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 Raging lagoon _ (Mila)

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MessageSujet: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyMer 2 Mai - 5:33

Raging lagoon

« Non mais sérieux mec ! T’aurais vu hier : la gonzesse c’était n’import’quoi ! Elle a plumé toute la tablée en une soirée, du délire ! »
J’ai l’oreille qui s’dresse quand Jaime - un des croupiers du club – se met à chuchoter avec animation au barman en service.
J’sais exactement de qui il cause.
« Puis le canon qu’c’était… J’avais du mal à m’concentrer pour distribuer tellement sa paire de… »
« Tu d’vrais pas être en train d’bosser Jaime ? »
Le petit blond vénitien se raidit immédiatement à l’écoute de mon timbre passif-agressif. J’m’avance tranquillement vers eux, mains dans les poches ostentatoires et l’sourire griffu en travers du visage. Il me regarde avec une haine diffuse au fond des prunelles.
J’espère qu’il va l’ouvrir juste pour avoir l’plaisir de lui casser son petit nez parfait.
J’ai déjà les muscles qui s’tendent, prêts à réagir.
Mais Jaime se tire dans la salle de jeu.

J’viens d’emprunter la voiture du corps. Il s’est pas laissé faire ; depuis que j’ai planté ma caisse il est méfiant à l’idée que j’pose les mains sur son volant. Mais vu le sale regard qu’il m’a lancé en me filant les clefs, j’ai bien conscience de pas avoir intérêt à faire la moindre rayure sur la carrosserie d’sa Mustang.
C’qui explique d’ailleurs logiquement que j’sois en train de rouler à tombeau ouvert dans le centre-ville de Crescent Height. La radio crache des basses assourdissantes pleine balle. Mes doigts pianotent sans hésitation sur le clavier de mon téléphone : les autres ont qu’à faire attention pour moi.
« Ramène toi a laquarium dans 30min et oubli pa le fric »
Concis, efficace. Pas de fioritures avec Madder.
De toute façon, elle sait exactement de quoi j’parle. Si elle veut pas que je bave elle doit aligner le blé, c’est l’deal. Rien que d’repenser à son vilain secret me fout à l’étroit dans mon futal.

Y a juste la lumière rouge de la sortie de secours qui les éclaire. C’est furtif. Intense. Précipité. Elles se dévorent et s’abîment en une fraction de seconde. Infime moment qui n’échappe pas à l’œil aiguisé dissimulé dans l’couloir adjacent.
Lèvres contre lèvres qu’elles sont.
Et dans ma tête y a les rouages qui turbinent en même temps qu’une foutue comptine : Mila aime Kitty, Mila aime Kitty, Mila aime Kitty…
Si j’tiens pas une bombe là !


J’arrive sur le parking à moitié vide. C’est précisément pour ça que j’ai choisi cet endroit : public, sombre et avec des chances quasi-nulles de croiser un indésirable.
Comme j’veux me faire discret, j’évite de gruger l’entrée. Les douze dollars qui m’sortent du portefeuille me font même pas mal au cœur : j’vais me rembourser largement d’ici quelques instants. J’m’avance jusqu’au plan pour évaluer le meilleur emplacement. La pièce aux requins m’paraît pas mal. Elle est vaste et avec trois sorties différentes en cas de besoin.
Si j’ai demandé à Mila de se pointer qu’après mon arrivée c’est justement pour m’faire une idée des lieux et pouvoir l’observer de loin. Vérifier qu’elle ait pas ramené un invité, par exemple. Déformation professionnelle oblige : on est jamais trop prudent.
Je débarque finalement au milieu des squales. Ils nagent tous paresseusement derrière les larges parois de verre blindé. J’les regarde - vaguement intéressé - en train de faire leur ronde inutile pour le plus grand plaisir des rares visiteurs présents en cette fin de journée. Puis je vais m’planquer dans un coin, caché par des allemands en plein extase devant un spécimen de requin marteau. Ça a vraiment une tronche bizarre j’trouve.
Les minutes s’égrènent  doucement alors que je piétine d’impatience. J’suis pas reconnu pour cette vertu. Je scrute encore et encore les allées et venues jusqu’à ce que la demoiselle apparaisse. J’dois bien donner raison à Jaime : elle est canon, avec ses courbes affolantes et sa bouille angélique. La lumière des aquariums allume des échos bleutés mouvants dans sa chevelure. J’ai envie d’y plonger les mains.
J’attends encore un peu alors qu’elle me cherche du regard, et finis par la rejoindre à pas nonchalants.
Dommage que j’doive seulement me contenter d’échanges commerciaux avec elle, parce que j’aurais adoré rendre tout ça plus charnel.  


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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyJeu 3 Mai - 14:45

