nous valserons ensemble, macabre débutante

( la tête tournée vers les étoiles )
SLOW MOTION MEMOIR◊ pour se calmer, pour passer le temps, pour s'amuser, pour former sa cervelle, d'aussi loin qu'il se souvienne, on a toujours vu lewis monter et démonter des trucs. des machins, des choses, des objets, des montres, des ordinateurs, des jouets, peu importe quoi. on ne joue pas à construire, on joue à comprendre. et c'est ce qui le passionne, au fond, comment les choses fonctionnent. sciences pures, sciences dures, ou sciences d'ailleurs, sciences des gens, plus éphémères moins bien certaines, moins bien définissables. les rapports entre les choses, les causes à effet, toutes les avancées, tout est causé au fond par une histoire. et lewis, il voudrait bien tout savoir, tout découvrir. passionné, peut-être, de machines diverses et variées, mais surtout assoiffé de tout pouvoir ingérer, de tout pouvoir connaitre. - les gens rient souvent, quand ils le connaissent un peu et qu'il laisse échapper un mot sur le fait que son personnage disney préféré c'est aurore. belle au bois dormant, vous savez, celle qui passe les trois quarts de son film dans les bras de morphée ? c'est qu'au fond, parait-il qu'elle fait écho à sa propre situation. narcoleptique, sujet à de fréquentes crises de cataplexie, il connait les sols mieux que personne. ce n'est pourtant pas le bracelet d'identification médicale à son poignet qui l'empêchera de vivre ou d'explorer, d'apprendre encore moins. mais c'est une part de lui avec laquelle il a bien fallu apprendre à vivre. et sa vivacité d'esprit est juste un peu compensée par la lenteur de ses gestes, de ses muscles souvent. par le fait que rire, que ressentir trop, trop fort, le mette à terre. pourtant il a le cœur sur la main, et de l'or dans les veines. un humain comme un autre, avec un quotidien peut-être un peu plus complexe, un peu plus mesuré, pour ne pas se retrouver à tomber, plus loin encore qu'au fond de ses cernes creusées. - il y a bien une armée de petits boulots qu'on peut faire pour payer son loyer, pour payer son université. c'est qu'il doit mettre la main à la pâte, et puis, c'est qu'il le veut aussi. ses parents, bien qu'aimants, bien qu'il n'ait rien à leur reprocher, n'ont jamais eu d'autre ambition que s'occuper de leur ferme et vivre en paix. son éducation, ses découvertes furent son affaire personnelle, qu'ils n'ont certes jamais découragés, mais qu'ils n'ont souvent pas pu soutenir. sans grande éducation eux-même, ils ont juste pu ouvrir leur esprit pour le maintenir hors de l'eau, toujours. parce que la vie pour un gamin malade n'est pas toujours aisée, ils ont pourtant su le protéger. mais c'est quand il a pris son indépendance et sa liberté qu'il a bien fallu commencer à bosser. parce qu'il faut bien les aider, parce que de toute façon, sinon, étudier aurait été impossible pour lui, encore plus loin de chez lui. l'indépendance n'est pas pour lui déplaire, mais trouver un job ne fut pas chose aisé. le service que ce soit en fast food ou dans un bar quelconque serait dangereux, tant pour lui que pour de potentiels collègues. on ne dira rien du baby-sitting, ou des surveillances dans des collèges ou lycées, rien d'autre que ce genre de responsabilité est hors de sa portée. il y eut un temps des enquêtes téléphoniques. aucune ne lui aura provoqué de crise de cataplexie, mais on l'aura congédié après l'avoir trouvé trop de fois endormi sur la ligne, impossible à réveiller. au final, des cours. c'est que partager ses connaissances, il peut bien le faire. et il aime ça, tout futur ingénieur qu'il soit. comme dans tout il doit se mesurer, mesurer ses propres émotions - chose complexe face à une personne humaine, qui parfois peut partager son excitation à propos de sciences ou de tournures de phrases plus jolies que celles qu'on apprends en rase campagne. plus simple face à un écran, qui pourtant fatigue ses yeux trop aisément. et ses cours se font en ligne, la plupart du temps. juste histoire de nouer les bouts de cordes entre eux, de finir le mois. c'est qu'avec son année d'avance, malgré la maladie, il a su décrocher une bourse d'études conséquente. brillant, peu importe les circonstances. - grand allergique, il réussit à être asthmatique par dessus le marché. un mélange parfois dangereux, qui pourtant fait son corps. - cette ville, ce mieux, crescent heights, pour lui, c'est un début. c'est qu'il veut le parcourir ce monde qui l'entoure, c'est qu'il veut le découvrir, le voir tout entier. c'est qu'il se verrait bien dans une grande ville un jour, une ville qui vit d'elle-même, constamment entouré de nouveauté, une ville sale, peut-être, mais grouillante, mais pleine - absolument cacophonique. pas aussi calme qu'ici. mais ici, c'est déjà moins calme que chez lui, que les plaines et personne à des kilomètres à la ronde. que l'école à la maison, et ne voir personne, ou du moins pas grand monde, longtemps. s'il avait été normal, peut-être qu'il aurait pu aller à l'école, comme tout le monde, quitte à passer une heure sur le trajet chaque matin. mais pour lui, cette ville toute calme, pas bien grande, presque un village, quoi qu'aux proportions quand même états-uniennes c'est un trait d'union. un tremplin, une transition déjà plus peuplée vers une nouvelle vie. et au fond, à l'heure actuelle, aussi brillant qu'il puisse bien être, parfois pris au piège de ses passions, de ses envies, de ses sentiments, parfois mis à terre par son propre corps, c'est un gamin qui apprend, qui s'apprend, et qui prend ses aises. qui s'envolera bien un jour, et qui ne demande qu'un peu plus, toujours un peu plus, et à s'entourer. qui ne demande qu'à faire de son mieux, avec ses cernes, ses mains qui paniquent, et ses sourires en biais. avec ses airs mesurés quand tout s'apprête à exploser. et si sa voix tremble souvent, il a appris, au fil des ans, à toujours garder la tête haute. à se battre, un tant soit peu, autant qu'il peut. et à faire les choses qu'on aurait pensées impossibles.