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 héroïne. (viry)

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MessageSujet: héroïne. (viry)   héroïne. (viry) EmptyLun 7 Mai - 14:18

Le béton tremble. Les basses éclatent. Le son de l'electro résonnent. Là. Ici. Partout dans le squat. On ne s'entend plus penser. On ne se voit même plus. La nuit a obscurci l'endroit et les pauvres néons n'ont même pas assez de jus pour fonctionner. Il fait noir. Et malgré tout, la populace des bas fond s'éclatent. Il n'y a rien d'autre, ici, que des corps qui s’entraînent sur un même rythme, une même ambiance, une même agonie. Happés par le son hypnotisant et magnétique de la techno, les âmes perdus s'abandonnent à leurs vices d'une nuit.

La tek. La vrai. Pas celle pour les pisseuses.  

Toi, t'es au fond. Calée contre un mur froid, assez pour faire descendre ta température. Un joint au coin des lèvres, tu regardes sans trop regarder. Tes pupilles sont dilatées, t'as le sourire béat. Tu vois sans voir. T'es comme tout ces pseudo adulte. Le temps de quelques heures, tu t'laisses disparaître et ensevelir par tes démons. Par ce bonheur artificiel que la beu t'offre. Par le déhanché de ces gonzesses qui t'appellent à la démesure. Tu tires davantage sur ton joint, à t'en griller les poumons. Poumons qui sont déjà bien foutu depuis le temps que tu te détruis. Mais ça, tu n'y penses jamais. T'as d'autre chose à faire que de réfléchir à ce qui t'arrivera demain. T'as toujours vécu dans l'instant, repoussant sans cesse ce qui pourrait t'obliger à voir plus loin que les minutes. Tu sais même pas où tu seras dans une heure, alors dans dix ans. Ouais, toi, t'es pas de ceux qui prévoient et qui planifient. Ça te ferait même gerber de le faire. Pourquoi voir demain, quand on sait que tout est éphémère. T'as vite compris. Pourquoi s'acharner ? Pourquoi attendre ? L'éphémère te donne cette excuse de pouvoir faire ce que tu veux, quand tu le veux. Tes parents ? C'est drôle, ils t'ont toujours laisser faire ta vie. Les erreurs te bâtiront qu'ils disaient. Échoue et recommence. Encore et encore. Toi t'y as toujours compris : abuse et recommence. Encore et encore.

C'est pas ce que tu fais, justement ?

Tu fermes les yeux.
Ta tête se met à vriller. Tu sens la musique se fondre sur chaque pore de ta peau. Tu la sens qui te berce et qui t’électrise en même temps. Tu la sens qui te donne des envies de débauche et de bassesse. Elle frôle tes jambes, tes cuisses. Elle caresse ton ventre, tes bras, tes mains. Elle embrasse tes lèvres, ton cou. Amante de 8min10. Corps à corps interminable. Oh, c'est sûrement le joint qui te fait planer autant. T'es loin, ouais. T'es à des milliers de kilomètre, au-dessus de toutes ces têtes toute aussi défoncées que toi. Tu tires encore, avant de prendre une gorgée de ta bière. Maladroite. Le geste est mal assuré. T'en as bu peut-être un peu trop, aussi. Quelques gouttes se déversent sur ton débardeur blanc. Ça aussi, t'y fait pas gaffe. La réalité t'échappe, te glisse entre les doigts. Ce n'est pas encore tout à fait ce que tu recherches mais c'est déjà un bon pas. Tu veux plus. Tu veux toujours plus quand ça te permet de t'faire disjoncter.

La musique monte en puissance. C'est violent, intense. C'est passionné et enflammer. Ça s'excite. Ça hurle. On ne se retient plus, si tenté qu'on se retenait avant. L’énergie noir déteint sur toi. Et toi aussi, tu te mets à la suivre en restant dans ton coin. Tu tapes du pied. Tes cheveux volent en rythme. Joint aux lèvres, bière dans la main. Tu te laisses bercer.