Pour une fois, elle se complait dans l’ennui. Le voïd qui souffle entre ses tempes, et les membres gourds dans cette paralysie confortante qui l’enfonce un peu plus dans les profondeurs molletonnées et duveteuses de son matelas. La sensation du néant qui lui emplit la bouche, bouillonne au creux de ses veines et étreint d’un voile chaud son estomac est sublime. Mila redécouvre les joies de ne plus être qu’une enveloppe charnelle vide, moule creux où le fatras de ses émotions s’est consumés entre deux respirations éreintées. Tandis que ses nuits avaient étées pavées de remords sanguinolents et d’amertume à en pincer la bille, et ses journées drapées dans une amorphie où pourtant le vacarme de ses propres pensées l’empêchait de sombrer dans les limbes du repos, les premiers soupçons de guérison commençaient enfin à se glisser entre les rideaux pourpres et nimber la pièce de son halo salvateur. Elle est sirène dans un océan de soie qui coule contre l’épiderme, et se noie avec délectation dans les abysses azurées sans même tenter de rejoindre la surface. Non, le bourdonnement des tumultes marins est bien plus doux à l’oreil que les souffles embarrassée de la ville qui poursuit sa vie sans elle. Sans trop de repères non plus, parce que les vrombissement de moteurs et les éclats de voix sont étouffés par la lascivité qui lui bouche les tympans. Elle n’a aucune idée de l’heure, pas même de s’il s’agit d’un matin, d’un après-midi ou un premier balbutiement de nuit qui commence à couler le long du parquet. Elle ne pense simplement pas, se contente de ne pas être pour une fois et laisse sa poitrine se soulever et se dégonfler comme une valve crevée sans lui indiquer la cadence à suivre. Mais le repos est de courte durée, alors que la sonnerie nasillarde de son téléphone la nargue, lui murmure la mélodie de la fin de la césure d’un tonalité narquoise. Le bras encore rongé par l’inactivité vient agripper le cellulaire, ponctué par un grognement dans lequel elle trace toute l’étendue de son exacerbation même s’il n’y a aucun spectateur. Et quand finalement l’écran lui brûle la rétine et que les mots s’ajoutent et se complètent pour former une phrase cohérente dans son esprit embrumé, la fureur ne fait que gronder plus fiévreusement au fond de son estomac. C’est le ressac des instants de flottement avortés qui s’écrase contre elle alors qu’elle maudit silencieusement son nom.  Ramène toi a laquarium dans 30min et oubli pa le fric. Le problème est que malgré son envie fulgurante de ne pas lui offrir le luxe de sa présence, le choix est loin d’être cornélien et n’a possiblement aucune raison d’exister puisqu’elle est obligée de se soumettre aux désirs du gamin capricieux. Les enjeux de sa désobéissance avaient étées clairement édictés, pas de fioritures pour emballer la crasse qu’il lui balançait à la figure : pas d’argent, et il ouvrait la bouche pour offrir sa trahison sur un plateau d’argent à cash. Certainement qu’il le ferait avec plaisir vicieux, sourire fendant le rictus et fierté fardant la poitrine. Non sans une lutte herculéenne avec ses draps, ses vêtements, et le volant lustré de sa voiture, elle se retrouve devant l’aquarium et balance les quelques dollars nécessaires pour rentrer. En plus de ceux entassés au fond de son sac qui lui brûle la peau du bras, mais le détail est étouffé par l’envie - non le besoin, de s’acheter son silence. Mila n’abandonne même pas le moindre regard aux animaux encastrés dans les prisons de verre, cherche juste la silhouette de Tim pour y gerber toute son aigreur qu’elle sent toujours fumer en elle, menaçant de s’échapper à tout instants en lave écarlate. Et il arrive enfin, presque comme la providence, ou bien comme une damnation programmée qu’elle accueille avec une absence totale de politesse. Il ne mérite pas non plus qu’elle gaspille sa salive pour lui. Ou bien. J’ai pas ton argent. Le jeu vaut la chandelle, et si lui s’était accaparé sa journée, elle pouvait bien s’offrir le luxe de jouer avec ses nerfs. Le mensonge est prononcé d’une bouche parfaitement entraînée, aucune fêlure n’est détectable, pas même un plissement infime de la lèvres ou même un mot qui se craquèle sur la fin. Absolument rien si ce n’est le plaisir malsain de passer ses nerfs sur lui. J’avais juste envie de te faire perdre ton temps. Rétorque saupoudré d’un sourire appuyé, les dents scintillantes sous les bouts de chair pas même habillés de la moindre couleur. Après tout, pourquoi est-ce qu’elle aurait prit la peine de soigner son apparence pour lui. Tiens, un dédommagement. Sa main extirpe quelques billets de son sac, très exactement douze symboliques, ou autrement le prix de sa présence ici. Loin d’elle l’envie de le dédouaner, plutôt de le narguer en ne lui offrant qu’un avant-goût minable de la somme qu’il ne touchera pas. Tout du moins c’est ce qu’elle veut lui faire miroiter. Elle glisse les billets dans la poche de son pantalon, les froissant dans le processus pour leur faire perdre encore plus de leur valeur. Aujourd’hui elle veut parvenir à réveiller la flamme, combler le vide qui l’emplissait par quelque chose d’un minimum vivifiant, encore plus si cela suppose flirter avec le danger que les opales sombres de Tim représentent.
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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyDim 6 Mai - 4:02

Raging lagoon

Elle m’épingle direct. J’sens le verglas que ses yeux répandent jusque dans la nuque. Apparemment, Mila a plutôt l’air de bonne humeur.
Clac-clac !
C’est l’bruit que produisent ses talons hauts quand ils foulent le sol. Mais ça m’fait aussi penser à autre chose. J’ferme les paupières une demi-seconde en m’représentant la jeune femme en train d’armer un calibre qu’elle rêverait de me foutre entre les dents.  
L’image m’plaît bien.
« Salut à toi aussi. Comment ça, pas d’argent ? »
Sa réponse entraîne une exaspération maximale. Elle peut pas m’faire le coup, elle sait que si elle crache pas l’fric son gros nounours de Cash risque – de façon certaine – d’apprendre les p’tits extra conjugaux que s’paye sa copine. Vu son gabarit et la réputation de ses poings j’m’en méfierais à sa place.

