don't cry, teasing you is the way to be high ☽ Blair.

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-Et sans le steak ?
-Si j'enlève le steak et les tomates, bah il te reste juste le pain et la salade, c'est plus un hamburger gamin.
-Bon, file-moi juste un cornichon alors ?

Un signe négatif de la tête plus tard, Cyrus tirait la moue, bien loin d'être satisfait. Négocier les prix déjà plus que raisonnable dans un fast food douteux, c'était le summum de la galère, des fins de mois difficile ; même en bossant du mieux qu'il le pouvait, il parvenait à essayer de marchander un malheureux hamburger. La liberté, ça coûtait définitivement une blinde pour des petits moyens comme les siens. C'est donc le ventre vide qu'il repartait et regagnait les rues obscures pour chercher ne serait-ce qu'un vieux distributeur capable de lui donner un paquet de chips, le moindre truc comestible qui pourrait lui remplir l'estomac. Déambulant le long des trottoirs de son quartier, il sifflait l'air entraînant d'une musique qui tournait en boucle dans le seul écouteur en état de marche qui logeait actuellement l'une de ses oreilles. Il commençait amèrement à regretter la nourriture écœurante de son asile de dingue ; il se souvenait particulièrement du regard vicieux de ces vieilles femmes en blouse blanche, prêtes à prendre son assiette d'assaut avec une louche aussi petite qu'une cuillère. Au moins, il avait la chance d'avoir des pommes à outrance, un luxe qu'il ne pouvait plus se payer à présent. Alors, sans vraiment savoir ce qu'il désirait vraiment, il pénétrait dans une épicerie de nuit pour faire le tour des rayons en traînant des pieds. Rien de bien gratifiant au final. C'est en fouillant ses poches qu'il trouvait une pièce, mais le vendeur à moitié endormi semblait pas terriblement apte à lui faire un prix sur les bretzels qu'il avait pu repérer un peu plus loin. Il se contentait donc seulement d'une sucette à la cerise. Génial, quand on n'aime pas la cerise, quoi qu'il en soit, il allait pas jouer le difficile, c'était toujours ça.

« 'cause i don't need many words with you, how can we connect this way when i don't understand the words you say », les brides de cette musique aussi mélancolique qu'enivrante, bourdonnait dans sa tête. Toujours dehors à des heures tardives, à traîner son ennui comme un fardeau dans les lieux les plus improbables, en quête d'un brin de vie, d'une bouffée d'oxygène, de quelque chose qui en vaille la peine. C'est précisément pour cette raison qu'il entrait dans ce pub louche, histoire d'occuper le reste de sa nuit avec, peut-être, quelqu'un qu'il charmerait assez pour pouvoir boire à l’œil. Un objectif précis en tête, il approchait du bar, préparant déjà malicieusement ce petit sourire en coin aussi joueur que manipulateur. Accoudé contre le support en bois, il regardait fixement la jolie barmaid jusqu'à ce que cette dernière ne s'approche pour lui demander ce qu'il désirait consommer, ce à quoi entre nous il aurait bien répondu « ton corps ». Bien sûr, il s'était contenté de deux-trois mensonges, avec un supplément de compliments, une surdose de rictus aguicheurs et il se l'était mise dans la poche. Mais alors qu'elle lui racontait une énième anecdote en nettoyant un verre, le regard désintéressé de Cyrus balayait les alentours. « -Excuse-moi, mais j'en ai rien à foutre finalement », soupirait le sud coréen en se levant du tabouret, ayant déjà l'attention portée sur une distraction définitivement plus attrayante que la vie d'une fille qui n'avait de toute façon même pas un décolleté plongeant pour satisfaire sa vue. D'une démarche presque féline, comme un prédateur prêt à attaquer sa proie dans les pires conditions qui soient ; il approchait. Cyrus retirait le bâton de sucette de sa bouche qu'il s'amusait précédemment à mordiller, une main dans la poche de sa veste et débout devant la table qu'occupait Blair et cette personne qu'il ne connaissait pas le moins du monde ; « -Le pleurnicheur ! Ça fait un bail, non ? Alors, t'as pécho ? Tu caches bien ton jeu dis-moi, je te pensais encore puceau », s'exclamait-il sans la moindre gêne, assez fort pour les mettre sûrement tous les deux mal à l'aise, mais ça c'était le détail qui lui passait bien au dessus de la tête. Puis, tout naturellement, il venait se glisser sur la banquette, aux côtés de Blair, le regard rivé sur ce dernier ; « -Alors, vous parliez de quoi ? », qu'il demandait d'un ton intéressé, comme si la situation n'était pas déjà assez bizarre.

