nightcall.

nuit avancée. il fait noir, plus que d'habitude. jimmy traîne de la pâte depuis une heure. pas malin d'insulter le uber quand il arrive... la fierté en action, il a refusé de s'excuser avant que sa voiture ne s'en aille sur les chapeaux de roue devant lui, passablement éméché. ses potes l'ont abandonné quelque part avant une heure. il ne se souvient plus tellement comment ça s'est passé, ils étaient là et... une seconde après, ils n'y étaient plus. maintenant, il tente désespérément de retrouver le chemin de la maison pour pouvoir s'étendre sur un matelas confortable. arrivé devant chez maman, jimmy fouille ses poches à la recherche de ses clefs perdues quelques part que le sol de son appartement, probablement. il jure. ça résonne dans la nuit solitaire. il aurait dû rentrer chez lui plutôt. ça lui aurait évité de perdre ce temps. l'idée lumineuse s'installe dans son cerveau en une seconde, il se penche et ramasse quelques cailloux dans l'allée mal organisée devant la maison. il lance de toutes ses forces, bam, mauvaise fenêtre. il secoue la tête, c'est les voisins qu'il va finir par réveiller avec ses conneries. un deuxième, un peu lourd, trop lourd. qui brise la vitre du salon de maman. il pose une main sur sa bouche. il pourrait en rire tellement cette situation ressemble à une blague. elle va le tuer. c'est une certitude. il ne s'arrête pas pour autant jimmy, il doit réveiller un de ses frères et soeurs avant de réveiller toute la maisonnée. joan ou jou, de préférence. il n'y a probablement qu'eux ici, de toute façon. ça fait longtemps que jina et jake ne traînent plus ici pendant la nuit. et jimmy... il aura beau essayé de faire croire qu'il avait besoin de partir, de prendre cette indépendance qui lui tenait fort à coeur... c'est toujours ici qu'il vient se réfugier pour guérir les gueules de bois et finir les nuits courtes en ayant la certitude que demain matin, un cachet l'attendra sur une table de chevet et un son petit déjeuner dans la cuisine accompagné d'un autre fuentes qui n'oubliera pas de lui rappeler qu'il pue de la gueule. un rêve presque, pour le jimmy qui continue de balancer ses cailloux à travers les fenêtres.

Elle dormait depuis déjà quelques heures, Joan. Elle s’est endormie difficilement, après avoir regardé quelques épisodes de trop de sa série préférée. Joan, elle pense trop. Elle pense à lui, à ce qu’il vit et ce qu’il fait sans elle. Elle pense à ses cours et à tout ce qu’elle aimerait faire de sa vie, bien qu’elle n’en ait pas le temps. Elle pense à son apparence, à sa façon de vivre et à sa façon d’être – qui semble en déranger plus d’un. Elle se prend la tête, elle fait sauter son cœur jusqu’à ce qu’il tombe de sommeil aux heures creuses de la nuit. Les rêves fusent, l’esprit est vif et un son semble prendre part à l’aventure. Joan se tourne, elle grogne et comprend que la réalité reprend doucement le pas sur Morphée. Elle ouvre un œil doucement, se tourne dans l’autre sens et entend sa fenêtre qui vibre. Un caillou y est jeté, d’une force brève. Joan se redresse et entend son cœur hurler. Et si c’était lui ? Et s’il avait un problème et qu’il venait chercher Joan pour s’enfuir à l’autre bout de la planète ? Elle tremble en se levant, pose ses petits pieds dans ses chaussons et marche jusqu’à la fenêtre en retenant son souffle. Ses yeux tombent, et un léger souffle lui rend ses battements normaux. Ce n’est pas lui, en bas. C’est Jimmy qui a certainement perdu ou oublié ses clés. Joan sourit, bien qu’elle soit légèrement déçue. Elle ouvre la porte et se baisse, les yeux rieurs sur son frère qui a besoin d’elle ce soir. « Bah alors ? » Joan pose son visage sur sa main, elle attend que son frère réagisse et qu’il supplie qu’elle lui donne les clés ou qu’elle descende pour le rejoindre. La nuit est belle ce soir, pas trop fraiche. Joan a envie de le retrouver une seconde, se roulant doucement dans l’herbe. Elle a toujours cette envie de s’enfuir, de filer, de s’évader. Elle aimerait que quelqu’un l’emmène, elle en rêvait encore quelques minutes plus tôt. « T’es perdu ? » qu’elle ajoute, toujours rieuse. Et dans un léger mouvement, elle fait passer ses jambes par la fenêtre et descend doucement jusqu’à son frère. Elle n’a pas les clés, Joan. Elle se contente juste de laisser la fenêtre de sa chambre ouverte, pour remonter par la gouttière et aller se recoucher. Lorsqu’elle pose son pied au sol, Joan sent la fraîcheur de l’herbe sous ses pieds. Elle respire, dépose un baiser sur la joue de son frère et s’installe dans l’herbe. Joan fixe la lune, fixe son futur. Joan rêve éveillée.