En tout cas j’laisse rien paraître, si ce n’est un sourire qui s’élargit encore devant le sien. Elle est effrontée. Belle comme s’il était trop tard avec sa moue d’emmerdeuse. Et j’essaie pas non plus de l’empêcher d’glisser ses douze boxes dans ma poche d’une main experte.
« Doucement beauté, j’pensais que tu serais plus du genre à te laisser faire dans une jolie chambre d’hôtel en penthouse. »
J’ai une furieuse envie d’lui faire ravaler la douceur de son rictus. J’préfère voir l’amertume du froncement de sourcils et le regard noir. Mila et ses airs d’la haute qui laisse dans son sillage un parfum de décadence magnifique. Elle fait partie d’ce monde où je foutrais jamais les pieds. J’pourrais être riche à en dégueuler des lingots d’or, posséder des propriétés à la chaîne, serrer des pinces officielles, être un putain d’magnat : ça changerait rien. J’sais pertinemment que les gens de ce cercle n’accepte personne qui n’y soit pas né, respiré l’même air vicié par le luxe et névrosé à cause de toute cette opulence. J’suis un peu dingue sur les bords, j’dois bien le reconnaître, mais j’aime mieux m’enliser dans les bas-fonds que de devoir porter un masque à plein temps au milieu des rupins.

J’lui attrape le coude afin de l’entraîner vers une des vitres bleue outremer. Un petit requin nous fixe quelques instants – à moins que ce n’soit son propre reflet – puis se détourne.
De loin on peut passer pour un jeune couple en train de s’échanger des mots doux, extasié par la vie sous-marine dont on nous offre un aperçu artificiel. Sous l’épiderme de Mila j’sens son pouls distinctement, un peu rapide mais pas affolé non plus. Pas étonnant venant d’une parieuse professionnelle.  
« Plus sérieusement, j’sais que t’as remporté un sacré pactole hier soir. Tu devrais t’faire à l’idée que tout c’qui s’passe au Sinners m’revient forcément aux oreilles hein… »
J’marque une pause pendant dix secondes théâtrales puis embraye.
« Un peu comme ton fricotage avec Kitty par exemple. »
Oups. J’viens de dégainer l’ogive nucléaire pour la poser entre nous deux, détonateur roulant joyeusement entre les phalanges.
« Enfin j’dis fricotage, mais on était carrément dans l’galochage d’après c’que j’ai vu. Dommage que j’ai pas pu assister à la suite… »
Mon pouce se pose sur l’bouton, prêt à la détente. D’où j’suis j’peux sentir sa fragrance toute féminine. Sucrée. Poudrée. Elle me satisfait pas encore : j’attends surtout l’odeur de la reddition.
« Du coup : tu t’es fait combien ? »  


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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyDim 6 Mai - 14:39

Les premiers balbutiements d’irritation que son message avait fait éclore au creux de son estomac sont bien vite oubliés, atomisés par cette allégresse malsaine que la perspective de le marteler de sa rage fait subitement naître. Sourire maléfique qui lui dévore la bouche, elle sent déjà sa chair se flétrir sous la pression de ses ongles rouge sang, elle sent déjà son calme se craqueler alors qu’elle prend un malin plaisir à lui arracher le butin qu’il pensait obtenir. Elle sait très bien qu’à l’issue de leur rencontre houleuse, son sac à elle sera vide et que ses poches à lui seront déformées par l’épaisseur des billets. Mais rien ne l’empêche de jouer un peu avec la fatalité jusque là, l’enchaîner à elle et gratter les couches de patiente de Tim jusqu’à ce qu’elle entrevoit ses limites. Mila s’invente souffleuse de tempêtes, se réjouit à l’idée de lui glisser l’ouragan dans la poitrine et d’observer l’implosion des éléments lui déformer le visage. Un sublime tableau qu’elle brûle déjà d’imprimer sur ses rétines. Et le plan façonné à la va-vite par les petites mains de son esprit simplement nourri à la caféine, lessivé par l’absence totale de sommeil, semble déjà prometteur. Dès la première phrase, c’est un masque évidé de toute émotion qui lui fait face, la retenue olympienne qui moule ses traits. Celle qui annonce que la lutte ne sera pas aisée, et qu’il lui faudra aiguiser ses lames pour parvenir à transpercer les couches de paraître qu’il mobilise. Tant mieux, Mila et son amour inconditionnel pour le jeu trépident à l’idée de devoir placer stratégiquement ses pions pour obtenir la victoire. La seconde remarque dégouline d’une lubricité qui lui arrache presque un froissement de lèvres piquées au dégoût, mais ça serait lui offrir la satisfaction qu’il a bien visé donc en miroir d’impassibilité, elle lui répond simplement d’un sourire encore plus grossier que le sien. Comme quoi, les apparences sont parfois trompeuses. Pas d’infirmation ni d’affirmation, balaie presque éhontément ses mots pour mieux s’armer façe aux prochains assauts. Elle veut lui bouffer le plus de temps, s’accaparer jusqu’aux dernières secondes et peut-être en prime l’empêcher d’effectuer toutes ses obligations de la journée. S’il avait le moindre plan, Mila veut les gribouiller de sa présence toxique. Nouvelle détonation quand c’est finalement sa main qui souille son épiderme, agrippe son coude pour la remuer à sa guise et l’entraîner dans son sillon souillé au vice. L’air en est presque intoxiqué, et elle s’y étouffe. Mais elle ne se dérobe pas, laisse ses doigts imprimer la brûlure de leur empreinte sur sa peau sans broncher, elle y dépose juste un regard enflammé en l’écoutant poursuivre, et bien évidemment faire allusion graveleuse à sa relation avec Kitty. Nouveau haut-le-coeur qui l’ébranle, quelques épaisseurs de retenue qui s’effritent et qu’elle cède presque à la tentation de l’éloigner d’elle pour enfin parvenir à inspirer dans un espace qui n’est pas vicié par sa présence. Tu veux une vidéo de la suite peut-être? Histoire d’apprendre comment satisfaire une fille? L’insinuation est balancée à bout portant, mais d’un oeil aveugle, parce que s’il y a bien une chose qu’elle ignore, ce sont les talents de Tim entre les draps. Dans un genre de corps à corps bien plus plaisant que celui dans lequel il l’enserre à présent. Mais ses pensées ne divaguent pas jusque là, préférant oublier les saveurs des plaisirs charnels et les souvenirs sulfureux des caresses de Kitty et en se focalisant simplement à lui cracher toute sa noirceur au visage. Qu’il en soit tâché jusqu’à la moelle. Le genre de saleté qui ne s’efface pas avec de l’eau chaude. C’est indélébile, moisissure qui corrode les carcasses pour finir par les consumer. Beaucoup. Plus que ta misérable existence. La haine est vénéneuse, articulée par des lèvres piquées à un poison épais. Et enfin son regard descend jusqu’à sa main toujours appuyée contre elle, flirtant avec des sentiers plus qu’interdit à son toucher. Et juste pour avoir osé poser tes mains sur moi, tu viens de perdre 10% de ce que tu mérites. Alors si j’étais toi, j'enlèverai vite mes doigts et je les rangerai bien sagement dans mes poches avant que j'augmente le chiffre. Cette fois, pas de sourire pour enjoliver la menace. Un masque de glace fusionné au visage et un chef légèrement incliné vers l’avant pour s’offrir le luxe de lui murmurer ses mots, qu’il en inhale bien jusqu’à la dernière goutte corrosive et que chaque syllabe s’imprime dans son esprit étriqué par l'appât du gain.
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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyJeu 17 Mai - 9:50

