wes elle aurait pu oublier, si elle avait voulu de la vie tranquille, si elle avait su, qu’on ne fait pas que se détruire. l’esprit divague, toujours là où elle lui interdit d’aller. ça lui fait dévier le regard, le posant instantanément sur la seule autre chose dont elle n’avait pas encore conscience. le bas de sa jambe complètement écrasé par l’un des débris qui les a sûrement manqué de peu. wes - elle est incapable de regarder autre chose que sa jambe, se demandant comment elle ne peut découvrir sa blessure que maintenant. l’élan de douleur semble lui revenir soudainement et déclenche un spasme atroche. peut-être qu’ils ne s’en sortiront pas après tout. peut-être qu’il était écrit que jamais ils ne s’en sortiront. putain de vie. putain de roue.
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MessageSujet: Re: disturbia. (wes)   disturbia. (wes) EmptyDim 8 Juil - 16:42

 Un instant, un moment qui aurait pu durer, mais qui ne va pas, il y un temps de paix. Étranger au chaos, un bref flottement. Qui dure à peine, inconscient de l’extérieur, mais léger et calme. Apaisant. Étrange, comment l’esprit peut se déroger, échapper au temps, aux tragédies, même lorsque le monde cesse de tourner. Donc, des minutes qui défilent dans une tranquillité qui n’entoure qu'eux, bulle protectrice contre la frayeur. Ça va, Ça va. Qu’ils se répètent Wes et Nora, seuls, ensembles, depuis si longtemps maintenant, encore aujourd’hui quand la mort veut les séparer. Sans se lâcher, main unis, envers contre, ils vont bien. Bras par-dessous bras, accolade serrée, étouffante, se sentir mutuellement vivant et Wes et Nora qui s’absentent du carnage pour des bouts de secondes, une impression d’éternité dans tout ça,  Un instant pour se rassurer. Parce qu’ils sont en vie. Ce que Wes ne croit pas encore réellement. Parce qu’ils ont toujours l’un et l’autre. Ça, il veut bien y croire. Parce qu'il n’aurait pas survécut sans Nora et parce qu’il n’aurait pas non plus survécut à sa perte. Et ça, il en ait persuadé. Et c’est la quiétude du soulagement, le détachement de l’allégement. Mais qui décampe doucement, lentement, la réalité qui émerge, la transe qui se brise contre le gré.   Il n’entend rien. Il entend tout. Soudainement, tout est bruyant, il peine à penser avec la déflagration de bruits qui suit le silence béat, comme si tous avaient retenu leur souffle et que maintenant ils se souvenaient comment respirer et comment hurler.
Au loin, Wes croit percevoir le cri des sirènes, criarde, mais trop peu trop tard, les héros qui couvriront le sol de toiles et épongeront le sang. Où étiez vous les sauveurs ? Pas là à temps. Qui n’arrivent même pas à l’heure pour le bouquet final. Car dans le ciel, une dernière explosion, comme dernier hommage, ou comme pour se moquer pour de bon, les lumières ricaneuses qui camouflent les étoiles dans un écran de fumée restant, enlevant les derniers espoirs et laissant les âmes filées sans éclat.

Il est brusque, n’est-ce pas, le retour à la réalité, quand la véritable vie ne fait que décevoir. Et c’est dans les yeux de Nora qu’il la retrouve, l’évidence de l’horreur qui les entoure. Quand le soulagement s’efface. Quand même la colère ne trouve plus d’échos, Quand il y n’y a plus rien que la réalisation de la douleur. Wes le voit, le changement. Il le voit, parce que son regard est bien fixé sur les traits de son amie quand elle-même prend conscience. Et il suit le mouvement de tête et voit lui aussi la taule de métal qui s’allonge pour empailler un bout de tissus. Ça prend un moment, pas un long, pour voir la jambe. Ça paraît bien réel, pas comme ces mauvaises mises en scène dans les films d’horreur indépendants qu’il apprécie. L’hémoglobine au sol n’est pas une combinaison de colorant et le réalisme de la déchirure mériterait mention. Mais ça ne fait pas peur, pas au début. Le pire vient après, lorsque  c’est son nom qui s’échappe et que c’est bien Nora qui le prononce, la jambe de Nora qui se trouve ensanglanté sous les débris. Nora blessée. Et lui, Wes, tous ses morceaux, mais qui fige, en douleur aussi. On ne les aura pas épargnés finalement. Évidemment, ils avaient espéré trop tôt, trop vite, ils auraient dû savoir qu’on ne les laisse jamais tranquille. On va te sortir de là. Ça sonne si convaincant, panique camouflé dans une voix sûre, pourtant, qu’il dit comme pour se rassurer lui-même. Parce qu’il ne peut rien faire Wes. Pas cette fois si. Il n’y a pas de monstres à chasser et pas de garçons à malmener.  Il ne sait pas comment soigner une telle blessure, il ne connait que les moyens pour arrêter un nez en sang et ne peut mettre que de la glace sur un ecchymose.  Le chevalier impuissant, sans cheval blanc et épée perdue dans les champs, que des bras sans force et des mots creux. C’pas vrai que c’est un putain de bout d’métal qui va t’achever No’. Pour lui, pour elle, pour lui, sauf la voix qui flanche sur la fin. Mais qui sait Wes, au fond, persuadé, qui a vu la gamine tombée et se relever. Se battre et s’enrager. Qui y croit. Tout simplement parce qu’il ne peut oser croire au contraire. Je t’ai vu dans un plus sale état,  ça va aller.  rassurant, comme si c’est une égratignure, comme quand il mettait des pansements sur ses genoux écorchés. Sauf que le sang coule davantage et qu’elle ne peut pas repartir en courant pour affronter les grands. Regarde pas Nora, ne regarde que moi. Pour enlever la douleur. Il l’oblige à détourner le regard et du même coup, lui aussi ne voit plus. Mains enlacées, qu’il serre, qu’elle serre, jusqu’à ce que les doigts s’engourdissent.  Je ne quitte pas Nora. J’vais te sortir moi-même de là s’il le faut, je te le promets. Et tous savent, Wes tient ses promesses. Toujours. Jusqu’à promettre de soulever la grande roue à mains nues.
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MessageSujet: Re: disturbia. (wes)   disturbia. (wes) EmptyDim 22 Juil - 5:57