mauvaise idée sans doute. petit jeu qui continue jusqu'à ce qu'enfin la fenêtre s'ouvre. il n'a pas remarqué tout de suite, il a failli envoyer encore un caillou directement dans la tête de sa petite soeur qui semble s'amuser déjà de cette situation. petite tête blonde passablement endormie. il l'a réveillé sans regret. il ne pouvait pas être seul à garder les yeux ouverts cette nuit de toute façon. peu habitué à vivre ses nuits sans sommeil tout seul. bah alors ? elle se moque, de loin. il lève les yeux vers elle, pour se rendre compte qu'elle pourrait finalement le faire un peu mariner. il le mériterait. il a trop l'habitude de perdre ses clefs, trop l'habitude d'emmerder le monde autour de nuit pour lui rendre la sienne un peu plus facile. il semble avoir perdu ses mots tout à coup. il a envie de rentrer et s'endormir pour pouvoir réparer les quelques dommages de cette soirée trop longue sur son corps endolori d'avoir passé ces heures à marcher à travers la ville. t’es perdu ? elle demande avant de se décider à bouger dans le mauvais sens. ce n'est pas une tête qui entre qu'il regarde mais joan qui traverse sa fenêtre pour venir le rejoindre. et elle la cache où la clef ? il bougonne déjà. il est triste presque. il pourrait en pleurer si la fierté ne le poussait pas à cacher toutes les larmes susceptibles de s'échapper de ses yeux. il soupire alors qu'elle trouve le sol, enfin. pas inquiet une seconde qu'elle puisse s'écraser par terre. il grogne lorsqu'elle embrasse sa joue et soupire lorsqu'elle tombe dans l'herbe. trop rêveuse, trop lunaire. là, tout de suite, en tout cas. il grimace et pose son regard sur elle. elles sont où les clefs ? il demande, malpoli. plus de vingt heures sans sommeil, elle sait bien, ça ne marche jamais bien avec l'humeur de son grand frère. il se doute bien qu'elle ne la cache pas dans quelque part dans le fin tissu de son pyjama. il aurait dû réveiller jou plutôt, lui, il aurait ouvert la porte tout de suite pour pouvoir aller se recoucher aussi vite. heureusement qu'il l'aime trop pour pouvoir la haïr sa joan.