Raging lagoon

Mila siffle avec l’élégance d’un cobra qui danse. J’aime bien quand elle fronce le nez en bouille féroce dès que j’ai l’malheur d’évoquer son ancienne amante. Elle reste mignonne en dépit de son masque de cruauté soigneusement ajusté.
« Entre femmes vous d’vez avoir des trucs à m’apprendre, c’est sûr. Même si la totalité des demoiselles se sont toujours estimées satisfaites. Tu pourrais essayer pour vérifier… »
Parce que jamais la joueuse ne m’a honoré de sa présence entre mes draps. Pas faute d’avoir essayé, mais elle est toujours aussi fermée qu’un coffre-fort et impossible à crocheter. C’est pas pour autant que j’vais m’arrêter de faire des commentaires grivois ou d’la reluquer dès qu’elle se cambre un peu trop.
J’reporte mon regard sur le gracieux ballet des squales dans leur bocal taille XXL. Ils doivent s’faire chier à force de tourner là-dedans.
Mila en profite pour se la jouer diva, hautaine. Exaspérante. Parfaite dans son rôle de bourgeoise coincée dans sa tour d’ivoire. Elle s’imagine quoi, que j’gagne pas de thunes dans le milieu où j’travaille ? La direction du Sinners est loin d’être la plus radine du coin, et si j’réclame toujours plus de billets c’est uniquement pour financer mes diverses consommations de stup’. Ca, puis les économies planquées à l’ancienne en liquide dans une boîte de fer blanc dissimulée sur l’toit de mon immeuble. Derrière une brique branlante, juste au cas où j’ai besoin de m’faire la malle rapidement et de disparaître des radars.

Ses deux obsidiennes prennent en joue ma main toujours appuyée contre sa peau. Impie. Elle me sort le laïus sur la profanation de son corps si doux, et m’annonce son offre. Comme si j’étais en train d’attendre une quelconque négociation. Elle doute de rien.
« Attends, t’as pas compris : c’est pas toi qui fixe le prix. » Mes doigts s’esquivent et dégringolent jusqu’à sa taille pour la rapprocher un peu plus de moi. J’penche la tête ; son parfum poudré me saute à la gorge dans un concerto délicieusement féminin. « On dit que l’savoir c’est l’pouvoir, t’as déjà entendu l’expression non ? »
Volontairement, j’parle lentement comme si j’expliquais un concept particulièrement abstrait à un enfant. J’veux casser l’expression de colère qui s’affiche. J’veux d’la trouille. D’l’angoisse. De la terreur. Y a rien d’meilleur.
« Et qui est-ce qui a une info du tonnerre entre nous deux ? Moi. Toi t’as rien, juste du vent qu’tu brasses et qui est bon qu’à effrayer les mouettes. »
Allons Mila, t’es tout sauf stupide. T’as un ordinateur à la place du cerveau et une intuition béton. Fallait pas te laisser aller dans un endroit pareil, en espérant être invisible dans les coulisses. Y a des yeux qui traînent partout ; notamment les miens qu’en n’ont pas perdu une miette.
« Alors tes dix pourcents tu te les carres profond et maintenant tu m’files c’que tu m’dois. »
 Le ton se durcit mais l’sourire est toujours bien en place. Un vrai gentleman en train d’faire ses comptes sales.
« Et la prochaine fois qu’tu remportes le gros lot tu m’informes. J’devrais pas à avoir à courir derrière ces bons à rien de croupiers pour l’apprendre. Ça s’passerait mieux entre nous deux si on était sincère l’un envers l’autre hein ? »
J’lui remets une de ses mèches rebelles derrière l’oreille dans un geste presque tendre. J’voudrais pas la perdre, cette manne financière inespérée. Surtout en étant aussi agréable à regarder.
Autour de nous le monde continue de tourner. Personne fait attention au bras de fer qui se joue : pour eux on est juste un élément d’leur décor.
J’fixe en biais son sac à main hors de prix duquel elle a sorti les p’tites coupures. Il a l’air de peser bien lourd à son bras : j’vais me faire un plaisir de l’en soulager.


