l’aurore céphale

- la tête tournée vers les étoiles -

un. né loin d'ici, pas dans ce pays. sous une voûte étoilée, le petit est né. wellington, telle était sa maison. endroit sacré, il ne l'a pas foulée depuis des années. sans savoir pourquoi, il est parti. juste lui et sa mère ; loin de sa tendre nouvelle-zélande. loin de son doux pays, loin de sa famille. ce n'est que des années plus tard que le garçon apprend la raison d'un tel départ, une déchirure familiale. des nuages bleus qui couvraient le corps de sa mère, les constellations sur sa douce peau. gamin enragé, gamin apeuré, il n'a rien fait. une paternité perdue, ses doux rêves brisés. il rêvait d'aller jouer au rugby avec son père tous les dimanches après-midi. mais son déménagement a eu raison de ses rêves enfantins. il pratique ce sport depuis ses cinq ans, contraste de sa tendresse hors d'un terrain, la brutalité au bout des doigts. deux. le droit de rien ; prisonnier de sa propre vie. de longues études tu feras et une grande famille tu auras. des études décidées à sa naissance, médecine ou droit seront les seuls domaines acceptables. la seule liberté fut de choisir lequel des deux, et quel domaine en particulier. hasardeux, la pédiatrie sembla être la meilleure option. celle avec laquelle il pourrait peut-être vivre sans avoir envie de se tirer une balle dans la tête à chaque réveil. il rêvait de sport, de ballon. enfant unique, il n'a jamais eu de frère ou de soeur avec qui jouer. mais faire un sport collectif lui a permit de découvrir les joies de la fraternité. petit coeur brisé quand il a apprit qu'il n'en ferait pas son métier. trois. une famille recomposée, les joies de la paternité retrouvées. pas son choix, un nouvel homme dans la famille holloway. mots hésitants, à la limite de trébucher. après quelques mois, quelques années, il ne faisait plus de différence. comment ne pas préférer un beau père aimant à un père biologique disparu ? il n'a pas su contenir sa joie, l'a considéré comme son géniteur, excluant les liens du sang, les rendant invisibles. et pourtant, coeur brisé en découvrant que c'est un ancien camé. quatre. il ne s'autorise rien, n'a pas le droit au moindre faux pas, pas le droit d'hésiter, pas le droit de trébucher. quel instant fatal si il commettait une faute. une famille aimante oui, dramatique et fataliste aussi. une mère un peu trop à cheval sur les règles, de la vieille école comme certains diraient maintenant. enfant aimé, mais enfant torturé. cette douce image, bâtie année après année qu'il a maintenant envie de saboter ? pourquoi, quoi, comment ? une lutte perpétuelle, gamin en proie à des tourments. il ne dit rien, garde un beau sourire sur le visage, constamment affiché sur sa gueule d'ange, et fait les cent pas en rentrant chez lui à fair haven. cinq. sil, personnage qui l'obsède. relation qui tourne à l'obsession. il le fait sortir de ses gonds, le sort de sa routine, brise ses habitudes. un verre en soirée à réussi à désinhiber le néo-zélandais, qui ne sait plus se passer de son cadet. un baiser partagé, une lutte fiévreuse. son visage qui hante ses jours et ses nuits, comment oser ? comment espérer ? quelle déception il ferait. enfant qui ne s'assume pas, qui ne s'avoue pas un amour naissant pour le gamin.