Joan remarque juste après le baiser qu’elle pose sur la joue de son frère qu’il n’est pas d’humeur, et qu’elle aurait dû se contenter de lui donner les clés. Elle voulait refaire le monde, la petite blonde. Elle voulait qu’on vienne la sauver de ses rêves oubliés. Alors elle s’installe quand même par terre et fait comme si Jimmy était capable de faire un effort. Elle fait comme si elle n’avait pas vu qu’il était froid, qu’il était fatigué et impatient. Joan sait qu’elle a un effet bénéfique que personne d’autres n’a sur son frère. Elle le calme, elle l’apaise. Peut-être qu’il en a besoin ce soir. Douce, elle se tourne vers lui dans un léger sourire. Il se laisse porter par le moment, mais garde son caractère et son désarroi. « Elles sont où les clefs ? » qu’il demande, sur un ton parfaitement insupportable pour une heure aussi tardive. Mais elle supporte tout, Joan. Comme toujours. Jake aurait déjà crié, lui. Il serait sorti de ses gonds face à un homme aussi désinvolte. Il aurait demandé à Joan de ne pas s’en occuper – bien qu’elle l’aurait fait quand même. Joan n’est jamais assez bien pour Jake, alors qu’elle se sent utile auprès de son plus jeune grand frère. Elle en est proche, plus que personne. Elle lève la tête une seconde, d’un mouvement – pour lui désigner la fenêtre. « Là-haut. » qu’elle dit simplement, puisqu’elle n’a pas besoin d’en dire plus pour qu’il râle et pour qu’il comprenne qu’il va falloir qu’il monte le long de la gouttière comme ils le faisaient quand ils étaient petits et que Jina les gardait. Elle ne regardait rien, rivé sur la télévision et ses séries préférées. Elle s’en foutait Jina, elle avait bien d’autres chats à fouetter que ses petits frères. Alors ils s’enfuyaient dès qu’elle avait le dos tourné. Ils allaient chercher à manger, ils allaient dans les bars pour se cacher derrière les grandes personnes. Ils prenaient des glaces dans la nuit noire, se laissaient guider par la vie et l’absence de parenté évidente. C’est un peu ce qu’elle voulait faire, Joan. Doucement, fixant de nouveau la lune, elle ouvre les lèvres et se rend à l’évidence. « Tu veux remonter ? » après tout, elle ne va certainement pas le forcer à rester s’il n’en a pas envie. Ils pourront discuter demain, lorsque le jour retirera les rêves imprégnés dans l’esprit de Joan pour la soirée.

il devrait faire un effort jimmy. c'est pas à n'importe qui qu'il parle. pourtant, il sait qu'elle est capable de tout lui pardonner. c'est sans doute pour cette raison qu'il se donne le droit d'être un crétin avec elle, de temps en temps. justifiant ses mots et ses gestes par le manque de sommeil ou... un manque d'éducation certain. trop facile de se cacher derrière ce genre d'excuse toute prête. joan aussi, elle a reçu le même apprentissage... alors pourquoi elle est si calme ? pourquoi elle ne crie jamais après lui ? ça ne le dérange pas, au contraire mais... ça l'interroge, trop souvent. pas assez longtemps pour trouver des solutions pour sa différence hors norme. là-haut. elle glisse d'un geste de tête qui pourrait l'exaspérer s'il ne venait pas de la seule personne au monde qu'il a été programmé à aimer plus que n'importe qui. il lève les yeux, encore, ça lui parait être si loin. une montagne, plus encore. il s'en sent incapable ce soir. pourtant... ils sortaient tous les soirs lorsqu'ils étaient gosses et que personne n'était là pour s'occuper d'eux. c'était si facile... mais à l'époque, jimmy, il n'avait pas l'impression d'avoir un monde sur ses épaules, pas comme ce soir. à l'époque, il se laissait avoir par l'aventure dès que l'occasion se présentait, refusant de dormir comme les adultes le veulent pour tous les enfants qui n'ont jamais eu la chance d'être livrés à eux-mêmes. tu veux remonter ? elle attire son attention, avec son ton trop déçu. il ne veut pas la décevoir jimmy... jamais. alors il soupire, et il secoue la tête. peine perdu. il ne gagne jamais face au regard flamboyant de sa petite soeur. il lui donnerait tout, même si elle lui demandait l'impossible. il s'installe à ses côtés, enfin, posant son dos dans l'herbe fraîche. ça fait du bien finalement... elle a raison joan. il pourrait dormir ici, à la belle étoile, et laisser les voisins contempler la décadence de sa génération, ceux qui ne sont pas capable de rentrer dans leur maison parce qu'ils passent trop de temps à faire la fête. t'as fait quoi aujourd'hui ? il demande, en fermant les yeux. il imagine que sa voix finira par le bercer assez pour l'endormir malgré les bruits de rue qui l'empêche généralement de fermer les yeux lorsqu'il est dans son lit, la fenêtre close. il cherche l'apaisement jimmy, il cherche ce que sa soeur sait le mieux lui donner, parmi tous les autres.

