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 saturday night fever (tim)

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MessageSujet: saturday night fever (tim)   saturday night fever (tim) EmptySam 14 Juil - 17:15


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SATURDAY NIGHT FEVER
w/@tim madder



elle jette sa clope par terre, se retourne et pousse d’un geste nonchalant la lourde porte. une porte d’un gris sinistre arborant une grande pancarte encore neuve - fond blanc, lettres rouges sang. employees only. elle longe le long couloir aux murs rouges, en trainant un peu des pieds. elle n’a aucune envie d’être ici alors elle tire la gueule, jules. on l’avait appelé plus tôt dans la journée pour lui demander d’venir bosser. jules déteste qu’on lui change ses plans au dernier moment, pour l’principe. elle te dira qu’elle avait prévue de sortir avec quelques amis alors qu’en réalité sa soirée allait être chiante à mourir : traîner chez elle et s’ennuyer. une soirée bien boring en somme mais une soirée qu’elle aurait choisie.

elle longe la piste sans y prêter une grande attention. elle s’en fout de savoir s’il y a du monde ou non, elle s’en fout de voir les gens mal patiner parce que ça fait longtemps que jules et le patin c’était devenu une histoire compliquée. ça ne fait qu’un petit mois qu’elle bosse là et elle se demande encore ce qui a bien pu la pousser à postuler. toujours les mêmes sons disco, jules ça commence à lui taper sur l’système. elle passe ses soirées à procéder à des échanges de sneakers contre des patins, pour quelques heures de bonheur. des visages qui défilent et elle commence à reconnaître certains habitués.

elle se faufile comme elle le peut entre cette foule qui fait la queue, quelques coups d’épaules et elle ne prend pas le temps de s’excuser. elle se retourne rapidement quand elle entend que l’on crie son prénom. sa boss qui apparaît dans son champ de vision. ‘t’es en renfort au bar ce soir’ et jules qui lève les yeux vers le ciel. putain, elle n’avait pas envie d’être au bar ce soir, soirée de merde. ‘c’est exceptionnelouais, ouais c’est ça. sans vraiment avoir le choix et parce que ce soir, elle n’a pas envie de se battre, elle traîne converses au pied jusqu’au comptoir du bar qu’elle finit par escalader pour plus de simplicité. elle attrape un torchon blanc dont elle glisse l’un des coins dans la poche de son jean. showtime.

bonsoir, j’vous sers quoi ?’ elle tend l’oreille : deux cocas qu’elle va chercher dans l’un des frigos derrière elle. elle décapsule, pose les deux bouteilles sur le comptoir ‘dix dollars’ elle attrape les billets, rends la monnaie et bonne soirée. au suivant. elle passe à la personne suivante ‘bonsoir, je t'écoute ?
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MessageSujet: Re: saturday night fever (tim)   saturday night fever (tim) EmptyMer 18 Juil - 14:52

Staurday night fever
Jules & Tim
give me love

J’suis sûr de l’avoir aperçu. Cette crinière brune coupée à l’arrache, la dégaine de féline en vadrouille et ses longues jambes dépourvues d’éraflures.
J’en suis sûr.
Des années que j’fais que jeter des coups d’œil à son profil Facebook. Vérifier avec quel connard elle partage sa vie. Scruter dans ses grands yeux clairs si de nouvelles fêlures sont apparues. Comme si une photo pouvait rendre justice à la réalité.
Mais qu’est-ce qu’elle foutrait à Crescent Heights ?
Aux dernières nouvelles elle traînait ses guêtres du côté de Chicago, c’qui est pas la porte d’à côté.
Ressaisis toi Tim. La longboard tu lui as dis adieu y a un bail. C’est pas l’moment de ressasser de vieux souvenirs.

Ce soir j’zone du côté du port. A la recherche d’une ambiance décontractée, d’un coin sympa, d’une meuf mignonne. J’sais pas vraiment c’que j’fous là avec presque un gramme de MDMA dans les veines et les pupilles aussi grosses que des billes. Elles bouffent mes iris claires en les aspirant dans un trou noir peu catholique.
Autour de moi y a les locaux pressés et les touristes le nez au vent qui s’croisent dans un ballet parfaitement synchronisés. Le décor est parfait : les rues voilées par le soleil tombant, le vent tiède qui ébouriffe les cheveux, les odeurs alléchantes des terrasses qui déballent leurs mets les plus délicieux. Mais c’qui m’attire c’est la façade désuète du Groove. J’crois qu’en cinq ans j’y ai jamais foutu les pieds. Certainement parce qu’il y a pas une goutte d’alcool à s’enfiler. Ou parce que le raclement familier des patins éveille un peu trop d’regret chez moi.
Toujours est-il que j’me décide enfin à pousser la porte.

Dedans c’est sombre, ça pue le parfum bon marché et les corps en sueur. J’me traîne jusqu’au bar en évitant les gens qui essayent d’enfiler leurs rollers – une bande d’amateurs de première – et les ados en pleine parade nuptiale. Deux ou trois coupes sont déjà en train de se galocher comme si leur vie en dépendait.
Ça fait pas cinq minutes que j’suis là et j’m’ennuie déjà.
Alors j’décide faire c’que je sais le mieux. Direction le bar à longues enjambées tranquilles, le regard pointu qui effleure quelques nanas à l’affût d’un gentleman potentiel. C’est pas ce que je leur propose, mais mes prestations au lit valent bien le déplacement. Pendant que j’piétine dans la queue y en à une ou deux que je cible, prêt à leur payer un fameux cocktail maison et sans liqueur bien sûr.
J’me demande qui a eu l’idée de la jouer prohibition ici.
J’arrive enfin tout proche du zinc. Un quart d’heure que je poireaute derrière deux blanc-becs du nord pour avoir un putain de coca. Foi d’Madder c’est pas demain la veille que vous m’reprendrais au Groove. J’lève des yeux indifférents en direction de l’employée.
J’me prends une gifle monumentale.
Taches de rousseurs. L’regard déglacé. La moue décalquée. Les lèvres qui s’plissent en moue boudeuse.
Putain.
J’suis en train d’halluciner. Ou alors je trip, et c’est vraiment l’bad.
Elle m’a pas capté, toute absorbée par sa sale besogne, visiblement mécontente de s’trouver en train de servir des mineurs en mal de sensations fortes.
« Un coca cherry. Chérie. »
La cocaïne m’aide à blinder les cratères, m’empêche de sombrer dans l’incrédulité. J’lui parle comme si c’était une illustre inconnue, la pauvre barmaid du coin gagnant sa croûte en s’laissant pas d’espoir sur les pourboires qu’elle pourrait dégoter ce soir. Le ton est railleur. Le sourire – l’ éternel sourire – m’étire les lèvres alors que mes pointes de pieds titillent l’abîme, à un souffle de basculer dans les vieux travers.
Jules. Jules est ici, en chair, en os et en mini-short.
Putain de bordel de merde.


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