Trois heure du mat.
Et t'es pas passé aux choses sérieuses. Pas encore.
Il te faut encore fumer un ou deux joints. Voir, mieux. Voir, pire. Il faut que tu te souilles pour mieux apprécier ta dépendance. Ainsi est ta réalité.
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Rory Raynes
- reine des piques -
Rory Raynes

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MessageSujet: Re: héroïne. (viry)   héroïne. (viry) EmptyJeu 10 Mai - 14:58

Devant sa coiffeuse précieuse, perdue dans une immense chambre poudrée aux couleurs pastels à des lieues d'elle, Rory contemple ses nouveaux artifices, le masque de ce soir. Loin de son maquillage outrageant, de ses yeux sombres et de ses lèvres sang, elle accentue l'innocence de ses traits fins pour faire naître l'angélisme au creux des palpitants. Épiderme presque nu, pulpeuses en boutons de rose et étoffe délicate, vaporeuse, Rory devient Aurora, la sylphide qui n'existe que dans les illusions qu'elle crée de la pulpe de ses doigts. Petite fille modèle, jeune femme éthérée tout en délicate vulnérabilité, la princesse des illusions dégage sa nuque de cygne dans un chignon flou pour rejoindre cette réception mortifère où ne se profile rien d'autre à l'horizon qu'un ennui mordant. Mais papa lui a demandé de l'accompagner et malgré son manque criant de volonté pour tout ce qui ne concerne pas une destruction assumée, elle a hoché la tête Ro, tant dans une volonté câline d'épouser parfaitement les desseins du paternel que dans un désir beaucoup plus pernicieux. Celui de dérober une place qui n'est pas la sienne, d'écarter sa génitrice d'une valse qu'elle maîtrise mieux qu'elle. Maman est une socialite, Rory une manipulatrice. Maman parle beaucoup et n'écoute rien, Aurora, elle, observe et dit peu, déchire le voile des faux-semblants et écarte les cages thoraciques jusqu'à serrer les palpitants. Et Abel l'a bien compris, lui qui vante le discernement de sa fille et écoute les rares jugements qu'elle ose lui soumettre. 
Alors elle gravite joyeusement dans son univers phallique et intrigant, conduit par l'argent, une compétition féroce et des sous-entendus constants, tranchants comme une lame contre ses veines. Chez elle nulle part mais à l'aise partout, Rory évolue aisément au milieu de ces hommes ivres de pouvoir, observe le plus léger tressautement de paupière, reconnaît la fausseté des esquisses et se plaît à s'imaginer ondoyer au milieu des requins. Non pas ceux de la finance, les investisseurs de papa et ses clients exigeants qui brassent des milliards, non. Les autres, les vendeurs de mort tentaculaires qui n'existent pas officiellement. Mais la soirée s'éternise et bientôt, les hommes s'effacent et s'évanouissent en petits groupes derrière les portes closes où elle n'est plus conviée, jolie figurine inutile réduite à la figuration. Papa vient embrasser sa tempe et dérober la flûte de champagne entre ses doigts fins et Rory le regarde disparaître. Elle ne ressent rien, tout juste la fade lassitude qui l'étreint en permanence. La nuit est avancée mais pas suffisamment pour celle qui s'y épanouit et ne se couche que sous les rayons du soleil. Un coup d'oeil discret à son téléphone à la recherche de son nom ne rencontre qu'une amère déception : Nox n'a pas daigné la chercher. Ni lui répondre. Très bien. Rory pianote allègrement sur son clavier et envoie le même message lapidaire au reste de la bande. C'est Bo qui répond le premier et évoque une soirée underground qui ne lui inspire clairement rien. Au moins, il y aura de quoi s'exploser le coeur, voilà ce que la princesse des enfers se répète alors que son taxi glisse dans les bas fonds avec lesquels elle se marie mal ce soir, succube flirtant avec les anges dans une robe trop précieuse, trop pâle pour les néons.  