Joan tente, même si elle sent bien que ce n’est pas la fin de soirée dont rêvait son frère. Il a toujours de hautes demandes, de hautes attentes – et elle s’arrange très souvent pour changer ses plans. Au départ, elle voit bien dans ses yeux qu’il lui en veut. Et rapidement, il arrive à sourire et à se laisser attendrir par ses petits yeux doux. Joan a encore frappé, qu’on pourrait entendre dire par une voix off. Et ce soir n’est pas coutume, Jimmy se laisse aller et s’installe aux côtés de sa petite sœur. Il grogne légèrement, mais fait son possible pour ne pas blesser la petite blonde qui ne voulait pas être dérangée pour rien. Après tout, il avait qu’à avoir ses clés. « T’as fait quoi aujourd’hui ? » qu’il demande alors, fixant la lune et l’avenir à son tour. Joan fait tomber son corps contre ses bras en arrière. Elle soupire longuement, fait vibrer ses lèvres et réalise qu’elle n’a pas été très active aujourd’hui. Elle n’avait pas cours, elle s’est levée tard et elle aurait dû réviser pour les partiels de fin d’années. Elle n’est pas allée travailler, elle avait des heures à rattraper. Elle s’est contentée de réfléchir un peu trop dans le fond de sa chambre, de lire sans même manger un bout entre midi et deux. Elle a entendu Jina s’engueuler avec son copain – ou tout ce qui pourrait y ressembler de près – et des portes claquer. Ce n’était pas une journée chargée, mais c’était une journée pleine d’émotion pour la plus grande des sœurs Fuentes. Jake est passé aussi, il a proposé d’emmener Joan faire du shopping pour qu’elle prenne l’air – mais celle-ci a préféré garder le nez dans le dernier livre qu’elle dévore jour après jour. « J’ai lu. » qu’elle répond alors à son frère, haussant les épaules. Une journée banale et bancale. Joan se mord les lèvres, s’en veut de ne pas avoir vécu plus cette journée. Après tout, elle aurait pu être la dernière. La vie est bien trop courte pour ne pas savourer chaque seconde, elle le sait. Elle se le répète chaque soir, en dormant sur une nouvelle journée brève et vide. « Je pensais qu’il allait venir, ce soir. Je pensais que c’était lui. Mais .. » ce n’était que Jimmy. Ce n’était que le frère qui comprend que sa petite sœur est amoureuse d’un fantôme qu’il ne voit même plus, lui-même. Un ami de longue date qu’ils ont en commun – mais pas au même niveau de sentiments. Joan ne l’a jamais avoué, elle continue de dire à son frère qu’ils sont amis. Mais lorsque la nuit tombe et qu’elle se retrouve seule – il est difficile de cacher ce que le cœur a de plus gros.

il se détend jimmy, enfin. c'est vrai qu'il aurait bien aimé retrouver le confort de son matelas plutôt que de s'allonger dans la terre humide amortie par l'herbe abondante. jimmy ne sait pas comment si prend sa petite soeur mais... son coeur bat d'un rythme bien plus léger qu'au moment de ramasser ces quelques cailloux dans l'allée désordonnée. il n'y a bien qu'avec elle que ça arrive. il y pense pourtant, à son lit. il n'a rien de confortable d'ailleurs mais... c'est le sien. c'est rassurant. ça lui rappelle toujours que la maison est là, quoiqu'il puisse arriver. sauf lorsqu'il oublie ses clefs. bien évidemment. elle regarde le ciel joan, il se demande ce qu'elle peut bien y voir. il sait que c'est sa manière à elle de se réchauffer un peu. elle rêve tout le temps, elle rêve pour lui, probablement. il le faut bien, jimmy est beaucoup trop terre à terre pour oser le faire lui-même. elle a de l'imaginaire pour deux. elle le complète parfaitement. il est là, le côté rassurant de la maison. j’ai lu. elle dit. ça ne le surprend pas mais... chaque fois, il y a ce petit rictus qui s'attaque à ses lèvres. elle lit joan. il ne comprendra jamais. quelle perte de temps ! lui, il aime seulement lorsqu'elle ouvre un bouquin devant lui, une provocation suffisante pour lui demander de l'embêter un peu plus qu'il ne le fait la plupart du temps. il lui demanderait bien de lui raconter l'histoire... juste pour l'aider à s'endormir un peu mieux avec tous ces bruits de rue. je pensais qu’il allait venir, ce soir. je pensais que c’était lui. mais .. un retour à la réalité presque trop violent. il fronce des sourcils, il a besoin d'avoir l'esprit clair pour comprendre ce qu'elle est en train de lui dire. ça met tellement de temps à monter dans les connexions qu'on pourrait presque croire qu'il s'en fout. ce n'était que lui après tout, il aurait pu lui en vouloir d'avoir été déçue de le voir lui, jimmy, plutôt que l'autre, celui qui semble faire battre son coeur plus fort que lorsqu'elle pense à ses frères. il soupire. il est trois heures du matin jo... il dort, comme tout le monde. sauf lui. et elle. mais ça. c'est pas évident sur le coup. et puis... il faut bien trouver des raisons rationnelles à ce qui l'empêche de vivre cette attirance comme elle l'entendrait. il ne comprend pas jimmy. il ne dit rien, là tout de suite, mais... ça ne lui plait pas. ça ne lui a jamais plu. et il n'est pas certain que ce soit une bonne chose pour sa soeur... il le connait bien. il le connait trop bien pour savoir que joan est trop bien pour lui. pour quiconque en réalité. elle parlait de quoi ton histoire ? il demande, préférant changer de sujet. il préfère toujours faire comme s'il n'avait rien entendu. toujours préférable de ne rien savoir que de se retrouver impliqué dans des affaires dont il redoutait la finalité. sa petite soeur... il n'a pas intérêt d'y toucher. et elle aurait tout intérêt à ne plus y penser...