@Blair Ludlow

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Quand il était au collège, Blair a dû développer un certain nombre de techniques élémentaires de survie, ses préférées étant la discrétion, l'observation et la fuite. (Il aurait fait un bon Serpentard.) Mais comme c'est fatiguant d'être toujours sur le qui-vive et qu'il avait parfois du mal à se faire discret, la fuite l'emportait peut-être. Il faut dire qu'à l'époque il courait vite et fumait moins, aujourd'hui le rapport a pu s'inverser. Jusqu'à récemment, il n'avait pas vraiment à se poser la question. Il en a fini depuis longtemps avec le collège et les bullies. Non pas qu'il ait jamais affaire à ce genre de brutes acnéiques devenues adultes, mais Cyrus Baek les lui rappelle plutôt à l'état adolescent. C'est peut-être aussi que Blair n'arrive pas à agir en adulte autour de lui. En tout cas, pour éviter Cyrus, il renoue avec son vieil instinct de survie et il observe. C'est ce qu'il fait toujours avant d'entrer chez le disquaire, auquel il continue de rendre visite malgré ses choix douteux d'employés, parce qu'il y passait des heures quand il était gamin et qu'il a souvent des accès de nostalgie depuis qu'il est rentré. Il vérifie d'abord à travers la vitrine si la voie est libre, et si par malheur Cyrus surgit de derrière un rayon ou de l'arrière-boutique, il trouve une excuse fumeuse pour se casser. Il ne le supporte pas. Ça n'a évidemment rien à voir avec le fait que Cyrus a été témoin du meltdown de Blair quand il a vu l'album des Bird Bones sur le présentoir des nouveautés. Y a pas forcément de honte à fondre en larmes quand on t'agite sous le nez la synthèse de tous tes regrets et tes échecs, quand on te rappelle que tu pourrais être en train de te faire des couilles en or à Los Angeles au lieu de croupir à Crescent Heights, mais c'est moins facile de se rassurer quand un petit branleur trouve ta crise très divertissante et se marre comme un bossu. Ça aurait pu rester là, mais non. Faut croire qu'il avait jamais rien vu d'aussi drôle, Cyrus, parce que chaque fois qu'il voit Blair il lui ressort le dossier, apparemment il refuse de laisser couler. Blair a tout essayé, l'ignorer, s'énerver, rire avec lui — bon il a pas vraiment réussi —, Cyrus s'en fout, il l'a catalogué. Alors Blair le fuit comme la peste. C'est ce qu'il est, une peste, et à lui tout seul il est aussi pénible et tenace qu'une épidémie.

C'est pour ça que Blair avale sa bière de travers quand il l'aperçoit dans la foule du Roaring Lion. C'est ça qui est chiant avec les petites villes, c'est impossible d'y être anonyme. Où qu'il aille, il semble croiser quelqu'un qu'il connaît d'un passé plus ou moins lointain et plus ou moins heureux — en l'occurrence on est dans le moins moins. C'est déjà beau qu'il tombe encore sur des mecs avec qui il n'a pas déjà tenté le coup, puisque écumer grindr semble être devenu son job à plein temps. Le rencard du soir s'appelle Luis et est seulement de passage dans la ville — ceci explique cela. En voyant le visage de Blair se décomposer, il se retourne et suit son regard mortifié vers Cyrus qui s'approche bien trop gaiement. « Le pleurnicheur ! Ça fait un bail, non ? Alors, t'as pécho ? Tu caches bien ton jeu dis-moi, je te pensais encore puceau. » C'est pas grave. Ça devrait pas être grave. Il pourrait ricaner et lui dire d'aller jouer plus loin, faire celui qui ne voit pas de quoi il parle et reprendre sa conversation avec Luis, même si elle n'était pas vraiment palpitante. Il devrait, mais il a du mal à ignorer l'acidité qui brûle déjà dans le creux de son estomac et cette envie de se tirer vite fait, avec ou sans Luis. Mais il essaie. Il lève les yeux au ciel, hausse une épaule à l'attention de Luis et essaie de se souvenir de ce dont ils parlaient. Pendant une seconde, il est presque fier d'avoir sauvé la face. Et puis Cyrus se laisse tomber sur la banquette à côté de lui et continue à parler comme s'il y avait été invité.

Ce gars a un grain, c'est évident. Du coup, c'est d'autant plus difficile de savoir comment régir sans risquer d'envenimer les choses. À défaut d'une meilleure idée, il remet quelques centimètres entre eux avant de se tourner vers lui et fait à voix basse : « Qu'est-ce tu fous là toi ? T'es majeur ? » Pas sûr qu'il trouverait un barman assez zélé pour le mettre dehors dans le cas contraire, mais ça vaudrait le coup d'essayer. « J'suis désolé mais c'est vraiment pas le moment. » Il est pas désolé du tout mais Luis tend l'oreille et leur lance des regards intrigués en s'agitant nerveusement sur sa chaise, et Blair ne veut pas passer pour plus malotru que Cyrus. Il a pas encore abandonné l'idée de visiter la chambre d'hôtel de Luis plus tard. Et Luis de tendre la main vers Cyrus avec un sourire, un brin mal à l'aise mais cordial. Évidemment fallait qu'il tombe sur un type trop bien élevé pour ce coup-là. « Hum. Luis, enchanté. » Et Blair sait très bien qu'il vient de signer son arrêt de mort — ou en tout cas l'arrêt de mort de son coup d'un soir. « Laisse tomber, Cyrus s'en va ! » intervient Blair, le désespoir palpable dans le ton de sa voix Et il pousse Cyrus du coude. « Hein dis ? » Va-t'en va-t'en va-t'en. Mais quelque chose lui dit qu'il ne va pas obtenir ce qu'il veut, pour changer.