Trois heures du matin.
Rory a trouvé un buvard mais a égaré Bo. Elle s'est évaporée juste sous ses yeux en repérant le manège d'un type refilant sa merde pour y goûter et n'a pas cherché à le retrouver. Sous l'acide qui brûle ses veines, elle se fait capricieuse, réfute la douceur enveloppante pour se ruer vers l'inconnu et l'adrénaline des baffles qui crachent un marasme dégueulasse ... mais a le mérite de résonner partout, de faire battre ce myocarde égaré plus fort, plus vite, alors que ses paupières se ferment et qu'elle se laisse porter par ses sens en effusion. Tout lui paraît plus vrai quand elle sent ses courbes électrisées vibrer avec son environnement, plus fort, plus réel. Il y a les connards qui prennent de la drogue pour s'envoler, pour planer et toucher les étoiles et les autres. Elle, qui s'intoxique au contraire pour s'ancrer. Pour se sentir plus humaine, pour tenter de déployer des racines, même éphémères, sous ses talons trop prompts à vaciller. Parce que putain, y a rien d'artificiel dans ce qu'elle éprouve, cette sensation fragile et fugace d'appartenance à un monde qu'elle a toujours rejeté un bloc. Rien de mieux que l'acide ... ou Nox, la plus dure de ses drogues, pour enchaîner ses atomes à elle, loin de la désincarnation qu'elle ressent souvent et lui nécrose jusqu'à l'âme. Elle ondule Rory, se contente de ressentir, loin des affres de son cerveau et du trou noir de ses tripes. Son monde est concentré juste là, au creux de ses reins, contre les silhouettes qu'elle effleure, agrippe, jusqu'à ce que l'égoïste finisse toujours par se dérober au contact, sirène tentatrice qui n'en a que le mirage.
La drogue dans son système l'anime comme une poupée désarticulée et putain, qu'est-ce que ça fait du bien de ne plus s'entendre penser. Rien ne résonne à l'intérieur, sauf cette envie brutale mais entière de se griller une clope. Rory abandonne la musique comme guide et glisse entre les silhouettes exaltées pour rejoindre le calme apparent du fond de la salle, loin de la scène survoltée. Parée de ses plus beaux atours pour séduire les chantres du capitalisme, elle ressemble à une illusion Ro, la pureté qui s'érige partout sur sa peau d'albâtre mais disparaît pourtant dès que l'on s'attarde un peu plus longuement sur le noir de ses pupilles. Ou les boursouflures de ses poignets. Les silhouettes s'agitent autour d'elle dans une nuée parasite mais elle n'entend rien, concentrée sur son unique désir de clope comme si plus rien n'existait autour. Le calme après la tempête. Et avant l'orage. Rory extirpe enfin le Graal de sa pochette et l'allume entre ses lèvres pour saturer ses poumons de nicotine. De là, la violence de la musique électronique est beaucoup moins trippante et même la merde ingérée n'est pas suffisamment puissante pour empêcher le constat élitiste qui éclot contre ses pulpeuses, à destination de tous et de personne à la fois. Il y a vraiment des gens capables d'apprécier ce vomi électronique sans être complètement défoncés ? Ses mots venins ricochent contre le mur froid qui l'accule pour venir se ficher contre la silhouette féminine à ses côtés. Elle a l'air dans son élément, joint entre les lèvres, bière de mauvaise facture contre sa paume et la pauvreté érigée en étendard tellement elle est criante. Soudainement, Rory se demande ce qu'elle fait ici. Pas dans ce hangar minable, à prétendre s'amuser dans les nuits fauves. Mais ici, en figurante, au lieu de retourner se noyer dans l'épicentre jusqu'à ce que demain paraisse moins morne.


Dernière édition par Rory Raynes le Mar 15 Mai - 2:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: héroïne. (viry)   héroïne. (viry) EmptySam 12 Mai - 12:59

