get the fuck (nora)

errer sans savoir où. sans but, ni destination. le sinner, il ne reste plus que ça finalement. quand tout le reste s’effondre, le sinner demeure. quand il n’y a nulle part ailleurs où aller, il est encore là. fier sur ses pilons qui menacent de s’effondrer sur eux, il reste stoïque jour après jour, année après année. inébranlable. errer et se laisser porter. ce soir plus qu’un autre, elle a d’ordinaire quelqu’un à y retrouver, un frère et la sorte de famille qu’elle s’est trouvée sans trop chercher. elle pensait qu’à eux trois ils auraient le monde entre leurs mains, que grandir trop vite leur donnerait un avantage, finalement. non. les traîtres ont grandi sans elle, se trouvent une autre famille, trop sérieuse, plus dangereuse. la laissent sur la touche sous prétexte qu’elle est trop faible. conneries. nora campbell n’est pas faible et n’a peur de personne, pas même de ces grosses têtes à la tête d’une armée qu’ils semblent s’être construite. elle baissera pas le menton devant eux, ni maintenant ni jamais. alors même s’il n’y a plus vraiment personne à trouver ce soir, si dans les yeux de sil règnent la tristesse, dans ceux de ike la colère, elle est encore là. toujours. ombre pas vraiment invisible, elle est là sans s’approcher vraiment. loin et près en même temps, elle erre sans eux à ses côtés la colère n’a plus la même saveur. sans eux c’est à se demander pourquoi elle se bat, elle qu’on a toujours habituée à être avec eux. aussi loin qu’elle se souvienne, le gamin des rues qu’ils ont trouvé un peu par hasard, celui qui avait eu encore moins de chance qu’eux. pas d’orphelinat, pas de lit ou s’poser le soir. rien que le néant. un peu comme ce soir. elle le voit pas vraiment arriver, mais il est là. derrière les portes, il s’apprête à tout ravager, ne rien laisser derrière lui. ça commence par une chaleur plus dominante que d’ordinaire, pas celle des corps qui se meuvent dans le noir. elle voit même pas l’écran de fumée se dissimuler dans la pièce, elle remarque seulement qu’il est là quand c’est trop tard, quand on réalise que tout ce temps on ne voyait déjà presque plus rien, quand la panique s’installe et que le chaos règne. et dans le mouvement de foule qui l’emporte, elle semble se battre encore. parcourt le chemin inverse à coups d’épaules et de silhouettes poussées vers la sortie. elle a vu sil. elle n’a pas vu ike. elle est sûre qu’il est là, peut-être déjà dehors sans qu’elle ne parvienne à y croire. alors c’est à son tour de s’enfoncer dans le couloir, déjà éclairé par les flammes. nuage de fumée rouge qui l’empêche vraiment d’y voir clair, de respirer, elle ouvre toutes les portes à la va-vite. elle sursaute presque autant que lui quand elle le trouve dans le bureau. pas ike, zian. qu’est-ce que tu fous ? c’est craché avec virulence, colère presque de savoir qu’il lui fait perdre son temps. que le bois craque déjà au-dessus d’eux, des minutes peut-être avant qu’ils ne finissent écrasés sous la bâtisse, si les flammes ne les a pas dévorés avant. c’est sûrement ce qu’il veut, au moins pour l’un d’entre eux. à moins que t’aies décidé de faire au monde une faveur et d’te laisser moisir ici. l’insolence au bout des lèvres, même quand il ne faudrait pas. surtout quand il faudrait pas. elle trépigne déjà sur ses pieds, pas envie ni le temps d’attendre la réponse. elle restera pas là à attendre qu’il soit trop tard. ils sont où ? elle a l’urgence dans la voix, parce qu’elle sait nora. elle sait. elle sait qu’ils sortiront pas avant d’avoir effacé toutes les preuves, elle sait que le seul moyen qu’ils se laissent tomber, ce soit avec cet endroit.