Elle n’aime pas en parler, Joan. Elle n’aime pas avouer cette petite faiblesse qu’elle a de croire encore au prince charmant, de croire encore qu’un amour de jeunesse peut faire vibrer son cœur et lui offrir la robe blanche dont elle rêve. Au creux de cette douce nuit, elle ne peut oublier les images qu’elle s’était promis, qu’il lui avait promis quelques années plus tôt sous une tente d’enfants. Ils étaient là, l’un contre l’autre, ils s’aimaient avant l’heure et s’offrait le monde entre deux souffles. Elle ne peut oublier ce temps, Joan. Elle ne peut le mettre de côté même si elle devrait. Jimmy la regarde sur ses derniers mots, un peu hésitant. Comme elle n’en parle jamais, il n’a pas l’habitude de la voir dans cet état. Il n’a pas l’habitude de la consoler, bien qu’il sache très bien qu’elle laisse les larmes couler sur ses joues toutes les nuits. Joan aimerait grandir, elle aimerait prendre un peu du poil de la bête pour remonter à la surface et passer à autre chose. Elle suppose que ça pourrait arriver, que ça pourrait lui rendre son merveilleux sourire. Il le sait, Jimmy. Et Joan sait qu’il se retient de le dire. « Il est trois heures du matin Jo... Il dort, comme tout le monde. » Joan hausse les épaules. Ce n’était pas ce qu’elle voulait entendre, la petite. Ce n’était pas ce qui pourrait rassurer sa nuit. Mais Jimmy a raison, faut qu’elle arrête de l’attendre. Faut qu’elle arrête de croire qu’il va frapper doucement à sa porte alors qu’il dort certainement à point fermé contre une blonde sulfureuse et absolument incapable de s’abattre sur son sort comme le fait Joan. Elle pince les lèvres, soupire longuement et se rapproche de son frère doucement. Sa petite tête blonde tombe sur son épaule. Elle passe une main dans son bras, et la joint à la sienne. « Elle parlait de quoi ton histoire ? » Il demande, changeant littéralement de sujet et espérant qu’elle ne reparlera plus jamais de cet homme qui lui brise le cœur. Jimmy le connait, c’est un ami. Un vieil ami aussi, qu’il a laissé derrière. Qu’il n’a plus voulu écouter, malgré toutes les excuses qu’il donnait jour par jour. Joan se laisse donc porter par l’histoire de son livre, se porte dans un imaginaire qu’elle adore. « C’est l’histoire d’une jeune sorcière, perdue dans son monde parce qu’elle n’arrive pas à contrôler ses pouvoirs. Elle est drôle, attachante et attentionnée mais tout le monde s’en fout dans son milieu. On ne lui demande que de jeter des sorts … Et elle ne sait pas le faire. » Joan adore ce caractère, cette gamine qu’elle suit déjà depuis plusieurs sagas. « J’ai hâte de savoir si elle va y arriver, à la fin. » Comme toujours, Joan a hâte de terminer les histoires. Elle presse la fin des livres, trop impatiente pour lire à un rythme normal. Elle se tourne doucement vers son frère, toujours la tête sur son épaule. Elle est bien, là, contre lui. Elle est à l’aise, en sécurité. « T’as fait quoi, toi ? » Ce soir, aujourd’hui, hier ? Pourquoi est-ce qu’il rentre aussi tard, Jimmy ?