Yeux clos pour mieux ressentir la musique du diable. Cadence toujours plus animal, nerveuse. Elle semble n'avoir pas de fin. Les kicks s’enchaînent sans laisser le temps de respirer. Pas même une inspiration. C'est un fait, suivre le rythme incessant et insensé n'est possible que sous dose d'acide. Tu le sais. C'est comme ça que t'es tombée dedans, la première fois. La tête la première, le corps à suivi. C'était, il y a quatre ans. Tes veines ont trop vite été accro à ce poison. Réclamant dés lors leur dû à chaque fois que tu t'épuisais à t’époumoner avec les autres. Encore et encore. T'as jamais trop vu la pente, le précipice, dans lequel tu venais de sauter sans te poser de question. T'as, juste, toujours su que c'était ça qu'il te fallait, que c'était à ça que t'avais besoin de te raccrocher pour vivre. Immorale et dépendante. Encore aujourd'hui. Comme une seconde peau que tu pourras jamais enlever, ni détruire. Oh tu le sais, au plus profond, que tu pourras jamais plus vivre sans elle. Sans cette dose quotidienne qui t'apporte tant. Te demander pourquoi n'est qu'une question parmi tant d'autre auquel tu es incapable de répondre. Tu ne veux pas de toute façon. T'as pris ce chemin et c'est avec certitude et destruction que tu glisses et rampe dessus. Ce même dédale qu'ils ont tous pris ici. Peut-être pas de la même façon, peut-être de façon moindre aussi mais tous, ont rendu acide leur propre sang. Sauf elle. Il y a vraiment des gens capables d'apprécier ce vomi électronique sans être complètement défoncés ? Oui, sauf cette voix féminine qui vient de sortir des enfers. Personne n'y prête attention. De toute façon qui aurait pu l'entendre mise à part toi ? T'ouvres les yeux et tu tournes la tête. tes pupilles éclatées sont appelées par cette silhouette sorti tout droit d'un paradis gerbant. T'observes. Mieux, tu dévores des yeux les courbes de la blonde. Tu ne te caches pas. T'assumes jusqu'au bout cette envie sourde de détailler de la tête aux pieds, la belle de nuit. Elle est plutôt jolie dans son style mais cet accoutrement qu'elle porte.. t'aurais presque envie de rire. Elle dénote avec l'ensemble du peuple. Totalement. Comme une reine au milieu du petit peuple. Royale. Fière. T'as l'impression qu'elle vous toise, tous, sans exception aucune. Qu'elle est là, pour cracher sa richesse sur vous qui n'être rien d'autre que des camés. T'es pas plus conne qu'une autre, tu sais qu'elle n'a rien à foutre ici. Elle semble hors de propos, presque insolente dans sa façon d'être ici, là, sans vouloir s'y fondre. Gamine de ton âge qui veut attirer les regards alors que toi, tu les fuis quand ils ne sont pas réclamés et provoqués de ton propre chef. Impossible de la louper alors indéniablement, c'est ça qui t'attires et qui suscite ton intérêt soudain. Pendant quelques secondes, t'oublies la musique et l'ambiance qui était entrain de faire de toi, l'esclave de tes vices. Et t'approches de la belle. Vautour qui plane au-dessus de sa cible. T'es pas farouche, tu l'as jamais été. Plutôt libre. Sans fausse pudeur, sans fausse timidité. Ce que tu veux, tu le prends. Point barre. T'attises les convoitises rien qu'avec ta démarche féline et l'aura d'indépendance qui t'entoure. Il y a quelque chose chez toi qui le dit et l'exprime à ta place. Distance minime. L'odeur de la cigarette prend le pas sur ton joint. rien t'empêche de dégager ta carcasse d'ici. que tu lui murmures à l'oreille. Mordante. La voix cassée, enrayée par l'alcool et les joints. Détail flagrant d'un total abus. Sourire au coin des lèvres, tu prends le temps. Tu profites de cette dixième de seconde pour sentir son parfum. Goût de luxe. Ca te prends pas la tête, c'est agréable. Peut-être légèrement acide mais tu captes vite que c'est pas du bon marché, le premier prix de la parfumerie du coin. Il tient malgré les odeurs qui gravitent tout autour. Tu t'éloignes, son odeur hantant encore tes narines, et tu reprends ta petite place contre le mur bétonné. Pourtant, tu la quittes toujours pas des yeux. complètement conne. que tu finis par dire, en tirant de nouveau sur ton joint. Elle l'est ? Possible. Sûrement. Qui viendrait écouter un son qu'il déteste dans un endroit où le sain n'existe pas et n'existera jamais. Tu relâches la fumée dans sa direction. Provocation.
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Rory Raynes
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MessageSujet: Re: héroïne. (viry)   héroïne. (viry) EmptyVen 18 Mai - 15:46