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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyDim 20 Mai - 7:05

Elle est trop vite catapultée dans les eaux opaques et tumultueuses de l’enfer, étranglée à large goulée d’un Styx trop acide qui gronde au creux de ses opales à lui. Et il arbore avec une perfection étourdissante ce rôle de Lucifer de fortune, traits associés à la rage écarlate et les lèvres remués par le vice éclatant. Putain, elle le déteste. Use toutes ses forces, se scie l’esprit à concentrer toute cette colère qui lui déchire les entrailles pour lui faire éclater au visage dès que la concoction sera trop amère à garder pour elle. Elle s’épuise à ne lui donner que ça, le tranchant de ses mots, les froissements impérieux de son faciès, toute l’étendue de sa fougue qu’il réveille aussi aisément. Mila cherche à garder le contrôle sur une situation où elle n’est qu’un vulgaire pion, soumise à la bonne volonté de Tim et ce foutu secret qu’elle lui a stupidement confié à coup d’indiscrétion puérile. Elle s’invente impériale, imperturbable du haut de ses échasses, perchée sur un trône de pacotille qu’il transforme bien vite en fumée, réduit tous ses efforts à un néant strict. Que de vent qu’elle lui susurre, que des promesses irréalisables qui coulent dans le torrent de ses veines. Et peut-être qu’il est assez cupide pour se laisser berner par le toc qui lui dégouline de la bouche, mais probablement pas. Certainement pas, alors que ses lames pourtant aiguisées précautionneusement ne suffisent pas même à entamer la chair. Tim reste placardé de son rictus suffisant, l’amusement insolent piqué dans les lèvres alors que sa réponse ne tremble pas même d’une once d’hésitation. Tout ce que je sais, c’est qu’elles devaient être bien désespérées pour se faire un type comme toi. Sifflement incisif, cherche toujours à entailler l’égo venant lui déformer la poitrine tant il est titanesque. C’est très certainement inutile, soldé à être accueilli par un nouveau ricanement factice pour lui dessiner toute l’étendue de son indifférence. Et elle déteste ça, l’impuissance qui lui perce la carcasse de ses griffes abrasives. Mila est habituellement reine, tire sur les fils pour faire remuer les pantins à sa bonne volonté. Mais son royaume est retourné, c’est une dystopie parfaite de son eden, là où elle prend finalement le rôle de pantin assujetti aux bons vouloir du marionnettiste. C’est pas toi qui fixe les prix. Le rappel est d’autant plus brûlant, désagréable à ingérer une nouvelle fois. Elle le sait bien trop, qu’à la faim de l’échange toutes les cartes seront à nouveau dans ses mains à lui, mais rien ne l’empêche de semer son chemin d’embûches dans l’espoir sourd de le voir ne serait-ce que trébucher. L’entraîner dans sa chute le plus longtemps possible. Et sa main déjà trop appuyée et toxique sur son poignet se fait plus conquérante, prend possession de sa taille sans même se soucier de ses menaces balancées dans le vent. Il n’y croit pas une seconde, bien évidemment. Ca aurait été le sous-estimer de croire qu’il ne continuerait pas de s’approprier ce qui n’est pas à lui. Mais elle est récidiviste, ne se laisse pas coucher par les premières représailles. Non, elle veut le châtiment ultime. Alors elle change de tactique, et se laisse happer par le semblant d’étreinte qui lui dévore un peu plus l’âme à chaque centimètre grapillé. S’approche encore plus de lui, glisse ses propres mains contre son bassin pour le coller au sien. Se brûle au brasier qu’il représente, et c’est presque agréable. Ca doit être bandant d’avoir le contrôle sur une pauvre fille comme moi, hein? C’est ça qui te fais kiffer, Tim? Te donner un semblant de pouvoir pour compenser le fait que tu seras jamais plus qu'un foutu chien qui sait juste obéir sagement? Les mots sont psalmodiés au creux de l’oreille, lèvres effleurant légèrement la peau pour y imprimer leur empreinte nocive. C’est l’étreinte toxique, le ballet des serpents qui finissent par se bouffer l’un et l’autre, une fois que tout le poison a été craché jusqu’à l’épuisement. Ils sont comme suspendus dans leur propre bulle, coupés de la réalité trop morne. Elle, elle est perchée dans les tréfonds de ses pupilles, cherche à apprivoiser les remous, comprendre le mécanisme qui gronde sous ses côtes pour trouver une faille. Quelque chose pour partager un peu plus équitablement les armes. Mais rien. Un voïd exacerbant. Sa main qui prend la décision de s’égarer contre son oreille, semblant de geste affectueux qui ne trompe absolument personne. Tu sais quoi? Tiens, prends mon téléphone, appelle-le et dis lui tout. J’suis fatiguée de tes conneries.  Nouvelle tactique qu’elle connaît avec perfection : le bluff. Elle extirpe son téléphone de son sac, pianote rapidement pour composer le numéro de Cash et tend le combiné à Tim. Dans l’attente souffreteuse d’une réaction, plutôt d’une rétractation de sa part. Parce qu’elle sait que dans le fond, il a probablement aussi peu envie qu’elle que la vérité éclate. Signant la fin de l’as qu’il lui agite si souvent sous le nez. Et elle le défie silencieusement, du regard, du portable suspendu devant lui, par l’invitation empoisonnée qu’elle lui glisse entre les doigts.
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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyJeu 31 Mai - 9:49

Raging lagoon
Mila & Tim
jaloux

Bon Dieu. J’entrevois enfin l’œil du cyclone quand ses traits se dépouillent de toute vindicte. Les angles de son visage s’adoucissent en amenant une gracieuse docilité. J’observe ces modifications au fur et à mesure de ses syllabes qu’elle prononce en chute libre, droit vers la capitulation.
J’pourrais en hurler de satisfaction.
Le sourire me fend maintenant toute la figure, comme le chat du Cheshire. En moins pointu mais tout aussi malsain.
« Mais qu’est-c’que vous avez tous à m’comparer à un putain d’clébard ? J’vous signale que c’est grâce à moi qu’vous pouvez venir prélasser vos jolis p’tits culs au Sinners en toute sécurité. »
Elle cille pas plus que moi quand nos pupilles se cherchent, se trouvent, s’étrillent. On s’fustigent mutuellement jusqu’à c’que l’un de nous craquent sous la morsure des coups qu’on s’inflige. Je la vois qui fouille en espérant trouver la faille. Elle a le même air concentré et faussement négligent que lorsqu’elle est assise à une table de jeu à dépouiller ses adversaires.
Et finalement, Mila sort un tout nouveau genre de sésame de son sac vernis. Elle pianote rapidement sur son cellulaire en me le tendant. Le revirement est total. J’reste bouche bée devant son geste inconsidéré – ou au contraire, parfaitement calculé – mais me ressaisis dans la foulée.