ça va. ça va. il a beau le répéter, elle a beau hocher la tête. elle peine bien à y croire nora. déglutit difficilement, comme si sa gorge se renfermait. comme si l’air lui manquait. asphyxie mentale ou réelle, il n’est plus vraiment l’heure de se poser la question. les dégâts, eux, le sont. il faut bien faire face à l’évidence : les yeux braqués vers la jambe qui s’évade sous l’énorme carcasse de fer, rien ne va. et rien n’ira sûrement plus avant un long moment. elle réalise pas tout de suite, nora. d’abord, il y a le déni. simple et efficace. c’est tellement plus facile de fermer les yeux, de ne voir que ce qu’on voudrait. comme ici, ou elle choisit de ne rien voir. comme ici, ou tout va bien, quelques secondes encore. pour wes, pour elle. ensemble ils préfèrent croire que la fin sera belle, pas comme celle qui se prépare doucement derrière leurs paupières closes, s’ils ne font rien. puis vient ensuite le constat, quand l’imagination ne suffit plus, quand les rêves sont broyés au même rythme que la jambe. la réalisation est lente, douloureuse. d’abord l’inertie de voir la jambe coincée et de ne pas y croire, et puis enfin comprendre. élan de panique qui la secoue pire encore qu’un frisson d’horreur, un constat qui restera à jamais gravé dans les mémoires. être prise au piège et ne rien pouvoir y faire. et de tous les scénarios macabres qu’elle s’imagine déjà, de la douleur qui la prend au dépourvu, secoue tout son corps de spasmes, il n’y a que wes qui la ramène à la réalité. que sa voix à laquelle s’accrocher. que ses tentatives de la rassurer, qu’elle écoute religieusement, comme si ça pouvait véritablement l’aider. comme si ça suffisait à la sortir d’affaire. « ouais. » sa main se serre à la sienne, si fort qu’elle pourrait lui briser les os. déjà l’attention s’évapore, fugace, déjà les mots n’ont pas vraiment d’importance. il a raison wes. il a déjà vu pire, elle a déjà survécu à pire. elle en est certaine. mais elle a beau fouiller au fin fond de ses souvenirs, rien ne lui paraît aussi important que ce soir. rien ne lui paraît aussi dangereux, aussi final, surtout. la soirée qui pourrait changer la donne, ils sont en train de la vivre, comme ils l’ont déjà vécue des dizaines de fois avant. pourtant, la sensation n’est pas la même. nora n’est pas en colère. nora n’est pas revancharde. nora peut-être bien qu’elle a peur, pour une fois, et qu’elle a pas envie de le montrer, surtout pas à wes. les yeux qui ne savent que fixer ce morceau de corps qui disparaît si facilement sous l’amas de ferraille. alors vient la panique, de nouveau. elle ne l’avait jamais quittée. cet élan de frayeur qui asphyxie son cerveau. qui enflamme ses poumons. ils ne sont pas prêts. et nora pâlit. et nora qui faiblit. et nora qui gigote, malgré tout. incapable de rester calme, elle tente par tous les moyens de dégager sa jambe mais ne fait que provoquer la douleur atroce qui la paralyse de nombreuses secondes dans un cri. elle voudrait hurler. elle voudrait soulever la roue d’une seule main et se dégager avant que sa jambe ne soit complètement broyée. elle voudrait tant de choses, sans n’être capable de rien. grande guerrière laissée sur la touche, blessée comme jamais avant. inacceptable. la voix de wes la rattrape. ses doigts l'agrippent et le temps d’une seconde, elle le voit. elle le voit vraiment, les yeux qui percent les siens, la voix si calme qu’elle connaît pourtant si bien. rassurant comme s’il n’y avait rien. et toujours leurs doigts qui ne se lâchent pas. « et si ça va pas ? » et si c’est déjà trop tard. les pensées qui s’assombrissent déjà quand elle se fait à l’idée qu’elle a pas de moyen de se dégager de la roue. elle le dit trop sèchement, sans doute un peu trop pour wes. un ton qu’elle a pas l’habitude d’adopter avec lui, pourtant la colère se réveille, celle qui déclenche d’ordinaire tous les feux et ravage tous les océans. celle de la guerrière qui s’laissera pas faire. « j’veux pas crever ici, wes. » les yeux détournés, incapable de confronter son regard une seconde de plus. haut le coeur à l’idée que c’est ce qui pourrait arriver, elle en a la nausée nora, l’estomac ravagé par l'ascenseur émotionnel, par la vue du sang qu’elle voit glisser sur le sol. malade du sang mais attirée par la violence. cette même ironie qui frappe encore, ce soir. finir piégée par cette grande roue quand elle l’a pourtant toujours si bien évitée.
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