La dope fonctionne moins, loin des basses et de la marée de corps sourds pour éveiller son épiderme et laisser les impulsions électriques l'envahir. Alors Rory, elle cherche à nouveau Bo, comme à chaque putain de fois. Bo qu'elle abandonne en montée et recherche en descente comme s'il avait signé pour ça, devenir le garde-fou d'une fillette extrême, prête à repousser les limites et détruire les barrières. Elle réfléchit trop, ça a toujours été son problème. La lucidité est un cauchemar et personne ne se soucie du vague à l'âme, des questionnements existentiels d'une sale garce qui a tout pour être heureuse, et a le toupet de ne pas l'être. Pas pour une seule foutue seconde de son existence. Le filtre fantasmagorique de son cerveau travestit tout, complique tout, ôte à la vie sa saveur et ne dévoile en filigrane que les obstacles, que ce qui va mal, ce qui fait mal. Prophétesse de malheur, elle est plus que jamais Aurora, maudite par une fée déchue, mais aussi Cassandre à la parole d'or souillée de pourpre, l'oiseau de malheur auquel tous refusaient de prêter allégeance. Et puis Iphigénie, l'agneau sacrifié aux poignets souillés. Rory est un camaïeu d'héroïnes tragiques mais sa tragédie, à elle, c'est qu'elle n'a aucune grande histoire à conter, rien d'autre que son âme triste et nécrosée, insatisfaite et sombre, qui ne s'anime que pour les ténèbres.
En réalité, la drogue fonctionne toujours aussi bien, elle s'est seulement laissée gangrener par le chaos amer à l'intérieur, au lieu de vampiriser la vie des corps qui l'effleuraient jusqu'alors. Accoudée contre le mur froid qu'elle sent vibrer de concert contre sa colonne vertébrale, comme si la musique essayait de s'introduire à nouveau dans ses veines, Rory cherche Bo. Elle embrasse d'un regard altier cette foule qu'elle mépris à sa recherche mais il suffit à ses iris polaires de quelques secondes pour métamorphoser les danseurs ivres. Comme pris dans une marée noire, ils ressemblent tous à ces oiseaux piégés par le mazout et dansent à retardement, loin du rythme de la musique. C'est à ce moment précis qu'elle cherche le réconfort d'une clope et se concentre ailleurs que sur le spectacle angoissant de ces momies de pétrole saccadées. Le noir ténèbres qui jure avec la pâleur fantomatique de sa peau, de sa robe, de sa couronne blonde. Rory tire une longue latte, puis une seconde, le temps d'apprivoiser sa Cour, les ombres grises et suffocantes qui finissent par s'estomper, à mesure qu'elle les accepte. Le LSD fait palpiter férocement son myocarde lorsqu'une voix lointaine s'adresse à elle ... A-t-elle déjà oublié avoir entrouvert les lèvres ? Possiblement. Mais tout lui revient quand la nana vient envahir son espace, pas défigurée par un pétrole liquide comme silhouette. Elle est proche, trop proche, pas le moins du monde tenue à distance par ses allures princières, la froideur méprisante qui émane de Rory comme un glacier érigé entre elle et le monde, lorsqu'elle ne se fait pas chatte paresseuse. Elle est drapée de l'arrogante insolence des gens de rien, ceux qui se fichent des codes et de ton fric et s'amusent à le sous-entendre à chaque geste. Ceux qui sont libres, dans leurs petites vies minables, emplies de petits désirs vains et d'ambitions jamais assouvies. Si elle les toise souvent de ses rétines tranchantes, elle les envie Rory, ceux qui partent d'en bas. Ceux qui ont le loisir de posséder des rêves dans la tête sans n'avoir qu'à tendre la main pour les réaliser. C'est la facilité, qui réduit la vie à un jeu au dé pipé, soumis à ses propres volontés. Aucun panache n'est possible lorsque l'argent pave d'or même les chemins de traverse, les routes les plus sinueuses. Cette sale pauvre qui ose s'approcher trop près, dont l'odeur tenace du joint lui coupe le souffle, elle est glorieuse dans son entêtement, munie du champ des possibles qu'elle n'imagine même pas, sans doute trop limitée pour en frôler les nuances.