J’lui attrape le téléphone des mains. Prestement. Pour pas qu’elle ait le temps - ou ne serait-ce que l’idée qui l’effleure – qu’elle puisse revenir sur ses paroles. Elle sait pas. Elle sait pas que j’vais vraiment appuyer sur le bouton vert.
En restant sous ma coupe Mila est très lucrative, faut reconnaître. Mais l’idée d’pouvoir lancer le compte à rebours de son autodestruction me plaît encore plus. C’est meilleur qu’un shoot de coke la plus fine. Meilleur qu’une partie de jambe en l’air avec trois danseuses gratuitement. Meilleur que la lumière qui s’éteint dans les yeux d’votre adversaire quand vous balancer votre tout premier uppercut.
Biiiiiip.
La sonnerie me lacère les tympans alors que j’exécute un premier pas en arrière.
Dans mes yeux y a plus que cette envie d’sang sur les murs.
Et que ça se passe en bas d’chez toi.
Biiiiiiip.
Une deuxième enjambée me met hors de portée d’elle.
J’ai l’cœur qui accélère avec l’excitation.
Biiiiiiip.
Qu’est-ce qu’il fout ? A cette heure-ci tout le monde décroche.
J’me mets dos à Mila en tordant légèrement la bouche. J’veux pas qu’elle voit ma déception.
« Bonjour, vous êtes sur la messagerie du… »
Discrètement, je martèle la touche rouge en commençant mon laïus d’une voix parfaitement claire pour qu’elle puisse m’entendre.
« Salut Cash, c’est Tim. Juste pour te prévenir : ta salope de nana a décidé de se taper des filles du Sinners. J’sais pas si t’étais au courant, mais j’trouve vraiment pas ça cool, même si ça l’était vachement de les regarder se tripoter en coulisses. Hésite pas à m’rappeler pour avoir les détails. Ou alors j’m’arrangerais pour que tu puisses directement regarder… » J’hésite à peine une seconde avant de conclure. « Ou même mieux : t’pourrais participer la prochaine fois ! Bon, fais gaffe aux MST qu’elle a pu t’refiler. Allez mec, à plus. »
J’fais mine de raccrocher et lui redonne le téléphone.
« Voilà: j’crois que t’es dans la merde, princesse. »
Allez, juste cinq minutes de récréation et puis on retourne aux choses sérieuses.


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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyMer 6 Juin - 14:39

Ils sont comme confinés à l’épicentre d’un topaze bleu paradis, emprisonnés entre les éclats azurés qui larmoient le long des parois, diffusés à travers les épaisses couches de verre qui emprisonnent les créatures marines. Ca et le hululement étouffé de l’eau, juste assez pour façonner une ambiance aux airs de prison illusoire d’où aucun échappatoire n’est taillé. La confrontation est forcée, imposée par les susurrements graveleux d’un coeur qui voudrait lui creuser les joues des stries de la défaite, mais aussi par l’encéphale qui chavire à l’idée de signer sa propre fin. Pas la sienne, plutôt celle des fragments de relation qu’elle s’amuse si régulièrement à briser et éparpiller pour ensuite les recoller tant bien que mal quand le jeu a perdu de sa saveur. Et elle a beau le reconnaître. Malgré le dédain qui lui pullule dans les artères dès que Tim entâche son champ de vision de ses propres opales qui ressemblent bien à un trésor similaire aux tréfonds nautiques coincés autour d’eux qu’on aurait enfoncé dans son crâne. Malgré la suffisance étouffante avec laquelle il lui lacère sa chrysalide d'usurpation qu'elle arbore d’habitude comme une foutue mue à peine craquelée, c’est comme une dope anxiolytique qu’il lui souffle de ses mots éfilés. Après chaque nouvelle confrontation, entendre nouvelle dose, le même effet désagréable de spleen qui s'amoncelle au creux des veines. Une redescente d’adrénaline qui après avoir offert les flammes mortelles et les couleurs à la teinte mirobolante, n’offre que les paysages mornes et dénués d’un réel intérêt. D’un réel enjeu. De danger. Parce que c’est avec lui qu’elle joue, en se refusant à ses sommations, en brisant les règles de bienséance de distance à instaurer, en enjolivant sa langue de mensonges à peine crédibles. Elle gratte, gratte, jusqu’au cosmos. Flirte avec les barrières qu’il lui dépose, quitte à s’y écorcher au passage. Pourtant, acculée contre le mur et sans réelle solution pour parfaire sa riposte, c’est sa dernière carte qu’elle crame en lui donnant à même les mains le détonateur. Il n’oserait pas appuyer pour réduire en cendre cette manne financière qu’elle représente, simplement motivé par le plaisir éphémère d’être spectateur au premier rang de sa chute. N’est-ce pas? Pourtant quand ses doigts s’enroulent autour du combiné pour engouffrer le grésillement métallique dans ses tympans, et que l’emprise qu’il appuyait sur elle se dissout dans la distance qu’il prend soudainement, ses certitudes commencent à éclater en fragments infimes. Lui aussi bluffe, et elle est assez aveuglée par les souffles maladifs de son palpitant pour ne pas parvenir à poser le doigt sur une quelconque fêlure dans sa mascarade. Les secondes s’étalent avec une lenteur tortueuse, qu’elle supporte dans son immobilité grave, engoncée dans une paralysie temporaire de laquelle elle peine à s’échapper. En attente de la sentence, qui finalement vient s’enfoncer dans son échine comme une épée de damoclès salvatrice. Ou pas. Parce que même si les mots ont le pouvoir d’enfin la faire bouger, c’est parce qu’au creux de la poitrine, la cassure est définitivement tracée. Pour une fois, elle lui concède la victoire en grande pompe, parce qu’à l’instant même où ses doigts retrouvent le contact du téléphone elle l’envoie valser contre le mur, sa fin incarnée par la symphonie de verre brisé et de métal défoncé. T’es vraiment un connard. Le pire des connards putain. Les connexions synaptiques se sont brouillées, séparées par le courant que la réalisation soudaine a fait pleuvoir sur son système. La réalisation que lui, probablement le seul être encore plus pathétique qu’elle-même parce qu’il s’y complaît pleinement, vient de signer sa fin à elle. Ou presque, mais la fin de quelque chose. Éclair fugace de lucidité qui s’allume derrière les rétines éclatées alors que son regard s’échappe pour constater qu’autour d'eux c’est le vide seul qui les englobe. Pas une seule âme égarée pour assister à la scène. Juste ce qu’il suffisait pour que ses mains viennent étreindre, brutales, son cou et s’y accrocher avec une véhémence qu’elle ne soupçonnait plus extricable de son corps épuisé. Les griffes qui viennent dessiner des demi-lunes sur l’épiderme délicat qui pleure du rouge. Elle retrace à même sa peau les contours de l’apocalypse qui tambourine sous ses côtes à elle. Tu réalises que tu viens de faire la plus grosse connerie de ta vie? Soupir embarrassé par l’effort balancé dans la pression sévère appliqué contre sa jugulaire, elle sent ses propres souffles de vie qui palpitent sous la pulpe de ses doigts. C’est presque grisant, si la vision de sa propre silhouette coincée contre la sienne, emmêlée dans l’étreinte qu’elle souhaiterait létale à cet instant précis, ne lui était pas renvoyée avec cet énorme pathétisme d’une femme ayant déjà tout perdu dans la bataille. Assez désespérée pour chercher à lui rendre à lui rendre les coups de n’importe quelle manière. Et c’est la même liturgie qui dégouline de chacune de ses respirations. Crève, crève, crève.
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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyMer 4 Juil - 15:01