il essaye toujours de ne pas se mettre en colère jimmy, même si c'est difficile. c'est sa soeur, elle est sensible, elle aime trop alors qu'elle ne devrait pas. de manière générale, il déteste qu'elle s'entiche des mecs qui auraient pu être ses amis un moment ou à un autre. ils lui ressemblent, il ne souhaite pas ça pour elle... alors il préfère ignorer plutôt que de se lancer dans un argumentaire trop long et définitivement inutile. elle l'a dans la tête, il lui faudra plus qu'un frère déterminé pour lui faire comprendre que ça ne vaut pas le coup, qu'elle finira forcément avec le coeur brisé si toutefois, elle arrive jusqu'à son but... ça reste là malgré tout, dans un coin de sa tête. il ne sait pas encore ce qu'il attend pour aller lui faire comprendre ce qu'il pense de tout ça... il aimerait lui dire combien il manque d'avoir une fille comme sa soeur dans sa vie. mais il aurait trop peur de le lancer dans ses bras et d'être responsable de ce qu'il pourrait lui faire après. jimmy déteste cette situation, jimmy aimerait qu'elle tombe amoureuse d'un garçon gentil, d'un garçon qu'il détesterait assez pour qu'il soit celui qu'il lui faut... c’est l’histoire d’une jeune sorcière, perdue dans son monde parce qu’elle n’arrive pas à contrôler ses pouvoirs. elle est drôle, attachante et attentionnée mais tout le monde s’en fout dans son milieu. on ne lui demande que de jeter des sorts … et elle ne sait pas le faire. il hoche la tête, il n'a pas écouté tous les mots. elle semble avoir beaucoup aimé cette histoire. lui, il ne comprend pas l'utilité de se plonger dans ces récits, ceux qui n'ont rien de réaliste, ceux qui poussent un peu trop l'imaginaire. c'est comme ça qu'elle a commencé à se laisser porter par l'idée d'un happy end, c'est pour ça qu'elle attend le prince charmant dans un homme qui ne lui donnera qu'un gaston catégoriquement égoïste. j’ai hâte de savoir si elle va y arriver, à la fin. il la serre contre lui, rassurant sa prise contre sa main. ils sont si différents, il sait d'où ça vient et se demande toujours si son père à lui, était aussi nul que lui... son père, à elle, devait être bon. mieux que les autres hommes qui ont partagé la vie de sa mère. il sait que de toute façon, elle l'aura bientôt fini son livre, elle les dévore, comme un petit dinosaure avide de mots. t’as fait quoi, toi ? il préfère parler d'elle, à l'évidence. il grogne d'ailleurs, parce qu'elle le sait mieux que personne. trop secret lorsqu'il s'agit de parler de sa vie. pourtant, il n'y a bien qu'avec elle qu'il se découvre légèrement... pas assez pour oser lui parler de cette femme mariée qui lui donnerait presque des frissons tant elle ébranle son ego. j'ai travaillé tard. il ose lui mentir. il était avec les copains, dans un bar, à insulter l'espèce humaine, la gente féminine, et toutes ces femmes qui auront au la malchance de croiser sa route à lui. il a honte jimmy, parce qu'il a trop de respect envers sa soeur pour le lui avouer. il n'en pense pas un mot, mais la colère l'empêche de lier sa langue lorsqu'il commence à raconter des conneries. demain, on passe la journée ensemble ? je dis que je suis malade, tu sèches les cours, je te ferai un mot et on va pique-niquer ensemble ? non... on prend la voiture et on roule jusqu'à... je sais pas raleigh ? on pourrait aller voir un match de basket, ou... faire un bowling. les trucs qu'ils n'ont pas l'habitude de faire ici parce qu'il ne se passe rien... trop rien pour qu'il puisse sentir son coeur vibrer ou sa vie s'épanouir. il a besoin d'aventure jimmy aujourd'hui. il a besoin de se réveiller et c'est à joan qu'il tend la corde pour qu'elle puisse le ramener à la surface.