Sa voix rauque au souffle chaud éclot contre son oreille et Rory l'intouchable laisse un sourire mauvais fleurir sur ses lèvres pourpres au rouge délavé. Il vacille un peu, vaporeux sous les drogues, mais s'imprime suffisamment longtemps pour provoquer cette fille de rien au culot certain. Elle n'a pas compris. Comme ses pairs entêtés, elle refuse de voir ce qui est pourtant si visible : les privilégiés comme Ro, ils sont chez eux partout car le monde danse entre leurs paumes. Elle se laisse insulter sans rétorquer ni se défaire de son esquisse aussi brillante qu'une lame, consciente que l'ignorance fait l'effet d'un soufflet, elle qui ne s'abaisse jamais à ça. Elle n'est pas là pour ça, Rory. Ce qu'elle désirait, c'est oublier la pression d'une morne soirée, l'absence de Nox qui résonne partout contre ses os et juste s'exploser le coeur. Sauf que la drogue qui crame les veines en décide autrement. La reine reprend son trône et entend bien y chasser la brune sulfureuse qui essaye de s'y pavaner. C'est à son tour de la rejoindre malgré l'odeur incommodante de son joint. Ro n'a jamais compris cet entre-deux nauséabond, ceux qui restent aux portes du paradis avec leur cigarette qui ne sert à rien, endort, anesthésie et imprègne les tissus précieux d'une odeur infecte. Celle de la médiocrité. Elle veut tout ou rien, Rory, que ça soit entier ou sinon elle refuse. Les drogues qui flinguent les cerveaux ou la sobriété absolue qui la bousille au moins autant. D'un geste de liane, souple et rapide comme un fouet, elle arrache le joint d'entre les lèvres pleines de l'inconnue, pour le laisser tomber à ses pieds et mourir sous un stiletto affamé. Calme comme un fauve en chasse malgré la tension qui coule sur son épiderme, Rory et la constellation brillante aux creux de ses pupilles observent sa proie. Elle ressemble à Niki. La même beauté farouche, organique, qui s'épanouit même au milieu des ronces et du béton et ses propres yeux bleus. L'espace d'un instant, l'acide dilue le minois de l'inconnue pour la métamorphoser en la parfaite fusion d'elle-même et de sa meilleure amie squelettique, comme une version premium de ce qu'elles sont. Niki en moins décharnée, elle en plus vivante. Le trouble se dissout alors que leurs souffles se mêlent, étreints par la proximité qu'elle a créée sans le réaliser. Rory a effacé toute distance entre elles dans une énième provocation, elle qui se garde pourtant d'approcher trop près de la médiocrité de cette faune sauvage. Délicatement, à l'aide de la lenteur profane d'un sortilège, la princesse referme une poigne longiligne autour du menton de l'inconnue, pour l'intimer à plonger dans ses yeux. Qu'elle y lise l'acide corrodant ses veines, qu'elle distingue les galaxies nées d'un buvard sous la langue. Qu'elle réalise qu'elle est suffisamment défoncée pour tolérer cette musique sauvage et qu'en l'occurrence ... la gamine de rien a parlé trop vite. Avant de l'ouvrir, apprends à observer ça t'évitera d'être complètement conne. Provocation assumée, Ro singe ses propres mots et libère son visage de l'étreinte fugace de ses phalanges pour mieux achever sa cigarette. L'espace d'un instant, elle imagine ce à quoi ressemblerait ses traits, si une clope venait s'écraser contre la pulpe de sa joue ou l'arrondi de ses paupières. Visions sinistres, récurrentes, qui ont le don d'enchanter la môme macabre. Ce n'est jamais elle, qui exécute ces ballets érotiques, éternel témoin d'un spectacle aux allures de songe moite. Mais elle est toujours là, fascinée par un spectacle qui s'éteint pourtant dès qu'elle bat des paupières. Jusqu'à ce qu'elle batte des paupières et se délivre de l'emprise enjôleuse de ses courbes de sylphide pressées contre la succube pour reprendre sa position initiale. La conversation est close, elle l'a décidé. Alors Rory abandonne son mégot au sol et entreprend une remontée vers le coeur battant à l'unisson sous les beats, seule au milieu de la foule.
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