Raging lagoon

Y a un souffle quand son bras se jette dans un élan rageur. Et puis le bruit. Le cellulaire explose en morceaux contre le plâtre dans un choc qui paraît assourdissant avec tout ce silence autour de nous. J’pouvais pas espérer mieux.
Elle est là. La Chute.
Alors quand je l’entends bégayer de colère, avec les mots qui enflent et se distendent dans une si parfaite description d’ma petite personne, j’éclate de rire. Mila a carrément plongé à pieds joints dans ce coup d’bluff improvisé. J’m’y attendais pas vraiment parce qu’elle a généralement le nez fin pour dénicher les supercheries. Faut croire que toute cette boue de sentiments qu’elle entretient à l’égard de Cash l’aveugle. Qu’elle va même finir par s’noyer dedans.

J’suis tellement occupé à me bidonner que j’peux pas refouler un hoquet quand elle m’attrape la gorge entre ses serres. Les ongles m’égratignent, j’les sens qui m’brûlent en longues traînées. Ça m’procure un sursaut de colère doublé de frissons loin d’être désagréables.
Pendant une seconde j’suis tenté de lui attraper les poignets et les lui tordre. Les broyer jusqu’à ce que mes empreintes s’incrustent dans un camaïeu violacé et dégueulasse avant de lui en coller une à lui dévisser la tête. Pur réflexe d’auto-défense de la part d’un chien fou.

Et pourtant j’la laisse faire. Elle continue à forcer sur sa prise alors que j’reste blottis contre elle dans une étreinte funeste. Sous ses doigts mon pouls s’affole et lui remonte dans les avant-bras. Mon bon sens proteste en se cabrant - faut réagir connard ! - mais j’le musèle sans état d’âme.
Le sourire du mort dans son cercueil s’affiche éternellement sur mon visage.
« Dis Mila… » La voix sort en filet rauque et néanmoins parfaitement assuré. « Il va commencer par quoi Cash ? Brûler toutes tes affaires ? Ou te traquer dans toute la ville pour t’mettre la main d’ssus ? »
J’essaie d’rire parce que j’sais bien ce qui s’murmure sur le boxeur. La forte gueule et les nerfs roublards. J’ai entendu le respect mêlé de crainte quand on parle de ses derniers exploits. On le dit audacieux. Doué d’une bonne allonge. Mais est-ce qu’il aurait les couilles de s’venger de sa connasse de p’tite copine ? Pas sûr.
« Heureusement qu’c’était pas un mec, hein ? Il se s’rait fait descendre en moins d’deux. »
Et parce que j’aime le risque, parce que j’aime ce que je lis dans ses yeux crépusculaires et l’apocalypse qui y couve, j’appuie. J’me penche, toujours plus en pressant ma trachée tout contre ses paumes. Le rouge s’propage sur mes joues, le front, l’blanc de l’œil. J’veux voir si Mila m’achève. Elle pourrait avoir ça au fond des tripes, ce qui ne la rendrait que plus désirable.
« Vas-y… Vas-y. »
Mes lèvres sont à une proximité imminente des siennes. Le baiser mortuaire se dépose sur sa bouche une infime fraction de seconde, immédiatement suivit par mes mains qui la repousse cruellement.
« Ça suffit maintenant. »
Le jeu commence à m’ennuyer pour aujourd’hui. En dépit de la frustration qui me tord le bas-ventre j’préfèrerais avoir de la thune pour m’payer un pocheton, à boire, et éventuellement une pute. J’ignore les grimaces qui peuvent apparaître sur ses traits et continue à la maintenir à distance, les doigts crispés à leur tour sur ses épaules. J’lui tire des mèches soyeuses au passage. Ça aussi j’m’en fous.
« J’suis tombé sur son répondeur. Il sait toujours rien, mais au moins t’as compris. Non ? » J’souris presque tendrement. « Sois mignonne maintenant et donne ton sac. »
C’est juste une affirmation.



