what about us. (vic)

il était déjà trois heures du matin, elle se lève dans quatre et pourtant elle arrive pas à fermer les yeux ash, parce qu’on est samedi et que vic est pas avec elle et que bah forcément, elle n’aime pas ça la gamine. vic et elle c’est jusqu’à la mort, elle le sait, vic le sait, les gars le savent, le monde le sait. parce que ces deux là, elles sont inséparables, parce que vic c’est le feu, elle parle trop et trop fort, elle gueule pour rien, tandis que ash c’est la glace, elle dit rien, jamais, elle analyse, toujours. elle regarde le monde passer avec ses grands yeux marrons, en demandant ce qu’il adviendra d’aujourd’hui. vic c’est son trésor, son étoile, son exutoire et tellement plus encore, mais vic elle fait mal, tout le temps. avec ses conquêtes, avec ses histoires auxquelles elle ne participe pas ash. avec son détachement une fois qu’elles ont terminées de se donner toute l’affection qu’elles possèdent, elle fait mal, mais c’est une douleur qu’elle accepte ash, parce que ne plus avoir vic dans sa vie reviendrait à souffrir indéfiniment, alors elle écoute ses histoires, rit amèrement en l’écoutant raconter qui elle a baisé l’autre soir et elle plaque un sourire de circonstance une fois qu’elle doit sortir du lit. elle l’aime ash, comme on aime sa meilleure amie, n’est-ce pas ? t’essayes de convaincre qui là ? et c’est dans la nuit noire qu’elle se pose toutes ces questions auxquelles elle ne veut pas connaître la réponse. alors elle soupire une nouvelle fois et passe une main sur son visage lasse, le sommeil ne viendra pas ce soir, encore une fois. une clope au bec, elle regarde les voitures passer, assise sur le balcon, l’air froid de la ville venant s’engouffrer dans l’une des chemises trop grande pour elle qu’elle a volée à sil. elle respire l’air pollué qui s’échappe de ses lèvres et là son téléphone s’illumine. vic, défoncée, encore. elle en a assez ash, d’être la roue de secours, celle qu’on appelle quand on se retrouve dans la merde, elle en a marre et un jour elle le lui dira à vic, mais pas ce soir.
« hey beautiful. » elle s'agenouille face à elle, un sourire qui se dessine sur ses lèvres alors que son regard s’accroche à celui de la brune, un sourire qui n’est réservé qu’à vic. elle possède tellement de choses vic, elle s’en rend même pas compte et ce soir encore moins. parce qu’elle est défoncée, assise sur le trottoir devant un squat dont s’échappe le bruit des basses. elle enlève son perfecto pour le glisser sur les épaules de sa meilleure amie avant de l’aider à se lever. « ça va, je suis là maintenant. » toujours.

le bad trip. toi et lui, comme deux amants qui viennent de se trouver et qui lentement tombent ensemble dans le ravin. la capuche rabattu sur tes cheveux de corbeau, les genoux repliés vers ta poitrine qui se soulève à vive allure. t'arrives plus à réfléchir, ni à penser. t'as cette sensation qu'un truc va te broyer de l'intérieur, que ton coeur va imploser à force de battre à la cadence du démon. toi, là, assise sur le trottoir, tu suffoques. tu manques d'oxygène. t'as l'impression de crever, de tomber sans cesse sans savoir comment remonter. tu trembles et t'agonises seule dans la nuit noir. tu connais déjà les ravages des crises de paniques, le mauvais côté du bonheur artificiel. t'as cette épée de damoclés au-dessus de la tête à chaque fois que tu prends un truc, que tu t'intoxiques un peu plus. tu connais si bien ce mal-être et pourtant, tu ne cesses d'en être toujours l'esclave à chaque fois qu'il te prend. t'as aucune emprise sur cette descente infernal vers les enfers. c'est pas le manque, c'est juste la dose de trop. celle qui te fait plonger toujours plus. celle qui te rend faible et fébrile. celle qui montre l'étendue de ta déchéance au reste du monde. tu perds, un temps, les tourments que t'offre la réalité, tu perds même l'état même de ta réalité. tu n'as que cette angoisse qui n'a de cesse de te faire respirer en demi-teinte. que cette angoisse qui t'assaille, te brise et t'éclate en un millier de fragment. tu plantes tes mains sur tes tempes. tu presses aussi fort que tu le peux dans l'espoir de tout faire taire. mais rien ne veut faire disparaître la panique intérieur qui te consume sans qu'elle ne trouve de sens. t'y peux rien, elle est juste là. et ce n'est pas une stupide douleur qui la fera vaciller. alors, tu tangues d'avant en arrière. tu te berces. dernière muraille pour ne pas totalement céder la place à la psychose du bad trip. parce qu'il est là. bien là. ancrer à toi. et puis, comme un écho lointain, au-delà du précipice, t'entends cette voix. tu connais. tu l'as déjà entendu. t'essayes de t'y raccrocher mais il est déjà bien trop tard. réalité perdu. tu relèves les yeux. t'as le visage des mauvais jours, des mauvais moments. des pires. les cernes ont obscurci tes yeux, ont creusé tes joues. t'ont rendu pâle. alors c'est celle-là que tu es, vic ? quand les choses dérapes et que tu ne contrôles plus rien ? c'est flou mais t'arrives à voir les traits de ta blonde. celle qui vient toujours te sauver face à toi-même. tu discernes pas son sourire, tu sais juste qu'elle est là. comme toujours. ash. tu souffles. tu sais même pas comment elle s'est retrouvée là. ni même si elle est vraiment là, en fait. le fil de ta réalité est si vague, qu'il t'es impossible de faire la différence entre le vrai et le faux. t'as des problèmes, vic. de sérieux problèmes. hm. t'es là. ou pas vraiment ? pathétique. mais c'est ash, et si c'est vraiment elle, elle t'a vu dans bien pire état. elle t'a toujours ramasser, elle t'a toujours soulever. qu'importe où, qu'importe comment. elle ne manquera pas de le faire encore cette fois-ci. ou peut-être que, non. t'as jamais su t'arrêter et elle le sait, ash. t'es égoïste à l’entraîner dans ton calvaire. mais c'est pas ça l'amitié ?