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Il ne s'agissait pas de méchanceté gratuite, d'embêter quelqu'un pour le plaisir de l'humilier ; ça n'était aucunement son but. La seule chose qu'il désirait réellement, c'était de pouvoir le taquiner, sans vraiment comprendre comment ils avaient pu en arriver à se « détester» d'une telle manière, mais peu importe, la limite avait été franchie depuis trop longtemps et il ne comptait pas en rester là. Il ne fallait pas lui dire de partir, ça lui donnait d'autant plus envie de rester. Cyrus avait bel et bien comprit qu'il dérangeait, que ça n'était pas le bon moment et encore moins que sa présence se faisait agréable, que ce soit pour Blair, comme pour cet inconnu à la coupe de cheveux plus ou moins étrange qui visiblement, le dévisageait d'une façon qui ne lui plaisait pas le moins du monde. Le pleurnicheur tu me déçois, tu manques de goût. Sur cette pensée, il lançait un regard en coin au principal concerné, attendant toujours patiemment une réponse, qui finalement ne tarda pas à se faire entre, attisant un rictus moqueur aux coins des lèvres du plus jeune ; « -évidemment que je suis majeur, et ton copain là, t'es sûr qu'il est pas bientôt à la retraite ? », murmurait Cyrus à l'oreille de Blair après s'être penché sur lui pour lui confier son avis en toute discrétion, pour une fois. C'était rare, mais pas impossible. Il se savait maladroit, plus que ce que l'était quelqu'un de tout à fait normal, et même si son objectif était de le faire rentrer seul ce soir, il voulait y aller doucement. Ou pas.

C'est pas le moment, qu'il disait. Bien sûr que ça l'était, c'était toujours le moment pour être sur son dos et l'embêter un peu. S'il avait dû abandonner l'idée de pouvoir croquer dans un hamburger ce soir, il n'abandonnerait pas l'idée de lui foutre sa soirée en l'air ; pourquoi lui passerait-il un agréable moment alors que lui-même était condamné à mourir de faim ? Connard, emmerdeur, appelez-le comme bon vous semble, quoi qu'il en soit, il n'en avait que faire des bonnes manières, des bonnes façons de faire, si bien qu'il ignorait ouvertement le troisième homme à cette table, son attention particulièrement portée sur sa distraction première. « -Je sais pas pourquoi je te croyais hétéro, t'es bi peut-être ? quoi que tu me diras, t'as la tête d'un mignon petit soumis, c'est adorable », lui répondait-il comme si c'était convenable à la situation. À la suite de ses propres dires, il venait même lui pincer la joue, comme on le ferait à un enfant, un rictus au coin des lèvres qui ne signifiait pourtant rien de mauvais. On ne lui avait jamais apprit à se faire des amis, il ne savait pas comment s'y prendre, comment agir et quoi dire dans ce genre de situation, c'est probablement pour ça que le jour où il l'a vu pleurer, il s'est mit à rire nerveusement plutôt que de lui demander si tout allait bien et cette façon d'insister, de le taquiner à chaque fois, d'être un gros lourd, c'était sa manière à lui d'être présent, sans montrer un quelconque signe de considération à son égard ; bah non, pour quoi passerait-il sinon ?

Une voix masculine autre que les leurs, percutaient ses tympans. Son regard attiré par cet inconnu, il l'analysait un instant avant d'abaisser les yeux sur cette main tendue. Très vite, Blair rétorquait quelques phrases, pas assez convaincantes pour le pousser à quitter ce bar miteux. Ses iris, toujours posés sur cette paume, il les relevait pour planter ses orbes perçants dans ceux de son vis-à-vis ; « -Tu peux ranger ta main, tu deviens gênant », crachait-il, d'un ton sec et moqueur ; « -d'ailleurs, je te conseille vivement de t'en aller faire un tour chez le coiffeur… Louis ? Lou… Luis, voilà, c'est pas avec une coupe pareille que tu chopper qui que ce soit mec, franchement, tu te voyais vraiment passer tes mains dans cette tignasse-là ? », demandait Cyrus en tournant la tête vers Blair, le regard accusateur, le visage marqué par une grimace de dégoût. Blessant mais blessé, il faisait autant de mal qu'on avait pu lui en faire par le passé, c'était sa façon de prendre sa revanche sur la vie, d'effectuer son propre karma et malheureusement, il avait fallu que le jeune Ludlow soit celui à qui il pourrissait la vie sans vraiment s'en rendre compte. De nouveau, il portait son attention sur le fameux coup du soir de Blair, le dévisageant comme s'il sortait tout droit d'une dimension qui lui était auparavant inconnue ; « -Moi je reste, mais si Louis veut partir, qu'il se gêne pas », concluait Cyrus, les bras croisés et le dos contre le dossier de la banquette, un sourire presque malsain sur les lèvres.

@Blair Ludlow