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MessageSujet: Re: Raging lagoon _ (Mila)   Raging lagoon _ (Mila) EmptyMer 11 Juil - 12:45

C’est caractéristique de la haine, ce fourmillement qui grapille les entrailles, et les assauts bouillonants de sang qui tapent contre les tempes. Elle en redécouvre chaque aspect avec l’oeil éclaté de la surprise, rapprend à ressentir des passions si dolentes qui déversent leur suc toxique dans ton son système. Prise d’assaut par le magma ardent que les prunelles de Tim et l’écho dégueulasse de sa voix font couleur de partout. Au bout de ses lèvres, au creux de ses veines, gerbé de partout sur le sol et dégoulinant le long des murs. Bleu, qui devient rouge carmin vibrant. Un filtre sanguinolent qui emprisonne les opales, obstrue la vision pour n’offrir qu’une seule solution à un palpitant au bord de la dérive : le haïr. De chaque parcelle de son épiderme, chaque fragment de son esprit râpé, chaque fibre de son corps ne vibre que pour l’écorcher, faire jaïr les boues noires coincées dans ses artères. Chaque nouvelle palpitation qui ébranle sa poitrine comme renfoncée contre son plexus est un souffle acide de plus qu’elle souhaiterait ne pas lui offrir sur le plateau d’argent de son désespoir. Lui arracher ses sourires du bout de ses griffes, c’est la première idée qui éclot sous les cendres qui jonchent son esprit en friches, et elle les applique avec une pointe de plaisir sauvage contre sa jugulaire. Sens les soupirs de son propre coeur s’agiter sous la peau délicate de la pulpe de ses doigts encerclants sa gorge. Second langage qui s’immisce entre eux, celui des pulsions, celui des corps enflammés que la langue n’arrive pas assez bien à dompter. Elle le sent, son poul à l’agonie qui trahit la pseudo satisfaction qui lui fend d’un sourire ignoble le visage. Elle sent ces premiers prémices de la panique que ses doigts lui dessinent le long de la carotide, en espérant que derrières eux se dessineront les stries de sa rage à l’indélébile éphémère violacé. Dernier cadeau de leur rencontre tracée au fusain gras à même sa peau, avec l’espoir sourd qu’il le verrait dès que ses pupilles effleureraient un miroir. Qu’à travers les ecchymoses, ce soit les quelques lettres de son prénom qui s’entrelacent, brûlent les chairs quand il tenterait de les effacer. Mais Tim est piqué d’une folie bien plus abrupte que la sienne, et même au bord du précipice, les chevilles lếchées par le souffle glacial de la mort, c’est la langue qui se fait railleuse. La bête acculée qui continue de provoquer, chercher à faire éclater les derniers remparts de raison. Et sa violence à lui est bien plus douloureuse, touche en plein coeur et arrache les respirations à même les poumons. Il se penche, vient chercher le dénouement à même l’oeil de la tempête. Ce sont les yeux qui se lient l’un à l’autre, happé par le tourbillon qui y rugit furieusement sans parvenir à s’en détacher. C’est foutrement hypnotisant. Peut-être que j’devrais accepter de coucher avec toi alors. Être la raison de ta mort serait ma plus grande fierté. Craché entre deux mâchoires serrées, le sifflement est directement insufflé contre sa bouche qui se rapproche trop. Elle sent son souffle mourir contre ses pulpeuses, inonder ses narines, comme un poison à retardement qui commence déjà à la nécroser de l’intérieur. L’étreinte se resserre, comme un étau, comme une potence suspendue juste là au dessus de son crâne, et lui se rapproche d’elle en espérant que la lame les achève tous les deux. Mais à l’instant où c’est les respirations qui se mélangent avec insolence contre la chair rougie, il la repousse. Elle n’a pas même le temps de céder elle-même, alors qu’un air plus frais, moins vicié remplace son haleine. Ou bien la sienne, les couleurs et saveurs se mélangent au bout de sa langue atrophiée. La distance est délicieuse, quoiqu’un peu trop impromptue, alors qu’elle commençait à se délecter de l’avoir aussi proche. A une fraction de seconde de la voir perdre pieds. Finalement ses mots prennent une sonorité qu’elle ne leur soupçonnait pas. La possibilité du bluff, elle l’avait écartée depuis bien longtemps. Trop obnubilée par les soupirs tonitruants de son coeur, et la crainte tenace qui lui bouffe les entrailles depuis un nombre incalculable de nuits. La pression qui retombe légèrement, prend une autre forme, celle de l’incompréhension suintant des yeux et de la honte tenace de s’être fait berner par un tour aussi grotesque. Fatigue qui dévale l’échine, et tout le corps qui se détend légèrement. Va te faire foutre. C’est les seuls derniers mots qu’elle gaspillera pour lui aujourd’hui. Certainement pas demain, ou dans une semaine quand il décidera de la rapeller et que le même manège reprendra sa course effrenée. Pour l’instant, elle se contente de s’éloigner une bonne fois pour toute de lui, main rageuse qui lui balance le sac sans prendre la peine de vérifier que son contenu ne s’est pas déversé à moitié, où que sa trajectoire a atteint sa destination. Mila tourne juste les talons, ravale une énième fois la fierté qui saigne dans les viscères, retourne se mélanger à la nuit noire en espérant qu’elle le dévore, lui aussi.
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