poker face (claude)

La même saveur fade et dénuée de tout soupçon de fantaisie qui immo la langue à mesure que les cartes ondulent le long de la table où tous les rêves se consument où éclatent dans une somptueuse implosion infusée aux poussières d’or. Les enfilements de mains sont presque trop mécaniques, elle en entend chaque rouage grossièrement huilé percer le tympan, ce sont les lettres invisbles de la vérité qu’on ne distingue qu’entre les côtes qui s’impriment contre les murs de son esprit aiguisé. Une embrassade étroite de chiffres et d’ostillation ostentatoires de commissures de lèvres qui s’imposent comme réel miroir des âmes qu’ils tentent de museler d’un coup de regard évidé. Le mensonge suinte de chaque pores de leur peaux, toutes les stries de leur fomentation qui déchire les expressions où il suffit de déplier les faux-semblants dégueulasses pour dénicher le diamant brut de leur conscience. Chaque visage a été ciselé par le radar qu’elle camoufle sous ses paupières s’ondulant gracieusement, fausse candeur de la princesse aux draps dorés qui n’a jamais bu la tasse à grande goulée de la réalite. Elle y gratte à bout de serre abrasive à force d’égranigner les couches de paraître, parvient à déterminer si le bluff est mélangé à la salive. Chacun des pauvres types ayant échoué autour de la table a déjà été analysé jusqu’à la trame par ses pupilles, mis à part un. Les pupilles enveloppent les contours étrangers de son visage, épousent les mouvements étrangement hostiles autour des cartes, les tapotements verveux de la pulpe des doigts qui martèle la symphonie brouillonne de son corps. Et c’est un voïd écoeurant qui souffle à en faire éclater ses poumons à mesure qu’elle tente de dépieuter ses viscères pour y puiser le langage que la langue ne parvient pas à esquisser. Tout chez lui respire l’indécision, ou le génie. Deux extrêmes qui s’écorchent entre ses tempes, l’hésitation entre un énième fou dénué de la moindre raison qui s’est finalement échoué autour de la table, ou le rédempteur qui parviendra à piquer sa curiosité aphasique jusqu’alors. Roulement de phalanges engourdies par le mutisme épais qui les étouffe tous, elle les jetons qu’elle propulse jusqu’au centre de la table, juste là où les espoirs sont exécutés sous la potence imparable de véracité. Ce soir, c’est la sensation trop grisante de ne pas avoir le contrôle glissé entre ses propres paumes qui l’écrase, et l’anticipation malsaine d’un futur plaisir de lutte qui s’impose à elle. Froncement appuyé de sourcil qu’elle dessine en sa direction, ayant fait totale abstraction du reste des autres connards entassés dans la pièce pour uniquement porter le halo de son attention sur lui. La saveur terne de l’argent lui inonde la bouche, alors qu’un tout autre enjeu lui emprisonne les pupilles. Obsidiennes qui glissent le long de sa silhouette pour en imprimer chaque aspérité dans son esprit creusé. A chaque fois que tu perds, c’est un vêtement en moins. L’intonation ne laisse pas place à la moindre contestation. L’appât est bien plus acidulé que n’importe quelle mise, alors qu’elle incite à retourner une nouvelle carte. Quelques barrières atomisées de plus, une conscience qui s’évapore au fond de ses pupilles. Et l’invitation à la suivre dans ce dédale de folie passagère suffisant pour propulser l’esprit au firmament.